Texte intégral
Monsieur le Président,
Madame le Ministre d'Etat,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de participer aujourd'hui à la réunion annuelle des présidents des caisses d'allocations familiales. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour la chaleur de votre accueil. Je vous remercie également d'avoir bien voulu exprimer la satisfaction que vous inspire la politique de la famille conduite par le Gouvernement.
Vous êtes au premier rang de ceux qui ont la charge de mettre en oeuvre cette politique. Vous le faites avec un dévouement, une efficacité et un sens de l'intérêt général dignes d'éloge.
Aussi ai-je à coeur, Monsieur le Président, de saisir l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour préciser les ambitions du Gouvernement dans le domaine de la politique familiale et pour répondre aux interrogations dont vous vous êtes fait l'écho.
Ma présence parmi vous traduit l'attention que le Gouvernement porte aux familles de notre pays.
Vous me permettrez de rappeler qu'aucun gouvernement n'a déployé autant d'efforts en faveur des familles que celui que j'ai l'honneur de conduire.
Pourtant, la situation de notre pays en 1993 était de nature à dissuader tout gouvernement de consacrer à la politique familiale les faibles marges de manoeuvre budgétaire dont il disposait. Cette situation était la pire que nous ayons connue depuis la dernière guerre. Le déficit du budget de l'Etat était supérieur à 340 milliards de francs. Les déficits sociaux étaient d'une telle ampleur que l'on pouvait s'interroger sur l'avenir même de notre système de protection sociale. Le paiement des retraites n'était plus garanti. L'assurance-chômage n'était plus financée. Les dépenses d'assurance-maladie échappaient à tout contrôle. Le chômage s'aggravait à un rythme sans précédent, frappant toutes les familles.
Le Gouvernement a mis en oeuvre la politique de réforme que, face à tels périls, l'immense majorité de nos compatriotes appelait clairement de ses voeux.
Il s'est agi, d'abord, de relancer l'économie en mettant un terme à la dérive des finances publiques et en consolidant la monnaie.
Il s'est agi aussi de sauver notre système de protection sociale, auquel tous les Français sont légitimement attachés et qui constitue l'un des fondements essentiel de l'équilibre de notre société.
Les réformes rendues nécessaires par la poursuite de ces objectifs ont été engagées et, pour la plupart, menées à bien.
Tel est le cas de la politique de la famille, voulue par le Gouvernement.
Là où il était devenu d'usage que, tirant argument des difficultés de la conjoncture, les pouvoirs publics s'abstiennent d'agir en faveur des familles, le Gouvernement a entendu jeter les bases d'une politique familiale ambitieuse, moderne et équilibrée. Il l'a fait parce que la famille joue dans l'équilibre social de notre pays un rôle à la mesure de la place qui est la sienne, au premier rang des valeurs qui fondent notre civilisation. Cette place et ce rôle doivent être confortés et ce pour plusieurs raisons.
En premier lieu, le rayonnement de la France dans le monde dépend pour une large part de la vitalité de sa démographie. L'évolution préoccupante constatée ces dernières années imposait que des dispositions fussent prises par les pouvoirs publics pour faire en sorte que le choix des familles ne se heurte pas à des obstacles matériels et financiers trop dissuasifs.
En deuxième lieu, la cellule familiale est le lieu privilégié d'expression de la solidarité. Bien souvent, j'entends dire que la cohésion de notre société est mise à mal et que les solidarités essentielles ne trouvent plus à s'exercer. C'est méconnaître le rôle des familles. Pendant toute la durée de la crise qui s'achève, ce sont les solidarités familiales qui ont permis à notre société de faire face aux conséquences morales et matérielles du chômage et de la récession. Il était donc du devoir du Gouvernement de tout faire pour permettre aux familles de continuer à exercer ce rôle en toutes circonstances.
