Texte intégral
YVES CALVI
Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez donc ce matin la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune POIRSON.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bienvenue dans ce studio et bonjour Brune POIRSON.
BRUNE POIRSON
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci d'être avec nous. Vous étiez en Seine-et-Marne auprès des sinistrés vendredi dernier. Rappelez-nous, quand les zones touchées seront-elles déclarées en état de catastrophe naturelle ?
BRUNE POIRSON
Le plus rapidement possible. C'est vraiment l'objectif du gouvernement, c'est pour ça que mon collègue Gérard COLLOMB a annoncé qu'il allait réunir de façon anticipée la commission qui décide de la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Vous savez que normalement, on attend la décrue pour pouvoir constater l'ampleur des dégâts malheureusement, et ensuite, déclarer l'état de catastrophe naturelle
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, c'est d'ailleurs ce que vous avez dit à l'Assemblée nationale, vous avez dit : il faut attendre la décrue, donc ça va prendre un peu de temps
BRUNE POIRSON
C'est initialement la façon dont normalement nous travaillons, mais là, face à l'ampleur malheureuse des événements que subissent beaucoup de nos concitoyens, eh bien, nous avons décidé d'entrer en procédure accélérée. Et donc d'ici mi-février, eh bien, nous aurons reconnu certaines zones comme étant en état de catastrophe naturelle, de façon à pouvoir accélérer
ELIZABETH MARTICHOUX
La prise en charge des frais et des indemnisations
BRUNE POIRSON
Absolument
ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'est-ce-que vous conseillez aux particuliers, de faire les déclarations tout de suite, sans attendre ?
BRUNE POIRSON
De faire les déclarations tout de suite, sans attendre, sachant que, bien évidemment, certains ne peuvent pas toujours, vu malheureusement l'état de leur maison et de leurs habitations. Et donc c'est aussi pour ça que Bruno LE MAIRE
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, surtout qu'on estime
BRUNE POIRSON
Vous savez, Bruno LE MAIRE, il y a une semaine, jour pour jour, a réuni à Bercy les assureurs pour leur demander de faire preuve de bienveillance et d'allonger les délais, et en tout cas, de comprendre la situation difficile dans laquelle se trouvaient beaucoup de ménages actuellement en France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, beaucoup de ménages, Brune POIRSON, sont en zone inondable, cest un fait, ils seront indemnisés au même titre que les autres ?
BRUNE POIRSON
Ça dépend des endroits, encore une fois, on ne peut pas généraliser, ça dépend des zones, mais en tout cas, une chose est sûre, c'est que, il nous faut développer ces plans de prévention du risque inondation, c'est ce qu'on appelle les PPRI, c'est ce que développe, c'est ce que met en place mon ministère. Nous avons étendu cette année, et nous allons le faire à l'avenir, à 2.000 communes supplémentaires, parce que l'objectif, c'est de mieux maîtriser l'urbanisation dans des zones qui sont potentiellement inondables.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le gouvernement envisage des aménagements par exemple de la Seine, pour prévenir ces catastrophes pour certaines communes ?
BRUNE POIRSON
Absolument, l'Etat sera aux côtés
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous travaillez sur un plan particulier ?
BRUNE POIRSON
L'Etat sera aux côtés de ces communes, de certaines communes, de façon à les aider, par exemple à construire des digues, ou encore, à créer des zones refuges, et à
ELIZABETH MARTICHOUX
Des zones refuges, des digues, mais on continue de construire en zone inondable ?
BRUNE POIRSON
Ça, vous savez, l'Etat n'a pas la maîtrise du détail des zones où peuvent être construits
ce n'est pas l'Etat qui décide in fine, mais nous travaillons main dans la main avec les collectivités locales pour déterminer ces zones-là, c'est ce que nous faisons, et l'objectif de toute façon, c'est de, bien évidemment, maîtriser cet urbanisme. Mais ce sont des phénomènes
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est l'urbanisme qui est responsable, c'est l'urbanisme qui est responsable de ces inondations, c'est le bétonnage ou ce sont les agriculteurs, comme on l'a entendu, qui rendent les sols imperméables ?
