Texte intégral
Monsieur le ministre d'Etat,
Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs,
L'été dernier, M. Charles PASQUA et M. Daniel HOEFFEL m'ont fait part d'une proposition qui m'a aussitôt séduit : donner plus d'ampleur au concours "avenir et territoires".
Je remercie le ministre de l'Education Nationale et le ministre délégué aux Affaires Européennes d'avoir contribué à la bonne réalisation de ce concours. Je remercie également chacun d'entre vous, ici rassemblés, d'y avoir participé.
C'est donc un grand plaisir pour moi que d'avoir couronné les lauréats du concours national "avenir et territoires" et de leur avoir remis les prix qu'ils ont mérités.
Nous voyons aujourd'hui la fin d'un type de développement qui, né des lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, a été ébranlé dans les années 70 et fondamentalement remis en cause au lendemain des années 80. Il ne peut plus être le nôtre désormais.
La dérive des banlieues, le déclin des villes moyennes, l'abandon de certaines zones rurales, mais aussi le chômage, la précarité, l'exclusion sont les revers des grandes mutations de cette fin de siècle.
Il est urgent de relancer l'action de l'Etat et des collectivités territoriales pour réduire les inégalités du développement. Il faut promouvoir une forme de développement qui mise sur la solidarité, la complémentarité et la qualité de la vie. Il faut dépasser la rivalité et la concurrence qui oppose les composantes du territoire.
Le monde, l'Europe, la France ont bien changé. Mais nos institutions nationales, nos modes d'organisation économique, sociale et géographique n'ont pas suivi cette évolution.
Ces distorsions menacent la cohésion de la Nation et de la République.
Il est néanmoins possible d'agir, de lutter contre les difficultés économiques et la montée des inégalités. Il est possible de réformer.
Il y a plus d'un an, j'ai décidé de faire de la politique d'aménagement du territoire une priorité pour l'action du Gouvernement.
En effet, qu'est-ce qu'une politique d'aménagement du territoire ?
C'est corriger le cours naturel des évolutions économiques et sociales pour préserver l'unité du pays. C'est faire en sorte que les pouvoirs publics maintiennent la cohésion sociale et un développement harmonieux du pays. C'est se donner les moyens pour que la complémentarité qui existe entre tous les partenaires concernés, publics ou privés, favorise la création d'emplois.
Dans cet esprit, le Gouvernement a engagé un grand débat pour l'aménagement du territoire. L'ensemble des régions de France y ont pris part d'octobre 1993 à mai 1994. Nos concitoyens ont ainsi eu conscience d'urgences nouvelles auxquelles il faut dès à présent faire face. Il ont exprimé la conception qu'ils se font de leur avenir à l'aube du XXIème siècle.
Ce débat les a invités à participer à la construction d'une société plus souple et plus apte à anticiper le changement et à le préparer.
Il fut pour moi l'occasion de rencontrer des élèves et des étudiants dans leurs écoles et dans leurs universités, notamment à Nancy et à Bordeaux.
Le concours "avenir et territoire" voulu par Charles PASQUA et François BAYROU a donc vraiment sa place dans ce grand débat.
Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire et le ministre de l'Education Nationale vous ont demandé d'imaginer la France dans l'Europe de 2015. C'est vous, élèves de Première en 1994, qui prendrez les grandes décisions de notre pays dans 20 ans. Vous avez choisi vos propres sujets de réflexion en respectant le thème national. Vous avez exprimé votre conception d'un avenir souhaitable et sa traduction géographique.
Vous avez été plus de 25 000 lycéens à participer à ce concours. C'est dire combien vous vous estimez concernés par la France de demain. C'est pour notre pays la promesse d'une grande richesse.
Les propositions que vous avez formulées apportent un éclairage nouveau qui est particulièrement précieux. Je vous félicite au nom du Gouvernement et en mon nom personnel pour le travail que vous avez accompli. Soyez remerciés pour votre participation active et de qualité, ainsi que pour votre présence à Paris aujourd'hui.
Je tiens également à saluer le rôle de vos professeurs qui vous ont accompagnés dans la réflexion. Leur soutien a été déterminant.
La politique d'aménagement du territoire s'inscrit dans des perspectives durables et se nourrit de décisions immédiates.
Le moratoire de la fermeture des services publics en milieu rural, la relance de la politique de la ville, l'engagement d'une péréquation entre les collectivités locales sont quelques unes des décisions prises par le Gouvernement. Un projet de loi est actuellement en cours de discussion pour réaliser ou engager d'autres réformes. Il sera examiné par l'Assemblée Nationale avant le 14 juillet.
Ce projet de loi s'accompagne d'un schéma national qui esquisse ce que la France pourrait être en l'an 2015. Lui aussi sera examiné par l'Assemblée Nationale avant le 14 juillet.
Il nous faut entretenir cet effort de rénovation. C'est le succès futur de la France qui en dépend. Il faut préciser quelle société nous voulons construire. Cette réflexion et ce dialogue nouveaux sur l'aménagement du territoire, nous ont amenés à nous fixer nos objectifs pour bâtir une autre société.
En effet, l'Etat n'est plus seul garant d'une vérité que la concertation doit au contraire engendrer. Il est du devoir de chaque institution, de chaque citoyen d'exercer pleinement ses responsabilités, dans le respect de celles d'autrui.
Les conflits théoriques et institutionnels ne bâtiront pas une société plus unie, plus généreuse et plus fraternelle. Dépassons-les ! Vous, élèves de Première, permettez aux responsables d'aujourd'hui de sortir de certains débats devenus dépassés.Construire "votre" France requiert votre participation. Le concours "avenir et territoires" en a révélé l'importance. Je souhaite que vos travaux inspirent les décisions qui prolongeront l'action de réforme dont le pays a besoin. Ce que j'ai vu dans vos contributions : leur réalisme, leur inventivité, leur ambition, ne peut que servir la France de demain.