Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la place du département de l'Aube dans la politique d'aménagement du territoire, à Troyes le 20 septembre 1994.

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Circonstance : Réunion du CIAT et du CIATER à Troyes le 20 septembre 1994.

Texte intégral

Monsieur le maire,
Messieurs les parlementaires,
Messieurs les présidents du conseil régional,
Mesdames, messieurs,
Je suis particulièrement heureux de m'exprimer aujourd'hui devant les élus et responsables économiques et sociaux du département de l'Aube. Je remercie le maire de Troyes, M. Robert GALLEY, pour son invitation et pour la qualité de son accueil. J'y suis d'autant plus sensible que la quasi totalité du Gouvernement est aujourd'hui à mes côtés.
Pourquoi un CIAT à Troyes ? Troyes et le département de l'Aube se trouvent, très clairement, à la croisée de plusieurs préoccupations d'aménagement du territoire.
Avec environ 50 habitants au Km2, soit moins de la moitié de la densité moyenne française, l'Aube se situe au bord de cette zone de faible densité qui traverse la France du Nord-Est au Sud-Ouest.
Comme plusieurs régions d'industries traditionnelles du Nord et de l'Est, la ville de Troyes et son bassin d'emploi connaissent les difficultés de la conversion industrielle. Faute d'activités nouvelles, industrielles ou tertiaires créées en nombre suffisant, ces régions ont vu toute une partie de leur population active, les quitter au cours des trente dernières années.
En troisième lieu, Troyes s'inscrit dans l'ensemble de ces villes que l'on dit à "une heure de Paris", ou, en vérité, à un peu plus. Rendues plus fortes et dynamiques, elles équilibreront l'attraction qu'exerce l'agglomération parisienne et serviront de relais entre cette dernière et les autres métropoles régionales.
Cependant, l'Aube et Troyes disposent de nombreux atouts. L'Etat a pris, depuis 18 mois, plusieurs décisions pour leur permettre de valoriser ces avantages.
L'année 1994 restera marquée par trois projets d'ampleur nationale qui concernent le département de l'Aube.
L'ouverture à la mi-novembre du tronçon Sens-Troyes de l'autoroute A5 mettra l'agglomération troyenne à une heure quinze de la région parisienne.
L'université de technologie de Troyes, qui vient d'être inaugurée par Monsieur le Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, résulte de la collaboration de l'État et des collectivités territoriales. J'ai accordé un intérêt particulier à ce projet, à la demande de M. Jean KALTENBACH, qui en a souligné l'importance, lors de l'entretien que nous avons eu ensemble et qui a marqué l'ouverture des négociations du contrat de plan.
L'usine de bio-carburant de Nogent-sur-Seine, qui intéresse plus de 20.000 agriculteurs de l'Aube, de la Marne, de la Haute-Marne et d'autres départements voisins, est un projet de grande envergure dont la montée en charge s'effectuera sur la base d'un second agrément de 100.000 tonnes d'ester en juillet 1995.
De nouvelles décisions ont été prises aujourd'hui pour favoriser le développement de l'Aube et de Troyes.
La prime à l'aménagement du territoire pourra désormais être attribuée dans plusieurs cantons qui regroupent environ 100.000 habitants autour de Troyes, alors que jusqu'à présent, l'ensemble du département était exclu de ce soutien.
Cette décision, s'ajoutant à la possibilité donnée début 1994 à la majeure partie du département, d'accéder aux fonds européens, devrait promouvoir, avec vigueur, la création d'activités économiques nouvelles.
En matière d'infrastructures, le ministre de l'Equipement, des Transports et du Tourisme, vient d'arrêter le "fuseau du kilomètre" de la section Troyes-Auxerre de l'autoroute A26. Cette liaison entre les autoroute A5 et A6 a deux objectifs principaux : favoriser les échanges entre les pôles économiques locaux et améliorer les conditions générales de la circulation de transit.
A terme, la route Troyes-Auxerre pourrait faire partie de l'ensemble des liaisons Est-Ouest du Sud du Bassin parisien. Un vaste débat sur l'opportunité économique de cet ensemble sera lancé à l'automne à l'initiative du ministère de l'Equipement, des Transports et du Tourisme.
Les conditions de transport ferroviaire entre Paris et Troyes feront, quant à elles, l'objet d'une étude. Cette étude déterminera, avant la fin de l'année 1994, les besoins nécessaires pour rendre la ligne plus performante.
Enfin, l'arrêté d'occupation temporaire pour l'aérodrome d'affaires de Troyes-Barberey est renouvelé pour deux ans, ce qui permettra à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Troyes et de l'Aube - dont je salue ici les efforts et le dynamisme - de réaliser les investissements nécessaires à la modernisation.
En matière de développement des activités économiques, et au-delà des mesures générales que je viens de mentionner, l'Etat entend bien soutenir l'activité textile.
En premier lieu, les négociations que le Gouvernement mène actuellement à Bruxelles permettront à la région de bénéficier du programme européen RETEX à hauteur d'environ 10 millions de francs.
En second lieu, l'opportunité de la création à Troyes d'un marché de la mode fera l'objet d'une étude financée à 50 % par l'Etat. Un tel marché s'adressera, bien entendu, aux fabricants comme aux détaillants. Il aura pour double objectif de permettre aux premiers de concevoir et de produire, et aux seconds d'avoir le choix que donnent une offre diverse et un riche ensemble de services. Si, comme je le souhaite, un marché de la mode voit le jour à Troyes, ce sera une grande nouveauté en France. Il devra, donc, rendre les services attendus, non seulement aux acteurs de la filière textile du département, mais aussi à une large partie du territoire national, du Nord-Pas-de-Calais, aux Vosges et à la région Rhône-Alpes.
Par ailleurs, compte tenu des remarquables réalisations du département -comme le centre nucléaire de production d'électricité de Nogent-sur-Seine et le centre de stockage de déchets nucléaires de Soulaines-Dhuys- le Gouvernement décidera, avant la fin de l'année des activités que l'Aube accueillera dans ces mêmes domaines.
En matière de services culturels et sociaux qui sont offerts à la population, l'étendue de la réserve naturelle prévue autour de l'étang de la Houe sera limitée à quelque 400 ha et sera constituée dans le respect des différents intérêts de ce site remarquable.
Porté par les habitants de Troyes et leur maire, le projet de transfert de l'école de musique est sur le point d'aboutir. L'Etat, par l'intermédiaire du ministère de la Culture et de la Francophonie, y participera à raison de 4 millions de francs.
Un centre d'accueil pour enfants polyhandicapés sera créé à la périphérie de Troyes. Il obtiendra les crédits de fonctionnement nécessaires pour accueillir 24 enfants et constituera une première dans ce domaine pour le département de l'Aube.
Pour ce qui est du logement social, le ministère du Logement augmentera de 50 logements en prêts locatifs aidés du Crédit Foncier de France, la dotation de l'Aube si la consommation des crdits déjà prévus n'était pas suffisante.
L'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat augmentera également ses interventions en 1994, s'il le faut.
En troisième lieu, l'Etat double la dotation accordée à l'Aube en matière de PLA "très sociaux".
En quatrième lieu, les crédits accordés au préfet en matière de logement social seront augmentés de 2,5 millions de francs, soit environ 10 % de la dotation initiale de l'Aube pour l'année 1994.
Les décisions et les mesures que j'ai évoquées soulignent le rôle reconnu à une ville et à un département qui doivent contribuer à un meilleur équilibre économique et démographique du Bassin parisien et du Grand Est français.Le Gouvernement témoigne ainsi de la confiance qu'il vous accorde, de sa volonté de soutenir vos efforts.