Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Bonjour à tous et à ceux qui nous rejoignent deuxième partie de cette émission avec Territoires d'Infos, la presse quotidienne régionale est notre partenaire, les télés locales de France qui nous rediffusent, les Indéradios 130 radios sur tout le territoire français qui sont nos partenaires et TV5 Monde. Aujourd'hui l'invité politique c'est Stéphane TRAVERT, le ministre de l'Agriculture, bonjour, merci de vous être levez tôt
STEPHANE TRAVERT
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Et d'être avec nous ce matin.
STEPHANE TRAVERT
C'est normal.
CYRIL VIGUIER
Pour vous interroger, à mes côtés : Tam TRAN-HUY de PUBLIC SENAT, bonjour, merci d'être là.
TAM TRAN-HUY
Bonjour Cyril.
CYRIL VIGUIER
Tam et Pascal JALABERT du groupe EBRA, c'est neuf journaux de la presse quotidienne régionale, vous représentez l'EST REPUBLICAIN sur ce plateau ce matin, la presse quotidienne régionale qui retransmettra cette interview politique sur ses sites Internet ce matin Stéphane TRAVERT. Emmanuel MACRON, on démarre par lui, s'envole aujourd'hui pour le G7 dans le contexte de la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis à l'Union européenne sur l'acier et l'aluminium, la Commission européenne a annoncé sa riposte la semaine dernière, est-ce que vous réfléchissez à d'autres mesures concrètes et lesquelles ?
STEPHANE TRAVERT
Je crois que là-dessus nous avons porté, dès que nous avons eu connaissance des décisions des Etats-Unis, nous avons porté une ambition forte sur ces sujets, l'Europe ne veut pas rester sans rien faire, l'Europe doit parler d'une même voix parce que nous devons protéger nos emplois, parce qu'aussi la décision qui a été prise est une décision qui met en danger les alliés les Etats-Unis sur le plan économique et puis parce que là aussi le chef de l'Etat sera se montrer suffisamment ferme sur ce dossier et nous devons évaluer quelles mesures nous pouvons aussi prendre je dirais en réponse à ce qui a été fait et porté par les Etats-Unis.
PASCAL JALABERT
Oui. Donc vous avez préparé évidemment la PAC, vous revenez de Sofia où il y a eu une... des ministres de l'Agriculture, donc il va quand même manquer de l'argent dans les caisses on parle de 12 %, pour les agriculteurs Français c'est cinq milliards de moins alors à quoi faut-il renoncer et comment allez-vous défendre le budget et à qui allez-vous couper ces cinq milliards ?
STEPHANE TRAVERT
Moi, aujourd'hui, je ne renonce à rien. Hier vous l'avez dit j'étais à Sofia et la semaine dernière j'étais à Madrid, nous avons créé ce qu'on appelle le Groupe de Madrid où avec six Etats membres nous avons porté une ambition pour la PAC et hier à Sofia je n'ai eu de cesse d'aller contacter nos autres partenaires, d'autres Etats membres, pour qu'ils puissent nous rejoindre pour porter avec nous le mémorandum que nous avons créé, c'est-à-dire faire en sorte que nous puissions avoir un budget à hauteur des ambitions de la PAC. Parce que ce qui a été proposé par la Commission n'est ni plus ni moins qu'un recul sur la Politique Agricole Commune, c'est aussi un risque je dirais énorme sur la viabilité même de nos exploitations.
TAM TRAN-HUY
Mais les agriculteurs Français pourraient perdre cinq milliards sur les 55 milliards qu'ils reçoivent
STEPHANE TRAVERT
Exactement.
TAM TRAN-HUY
Ce sont des aides vitales, parfois ça représente la moitié de leurs revenus en France ?
STEPHANE TRAVERT
Exactement, ce sont des aides très importantes, et c'est pourquoi nous nous avons souhaité dès le départ marquer notre opposition, nous avons jugé que c'était inacceptable - donc nous n'allons pas l'accepter - et donc nous sommes au début de la négociation et, nous, nous souhaitons faire en sorte que la PAC ne soit pas la variable d'ajustement des autres politiques et nous savons pertinemment bien qu'il y a d'autres politiques à financer mais la PAC est une politique qui a un taux de retour important sur le territoire.
