Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur la politique universitaire dans le cadre du plan Université 2000 et sur les priorités pour l'enseignement supérieur inscrites au budget de 1998, Saint Quentin en Yvelines le 17 novembre 1997.

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Circonstance : Inauguration du bâtiment Vauban de l'université de Saint Quentin en Yvelines le 17 novembre 1997

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Madarne la Députée,
Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil Général des Yvelines,
Monsieur le Président du Syndicat d'Agglomération Nouvelle
de St-Quentin-en-Yvelines,
Monsieur le Maire de Versailles,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président de l'Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines,
Mesdames, Messieurs les enseignants-chercheurs, IATOS et étudiants,
Je veux commencer par vous dire le plaisir que j'ai à me trouver ici aujourd'hui pour l'inauguration de ce bâtiment Vauban de l'université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines.
Cette inauguration a, pour le Ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie qui m'accompagne, Claude ALLEGRE, et pour moi-même, une signification toute particulière : elle est une des illustrations de ce plan Université 2000 que nous avions lancé en 1991.
Je sais l'effort financier réalisé par l'Etat et les collectivités locales - en l'occurrence, le Syndicat de l'agglomération nouvelle présidé par Roland NADAUS -, la qualité architecturale des bâtiments dessinés par Antoine GRUMBACH et la réussite du projet universitaire mis en oeuvre par l'administrateur provisoire que j'avais désigné à l'époque, Michel GARNIER, désormais Président de cette Université, avec l'équipe qu'il a su constituer.
Nous venons de parcourir ces locaux : la résidence universitaire avec sa salle de sports et sa cafétéria ; et je suis heureux de voir que l'accompagnement de la vie étudiante sur le site a fait l'objet d'un grand soin. Dans le bâtiment où nous nous trouvons maintenant, tout est là pour jouer son rôle : les locaux d'enseignement, les laboratoires de recherche, le service d'information et d'orientation, l'administration.
Vous avez su, les uns et les autres, créer une université à dimension humaine, bien intégrée à son environnement et faisant preuve d'un bel équilibre entre l'enseignement et la recherche.
Le pari que nous avions lancé, ensemble, en 1991, est donc réussi et je tiens à vous en féliciter. Le Gouvernement que je dirige aujourd'hui a, vous le savez, une politique universitaire ambitieuse. Il fournit un effort financier considérable ; mais ces moyens n'auraient pas le même effet si leur emploi ne venait s'appuyer sur l'action de partenaires aussi compétents et déterminés que vous-mêmes, ici, l'avez été.
Dans cette "bataille de l'intelligence" qui sera celle du XXIème siècle, les missions de ']Université sont essentielles ; la société attend d'elle qu'elle concoure au progrès de la connaissance et qu'elle offre, grâce à ses enseignants, ses chercheurs, ses autres personnels, une formation scientifique, culturelle et professionnelle de qualité.
En quelques années, au prix d'adaptations, voire de remises en cause délicates, l'Université française a su s'ouvrir à une demande massive d'enseignement supérieur. Sans négliger la recherche, elle doit répondre à la demande de forrnation initiale et de formation continue ; compte-tenu des débouchés sur le territoire national mais aussi sur le terrain international.
En prenant l'exemple de l'université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines, je voudrais évoquer la place de l'Université dans l'espace national, puis dire quelques mots des chantiers prioritaires de cette rentrée.
I - La façon dont l'Université se déploie et se structure dans l'espace national est un enjeu essentiel.
1 - Cet enjeu, le plan Université 2000 y répondait en prenant en compte une donnée alors primordiale : la forte croissance des effectifs ; il se fixait notamment comme objectif la nécessaire adaptation des formations aux besoins des économies nationale et régionales.
La carte universitaire que nous avions établie cherchait à définir un meilleur équilibre territorial, à réduire les disparités interrégionales et à assurer de manière plus générale la desserte des besoins.
Cette politique s'est traduite par une floraison de bâtiments et d'unités universitaires, par la création d'universités nouvelles dans le Nord et l'Ouest de la France et d'IUT dans les banlieues et les villes moyennes ; nous avons aussi encouragé la constitution de pôles européens et la mise en place de réseaux entre universités.
