Interview de M. Stéphane Travert, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, avec France Info le 1er mars 2018, sur le Salon de l'agriculture, la politique agricole du gouvernement, le bien-être animal, les négociations de libre-échange entre l'Union européenne et l'Amérique latine et sur la réforme de la SNCF.

Prononcé le 1er mars 2018

Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral


SAMUEL ETIENNE
Vous savez que depuis le week-end dernier, France Info est mobilisée pour vous faire vivre le Salon de l'agriculture, vous raconter le quotidien des agriculteurs, leurs espoirs, leurs inquiétudes aussi, et ce matin, c'est le ministre de l'Agriculture Stéphane TRAVERT qui est en direct avec nous depuis le Salon. Bonjour Monsieur le Ministre. Merci être d'être avec nous.
STEPHANE TRAVERT
Bonjour.
SAMUEL ETIENNE
Alors le Salon n'ouvre ses portes au public qu'à 9h. Pourquoi cette visite de si bon matin ?
STEPHANE TRAVERT
Eh bien, j'ai pris l'habitude depuis l'ouverture du Salon d'être là chaque matin, à 7h, pour commencer à travailler, préparer ma journée, et puis, venir arpenter les allées avant l'ouverture, ça a une saveur un peu particulière. On côtoie vraiment les animaux, on a l'impression de les avoir pour nous-mêmes, pour nous, et je pense que c'est un moment plutôt agréable, et puis, là, je vais accueillir le Premier ministre qui vient ce matin discuter d'abord avec la filière pêche, et puis, ensuite avec les OPA du monde agricole.
SAMUEL ETIENNE
C'est vrai que vous serez bien accompagné aujourd'hui au Salon de l'agriculture, il y a effectivement le Premier ministre qui sera à vos côtés, également, les ministres Brune POIRSON, Frédérique VIDAL, Muriel PENICAUD, le gouvernement mobilisé en force. Est-ce que c'est pour faire passer le message que le président MACRON n'est pas le président des villes comme l'opposition aime à le répéter ?
STEPHANE TRAVERT
Oui, mais l'opposition dit ce qu'elle veut, nous, nous posons des actes, et aujourd'hui, regardons les choses en face, jamais un président de la République n'a fait autant, notamment pour l'agriculture, depuis son arrivée aux responsabilités, les états généraux de l'alimentation, des plans de filières, un discours à Rungis qui a marqué le monde agricole, un projet de loi qui sera discuté prochainement, et aujourd'hui, je pense qu'il est normal que l'ensemble des ministres, beaucoup de ministres viennent arpenter les allées du Salon. Muriel PENICAUD, nous allons parler Travail et formation, Frédérique VIDAL Enseignement supérieur et recherche, et c'est très important dans le monde agricole. Nous allons parler avec Brune POIRSON aussi d'environnement. Et donc avec chacun de mes collègues, il y a forcément un lien avec le Salon de l'agriculture et la ruralité de notre pays.
SAMUEL ETIENNE
Stéphane TRAVERT, je crois que vous vous apprêtez à faire aujourd'hui des annonces sur la question du bien-être animal, est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ce matin ?
STEPHANE TRAVERT
Oui, sur la question du bien-être animal, nous avons toujours été très prégnant sur cette question, aujourd'hui, d'abord, le bien-être animal, c'est le bien-être des éleveurs, donc nous devons travailler sur la question du revenu des éleveurs. Et puis, nous souhaitons apporter – et ce sera le cas dans le projet de loi – faire en sorte que nous puissions avoir une caractérisation supérieure sur le fait judiciaire lorsqu'il y aura mauvais traitements sur les animaux, faire en sorte que le bien-être animal, eh bien, puisse être respecté, mais nous le savons, aujourd'hui, les éleveurs font ce travail, mais il y a de l'accompagnement à faire, et puis, ce sont des enjeux sociétaux, auxquels il nous faut répondre dans les plans de filières sur le bien-être animal ; un certain nombre de choses avaient été demandées par les associations, eh bien, comme nous sommes à leur écoute, que nous souhaitons avoir ce dialogue singulier avec l'ensemble des associations, eh bien, nous les accompagnerons aujourd'hui sur ces sujets et sur lesquels nous aurons à revenir dans le cadre de la discussion de la loi.
SAMUEL ETIENNE
Monsieur le Ministre, ce Salon de l'agriculture se tient – on le sait – également en pleine polémique sur les négociations de libre-échange entre l'Union européenne et l'Amérique latine, comment demander aux agriculteurs français, ils se posent la question en tout cas, de produire mieux avec moins de pesticides notamment si c'est pour ouvrir nos frontières à des produits qui ne respectent pas ce cahier des charges ?
STEPHANE TRAVERT
Justement, les états généraux de l'alimentation, c'est : comment aujourd'hui l'agriculture française peut travailler à cette montée en gamme, comment, parce que nous aurons de meilleurs revenus grâce à l'inversion du contrat, il y aura la capacité à pouvoir investir et innover, et donc innover et investir, c'est utiliser effectivement moins de pesticides, moins de produits phytosanitaires. Mais sur l'élevage et par rapport à la question des accords commerciaux, nous avons fixé des lignes rouges, le président a eu l'occasion de les rappeler samedi lors de la visite inaugurale du Salon de l'agriculture, et là-dessus, nous, nous souhaitons emmener, tirer la filière vers le haut, lui permettre de pouvoir répondre à des marchés d'export, lui permettre de pouvoir répondre aux marchés nationaux, et nous avons encore trop de viande importée sur notre pays aujourd'hui, alors que même l'accord du Mercosur n'est pas encore signé. Donc nous devons faire des efforts là-dessus aujourd'hui. Mais les conditionnalités sur la qualité et sur la traçabilité et les clauses environnementales, celles-là, elles ont été bien définies par le président de la République, et en deçà de ces standards qui sont les nôtres, cette viande ne pourra pas rentrer sur le marché français, et nous tiendrons auprès de la Commission européenne fermement sur ces principes.
SAMUEL ETIENNE
Stéphane TRAVERT, l'utilisation annoncée des ordonnances par le gouvernement pour la réforme de la SNCF fait polémique, vous le savez, vous-même, vous avez l'intention d'utiliser ces mêmes ordonnances pour votre projet de loi sur l'alimentation ?
STEPHANE TRAVERT
Oui, bien évidemment, il y aura deux ordonnances dans le projet de loi qui seront utilisées, notamment pour l'encadrement des promotions, et le travail que nous devons mener sur la coopération française agricole, et c'est un moyen aussi d'avoir un temps de débat, de pouvoir échanger, dialoguer, négocier et puis, ensuite, d'aller aussi plus vite dans la réforme, parce que, sur la question du revenu des agriculteurs, nous savons tous et toutes qu'il y a urgence, et c'est une priorité de ce gouvernement.
SAMUEL ETIENNE
Un grand merci Stéphane TRAVERT. Je vous laisse parce que je sais que vous avez un agenda très chargé ce matin, notamment avec le Premier ministre, que vous rejoignez dans un instant. Merci d'avoir répondu à nos questions ce matin dans la Matinale de France Info.
STEPHANE TRAVERT
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mars 2018