TAM TRAN-HUY
Il y a notamment la défense, la sécurité, on sait que l'accent est mis là-dessus, il y a aussi bien sûr les effets du Brexit qui vont impacter directement la PAC, mais justement la défense, la sécurité c'est aussi la volonté du gouvernement français d'accentuer ces budgets, il faut bien faire des choix Stéphane TRAVERT ?
STEPHANE TRAVERT
Il faut faire des choix, mais ces choix ils sont clairs depuis le début, on ne nie pas le fait quil y a besoin de financer d'autres politiques et vous venez de rappeler lesquels. Mais la position de la France elle est claire sur ce sujet, malgré ce que certains voudraient faire passer, depuis le 19 décembre nous portons une ambition particulière sur la PAC, un budget ambitieux à la hauteur des défis auquel doit répondre l'agriculture.
CYRIL VIGUIER
Stéphane TRAVERT, il y a deux changements de gouvernement en Europe, en Italie et en Espagne
STEPHANE TRAVERT
Oui.
CYRIL VIGUIER
Est-ce que ça va impacter vos discussions avec vos homologues par exemple que vous avez pris l'habitude de rencontrer donc dans le cadre des échanges que vous venez d'indiquer ?
STEPHANE TRAVERT
Bien évidemment. J'étais à Madrid la semaine dernière avec Isabel TERINA-GARCIA et nous avions des habitudes de travail en commun, eh bien il va falloir travailler...
CYRIL VIGUIER
Le ministre de l'Agriculture espagnol.
STEPHANE TRAVERT
Avec le nouveau ministre de l'Agriculture espagnol et regarder comment nous allons travailler avec le nouveau ministre de l'Agriculture italien que je dois rencontrer au Luxembourg le 18 juin prochain.
CYRIL VIGUIER
Vous avez des inquiétudes ou pas là-dessus ?
STEPHANE TRAVERT
Mais aujourd'hui je n'ai pas à avoir d'inquiétudes, ce que je veux savoir c'est quel est leur point de vue, est-ce qu'ils accompagnent cet outil de transformation qu'est la Politique Agricole Commune.
CYRIL VIGUIER
Oui la question, pourquoi il y a une question, c'est en question ?
STEPHANE TRAVERT
Ce n'est pas en question, moi je ne les ai pas encore rencontrés et il va falloir installer, instaurer des espaces de dialogue avec eux et regarder s'ils suivent et notamment l'Italie si l'Italie souhaite défendre la PAC et si l'Italie souhaite continuer à défendre aussi ses intérêts agricoles.
PASCAL JALABERT
Dans les dossiers européens il y a aussi ce traité de libre échange avec les pays d'Amérique du Sud, ce qu'on appelle le Mercosur, or ce sont de très grandes puissances agricoles que ce soit le Brésil qui est champion des poulets et de la viande low cost ou l'Argentine qui est très forte sur la viande de qualité et sur quelques céréales donc là aussi est-ce qu'on ne va pas instaurer une concurrence qui va finir de plomber notre agriculture pas très bien en point sur le terrain international ?
STEPHANE TRAVERT
Là aussi j'entends les inquiétudes des agriculteurs - et ces inquiétudes elles sont légitimes - mais aujourd'hui nous nous battons, nous avons fixé depuis le début ce que l'on appelle une ligne rouge, c'est-à-dire faire en sorte qu'il n'y ait pas un produit qui rentre sur le territoire français qui soit en deçà de nos standards sanitaires et réglementaires, mais nous devons travailler, bien évidemment réfléchir à cela sur nos territoires, mais aussi au niveau européen parce qu'il arrive parfois - et vous le savez bien que de la viande par exemple arrive d'Amérique du Sud, rentre par un Etat membre et se retrouve labellisée Union européenne, donc nous devons aussi travailler à protéger l'Europe des standards qui seraient en deçà de ce que nous souhaitons être pour nous.
TAM TRAN-HUY
Stéphane TRAVERT, votre actualité c'est aussi bien sûr la question du glyphosate, la France se fixe un délai de trois ans pour interdire le glyphosate, mais vous avez refusé de l'inscrire dans votre loi Agriculture et Alimentation, est-ce que vous avez cédé au lobbying de la FNSEA ?