En troisième lieu, la famille, quels que soient les soubresauts qui ont pu affecter son évolution, est le modèle auquel nos compatriotes restent à juste titre le plus attachés. Tel est notamment le cas des jeunes, qui ont pu s'exprimer par le biais du questionnaire qui leur a été adressé et dont les premiers résultats viennent d'être rendus publics. L'attachement des jeunes à la famille est la première réponse qui se dégage de ces résultats. Il traduit une aspiration à l'épanouissement personnel au sein de la famille qui vient démentir les constats alarmistes trop souvent émis sur l'état de notre société.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement était fondé à définir une politique familiale correspondant aux souhaits de nos compatriotes.
La définition de cette politique supposait que, dans un premier temps, un diagnostic aussi exhaustif que possible fût posé sur la situation des familles et sur leurs besoins. C'est ce qu'a fait Madame Colette CODACCIONI, député du Nord, à la faveur du rapport qu'elle a déposé, à ma demande, après avoir consulté l'ensemble des milieux concernés.
Le Gouvernement s'est ensuite attaché à traduire ces orientations dans la loi, conformément à l'engagement que j'avais pris le 8 avril 1993 devant l'Assemblée Nationale. Deux textes législatifs en ont résulté : la loi relative à la famille, celle relative à la Sécurité sociale.
Madame le ministre d'Etat a réussi à faire en sorte - et je tiens à l'en remercier - que ces deux textes constituent, pour les années à venir, la charte fondatrice de la politique familiale.
Depuis de longues années, vous demandiez avec raison que l'autonomie financière de la branche famille soit garantie et consacrée par la loi. C'est chose faite. Et je m'empresse de préciser que la budgétisation progressive d'une partie des ressources de la branche ne porte en aucune manière atteinte à la gestion de celle-ci, qui doit demeurer et demeurera confiée aux partenaires sociaux.
Depuis de longues années, vous demandiez que la politique de la famille cesse d'être le parent pauvre de la politique sociale. C'est chose faite. Madame le ministre d'Etat a défini pour 5 ans, avec mon entier soutien, une politique globale de la famille, dont le financement est garanti.
Depuis de longues années, vous souhaitiez que les priorités de la politique familiale tiennent mieux compte des réalités qui sont celles de la France d'aujourd'hui. C'est chose faite.
La conciliation de la vie familiale et du travail, l'accueil des jeunes enfants, la prise en charge des jeunes adultes et le logement des familles sont les principaux objectifs que la loi assigne aux pouvoirs publics.
Je n'ignore pas qu'en dépit des aménagements apportés à la loi au cours de la discussion parlementaire certaines critiques continuent à être portées. J'y répondrai en rappelant qu'aucun gouvernement ne pouvait faire plus dans l'état des finances publiques et des comptes sociaux.
Je rappelle que le coût de la loi sur la famille s'élève à 60 milliards de francs sur cinq ans.
S'agissant du versement de l'allocation parentale d'éducation dès le deuxième enfant, ce sont quelque 20 milliards de francs sur cinq ans qui sont consacrés à cette mesure. D'aucuns peuvent regretter que des choix plus radicaux, notamment en faveur du salaire maternel, n'aient pas été effectués. Ils doivent tenir compte de la société française telle qu'elle est et de l'évolution des mentalités. Le Gouvernement a décidé en toute connaissance de cause et après avoir consulté les partenaires sociaux et les associations familiales. Il a choisi d'aider les familles à mieux concilier, notamment grâce au temps partiel, les obligations de la vie familiale et celles du travail.
J'ajoute enfin que l'amélioration de la situation économique de notre pays ne manquera pas de profiter à la branche famille qui, du fait de son autonomie de gestion retrouvée, pourra consacrer à la poursuite du plan prévu par les pouvoirs publics les ressources supplémentaires qui se dégageront.
Telles sont, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, les garanties que le Gouvernement a apportées au développement de la politique familiale. Je ne crois pas, en conscience, qu'il pouvait faire plus cette année. Les mécanismes mis en place, je voudrais vous y rendre attentifs, obligeront les pouvoirs publics à poursuivre l'effort dans les années qui viennent.