2 - Ici, en Ile-de-France, les capacités d'accueil des quatre universités nouvelles créées dans les villes nouvelles de Cergy, Evry, Marne-la-Vallée et St-Quentin-en-Yvelines ont permis de décongestionner la capitale.
Ces nouvelles universités contribuent à la vitalité de ces villes nouvelles, elles sont bien insérées dans le tissu urbain et ont pris leur place entre les universités parisiennes et celles de la grande périphérie ; je me réjouis que des coopérations puissent s'établir entre elles.
Au lieu de laisser proliférer de manière anarchique, dans la région, les premiers cycles, nous avons voulu offrir de vraies universités pluridisciplinaires, à vocation en partie professionnelle et technologique, comportant les trois cycles d'enseignement, avec des axes de recherche mieux articulés avec la vie économique. Cet objectif a été atteint.
La moitié des étudiants de premier cycle habitent Versailles ou St.-Quentin ; c'est un choix, logique, de proximité. Mais le recrutement des étudiants de 3ème cycle est national, ce qui témoigne de son rayonnement.
Vous accueillez également un grand nombre d'étudiants et de chercheurs étrangers. .
Avec ses 10 000 étudiants, Versailles-St-Quentin-en-Yvelines est au premier rang des universités nouvelles. Vous avez augmenté vos effectifs depuis 1991 de 200 %. La multiplicité des sites de l'université a facilité l'intégration de celle-ci dans l'environnement local. De surcroît, le pourcentage d'enseignants-chercheurs en poste et rattachés à un laboratoire de recherche est plus élevé que dans les universités traditionnelles. Il est rare de voir une jeune université bénéficier si rapidement de transferts de laboratoires et d'activités de recherche ; c'est un atout remarquable et il faut rendre hommage à l'appui que vous avez trouvé, au départ, auprès des universités de Paris VI-Pierre et Marie Curie et Paris X-Nanterre.
Le succès est donc incontestable. Notre effort, cependant, ne doit pas fléchir, bien au contraire.
3 - C'est pourquoi le Ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie prépare, afin de lancer notre Université dans le Troisième Millénaire, le plan U3M.
Ce plan se situera dans un contexte démographique différent, de consolidation des effectifs. Il faudra veiller à conforter certaines créations du plan Université 2000, parmi lesquelles l'université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines ; il faudra également remédier au mauvais état des universités parisiennes et de certaines universités de province construites dans les années 70. Le maillage universitaire du territoire pourra sans doute être encore amélioré grâce à la construction d'lUT et à la
délocalisation d'écoles : les nouvelles technologies de l'information faciliteront la constitution de réseaux universitaires. Pour être efficace, ce nouvel effort dans l'aménagement de notre territoire devra être mené, comme pour Université 2000, sur la base d'un partenariat fructueux avec les collectivités territoriales et avec les universités elles-mêmes.
II - Je souhaiterais à présent dire quelques mots des chantiers universitaires prioritaires de cette rentrée.
Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 1998 progresse de plus de 3 %, et cela dans un contexte de stabilité des effectifs étudiants : le Gouvernement tient donc son engagement de rendre à l'enseignement supérieur et à la recherche son rang de priorité nationale. Grâce à cet effort budgétaire, le plan U3M va pouvoir être lancé et nos ambitions -fortes- vont être traduites en actes. En assurant un meilleur encadrement des étudiants, en encourageant un essor de la recherche, nous favoriserons également l'emploi ; c'est là, assurément, un message de confiance à l'intention de nos jeunes docteurs.
Ce budget gage une large concertation ouverte par le ministre sur toute une série de sujets importants : l'emploi des jeunes docteurs scientifiques, la rénovation pédagogique, les stages, les filières STAPS, le rapprochement universités-grandes écoles, les personnels. le statut social étudiant, la formation continue des adultes. Ce sont là des dossiers essentiels et je fais confiance à Claude ALLEGRE pour veiller à leur avancement.
Je voudrais, ici, à St-Quentin-en-Yvelines, évoquer deux points particuliers.