BRUNE POIRSON
Mais la situation, elle n'est jamais noire ou blanche, il n'y a jamais malheureusement une cause qui soit responsable, ça serait, quelque part, trop facile, on est vraiment dans une conjonction de facteurs. On sait que l'artificialisation des sols se développe, c'est-à-dire les constructions, on sait aussi que, malheureusement, notre climat change, et que nous rencontrons et nous voyons beaucoup plus d'événements climatiques violents que ce que ça pouvait être le cas auparavant, au siècle dernier par exemple. Et donc c'est cette conjonction d'ensembles de facteurs, et c'est pour ça qu'il nous faut anticiper, c'est d'ailleurs tout l'objet de ces plans de prévention du risque inondation dont je parlais précédemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc le réchauffement climatique, le bétonnage, l'urbanisation, les agriculteurs, qui sont parfois rendus responsables. Je vous demande, parce qu'ils se sont sentis un petit peu effectivement mis en accusation dans cette affaire ?
BRUNE POIRSON
Moi, écoutez, je ne pense pas que, on puisse dire que les agriculteurs soient responsables de la situation actuelle, absolument pas, non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Une image accompagne ces inondations, Brune POIRSON, plus de 200 tonnes de déchets bloqués à l'écluse des Yvelines. Ils viennent d'où ces déchets, cette mer de déchets-là, sur surface limitée, mais impressionnante comme image ?
BRUNE POIRSON
Vous savez, je crois que, initialement, ils viennent de notre et c'est un constat un peu triste, mais de notre faible, en tout cas faible
en tout cas, de notre
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous cherchez vos mots, alors le maire de Méricourt, vous allez voir, il les a trouvés, il a qualifié de salopards ceux qui ne cessent de jeter des déchets dans la Seine, c'est quand même désolant de voir ça au 21ème siècle, vous aussi, vous dites : salopards ?
BRUNE POIRSON
Non, je n'utiliserai pas un mot comme ça
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous le pensez ?
BRUNE POIRSON
Je crois que, et on le sait, la performance de la France en termes de recyclage, en totu cas, en termes de collecte et de recyclage des déchets plastique, elle est insuffisante, et de même pour les canettes, regardez, les canettes en aluminium par exemple, il y en a uniquement 45 % qui sont collectées et recyclées. Pour les bouteilles en plastique, c'est 60 %. Je veux dire, très concrètement, ce que ça veut dire, c'est que les ménages français, ils consomment 335.000 tonnes de bouteilles et de canettes. Ça, c'est l'équivalent
ELIZABETH MARTICHOUX
Par an.
BRUNE POIRSON
Par an. Ça, c'est l'équivalent de 9.000
ELIZABETH MARTICHOUX
335.000 tonnes de canettes et bouteilles plastique
BRUNE POIRSON
Attendez, c'est l'équivalent de 9.900 poids lourds. C'est-à-dire que, en gros, si vous les mettez
ELIZABETH MARTICHOUX
On est un peu dans l'abstraction, là
BRUNE POIRSON
Non, mais non, mais si vous
ELIZABETH MARTICHOUX
10.000 poids lourds
BRUNE POIRSON
Eh bien, écoutez, soyons très simples, c'est que si vous les mettez les uns derrière les autres, eh bien, c'est l'équivalent d'une distance entre Paris et Orléans, voilà, c'est ça la réalité
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ce qu'on consomme par an, canettes et en bouteilles plastique
BRUNE POIRSON
C'est ça la réalité de notre consommation.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et combien sont collectées et donc recyclées potentiellement ?
BRUNE POIRSON
Environ 40 %...
ELIZABETH MARTICHOUX
40 %, pour les canettes ?
