Texte intégral
CAROLINE ROUX
Christophe CASTANER, délégué général de La République En Marche et secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement. Il a bien du mal avec son nouveau porte-parole, qui a présenté hier sa démission. Bonjour Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Alors, il s'appelle Rayan NEZZAR, il était porte-parole de La République En Marche. Il est resté quelques jours, il a présenté sa démission. Il avait copieusement, et vraiment copieusement, insulté des responsables politiques sur son compte Twitter lorsqu'il était étudiant. Est-ce que c'est vous qui lui avez demandé de quitter ses fonctions ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez, j'ai échangé avec lui, avec toute cette difficulté, c'est un homme de grande qualité, c'est un homme qui a grandi, et lui-même a dénoncé les propos qu'il avait tenus quand il était étudiant. Mais je crois qu'il y a une violence sur les réseaux sociaux qui nous oblige, nous, les responsables politiques, et que ce qu'il avait dit à ce moment-là l'empêchait de porter la parole de ce nouveau mouvement de La République En Marche
CAROLINE ROUX
C'est ce que vous lui avez dit ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui.
CAROLINE ROUX
Vous lui avez demandé de quitter ses fonctions ? C'est comme ça que ça s'est passé ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je lui ai dit que nous étions dans un contexte où tout cela n'était pas compatible, et que de toute façon, il serait empêché de faire son travail dans de bonnes conditions, mais c'est difficile, parce que
CAROLINE ROUX
Ça veut dire qu'il n'y a pas de droit à l'oubli ?
CHRISTOPHE CASTANER
Peut-être moins en politique qu'ailleurs, mais parce que nous avons cette exigence d'exemplarité, parce que nous devons nous battre tous les jours contre ce déferlement de haine que portent les réseaux sociaux, nous devons effectivement accepter la mise en cause des journalistes en particulier, et nous devons refuser des mots qui sont trop violents, c'est dur, c'est dur humainement, le rapport que j'ai avec lui me rend triste de cette situation, parce que je sais
CAROLINE ROUX
C'est du gâchis ?
CHRISTOPHE CASTANER
C'est le mot que j'ai utilisé, votre question est bien posée, c'est le mot que j'ai utilisé y compris avec lui, c'est un gâchis. Je souhaite qu'il puisse s'apaiser, je plus souhaite qu'il puisse s'excuser, et je souhaite qu'il puisse se réengager en politique, mais pas sur des fonctions aussi exposées que celle de porte-parole.
CAROLINE ROUX
Vous avez d'abord commencé par penser que ça allait passer, certains propos qui vous sont attribués et dans lesquels vous expliquez que, il a été rattrapé par exemple par son vocabulaire de jeune de Montreuil, que tout ça n'est pas si grave
CHRISTOPHE CASTANER
Alors, d'abord, ce ne sont pas mes mots, et d'ailleurs, ça encore, c'est révélateur de l'emballement médiatique, je n'ai jamais tenu ces mots-là, je ne me suis pas exprimé publiquement avant de le rencontrer, Rayan, et pourtant, on me prête des propos qui suscitent immédiatement l'emballement, et des réactions politiques
CAROLINE ROUX
Oui, y compris du maire de Montreuil
CHRISTOPHE CASTANER
Y compris du maire de Montreuil et d'autres, du député de cette circonscription, parce que, on commente le commentaire. Je pense que, en politique, on gagnerait à commenter la réalité.
CAROLINE ROUX
Et comment on fait, parce que ça fait des années que ça dure, y compris le maire de Montreuil qui vous traite de « Narvalo(w) », alors, si vous avez compris ce que c'est, il faut nous expliquer ce matin, parce que moi, je ne sais pas ce que c'est.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, et surtout qu'il y a deux versions, une avec le « w » et une sans le « w », mais manifestement
CAROLINE ROUX
Et ce ne sont pas des mots agréables ?