STEPHANE TRAVERT
Moi je ne suis pas dans l'agitation politique, moi je travaille sur le terrain, avec les acteurs du terrain, avec le monde de la recherche, de l'innovation, avec les instituts techniques, avec les agriculteurs sur le terrain et ce n'est pas parce qu'on se serait fait plaisir en inscrivant dans la loi l'interdiction du glyphosate qu'aussitôt le glyphosate aurait disparu. Qu'est-ce qu'il faut faire pour que les agriculteurs n'utilisent plus de glyphosate ? Il faut que l'on puisse leur donner des alternatives et, des alternatives, il en existe. Par contre aujourd'hui on sait qu'il y a des impasses
TAM TRAN-HUY
Et il ne faut pas les inscrire dans la loi ?
STEPHANE TRAVERT
Il y a des impasses aujourd'hui sur 15 %, 15 %, l'agriculture de conservation, l'agriculture en terrasse et l'industrie des fruits et légumes pour la transformation, et, donc, je vais saisir l'INRA pour travailler sur ces impasses qui représentent à peu près 15 % ; Pour le reste nous savons qu'il y a des possibilités d'évolution pour se passer du glyphosate, mais il faut de la formation, il faut de l'accompagnement ; Et puis vous savez je vais vous dire sur la loi il y a beaucoup de choses... si je reprends ce qui avait été inscrit dans le Grenelle sous le mandat de Nicolas SARKOZY et que je regarde aujourd'hui le point d'arrivée, il y a des manques - et pourtant ça été dans la loi moi je préfère être avec le terrain, avec les acteurs, travailler avec eux et de toute façon nous avons dit que nous faisions confiance aux acteurs, mais confiance, mais vigilance.
TAM TRAN-HUY
Mais tout le monde ne fait pas confiance, Christophe CASTANER a bien dit qu'il défendrait une proposition de loi qui défendra l'interdiction justement dans trois ans s'il ne voit pas des avancées.
STEPHANE TRAVERT
Mais Christophe CASTANER ne dit pas autre chose que ce que je suis en train de vous dire, confiance mais vigilance, c'est-à-dire que, si au terme des trois ans nous voyons qu'il n'y a pas de solution et que nos partenaires ne sont pas rentrés dans ce processus que nous souhaitons mettre en place avec eux, il y aura une proposition de loi.
CYRIL VIGUIER
Tam TRAN-HUY, les problèmes de maladies professionnelles chez les agriculteurs d'ailleurs.
TAM TRAN-HUY
Eh oui ces dernières années 150 agriculteurs ont été reconnus en maladies professionnelles à cause des pesticides, pourquoi est-ce que le gouvernement s'oppose à la mise en place d'un fonds d'indemnisation des victimes comme le souhaite le Sénat, comme il l'a voté au mois de février ?
STEPHANE TRAVERT
Mais nous ne refusons pas le fonds d'indemnisation, nous travaillons différemment, plutôt que de créer un fonds d'indemnisation nous souhaitons travailler sur le tableau des maladies pour pouvoir inscrire des pathologies sur le tableau qui reprend l'intégralité des pathologies dont peuvent souffrir les agriculteurs et ensuite, sur un plan régional, il leur sera possible de pouvoir demander à être... d'abord d'avoir un suivi médical d'une part et, d'autre part, de pouvoir être traités sur la base de ces maladies existant dans ce tableau. Nous sommes sur un système plus rapide, plus efficace et qui prend mieux en compte la santé de nos agriculteurs, voilà pourquoi j'ai souhaité faire comme cela plutôt que de créer un fonds qui aurait mis peut-être beaucoup plus de temps à se mettre en place, là nous sommes efficaces tout de suite sur cette question..
CYRIL VIGUIER
C'est Stéphane TRAVERT, le ministre de l'Agriculture, qui est notre invité politique ce matin. Stéphane TRAVERT, les abeilles on vient de le voir dans un sujet du JT des Territoires avant que vous n'arriviez sur le plateau, que faire pour endiguer leur déclin, elles sont victimes elles aussi de pesticides, les agriculteurs se réunissent jeudi pour réclamer un plan de soutien exceptionnel, qu'est-ce que vous allez, qu'est-ce que vous pouvez leur proposer ?