BRUNE POIRSON
Pour les canettes, 45 % uniquement. Et donc ce sont des taux qui sont trop faibles. Et quand on voit, et le président de la République et le Premier ministre sont bien conscients de cette situation-là, nous ont fixé des objectifs très ambitieux ; l'objectif, c'est de recycler 100 % des plastiques d'ici 2025, c'est ça les objectifs qui nous ont été fixés. Et donc c'est pour ça que, au ministère de la Transition écologique et solidaire, nous avons mené, et nous sommes en train de le faire, une grande concertation, une consultation avec l'ensemble des acteurs qui sont concernés, par exemple, les éco-organismes, les collectivités locales, les associations de citoyens, pour essayer de trouver des solutions pour changer ce système-là qui fonctionne mal, on le sait.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, les solutions, on en parlait ce matin sur RTL, Virginie GARIN l'a évoqué dans sa chronique, c'est le retour de la consigne, si je puis dire. La vieille consigne qu'on avait connue pour les bouteilles en verre, vous dites : on pourrait le faire pour les canettes et les bouteilles en plastique, c'est le même principe qu'avant, on paie plus cher et on est remboursé au retour ?
BRUNE POIRSON
Non, on ne paie pas plus cher, le coût sera neutre, mais déjà, laissez-moi
je vais détailler ça, mais déjà, laissez-moi vous dire que nous sommes seulement dans une phase de consultation, c'est-à-dire que, on regarde quelles sont les options, moi, je suis en train de e concerter, en tout cas, je rencontre, je l'ai déjà fait, mais je continue de dialoguer et de rencontrer des représentants des grandes surfaces, de la grande distribution, des collectivités. Et nous en discutons ensemble. Et une des options qui a été proposée, qui a été proposée aussi par des citoyens, puisque c'est une des grandes mesures phares qui est ressortie de la consultation en ligne, que nous avons lancée à la fin de l'année dernière, c'est la consigne, et sous quelle forme ? Eh bien, tout simplement, si vous, Elizabeth MARTICHOUX, vous allez acheter par exemple une bouteille de soda ou une canette de soda, eh bien, qui ferait partie du prix intégral de votre bouteille ou de votre canette de soda, une caution, et cette caution-là, elle pourrait varier, par exemple, entre 0,5 et 25 centimes d'euro. Et une fois que vous avez consommé cette boisson-là, si vous rapportez la canette ou la bouteille en plastique, eh bien, la caution vous est rendue. Et donc c'est un coût qui est neutre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc si on revient, si on rapporte, c'est une opération blanche pour les consommateurs
BRUNE POIRSON
Si vous rapportez, et vous avez le choix, absolument.
ELIZABETH MARTICHOUX
En Allemagne, ça existe depuis des années, il y a un taux de retour de combien ?
BRUNE POIRSON
En Allemagne, ça fonctionne très bien, on est à 90 % en moyenne
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc il y a 10 % des consommateurs qui ne rapportent pas
BRUNE POIRSON
Ça dépend des endroits, mais surtout, on est à des taux de satisfaction qui sont très élevés, au départ, les Allemands étaient un peu sceptiques, on l'a vu dans les études, et maintenant, plus de 80 % de la population allemande est satisfaite de ce système-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors ça, c'est une consultation, votre feuille de route, vous arbitrerez fin mars, je crois, il y a d'autres consultations d'ici-là d'ailleurs sur d'autres sujets qui vont être lancées ?
BRUNE POIRSON
Ce sera sur le thème de ce qu'on appelle l'économie circulaire, c'est-à-dire comment est-ce qu'on fait pour en France utiliser le déchet comme véritablement une ressource, et la source d'autres produits plutôt que, ils finissent incinérés ou en décharge, et donc nous voulons un changement qui soit systémique, parce que nous voulons atteindre les objectifs ambitieux que nous ont fixés le président et le Premier ministre. Et donc nous consultons sur un ensemble de mesures, de très nombreuses
ELIZABETH MARTICHOUX
Donnez-nous un autre sujet sur lequel vous consultez
BRUNE POIRSON
Je vous en parlerai plus tard, par exemple, ça peut être la question de l'obsolescence programmée, la durée de vie des produits, ça, c'est quelque chose sur lequel nous travaillons aussi également.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous allez annoncer dans quelques jours, donc d'autres consultations sur ces sujets.