Je ne doute pas, Mesdames et Messieurs, que vous saurez prendre votre juste part de cet effort.
D'ores et déjà, vous assurez dans des conditions parfois difficiles mais avec une efficacité appréciée de nos compatriotes des missions délicates.
A ce titre, je tiens à rendre hommage à la rapidité avec laquelle vous vous êtes adaptés aux règles de versement de l'allocation parentale d'éducation telle qu'elles s'appliquent depuis le 1er juillet dernier. De même, vous avez pris en charge les bourses scolaires dans des conditions telles que cette réforme a été couronnée de succès. Au nom du gouvernement, je tiens à vous en remercier.
Ces circonstances me font un devoir, Monsieur le Président, de répondre aux interrogations que vous avez exprimées. Je le ferai d'autant plus volontiers que je crois discerner des inquiétudes ou des malentendus. Je suis, à titre personnel, trop attaché à la politique familiale pour ne pas avoir à coeur de rassurer tous ceux dont l'honneur et la raison d'être sont de la servir.
En ce qui concerne l'autonomie financière de la branche famille, les engagements pris par l'Etat seront tenus, qu'il s'agisse de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire, de l'allocation d'aide à la scolarité ou de la compensation des exonérations de cotisations familiales sur les bas salaires. Je n'ignore pas que, sur ce dernier point, nombre d'administrateurs restent sceptiques quant aux effets de cette mesure sur l'emploi. Pourtant, le fait est que cette mesure a d'ores et déjà entraîné des effets positifs dans le secteur des services et que tout donne à penser que, pour une très large part, elle est à l'origine des 118 000 créations d'emplois enregistrées au cours du premier semestre. Je ne doute pas, pour ma part, que l'étape supplémentaire d'exonération prévue au 1er janvier 1995 aura également des conséquences bénéfiques sur l'emploi.
Pour ce qui est de la complexité du système des prestations familiales, j'avoue, Monsieur le Président, avoir été particulièrement sensible à vos remarques et à vos propositions. La crise économique et ses répercussions sociales ont conduit les pouvoirs publics à multiplier les prestations, qui sont devenues trop complexes.
Une simplification radicale du système serait d'un coût très supérieur au potentiel financier de la branche famille. Elle se traduirait par une remise en cause des droits acquis et une diminution de revenu pour nombre de familles modestes.
Pour autant, le Gouvernement partage votre préoccupation et veillera à ne pas alourdir les missions des caisses d'allocations familiales.
La caisse nationale a fourni un important travail, qui permet de déceler les simplifications nécessaires. Sur la trentaine de mesures que vous avez proposées, plusieurs ont été mises en oeuvre, ou le seront très prochainement. Le Gouvernement a décidé de consacrer 200 millions de francs à cette oeuvre de simplification. Je souhaite que l'utilisation de cette somme soit arrêtée en concertation étroite avec la caisse nationale.
S'agissant du fonctionnement du service public des allocations familiales, je me réjouis que les caisses aient su faire face à l'augmentation du nombre d'allocataires du RMI et à la généralisation des aides personnelles au logement. Je souhaite que leurs efforts bénéficient plus encore aux familles les plus démunies et que les caisses soient plus étroitement associées à la mise en oeuvre de la politique de la ville. Je ne doute pas que ces objectifs répondent aux préoccupations des administrateurs des caisses d'allocations familiales.
Vous me permettez de saisir cette occasion pour former le voeu que les quelques mois qui viennent soient mis à profit pour engager une réflexion sereine et approfondie sur le statut des administrateurs. Ce statut est garanti jusqu'au mois d'avril 1996. Je souhaite que des propositions soient faites pour conforter le rôle des partenaires sociaux au sein des conseils d'administration.
Je suis personnellement attaché, vous le savez, au rôle des partenaires sociaux dans le fonctionnement de notre société. Le nouvel exemple français que j'appelle de mes voeux ne verra le jour qu'avec le concours des organisations représentatives des salariés et des employeurs. La politique familiale, qui est à mes yeux un élément essentiel pour l'équilibre de notre société et son rayonnement dans le monde est le domaine de prédilection des partenaires sociaux.