STEPHANE TRAVERT
D'abord leur dire je soutiens leurs difficultés, je ne nie pas la difficulté dans laquelle les apiculteurs se retrouvent aujourd'hui. Mais qu'est-ce que nous avons fait ? Nous avons remis en place le Centre technique de l'apiculture, nous avons injecté 400.000 euros pour faire en sorte qu'il puisse bien travailler, nous avons créé une interprofession, nous avons fait en sorte qu'il y ait un guichet unique avec un Observatoire de la mortalité des abeilles mellifères
CYRIL VIGUIER
Mais elles continuent de mourir, on vous oppose.
STEPHANE TRAVERT
Mais nous avons besoin de connaître les causes, sur les causes il y a la question des pesticides, mais il y a certainement d'autres causes, et moi je veux pouvoir connaître ces causes ; et ce que nous avons fait c'est que nous avons mis en place un guichet unique qui permet à chaque apiculteur de déclarer ses mortalités et cela déclenche une visite vétérinaire ce qui est très important et sur les néonicotinoïdes vous avez vu que l'Europe a interdit trois substances, mais nous leur avons emboîté le pas dès aussitôt puisqu'à travers un amendement dans le projet de loi nous avons suivi cette voie. Moi je suis soucieux de ce qui se passe aujourd'hui chez les apiculteurs et pour les abeilles et, donc, je veux trouver des solutions mais je veux connaître l'ensemble des causes, les causes liées aux pesticides, les causes liées peut-être à la pollution de l'air, je veux pouvoir connaître l'ensemble des causes qui font que nous avons ces mortalités et nous allons les trouver ensemble et les apiculteurs seront reçus demain à mon ministère.
PASCAL JALABERT
Une question toujours sur les animaux, mais cette fois sur ceux qu'on abat, le bien-être animal, donc aujourd'hui on ne peut plus comme autrefois on voyait nos grands-mères couper la tête aux canards, peler la peau des lapins - aujourd'hui tout ça passe mal - ce qui passe encore plus mal ce sont les abattoirs, alors que proposez-vous pour le bien-être animal, on a vu que dans la loi il n'y a pas la vidéosurveillance, il manque quand même des choses ?
TAM TRAN-HUY
La vidéosurveillance seulement pour ceux qui sont volontaires
PASCAL JALABERT
Pour ceux qui sont volontaires, oui.
TAM TRAN-HUY
Il n'y a pas d'obligation.
STEPHANE TRAVERT
Une expérimentation sur la vidéosurveillance, on ne peut pas dire qu'il manque la vidéosurveillance, nous avons ouvert la possibilité de mettre la vidéosurveillance dans les abattoirs
TAM TRAN-HUY
Transparence pour ceux qui sûrement volontaires ce n'est pas vraiment la transparence.
PASCAL JALABERT
Oui, oui, oui.
STEPHANE TRAVERT
Mais, sur le bien-être animal, regardons les évolutions quand même depuis quelques années : 2008 il y a une rencontre avec les associations citoyennes sur le bien-être animal, 2015 dans la loi d'Avenir il y a eu une avancée avec un débat sur lanimal être doué de sensibilité, aujourd'hui nous nous avons mis en place dans le projet de loi le fait que nous allons travailler sur la formation, laccompagnement, le contrôle et la sanction, c'est la référence
CYRIL VIGUIER
C'est bien le minimum, Monsieur le Ministre c'est bien le minimum
STEPHANE TRAVERT
Mais bien sûr.
CYRIL VIGUIER
Vous voyez l'opinion publique très préoccupée par le
STEPHANE TRAVERT
Mais monsieur c'est bien le minimum, mais personne ne l'avait fait avant et, aujourd'hui, nous avons fait en sorte que nous puissions avoir dans chaque abattoir un référent sur le bien-être animal qui est quelque part
CYRIL VIGUIER
Vous regardez les réseaux sociaux, est-ce que vous regardez les images qui tournent ?
STEPHANE TRAVERT
Mais bien sûr que je regarde les réseaux sociaux.