CHRISTOPHE CASTANER
Manifestement, ce n'était pas sympa. Mais là encore, je pense qu'il commet une petite erreur, c'est que plutôt que de faire un tweet violent, me mettant en cause, utilisant une insulte, « Narvalo(w) » semble tre du registre de l'insulte, il aurait pu me passer un coup de fil, et j'aurais pu lui dire que j'apprécie Montreuil, que j'y ai quelques amis, et que s'il m'y invitait, je m'y rendrais volontiers.
CAROLINE ROUX
Qu'est-ce que ça raconte sur la difficulté de faire un nouveau parti avec de nouvelles têtes, cet épisode-là ?
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, d'abord, ça raconte l'exigence, mon exigence, celle du mouvement où, effectivement, quelqu'un qui a, certes, des qualités, mais qui a commis des erreurs, quelques erreurs, quelques tweets, eh bien, effectivement, nous sanctionnons avec lui immédiatement.
CAROLINE ROUX
Ça veut dire que vous allez faire ce travail avec les autres futurs peut-être porte-paroles dans les années qui viennent, candidats aux municipales, pour essayer de savoir s'ils ont des propos à se reprocher, y compris des propos qui datent de l'époque où ils étaient étudiants, vous allez le faire ce travail-là ?
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, oui, et je vais le faire avec chacune et chacun, mais d'abord, non pas en les contrôlant, en les fliquant, mais en les invitant à faire ce propre travail, mais c'est aussi ce qu'a fait le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, en portant cette exigence pour chacun de ses ministres. Emmanuel MACRON nous a rappelé aussi un certain nombre de règles, si on veut rétablir la confiance avec nos concitoyens, il faut que pour nous, la classe politique, nous soyons plus exigeants encore qu'avec n'importe qui. Commençons par l'être par nous-mêmes, je pense que c'est une bonne vertu.
CAROLINE ROUX
Tiens, puisque vous parlez d'exigence envers vous-même, est-ce que votre chauffeur respecte toujours les limitations de vitesse ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je pense, quand il est avec moi
CAROLINE ROUX
Vous lui demandez ?
CHRISTOPHE CASTANER
Voilà, quand il est avec moi, je veille à le lui rappeler.
CAROLINE ROUX
Je vous parle de cela parce que, évidemment, le passage à 80 km/h pour la limite officielle sur les routes secondaires va être officialisé par le Premier ministre aujourd'hui. Il y a une partie de la droite qui dit : c'est encore une mauvaise manière qui est faite aux territoires, aux gens qui ont besoin d'utiliser ces réseaux secondaires, à cette France des territoires. Qu'est-ce que vous répondez à ces critiques-là qui sont formulées, par exemple, Damien ABAD, le porte-parole des Républicains, qui dit : ce serait vécu comme une nouvelle taxe supplémentaire pour les Français et les automobilistes ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, je suis un élu de la ruralité, des Alpes de Haute-Provence, je sais cette réalité-là, et je sais que la première des injustices, c'est qu'il y a justement beaucoup plus de morts dans la ruralité et sur nos routes qu'en milieu urbain et qu'à Paris. Alors, vous savez, je crois qu'il faut, soit, être populiste, et vouloir faire plaisir aux gens, et sur la question de la sécurité routière, chaque fois qu'il y a eu des décisions courageuses, je pense à Jacques CHIRAC, le 14 juillet 2002, quand il a lancé un grand plan de sécurité routière, je pense à toutes les mesures de sécurité qui ont été prises, la ceinture. Moi, quand j'étais enfant, mes parents m'aimaient beaucoup, et pourtant, on me posait à l'arrière de la voiture, voire même sur la lunette arrière
CAROLINE ROUX
Oui, on l'a tous fait.
CHRISTOPHE CASTANER
Les choses ont changé, les choses ont changé, et on a beaucoup moins de morts, beaucoup moins de blessés. Donc oui, il faut du courage politique et il ne faut pas faire de populisme. Eh oui, il y a une injustice dans la ruralité, où il y a beaucoup plus de morts. Si chaque jour, par le fait qu'on puisse baisser de 10 km/h la vitesse, par le fait qu'on puisse perdre, allez, 45 secondes pour faire dix kilomètres, si chaque jour, on sauve une vie, alors, je serais assez fier d'être aux côtés d'Edouard PHILIPPE et de le soutenir dans cette mesure.