Depuis 18 mois, le Gouvernement s'est efforcé, plus qu'aucun de ses prédécesseurs, de les associer à la marche des affaires publiques. Les confédérations syndicales et patronales ont apporté la preuve, dans la gestion des organismes de protection sociale, du sens des responsabilités qui les anime. J'estime donc que le Gouvernement ne fait pas fausse route en souhaitant s'appuyer sur de interlocuteurs solides, aptes à exercer la plénitude de leurs attributions et à s'adapter aux défis auxquels notre pays doit faire face.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, l'action de réforme engagée depuis plus de dix huit mois s'inscrit dans la durée. Elle vise à entraîner le pays tout entier vers la construction d'un nouvel exemple français.
Comment concilier nos valeurs sociales, nées de l'idéal républicain de justice et de fraternité, avec la concurrence sans cesse plus vive que nous livre le reste du monde ? Telle est la question à laquelle notre pays doit répondre.
Je souhaite, avec vous, que cette réponse soit conforme aux traditions et au rang de la France.
La politique familiale figure au nombre de ces traditions. Le Gouvernement a fait en sorte que cette politique prenne un essor nouveau. Je souhaite que chacune et chacun d'entre vous y apporte son concours avec ardeur, et avec fierté. Je ne saurais trop vous encourager à participer activement à l'année internationale de la famille et à poursuivre votre action, à l'échelon européen, au sein de l'association Internationale de sécurité sociale.
C'est un message d'espoir dans l'avenir que je voudrais vous délivrer aujourd'hui.
La politique familiale est l'une des bases de notre système de protection sociale, qui tient une place essentielle dans la cohésion de notre pays.
Vos responsabilités sont à la mesure du rôle qui est le vôtre dans la défense et la mise en oeuvre de cette politique.
Je souhaite que vous trouviez dans cette réunion annuelle des raisons supplémentaires de servir cette ambition collective.
Madame le Ministre d'Etat,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de participer aujourd'hui à la réunion annuelle des présidents des caisses d'allocations familiales. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour la chaleur de votre accueil. Je vous remercie également d'avoir bien voulu exprimer la satisfaction que vous inspire la politique de la famille conduite par le Gouvernement.
Vous êtes au premier rang de ceux qui ont la charge de mettre en oeuvre cette politique. Vous le faites avec un dévouement, une efficacité et un sens de l'intérêt général dignes d'éloge.
Aussi ai-je à coeur, Monsieur le Président, de saisir l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour préciser les ambitions du Gouvernement dans le domaine de la politique familiale et pour répondre aux interrogations dont vous vous êtes fait l'écho.
Ma présence parmi vous traduit l'attention que le Gouvernement porte aux familles de notre pays.
Vous me permettrez de rappeler qu'aucun gouvernement n'a déployé autant d'efforts en faveur des familles que celui que j'ai l'honneur de conduire.
Pourtant, la situation de notre pays en 1993 était de nature à dissuader tout gouvernement de consacrer à la politique familiale les faibles marges de manoeuvre budgétaire dont il disposait. Cette situation était la pire que nous ayons connue depuis la dernière guerre. Le déficit du budget de l'Etat était supérieur à 340 milliards de francs. Les déficits sociaux étaient d'une telle ampleur que l'on pouvait s'interroger sur l'avenir même de notre système de protection sociale. Le paiement des retraites n'était plus garanti. L'assurance-chômage n'était plus financée. Les dépenses d'assurance-maladie échappaient à tout contrôle. Le chômage s'aggravait à un rythme sans précédent, frappant toutes les familles.
Le Gouvernement a mis en oeuvre la politique de réforme que, face à tels périls, l'immense majorité de nos compatriotes appelait clairement de ses voeux.
Il s'est agi, d'abord, de relancer l'économie en mettant un terme à la dérive des finances publiques et en consolidant la monnaie.