CYRIL VIGUIER
Est-ce que vous voyez la préoccupation des jeunes, notamment de la jeune génération ?
STEPHANE TRAVERT
Bien évidemment, bien évidemment.
CYRIL VIGUIER
Et est-ce que vous y êtes sensible ?
STEPHANE TRAVERT
Mais j'y suis complètement sensible et moi je veux répondre à cette préoccupation, à cette sensibilité et c'est bien normal et c'est pourquoi nous avons fait en sorte de créer un référent dans chaque abattoir sur le bien-être animal, donc un lanceur d'alerte, nous avons fait en sorte que les associations puissent se porter partie civile sur des contrôles officiels mis en place dans les abattoirs quand il y a atteinte au bien-être animal, nous avons fait en sorte de pouvoir mieux accompagner les salariés qui travaillent dans les abattoirs, nous avons mis en place des dispositifs contrôle, accompagnement et sanctions qui doivent permettre aujourd'hui d'améliorer les conditions des animaux, notamment lorsqu'ils arrivent en abattoir. Donc, il y a des choses qui sont faites et les choses évoluent, et nous suivons bien évidemment de près cette actualité.
TAM TRAN-HUY
Stéphane TRAVERT, autre sujet d'actualité. La bio-raffinerie de TOTAL à La Mède qui va carburer à l'huile de palme, elle est déjà dénoncée par de nombreuses ONG, car la production de cette huile elle est dévastatrice pour les forêts de Malaisie, d'Indonésie, or on annonce que la France va devoir doubler son importation, est-ce qu'encore une fois l'environnement passe après, comment est-ce que vous allez réussir à faire de l'huile de palme réellement bonne pour l'environnement ?
STEPHANE TRAVERT
Ce n'est pas une décision qui incombe au ministère de l'Agriculture, mais moi en tant que ministre de l'Agriculture je suis soucieux de la filière colza et nous avons une filière colza en France qui est une excellente filière, qui produit des huiles alimentaires de qualité, qui produit des tourteaux, ce qui est très bon pour notre indépendance protéique - et nous souhaitons nous engager là-dedans mais, moi, ce que je souhaite aussi c'est que demain moi je veux veiller à ce qu'on puisse contribuer à l'approvisionnement de la bio-raffinerie de La Mède, c'est-à-dire qu'il y ait de la production française qui rentre dans cette bio-raffinerie
TAM TRAN-HUY
Donc, la France ne va pas doubler son importation ?
STEPHANE TRAVERT
Et si TOTAL demain a des difficultés pour se fournir auprès de nos productions françaises, je veux pouvoir être consulté là-dessus, moi je veux que l'on puisse trouver un accord avec l'usine de La Mède pour qu'il puisse y avoir de la production française à l'intérieur de cette usine parce que c'est important, c'est créateur de valeurs, c'est créateur d'emplois et cette filière colza c'est une belle filière et j'y suis attaché et je la défends.
TAM TRAN-HUY
On passe au sujet politique, comment est-ce que vont vos relations avec Nicolas HULOT, on le dit très contrarié par le rejet des amendements sur l'interdiction du glyphosate dans votre projet de loi, il se donne jusqu'à cet été pour décider de rester ou non au gouvernement il l'a annoncé comment vont vos relations ?
STEPHANE TRAVERT
Ce n'est pas à moi de me prononcer sur le maintien ou non dans un gouvernement, nous sommes dans un gouvernement
TAM TRAN-HUY
Moi, je vous demande comment vont vos relations.
STEPHANE TRAVERT
Oui. Mais moi je vous donne ma réponse madame, nous sommes dans un gouvernement, un gouvernement qui est solidaire, un gouvernement qui travaille, qui est à sa tâche
CYRIL VIGUIER
Vous l'avez trouvé solidaire Nicolas HULOT avec vous ?
STEPHANE TRAVERT
Mais moi je suis toujours solidaire pour deux dans ce gouvernement, je le dis, je le répète ça peut faire sourire mais moi je suis à ma tâche, j'ai le souci de veiller à ce que notre agriculture puisse être compétitive, à ce que notre agriculture puisse répondre aux défis environnementaux qui sont les nôtres et je travaille en totale interministérialité avec l'ensemble de mes collègues dont mon collègue de l'Environnement et de la Transition énergétique et solidaire parce que c'est bien normal, et nous avons beaucoup de sujets en commun sur lesquels nous devons travailler et sur lesquels nous allons encore travailler.