CAROLINE ROUX
Et pour ça, il faut des contrôles. Donc pour ça, il faut plus de radars. S'il suffit juste de mettre une limitation de vitesse, une nouvelle limitation sans ajouter de radars, ça ne sert à rien. Donc est-ce que, à votre avis, il faut aussi augmenter les contrôles pour sauver des vies et augmenter le nombre de radars ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, en matière de sécurité, qu'elle soit routière ou quelle qu'elle soit, si vous n'avez pas de contrôle, ça ne marche pas
CAROLINE ROUX
Ça ne sert à rien.
CHRISTOPHE CASTANER
Donc de toute façon, il en faut. Mais ce qui est intéressant, on a testé le passage de 90 à 80 sur trois secteurs, des petits secteurs
CAROLINE ROUX
Expérimentation contestée
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais il y a une chose qui n'est pas contestée, c'est que sur ces secteurs, la vitesse a baissé en moyenne entre 2 et 9 km/h sur ces trois secteurs. Ça veut dire que sans radars, il y a déjà une anticipation. Moi, quand j'observe sur la route ces trente dernières années, on voit que le comportement des automobilistes a changé, et pourtant, ces trois dernières années, on voit qu'à nouveau, la vitesse a ré-augmenté. Et un accident grave sur deux est issu de la vitesse.
CAROLINE ROUX
Les carburants, stationnement, l'augmentation des amendes, qui sont donc gérées maintenant par les municipalités. Augmentation aussi des conditions du contrôle technique, limitation de vitesse. Est-ce que vous avez un problème avec les automobilistes ?
CHRISTOPHE CASTANER
D'abord, ces mesures sont anciennes, même si je peux les assumer les unes et les autres. Et toutes ne sont pas du fait du gouvernement, et donc ne seraient pas liées à un problème avec les automobilistes. Mais aujourd'hui, il faut effectivement, notamment en milieu urbain, notamment à Paris, faire moins de place pour la voiture et plus de place pour le transport public. Il faut effectivement assumer que quand le diesel est dangereux pour la santé, à un moment donné, on reconnaisse les erreurs du passé et qu'on dise qu'on va vers la convergence, et ça marche. Aujorudh'ui, on achète plus de voitures essence depuis l'année dernière, c'est la première année que de voitures diesel. C'est un enjeu de santé aussi. Donc vous voyez, d'un côté, on peut sauver des vies, de l'autre, on peut sauver la santé de nos concitoyens, oui, mais il faut du courage politique, nous en avons.
CAROLINE ROUX
Vous assumez. Alors, le ministre de l'Intérieur va devoir manoeuvrer pour faire voter le projet de loi sur l'Immigration à venir dans le courant du mois de janvier, est-ce qu'à votre avis, il est prêt à lâcher du lest, on a bien vu que ce texte-là divisait, y compris au sein de La République En Marche, au sein de la majorité, est-ce que vous dites ce matin : il va falloir de toute façon arrondir les angles en l'état de ce qui a été publié dans la presse, le texte ne trouvera pas de point d'équilibre au sein de la majorité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Alors, d'abord, le texte n'existe pas aujourd'hui, mais il y a des discussions sur un sujet
CAROLINE ROUX
C'est pour ça que je dis dans ce qui a été sorti
CHRISTOPHE CASTANER
Qui est symbolique, qui est fort, qui est puissant, qui touche à l'émotion et aux valeurs de chacune et de chacun d'entre nous. Et donc le ministre de l'Intérieur est en train d'échanger, le Premier ministre aussi, avec l'ensemble des acteurs de ce sujet. Mais une chose est sûre, c'est que si on veut garantir l'accueil des réfugiés, c'est-à-dire, ces femmes et ces hommes qui ont fui des terrains de guerre où ils risquaient de mourir, dans de bonnes conditions, il faut réussir leur intégration. Depuis trente ans, on ne l'a pas réussie. Donc il faut se donner ces moyens-là. Et se donner ces moyens-là, c'est de faire en sorte que quand on ne vous reconnaît pas le statut de réfugié, et que vous avez une décision de justice de reconduite à la frontière, vous soyez reconduit à la frontière. Aujourd'hui, seulement 4 % des décisions de justice sont exécutées en France. Ça n'est pas normal.