Il s'est agi aussi de sauver notre système de protection sociale, auquel tous les Français sont légitimement attachés et qui constitue l'un des fondements essentiel de l'équilibre de notre société.
Les réformes rendues nécessaires par la poursuite de ces objectifs ont été engagées et, pour la plupart, menées à bien.
Tel est le cas de la politique de la famille, voulue par le Gouvernement.
Là où il était devenu d'usage que, tirant argument des difficultés de la conjoncture, les pouvoirs publics s'abstiennent d'agir en faveur des familles, le Gouvernement a entendu jeter les bases d'une politique familiale ambitieuse, moderne et équilibrée. Il l'a fait parce que la famille joue dans l'équilibre social de notre pays un rôle à la mesure de la place qui est la sienne, au premier rang des valeurs qui fondent notre civilisation. Cette place et ce rôle doivent être confortés et ce pour plusieurs raisons.
En premier lieu, le rayonnement de la France dans le monde dépend pour une large part de la vitalité de sa démographie. L'évolution préoccupante constatée ces dernières années imposait que des dispositions fussent prises par les pouvoirs publics pour faire en sorte que le choix des familles ne se heurte pas à des obstacles matériels et financiers trop dissuasifs.
En deuxième lieu, la cellule familiale est le lieu privilégié d'expression de la solidarité. Bien souvent, j'entends dire que la cohésion de notre société est mise à mal et que les solidarités essentielles ne trouvent plus à s'exercer. C'est méconnaître le rôle des familles. Pendant toute la durée de la crise qui s'achève, ce sont les solidarités familiales qui ont permis à notre société de faire face aux conséquences morales et matérielles du chômage et de la récession. Il était donc du devoir du Gouvernement de tout faire pour permettre aux familles de continuer à exercer ce rôle en toutes circonstances.
En troisième lieu, la famille, quels que soient les soubresauts qui ont pu affecter son évolution, est le modèle auquel nos compatriotes restent à juste titre le plus attachés. Tel est notamment le cas des jeunes, qui ont pu s'exprimer par le biais du questionnaire qui leur a été adressé et dont les premiers résultats viennent d'être rendus publics. L'attachement des jeunes à la famille est la première réponse qui se dégage de ces résultats. Il traduit une aspiration à l'épanouissement personnel au sein de la famille qui vient démentir les constats alarmistes trop souvent émis sur l'état de notre société.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement était fondé à définir une politique familiale correspondant aux souhaits de nos compatriotes.
La définition de cette politique supposait que, dans un premier temps, un diagnostic aussi exhaustif que possible fût posé sur la situation des familles et sur leurs besoins. C'est ce qu'a fait Madame Colette CODACCIONI, député du Nord, à la faveur du rapport qu'elle a déposé, à ma demande, après avoir consulté l'ensemble des milieux concernés.
Le Gouvernement s'est ensuite attaché à traduire ces orientations dans la loi, conformément à l'engagement que j'avais pris le 8 avril 1993 devant l'Assemblée Nationale. Deux textes législatifs en ont résulté : la loi relative à la famille, celle relative à la Sécurité sociale.
Madame le ministre d'Etat a réussi à faire en sorte - et je tiens à l'en remercier - que ces deux textes constituent, pour les années à venir, la charte fondatrice de la politique familiale.
Depuis de longues années, vous demandiez avec raison que l'autonomie financière de la branche famille soit garantie et consacrée par la loi. C'est chose faite. Et je m'empresse de préciser que la budgétisation progressive d'une partie des ressources de la branche ne porte en aucune manière atteinte à la gestion de celle-ci, qui doit demeurer et demeurera confiée aux partenaires sociaux.
Depuis de longues années, vous demandiez que la politique de la famille cesse d'être le parent pauvre de la politique sociale. C'est chose faite. Madame le ministre d'Etat a défini pour 5 ans, avec mon entier soutien, une politique globale de la famille, dont le financement est garanti.