BRUNE POIRSON
Absolument.
ELIZABETH MARTICHOUX
Autre chose, Brune POIRSON, vous êtes élue dans le Vaucluse, vous avez gagné une circonscription FN en juin, vous y retournez vraisemblablement. Qu'est-ce que vous percevez de l'état d'esprit, loin de Paris, le président des riches, ça a pris dans l'opinion ?
BRUNE POIRSON
Non, vous savez, je crois que souvent, ça, c'est un petit peu une expression qu'on entend beaucoup, que moi j'entends beaucoup à Paris. Moi, ce que je vois, quand je vais dans ma circonscription, c'est que les gens sont satisfaits parce qu'ils voient que les choses changent, ils voient que, il y a un mouvement, ils voient aussi et surtout ce qu'ils n'ont pas vu depuis des années et des années, ils croyaient même que ça n'existait pas en fait, que c'était une oxymore, en tout cas, que c'est en contradiction avec la politique, ils voient que quand on dit quelque chose, eh bien et qu'on le fait derrière eh bien, c'est une réalité, c'est la réalité de ce gouvernement
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne repeignez pas tout en rose, là ?
BRUNE POIRSON
Non, je ne repeins pas tout en rose, non, et je ne vous dis pas que tout est parfait et que l'ensemble des Français vit sur un petit nuage rose, ce n'est pas ce que je suis en train de vous dire, ce que je suis en train de vous dire, c'est qu'il y a des choses qui changent, et ça, les Français le reconnaissent
ELIZABETH MARTICHOUX
Brigitte BOURGUIGNON
BRUNE POIRSON
Et ils reconnaissent aussi qu'il y a une cohérence entre ce que dit, ce qu'a dit le président de la République, le candidat, ce que dit le gouvernement et ce qui se passe dans les faits
ELIZABETH MARTICHOUX
Dernière question, Brigitte BOURGUIGNON, députée La République En Marche, sur notre antenne, ce matin, demande une augmentation de prime d'activité, de la prime d'activité, est-ce qu'il faut un virage social du gouvernement ?
BRUNE POIRSON
Ecoutez, nous sommes un des gouvernements qui a fait le plus en matière de pouvoir d'achat. Au 31 janvier, les Français ont vu ça, c'est une réalité sur leur fiche de paye, vous avez aussi par exemple que nous allons supprimer la taxe d'habitation pour 8 personnes, 8 Français sur 10 d'ici la fin de l'année. Tout ça, ce sont
ELIZABETH MARTICHOUX
Les Français ne le voient pas encore
BRUNE POIRSON
Tout ça, ce sont des mesures concrètes
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça ne vous inquiète pas, d'un mot ?
BRUNE POIRSON
Après, sur la question spécifique qu'évoque Brigitte BOURGUIGNON, eh bien, à ce moment-là, ce sont mes collègues, Gérald DARMANIN et Bruno LE MAIRE qui pourront explorer ça, mais je peux vous dire que nous avons fait énormément et que nous continuons à faire en faveur du pouvoir d'achat des Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Brune POIRSON, qui dit : il n'y a pas de problème de pouvoir d'achat en France et les Français sont satisfaits. Merci beaucoup à vous d'avoir été ce matin dans le studio de RTL.
YVES CALVI
Ce sera l'objet de notre débat à 08h22. La promesse de hausse du pouvoir d'achat est-elle tenue avec nos deux invités ; Brune POIRSON, qui vient d'annoncer une procédure accélérée de l'état de catastrophe naturelle en accord avec le ministre de l'Intérieur, Gérard COLLOMB.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 février 2018