CAROLINE ROUX
Comment vous allez faire avec Gérard LARCHER, Gérard LARCHER, le président du Sénat, qui fixe des lignes rouges, des sacrées lignes rouges, sur la réforme de la Constitution, il va falloir composer avec lui, vous n'avez pas le choix ?
CHRISTOPHE CASTANER
On va discuter, parce que, effectivement, il représente une assemblée essentielle, celle du Sénat, notamment pour une réforme constitutionnelle. Mais Gérard LARCHER sait aussi que le président de la République s'est engagé devant les Français sur un certain nombre de sujets, notamment le non-cumul dans le temps, parce que la classe politique doit être renouvelée
CAROLINE ROUX
Trois mandats, ça, il n'en veut pas, il dit : c'est non
CHRISTOPHE CASTANER
Mais je pense qu'il a dû entendre aussi les Français qui ont voté à l'élection présidentielle pour Emmanuel MACRON sur ce contrat clair. Nous discuterons avec lui, et le président de la République a indiqué, lors de la rencontre du Congrès devant les parlementaires, qu'il pourrait utiliser le référendum si c'était nécessaire, ça n'est pas aujourd'hui nécessaire
CAROLINE ROUX
Ce n'est pas exclu
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que nous dialoguons
CAROLINE ROUX
Ce n'est pas exclu ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais ça n'est pas exclu non plus.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup.
CHRISTOPHE CASTANER
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 janvier 2018
Christophe CASTANER, délégué général de La République En Marche et secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement. Il a bien du mal avec son nouveau porte-parole, qui a présenté hier sa démission. Bonjour Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Alors, il s'appelle Rayan NEZZAR, il était porte-parole de La République En Marche. Il est resté quelques jours, il a présenté sa démission. Il avait copieusement, et vraiment copieusement, insulté des responsables politiques sur son compte Twitter lorsqu'il était étudiant. Est-ce que c'est vous qui lui avez demandé de quitter ses fonctions ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez, j'ai échangé avec lui, avec toute cette difficulté, c'est un homme de grande qualité, c'est un homme qui a grandi, et lui-même a dénoncé les propos qu'il avait tenus quand il était étudiant. Mais je crois qu'il y a une violence sur les réseaux sociaux qui nous oblige, nous, les responsables politiques, et que ce qu'il avait dit à ce moment-là l'empêchait de porter la parole de ce nouveau mouvement de La République En Marche
CAROLINE ROUX
C'est ce que vous lui avez dit ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui.
CAROLINE ROUX
Vous lui avez demandé de quitter ses fonctions ? C'est comme ça que ça s'est passé ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je lui ai dit que nous étions dans un contexte où tout cela n'était pas compatible, et que de toute façon, il serait empêché de faire son travail dans de bonnes conditions, mais c'est difficile, parce que
CAROLINE ROUX
Ça veut dire qu'il n'y a pas de droit à l'oubli ?
CHRISTOPHE CASTANER
Peut-être moins en politique qu'ailleurs, mais parce que nous avons cette exigence d'exemplarité, parce que nous devons nous battre tous les jours contre ce déferlement de haine que portent les réseaux sociaux, nous devons effectivement accepter la mise en cause des journalistes en particulier, et nous devons refuser des mots qui sont trop violents, c'est dur, c'est dur humainement, le rapport que j'ai avec lui me rend triste de cette situation, parce que je sais
CAROLINE ROUX
C'est du gâchis ?