Depuis de longues années, vous souhaitiez que les priorités de la politique familiale tiennent mieux compte des réalités qui sont celles de la France d'aujourd'hui. C'est chose faite.
La conciliation de la vie familiale et du travail, l'accueil des jeunes enfants, la prise en charge des jeunes adultes et le logement des familles sont les principaux objectifs que la loi assigne aux pouvoirs publics.
Je n'ignore pas qu'en dépit des aménagements apportés à la loi au cours de la discussion parlementaire certaines critiques continuent à être portées. J'y répondrai en rappelant qu'aucun gouvernement ne pouvait faire plus dans l'état des finances publiques et des comptes sociaux.
Je rappelle que le coût de la loi sur la famille s'élève à 60 milliards de francs sur cinq ans.
S'agissant du versement de l'allocation parentale d'éducation dès le deuxième enfant, ce sont quelque 20 milliards de francs sur cinq ans qui sont consacrés à cette mesure. D'aucuns peuvent regretter que des choix plus radicaux, notamment en faveur du salaire maternel, n'aient pas été effectués. Ils doivent tenir compte de la société française telle qu'elle est et de l'évolution des mentalités. Le Gouvernement a décidé en toute connaissance de cause et après avoir consulté les partenaires sociaux et les associations familiales. Il a choisi d'aider les familles à mieux concilier, notamment grâce au temps partiel, les obligations de la vie familiale et celles du travail.
J'ajoute enfin que l'amélioration de la situation économique de notre pays ne manquera pas de profiter à la branche famille qui, du fait de son autonomie de gestion retrouvée, pourra consacrer à la poursuite du plan prévu par les pouvoirs publics les ressources supplémentaires qui se dégageront.
Telles sont, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, les garanties que le Gouvernement a apportées au développement de la politique familiale. Je ne crois pas, en conscience, qu'il pouvait faire plus cette année. Les mécanismes mis en place, je voudrais vous y rendre attentifs, obligeront les pouvoirs publics à poursuivre l'effort dans les années qui viennent.
Je ne doute pas, Mesdames et Messieurs, que vous saurez prendre votre juste part de cet effort.
D'ores et déjà, vous assurez dans des conditions parfois difficiles mais avec une efficacité appréciée de nos compatriotes des missions délicates.
A ce titre, je tiens à rendre hommage à la rapidité avec laquelle vous vous êtes adaptés aux règles de versement de l'allocation parentale d'éducation telle qu'elles s'appliquent depuis le 1er juillet dernier. De même, vous avez pris en charge les bourses scolaires dans des conditions telles que cette réforme a été couronnée de succès. Au nom du gouvernement, je tiens à vous en remercier.
Ces circonstances me font un devoir, Monsieur le Président, de répondre aux interrogations que vous avez exprimées. Je le ferai d'autant plus volontiers que je crois discerner des inquiétudes ou des malentendus. Je suis, à titre personnel, trop attaché à la politique familiale pour ne pas avoir à coeur de rassurer tous ceux dont l'honneur et la raison d'être sont de la servir.
En ce qui concerne l'autonomie financière de la branche famille, les engagements pris par l'Etat seront tenus, qu'il s'agisse de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire, de l'allocation d'aide à la scolarité ou de la compensation des exonérations de cotisations familiales sur les bas salaires. Je n'ignore pas que, sur ce dernier point, nombre d'administrateurs restent sceptiques quant aux effets de cette mesure sur l'emploi. Pourtant, le fait est que cette mesure a d'ores et déjà entraîné des effets positifs dans le secteur des services et que tout donne à penser que, pour une très large part, elle est à l'origine des 118 000 créations d'emplois enregistrées au cours du premier semestre. Je ne doute pas, pour ma part, que l'étape supplémentaire d'exonération prévue au 1er janvier 1995 aura également des conséquences bénéfiques sur l'emploi.
Pour ce qui est de la complexité du système des prestations familiales, j'avoue, Monsieur le Président, avoir été particulièrement sensible à vos remarques et à vos propositions. La crise économique et ses répercussions sociales ont conduit les pouvoirs publics à multiplier les prestations, qui sont devenues trop complexes.
