Texte intégral
LAURENT BIGNOLAS
On continue de parler de territoire, mais cette fois-ci avec Caroline ROUX, parce que c'est l'heure des 4 Vérités, vous avez invité aujourd'hui le Cantalien Jacques MEZARD.
CAROLINE ROUX
Oui ! Jacques MEZARD, le ministre de la Cohésion des territoires, il a quelques jours encore pour désamorcer la colère des maires de France à la veille de leur congrès qui se tient la semaine prochaine et qui s'annonce houleux. Bonjour Jacques MEZARD.
JACQUES MEZARD
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Est-ce que le gouvernement va arriver les mains vides au congrès des maires de France ?
JACQUES MEZARD
Le gouvernement n'arrive jamais les mains vides. Mais je voulais dire que les élus locaux, je suis un élu local depuis longtemps, je connais les difficultés des responsables exécutifs locaux, c'est une charge difficile, c'est le quotidien, c'est la transformation des communes, c'est la charge de gérer un budget, le gouvernement en est parfaitement conscient...
CAROLINE ROUX
Donc, il va arriver avec quoi, avec des propositions ? Je précise pour les gens qui nous regardent que le gouvernement souhaite limiter à 1,2 % par an la hausse des dépenses de fonctionnement de 319 des plus importantes collectivités et ça François BAROIN, qui est patron de l'Association des maires de France, il dit : « c'est injuste et c'est surtout intenable ».
JACQUES MEZARD
Écoutez, nous sortons de plusieurs années de baisses continuelles des dotations appliquées de la même manière à toutes les collectivités quelle que soit leur situation de potentiel fiscal ou de richesse, le gouvernement a pris la décision de contractualiser avec les 319 plus importantes - ça veut dire que les autres ne sont pas concernées - et les 319 les plus importantes il y aura et il y a un débat avec chacune d'entre elles pour tenir compte de la situation de chacune d'entre elles. Par rapport à ce qui était dans le programme de monsieur FILLON, je pense que c'est un progrès considérable pour les collectivités locales.
CAROLINE ROUX
Donc quand vous dites que le gouvernement n'arrivera pas les mains vides au congrès des maires de France, j'ai commencé l'interview comme ça, ça veut dire quoi ? Qu'est-ce que vous allez proposer pour faire retomber un peu la pression ?
JACQUES MEZARD
Le président de la République s'exprimera lors de ce congrès, c'est le centenaire de l'Association des maires de France, pour exprimer très clairement la volonté du gouvernement d'être en situation de concertation et de co-construction avec les collectivités locales je ne déflorerai pas les annonces du président de la République mais...
CAROLINE ROUX
D'accord, mais il y a la volonté quand même de faire un geste ?
JACQUES MEZARD
Bien sûr, mais bien sûr, et, d'ailleurs, il n'y a jamais eu la volonté de mener une politique contre les collectivités locales - ça n'a aucun sens - nous travaillons constamment avec les collectivités locales, le dialogue n'a jamais été réellement rompu. Qu'il y ait des postures, nous en avons l'habitude, quel est le gouvernement qui n'a pas eu quelques conflits ou quelques heurts avec les associations d'élus ?
CAROLINE ROUX
Il y a une instrumentalisation politique ?
JACQUES MEZARD
Un peu, c'est naturel, mais on passera au-delà de cela. Moi vous savez j'ai été toujours été pour le dialogue, je sais vraiment ce que c'est que la gestion d'une collectivité.
CAROLINE ROUX
Il y a deux choses qui sont en train de s'écrire autour du président de la République, c'est que d'un côté il serait en tout cas c'est ce que dit l'opposition le président des riches et, de l'autre côté, il serait un président hors sol, déconnecté des territoires ?
JACQUES MEZARD
Non. Écoutez, moi je l'ai suivi...
CAROLINE ROUX
Ça vous fait sourire, c'est déjà ça.
JACQUES MEZARD
Oui, oui, parce que je l'ai suivi pendant sa campagne présidentielle, je le vois souvent, c'est un homme qui connait les territoires, qui connait bien la France du nord de la France au sud, à l'est, à l'ouest des territoires et je peux dire qu'il connait chaque circonscription. Donc il a la connaissance du pays, il veut transformer ce pays, ça ne se fait pas facilement c'est normal que ça ne se fasse pas facilement mais je vous assure qu'il n'est pas du tout hors sol et que ce n'est pas le président des riches, c'est le président de la République française.
CAROLINE ROUX
150 élus locaux ancrés à gauche lancent un appel contre la vision comptable dEmmanuel MACRON, je ne sais pas si vous l'avez vu, il y en a presque toutes les semaines des appels d'élus en colère - ce n'est pas le premier et ce ne sera pas le dernier vous pensez qu'à l'issue du congrès des maires de France il serait bon de tourner une page vis-à-vis de ces élus, de cette colère qui s'exprime ?