CHRISTOPHE CASTANER
C'est le mot que j'ai utilisé, votre question est bien posée, c'est le mot que j'ai utilisé y compris avec lui, c'est un gâchis. Je souhaite qu'il puisse s'apaiser, je plus souhaite qu'il puisse s'excuser, et je souhaite qu'il puisse se réengager en politique, mais pas sur des fonctions aussi exposées que celle de porte-parole.
CAROLINE ROUX
Vous avez d'abord commencé par penser que ça allait passer, certains propos qui vous sont attribués et dans lesquels vous expliquez que, il a été rattrapé par exemple par son vocabulaire de jeune de Montreuil, que tout ça n'est pas si grave
CHRISTOPHE CASTANER
Alors, d'abord, ce ne sont pas mes mots, et d'ailleurs, ça encore, c'est révélateur de l'emballement médiatique, je n'ai jamais tenu ces mots-là, je ne me suis pas exprimé publiquement avant de le rencontrer, Rayan, et pourtant, on me prête des propos qui suscitent immédiatement l'emballement, et des réactions politiques
CAROLINE ROUX
Oui, y compris du maire de Montreuil
CHRISTOPHE CASTANER
Y compris du maire de Montreuil et d'autres, du député de cette circonscription, parce que, on commente le commentaire. Je pense que, en politique, on gagnerait à commenter la réalité.
CAROLINE ROUX
Et comment on fait, parce que ça fait des années que ça dure, y compris le maire de Montreuil qui vous traite de « Narvalo(w) », alors, si vous avez compris ce que c'est, il faut nous expliquer ce matin, parce que moi, je ne sais pas ce que c'est.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, et surtout qu'il y a deux versions, une avec le « w » et une sans le « w », mais manifestement
CAROLINE ROUX
Et ce ne sont pas des mots agréables ?
CHRISTOPHE CASTANER
Manifestement, ce n'était pas sympa. Mais là encore, je pense qu'il commet une petite erreur, c'est que plutôt que de faire un tweet violent, me mettant en cause, utilisant une insulte, « Narvalo(w) » semble tre du registre de l'insulte, il aurait pu me passer un coup de fil, et j'aurais pu lui dire que j'apprécie Montreuil, que j'y ai quelques amis, et que s'il m'y invitait, je m'y rendrais volontiers.
CAROLINE ROUX
Qu'est-ce que ça raconte sur la difficulté de faire un nouveau parti avec de nouvelles têtes, cet épisode-là ?
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, d'abord, ça raconte l'exigence, mon exigence, celle du mouvement où, effectivement, quelqu'un qui a, certes, des qualités, mais qui a commis des erreurs, quelques erreurs, quelques tweets, eh bien, effectivement, nous sanctionnons avec lui immédiatement.
CAROLINE ROUX
Ça veut dire que vous allez faire ce travail avec les autres futurs peut-être porte-paroles dans les années qui viennent, candidats aux municipales, pour essayer de savoir s'ils ont des propos à se reprocher, y compris des propos qui datent de l'époque où ils étaient étudiants, vous allez le faire ce travail-là ?
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, oui, et je vais le faire avec chacune et chacun, mais d'abord, non pas en les contrôlant, en les fliquant, mais en les invitant à faire ce propre travail, mais c'est aussi ce qu'a fait le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, en portant cette exigence pour chacun de ses ministres. Emmanuel MACRON nous a rappelé aussi un certain nombre de règles, si on veut rétablir la confiance avec nos concitoyens, il faut que pour nous, la classe politique, nous soyons plus exigeants encore qu'avec n'importe qui. Commençons par l'être par nous-mêmes, je pense que c'est une bonne vertu.
CAROLINE ROUX
Tiens, puisque vous parlez d'exigence envers vous-même, est-ce que votre chauffeur respecte toujours les limitations de vitesse ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je pense, quand il est avec moi
CAROLINE ROUX
Vous lui demandez ?