PASCAL JALABERT
Une question de consommateur, est-ce que vous pouvez nous garantir que dans quelques mois on ne verra plus de 75 % sur le NUTELLA, on verra des produits en circuit court dans les cantines et du bio une fois par semaine ?
STEPHANE TRAVERT
Pour les circuits courts et le bio dans les cantines cest l'engagement que nous avons pris, 50 % de produits bio ou sous signe de qualité, ou sous label, dans la restauration collective. Maintenant, il va falloir emmener les territoires avec nous, il va falloir créer des plans alimentaires territoriaux
PASCAL JALABERT
C'est un voeu pieu, parce que
STEPHANE TRAVERT
Non ce n'est pas un voeu pieu, mais il s'agit de volonté politique et la volonté politique elle est importante, là aujourd'hui nous avons fixé des objectifs et maintenant il va falloir emmener les territoires. J'étais la semaine dernière en Seine-Maritime dans une école qui travaille déjà sur la réduction du gaspillage alimentaire, qui travaille à comment améliorer lapprovisionnement en circuit court, donc nous devons emmener nos concitoyens, nos territoires, les acheteurs publics dans cette démarche.
TAM TRAN-HUY
Un mot encore sur vos collègues du gouvernement. Est-ce que vous avez des états d'âme lorsque votre collègue Christophe CASTANER tend la main aux Républicains pour les municipales de 2021 ? Est-ce que cela vous fait drôle pour vous qui êtes un ex-frondeur ?
STEPHANE TRAVERT
Mais vous avez dû voir que, lorsque l'on lit totalement ce que dit Christophe CASTANER, il est possible que nous puissions aux municipales travailler avec des municipalités LR ou socialistes. Aujourd'hui, vous avez vu que le mouvement que nous portons, que nous représentons, La République en Marche, est un mouvement qui transgresse bien évidemment l'ensemble des partis politiques. Et aujourd'hui, nous sommes une force de progrès qui doit pouvoir travailler avec celles et ceux qui ont envie de faire bouger notre pays, qui ont envie que notre pays puisse sortir, je dirais, de l'immobilité dans laquelle il était placé depuis un certain nombre d'années. Donc nous avons besoin de pouvoir travailler avec celles et ceux qui ont envie d'avancer.
CYRIL VIGUIER
Vous vouliez modérer vos propos.
STEPHANE TRAVERT
Mais je dis simplement que je ne suis pas gêné par cela parce que nous travaillons avec les hommes et les femmes de bonne volonté. Et vous savez que dans les conseils municipaux, c'est souvent comme cela que ça marche.
CYRIL VIGUIER
A propos de travail, votre loi Alimentation les a mis à rude épreuve. Vous savez que beaucoup de députés sont au bord du burn-out. Je voulais votre réaction. Est-ce que vous reconnaissez que le rythme imposé au Parlement n'est pas réaliste, qu'il faut le revoir ? François de RUGY appelle le gouvernement à mettre de l'ordre là-dedans.
STEPHANE TRAVERT
Pour la loi issue des EGA, il y a eu soixante-dix-sept heures de débat et c'est vrai que c'est soixante-dix-sept heures où il faut être présent et c'est vrai que certains députés enchaînaient avec ensuite la loi ELAN. Mais c'est le calendrier qui a été placé comme celui-là et il n'est pas de ma responsabilité de définir ce que doit être le calendrier législatif. Il y a un dialogue entre le ministère des Relations au Parlement et l'Assemblée nationale. Il faut que l'on puisse trouver les voies et les moyens pour permettre à ce que chacun puisse se sentir bien dans son travail et puisse travailler au mieux pour les intérêts de notre pays. En tous les cas, moi c'est ma façon de voir les choses.
CYRIL VIGUIER
Merci beaucoup, Stéphane TRAVERT, ministre de l'Agriculture, d'avoir été l'invité politique de Territoires d'infos.
STEPHANE TRAVERT
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juin 2018