Une simplification radicale du système serait d'un coût très supérieur au potentiel financier de la branche famille. Elle se traduirait par une remise en cause des droits acquis et une diminution de revenu pour nombre de familles modestes.
Pour autant, le Gouvernement partage votre préoccupation et veillera à ne pas alourdir les missions des caisses d'allocations familiales.
La caisse nationale a fourni un important travail, qui permet de déceler les simplifications nécessaires. Sur la trentaine de mesures que vous avez proposées, plusieurs ont été mises en oeuvre, ou le seront très prochainement. Le Gouvernement a décidé de consacrer 200 millions de francs à cette oeuvre de simplification. Je souhaite que l'utilisation de cette somme soit arrêtée en concertation étroite avec la caisse nationale.
S'agissant du fonctionnement du service public des allocations familiales, je me réjouis que les caisses aient su faire face à l'augmentation du nombre d'allocataires du RMI et à la généralisation des aides personnelles au logement. Je souhaite que leurs efforts bénéficient plus encore aux familles les plus démunies et que les caisses soient plus étroitement associées à la mise en oeuvre de la politique de la ville. Je ne doute pas que ces objectifs répondent aux préoccupations des administrateurs des caisses d'allocations familiales.
Vous me permettez de saisir cette occasion pour former le voeu que les quelques mois qui viennent soient mis à profit pour engager une réflexion sereine et approfondie sur le statut des administrateurs. Ce statut est garanti jusqu'au mois d'avril 1996. Je souhaite que des propositions soient faites pour conforter le rôle des partenaires sociaux au sein des conseils d'administration.
Je suis personnellement attaché, vous le savez, au rôle des partenaires sociaux dans le fonctionnement de notre société. Le nouvel exemple français que j'appelle de mes voeux ne verra le jour qu'avec le concours des organisations représentatives des salariés et des employeurs. La politique familiale, qui est à mes yeux un élément essentiel pour l'équilibre de notre société et son rayonnement dans le monde est le domaine de prédilection des partenaires sociaux.
Depuis 18 mois, le Gouvernement s'est efforcé, plus qu'aucun de ses prédécesseurs, de les associer à la marche des affaires publiques. Les confédérations syndicales et patronales ont apporté la preuve, dans la gestion des organismes de protection sociale, du sens des responsabilités qui les anime. J'estime donc que le Gouvernement ne fait pas fausse route en souhaitant s'appuyer sur de interlocuteurs solides, aptes à exercer la plénitude de leurs attributions et à s'adapter aux défis auxquels notre pays doit faire face.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, l'action de réforme engagée depuis plus de dix huit mois s'inscrit dans la durée. Elle vise à entraîner le pays tout entier vers la construction d'un nouvel exemple français.
Comment concilier nos valeurs sociales, nées de l'idéal républicain de justice et de fraternité, avec la concurrence sans cesse plus vive que nous livre le reste du monde ? Telle est la question à laquelle notre pays doit répondre.
Je souhaite, avec vous, que cette réponse soit conforme aux traditions et au rang de la France.
La politique familiale figure au nombre de ces traditions. Le Gouvernement a fait en sorte que cette politique prenne un essor nouveau. Je souhaite que chacune et chacun d'entre vous y apporte son concours avec ardeur, et avec fierté. Je ne saurais trop vous encourager à participer activement à l'année internationale de la famille et à poursuivre votre action, à l'échelon européen, au sein de l'association Internationale de sécurité sociale.
C'est un message d'espoir dans l'avenir que je voudrais vous délivrer aujourd'hui.
La politique familiale est l'une des bases de notre système de protection sociale, qui tient une place essentielle dans la cohésion de notre pays.
Vos responsabilités sont à la mesure du rôle qui est le vôtre dans la défense et la mise en oeuvre de cette politique.
Je souhaite que vous trouviez dans cette réunion annuelle des raisons supplémentaires de servir cette ambition collective.