CHRISTOPHE CASTANER
Voilà, quand il est avec moi, je veille à le lui rappeler.
CAROLINE ROUX
Je vous parle de cela parce que, évidemment, le passage à 80 km/h pour la limite officielle sur les routes secondaires va être officialisé par le Premier ministre aujourd'hui. Il y a une partie de la droite qui dit : c'est encore une mauvaise manière qui est faite aux territoires, aux gens qui ont besoin d'utiliser ces réseaux secondaires, à cette France des territoires. Qu'est-ce que vous répondez à ces critiques-là qui sont formulées, par exemple, Damien ABAD, le porte-parole des Républicains, qui dit : ce serait vécu comme une nouvelle taxe supplémentaire pour les Français et les automobilistes ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, je suis un élu de la ruralité, des Alpes de Haute-Provence, je sais cette réalité-là, et je sais que la première des injustices, c'est qu'il y a justement beaucoup plus de morts dans la ruralité et sur nos routes qu'en milieu urbain et qu'à Paris. Alors, vous savez, je crois qu'il faut, soit, être populiste, et vouloir faire plaisir aux gens, et sur la question de la sécurité routière, chaque fois qu'il y a eu des décisions courageuses, je pense à Jacques CHIRAC, le 14 juillet 2002, quand il a lancé un grand plan de sécurité routière, je pense à toutes les mesures de sécurité qui ont été prises, la ceinture. Moi, quand j'étais enfant, mes parents m'aimaient beaucoup, et pourtant, on me posait à l'arrière de la voiture, voire même sur la lunette arrière
CAROLINE ROUX
Oui, on l'a tous fait.
CHRISTOPHE CASTANER
Les choses ont changé, les choses ont changé, et on a beaucoup moins de morts, beaucoup moins de blessés. Donc oui, il faut du courage politique et il ne faut pas faire de populisme. Eh oui, il y a une injustice dans la ruralité, où il y a beaucoup plus de morts. Si chaque jour, par le fait qu'on puisse baisser de 10 km/h la vitesse, par le fait qu'on puisse perdre, allez, 45 secondes pour faire dix kilomètres, si chaque jour, on sauve une vie, alors, je serais assez fier d'être aux côtés d'Edouard PHILIPPE et de le soutenir dans cette mesure.
CAROLINE ROUX
Et pour ça, il faut des contrôles. Donc pour ça, il faut plus de radars. S'il suffit juste de mettre une limitation de vitesse, une nouvelle limitation sans ajouter de radars, ça ne sert à rien. Donc est-ce que, à votre avis, il faut aussi augmenter les contrôles pour sauver des vies et augmenter le nombre de radars ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, en matière de sécurité, qu'elle soit routière ou quelle qu'elle soit, si vous n'avez pas de contrôle, ça ne marche pas
CAROLINE ROUX
Ça ne sert à rien.
CHRISTOPHE CASTANER
Donc de toute façon, il en faut. Mais ce qui est intéressant, on a testé le passage de 90 à 80 sur trois secteurs, des petits secteurs
CAROLINE ROUX
Expérimentation contestée
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais il y a une chose qui n'est pas contestée, c'est que sur ces secteurs, la vitesse a baissé en moyenne entre 2 et 9 km/h sur ces trois secteurs. Ça veut dire que sans radars, il y a déjà une anticipation. Moi, quand j'observe sur la route ces trente dernières années, on voit que le comportement des automobilistes a changé, et pourtant, ces trois dernières années, on voit qu'à nouveau, la vitesse a ré-augmenté. Et un accident grave sur deux est issu de la vitesse.
CAROLINE ROUX
Les carburants, stationnement, l'augmentation des amendes, qui sont donc gérées maintenant par les municipalités. Augmentation aussi des conditions du contrôle technique, limitation de vitesse. Est-ce que vous avez un problème avec les automobilistes ?