JACQUES MEZARD
Écoutez l'État et les collectivités locales doivent travailler ensemble, et ils travaillent ensemble, et ils continueront à travailler ensemble, qu'il y ait ces expressions-là on en a l'habitude, ce n'est pas nouveau. Bien sûr il faut écouter, les élus locaux et j'en sais quelque chose nont pas toujours tort et ceux qui remontent du terrain parce qu'ils sont bien placés sur le terrain pour savoir...
CAROLINE ROUX
C'est ça !
JACQUES MEZARD
Nous en tenons compte, et c'est naturel.
CAROLINE ROUX
En tout cas vous avez plutôt ce matin l'intention de les rassurer en vue de la semaine prochaine, c'est ce qu'on comprend et vous laissez au président la primauté des annonces. Un mot sur les quartiers, Emmanuel MACRON s'est déplacé dans les quartiers ces derniers jours - il a fait des annonces - et je vous avoue que je ne vois pas la singularité, la différence de l'approche d'Emmanuel MACRON qui nous avait promis pendant cette campagne une révolution : testing dans les entreprises pour lutter contre la discrimination, des blocages de moyens pour la politique de la ville, quelle est la singularité de son approche, qu'est-ce qu'il a de différent - et il rappelle même un ancien ministre de la Ville qui est Jean-Louis BORLOO en quoi fait-il différent ?
JACQUES MEZARD
Écoutez déjà ce qui est profondément différent c'est que c'est un dossier qui est directement porté par le président de la République avec ses ministres...
CAROLINE ROUX
Ca, c'est différent ?
JACQUES MEZARD
Oui, parce que le président de la République très clairement ce début de semaine a dit qu'il allait créer un Conseil présidentiel de la ville auquel seront associés les acteurs, avec la volonté d'en faire une priorité nationale, une mobilisation de tous les ministères. Parce que ce n'est pas simplement la question des crédits, ils sont sanctuarisés pour tout le quinquennat, mais on a besoin d'autres choses : on a besoin de mobiliser tous les ministères, on a besoin d'un travail de co-construction avec les élus locaux justement, avec les associations, avec les conseils de quartiers, et vous l'avez rappelé avec le concours - et j'y ai tenu - de Jean-Louis BORLOO qui a une légitimité en la matière, nous allons travailler justement à ce plan qui sera prêt dans les trois mois.
CAROLINE ROUX
Vous aviez besoin de Jean-Louis BORLOO, le ministre de la Cohésion des territoires ne suffisait pas pour porter ce dossier ?
JACQUES MEZARD
Si bien sûr, mais vous savez ce n'est jamais une mauvaise chose de s'entourer de ceux qui ont une expérience particulière dans un dossier, moi je suis pour le dialogue, je suis pour la concertation et vous savez travailler et rassembler tous ceux - je dis bien tous ceux qui ont une compétence dans un dossier aussi difficile parce que les quartiers prioritaires nous connaissons leur fragilité, nous savons que malheureusement dans un certain nombre de ces quartiers on est toujours à la merci d'une étincelle, que nos concitoyens qui y vivent ils veulent du droit commun, ils veulent le rétablissement des services publics, ils veulent la restauration de la République.
CAROLINE ROUX
Je vous laisse boire un petit peu d'eau, on vous a servi un verre d'eau...
JACQUES MEZARD
Merci.
CAROLINE ROUX
Mais comment vous avez fait pour faire revenir Jean-Louis BORLOO, parce qu'il avait signé... donc lancien président de l'UDI s'était associé à l'Appel de Grigny dans lequel il interpellait le gouvernement, en disant : « il n'y a pas suffisamment d'investissements dans les quartiers », il signe un appel contre le gouvernement et puis vous le récupérer ?
JACQUES MEZARD
Mais oui, mais vous savez il a une sensibilité radicale, moi aussi.
CAROLINE ROUX
On vous donne partant Jacques MEZARD de ce gouvernement, quand vous lisez les commentaires dans la presse disant qu'à la faveur de ce remaniement vous sortiriez, qu'est-ce que vous faites dans ces cas-là, c'est quoi votre tempérament, vous faites vos cartons ou vous demandez des explications au patron ?
JACQUES MEZARD
Non, écoutez, moi je ne crois pas du tout à cette hypothèse. Vous savez je n'ai pas...
CAROLINE ROUX
Vous ne la souhaitez pas ?
JACQUES MEZARD
Écoutez, très clairement je suis là pour travailler, j'ai la confiance du président de la République - et c'est ce qui est important d'avoir la confiance du président de la République - et puis vous savez...
CAROLINE ROUX
Vous l'avez la confiance du président de la République, c'est ça la question que je vous pose, vous êtes allé demander des explications au patron ?
JACQUES MEZARD
Je n'ai pas à demander d'explication, le président de la République sait ce qu'il à faire, il dirige l'Exécutif dans ce pays et je suis tout à fait en phase avec la politique qu'il mène.
CAROLINE ROUX
Vous restez, c'est dit. C'est à vous Laurent ! Merci.
LAURENT BIGNOLAS
Merci Caroline, très bonne journée à tous les deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 novembre 2017