1 - Le premier porte sur la démocratisation de l'enseignement supérieur. Celle-ci a été très largement engagée comme l'a attesté la montée considérable des effectifs étudiants ; mais elle nous oblige à un grand effort d'adaptation, si nous voulons assurer aux étudiants la place qui leur revient au coeur même de l'Université. C'est pour cela que nous avions lancé la rénovation pédagogique, en 1992. L'effort doit être poursuivi. Je sais que votre université a tout de suite appliqué cette rénovation ; je sais également l'attention que vous portez au développement des différentes formes de tutorat, tutorat d'accueil et tutorat d'accompagnement. L'intégration et l'orientation des jeunes étudiants sont parfois difficiles ; j'ai pu apprécier, à l'instant, le travail fourni par le SCUIO (service commun d'information et d'orientation) pour informer les étudiants et pour les aider dans leur insertion professionnelle. Il doit être conduit partout.
L'approfondissement de la démocratisation de l'enseignement supérieur requiert par ailleurs un statut social étudiant. Le 19 juin dernier, à l'occasion de ma déclaration de politique générale devant le Parlement, j'ai dit que l'égalité devant l'accès au savoir était déterminante et que la mise en place d'un plan social étudiant devait permettre à tous de travailler dans des conditions convenables. La concertation est engagée sur ce sujet au ministère de l'Education nationale ; la représentation parlementaire aura à se prononcer ; l'année 1998 sera donc déterminante pour avancer sur ce sujet.
2 - Ma seconde réflexion porte sur la gestion des universités. Je sais que l'Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines, avec à sa tête un Président à la personnalité forte et déterminée, est pilotée de manière ferme. La gestion de l'université a été adaptée pour faire contrepoids à la multiplicité des sites et à leur diversité. L'intranet que vous avez mis en place vous permet de fonctionner pleinement en réseau.
C'est par une telle politique de modernisation de leur gestion que passe le renforcement de l'autonomie des universités. Des systèmes d'information performants doivent permettre aux universités de mieux définir leurs
objectifs, d'allouer des moyens en conséquence ft, aussi, de rendre compte de l'utilisation de ces moyens au regard des résultats obtenus. La Nation investit dans l'enseignement supérieur ; elle est en droit de pouvoir
apprécier comment ces moyens sont utilisés. Je sais que la Conférence des Présidents d'Universités fait sienne cette exigence.
L'État, de son côté, aidera les universités, notamment les universités nouvelles comme la vôtre, à se renforcer, à élaborer leur stratégie, dans le respect de leur autonomie. L'État accompagnera le projet des universités dans le cadre d'une véritable politique contractuelle à laquelle nous sommes, vous le savez, très attachés.
Pour conclure, je voudrais insister, Monsieur le Président du Syndicat de l'Agglomération Nouvelle, Monsieur le Président de l'Université, sur les impressions de dynamisme, de vitalité et d'originalité que je retiens de cette visite. Cette université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines a son unité, elle est en plein développement. Il faut vous aider dans la mise en oeuvre de vos projets ; l'État y est prêt, les collectivités territoriales, que ce soit le Conseil régional, le Conseil général ou les villes, également ; ce qui a déjà été accompli en témoigne.
Vous avez mentionné, Monsieur le Président, votre grand projet scientifique, l'Institut Pierre et Simon Laplace pour les sciences de l'environnement global qui fédérera sept laboratoires et sera rattaché à de grands organismes nationaux. Ce projet doit devenir rapidement réalité.
Sur le site de Versailles, comme sur le site de Saint-Quentin, d'autres constructions sont prévues ; ici, le collège universitaire d'Alembert qui accueillera les sciences sociales et les hurnartités, également, une bibliothèque universitaire financée par la région.
Par cette visite, aujourd'hui, j'ai voulu, avec à mes côtés Claude ALLÈGRE, le Ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, manifester ma confiance dans l'Université française. Ce que je viens de voir et d'entendre dans cette jeune université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines me confirme que vous êtes sur une voie riche de promesses. Je vous souhaite bonne chance.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 05 juin 2001)