CHRISTOPHE CASTANER
D'abord, ces mesures sont anciennes, même si je peux les assumer les unes et les autres. Et toutes ne sont pas du fait du gouvernement, et donc ne seraient pas liées à un problème avec les automobilistes. Mais aujourd'hui, il faut effectivement, notamment en milieu urbain, notamment à Paris, faire moins de place pour la voiture et plus de place pour le transport public. Il faut effectivement assumer que quand le diesel est dangereux pour la santé, à un moment donné, on reconnaisse les erreurs du passé et qu'on dise qu'on va vers la convergence, et ça marche. Aujorudh'ui, on achète plus de voitures essence depuis l'année dernière, c'est la première année que de voitures diesel. C'est un enjeu de santé aussi. Donc vous voyez, d'un côté, on peut sauver des vies, de l'autre, on peut sauver la santé de nos concitoyens, oui, mais il faut du courage politique, nous en avons.
CAROLINE ROUX
Vous assumez. Alors, le ministre de l'Intérieur va devoir manoeuvrer pour faire voter le projet de loi sur l'Immigration à venir dans le courant du mois de janvier, est-ce qu'à votre avis, il est prêt à lâcher du lest, on a bien vu que ce texte-là divisait, y compris au sein de La République En Marche, au sein de la majorité, est-ce que vous dites ce matin : il va falloir de toute façon arrondir les angles en l'état de ce qui a été publié dans la presse, le texte ne trouvera pas de point d'équilibre au sein de la majorité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Alors, d'abord, le texte n'existe pas aujourd'hui, mais il y a des discussions sur un sujet
CAROLINE ROUX
C'est pour ça que je dis dans ce qui a été sorti
CHRISTOPHE CASTANER
Qui est symbolique, qui est fort, qui est puissant, qui touche à l'émotion et aux valeurs de chacune et de chacun d'entre nous. Et donc le ministre de l'Intérieur est en train d'échanger, le Premier ministre aussi, avec l'ensemble des acteurs de ce sujet. Mais une chose est sûre, c'est que si on veut garantir l'accueil des réfugiés, c'est-à-dire, ces femmes et ces hommes qui ont fui des terrains de guerre où ils risquaient de mourir, dans de bonnes conditions, il faut réussir leur intégration. Depuis trente ans, on ne l'a pas réussie. Donc il faut se donner ces moyens-là. Et se donner ces moyens-là, c'est de faire en sorte que quand on ne vous reconnaît pas le statut de réfugié, et que vous avez une décision de justice de reconduite à la frontière, vous soyez reconduit à la frontière. Aujourd'hui, seulement 4 % des décisions de justice sont exécutées en France. Ça n'est pas normal.
CAROLINE ROUX
Comment vous allez faire avec Gérard LARCHER, Gérard LARCHER, le président du Sénat, qui fixe des lignes rouges, des sacrées lignes rouges, sur la réforme de la Constitution, il va falloir composer avec lui, vous n'avez pas le choix ?
CHRISTOPHE CASTANER
On va discuter, parce que, effectivement, il représente une assemblée essentielle, celle du Sénat, notamment pour une réforme constitutionnelle. Mais Gérard LARCHER sait aussi que le président de la République s'est engagé devant les Français sur un certain nombre de sujets, notamment le non-cumul dans le temps, parce que la classe politique doit être renouvelée
CAROLINE ROUX
Trois mandats, ça, il n'en veut pas, il dit : c'est non
CHRISTOPHE CASTANER
Mais je pense qu'il a dû entendre aussi les Français qui ont voté à l'élection présidentielle pour Emmanuel MACRON sur ce contrat clair. Nous discuterons avec lui, et le président de la République a indiqué, lors de la rencontre du Congrès devant les parlementaires, qu'il pourrait utiliser le référendum si c'était nécessaire, ça n'est pas aujourd'hui nécessaire
CAROLINE ROUX
Ce n'est pas exclu
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que nous dialoguons
CAROLINE ROUX
Ce n'est pas exclu ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais ça n'est pas exclu non plus.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup.
CHRISTOPHE CASTANER
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 janvier 2018