Texte intégral
NOE DA SILVA
Bonjour Brune POIRSON.
BRUNE POIRSON
Bonjour à vous.
NOE DA SILVA
Merci d'être avec nous ce matin sur France Bleu Paris. Première question sur ce thème « Agir pour ma planète ». Vous personnellement, qu'est-ce que vous faites au quotidien pour la planète ?
BRUNE POIRSON
J'essaye de faire le plus possible. Je dois avouer humblement que je suis loin d'être parfaite. Moi, j'ai une petite fille qui a trois ans et demi et je lui parle sans cesse enfin, sans cesse, je travaille beaucoup donc je ne la vois pas aussi souvent que ce que je voudrais - mais déjà j'essaie de lui transmettre tout. Je lui explique en détail ce que je fais par exemple sur la lutte contre la pollution plastique et puis avec elle, ensemble quand on se promène dans la rue ou à la campagne et qu'on voit, par exemple, des détritus qui sont par terre, on les ramasse ensemble. On les garde et on va les jeter ensuite dans une poubelle. On essaie de les trier aussi au maximum. Ça, c'est un exemple.
NOE DA SILVA
Ça veut dire quoi pour vous ? Ça passe par les générations futures ?
BRUNE POIRSON
Non, ça passe non ça passe par tout le monde. Moi, je me considère comme étant une citoyenne qui doit faire le maximum, comme tout le monde. C'est vraiment chacun à chaque génération mais je crois que c'est fondamental dès le début. On gagne du temps, en fait, si on éduque et si on sensibilise nos enfants à ça.
NOE DA SILVA
Mais si vous croisez des détritus dans la rue aujourd'hui avec votre petite fille, ça veut dire quoi ? Qu'il y a une génération qui a raté quelque chose ?
BRUNE POIRSON
Ça veut dire qu'on est loin encore, on est loin du compte. On est vraiment loin du compte et ça, je crois qu'en plus, jeter quelque chose par terre et dans la rue, le laisser sur la voie publique, je crois qu'au-delà de ça, ça traduit une relation qu'on a à la société qui est peut-être une relation parfois de désamour, un peu violente. C'est normal, il y a de la colère ; ça rejoindra peut-être une discussion qu'on aura sur les gilets jaunes. Et donc, je crois que c'est globalement aussi une attitude à essayer de changer.
NOE DA SILVA
Justement, cette colère des gilets jaunes elle s'est encore exprimée samedi sur les Champs-Elysées. On ne va pas revenir sur les déchets qui ont été abandonnés sur cette avenue qui est censée être la plus belle du monde. Mais le président de la République doit faire des annonces sur, nous dit-on, un accompagnement social de cette transition écologique. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que cela signifie ?
BRUNE POIRSON
Une chose est certaine, c'est que la transition écologique c'est le plus grand défi auquel l'humanité ait jamais été confrontée. Et je vais vous dire même peut-être certainement donc pour la France aussi, c'est un immense défi. On le voit avec les difficultés et les tensions que ça a pu créer, cette taxe carbone, qui pourtant est la solution, on le sait. C'est une des meilleures solutions pour changer de véhicule, lutter contre la pollution.
NOE DA SILVA
Et donc, les gilets jaunes n'ont rien compris à tout cela ?
BRUNE POIRSON
Non, ce n'est pas du tout ce que je dis. Ce n'est pas du tout ce que je dis, bien au contraire. Je crois qu'il y a plusieurs choses dans les gilets jaunes et j'y reviendrai. Mais simplement, peut-être pour continuer et vous donner l'état d'esprit dans lequel le président de la République est et le gouvernement aussi, comme c'est un immense défi, on sait qu'on n'a pas toutes les réponses. Et heureusement quelque part que le gouvernement n'a pas toutes les réponses et donc, il faut que ce soit collectivement qu'on travaille. Et l'objectif, c'est de créer un pacte de la transition écologique. Un pacte, c'est-à-dire de travailler aussi bien avec des représentations syndicales, des entreprises, des élus, des associations civiques, des associations environnementales, des représentants des citoyens. Il faut qu'ensemble on dessine ce que c'est que la transition écologique en France, comment on la met en oeuvre et aussi, surtout, quelle est la société à laquelle on veut aboutir, à quoi ressemble la France qui aura réalisé la transition écologique. Je crois que c'est fondamental d'avoir cet horizon-là. Mais ça, on ne le fait qu'en écoutant, qu'en se rassemblant autour de la table et qu'en allant au plus près des territoires et des collectivités.
NOE DA SILVA
Donc Brune POIRSON, ça veut dire que vous avez raté quelque chose jusqu'à maintenant et vous donner raison Nicolas HULOT qui, la semaine dernière, disait à la télévision que la crise était évitable. C'est le mot qu'il a utilisé, avec justement un accompagnement social et qu'on ne l'a pas écouté au sein du gouvernement.
BRUNE POIRSON
Alors moi, je voudrais simplement Vous savez, j'étais aux côtés de Nicolas HULOT quand il a lancé le 7 juillet 2017 un plan climat. Dans le plan climat, il y avait deux choses. Il y avait 1 : une hausse de la taxe carbone qui était significative, parce que l'objectif c'était d'envoyer un vrai signal prix, l'objectif c'était d'être ambitieux. Mais en parallèle il y avait deux jambes. Il y avait d'un côté l'ambition et de l'autre côté, en parallèle, il y avait le paquet solidarité climatique. C'était un paquet de mesures comme la prime à la conversion, le chèque énergie et d'autres dont on a beaucoup entendu parler, et que le Premier ministre a prolongé, a rallongé, mais tout ça existait déjà. C'était dans le projet de loi de finances des années précédentes, donc ça fait partie intrinsèque et Nicolas HULOT l'a négocié lui-même. Il a mis lui-même ces deux jambes - l'ambition et la solidarité - dans son pacte, dans son plan climat. Donc ça, je crois qu'il ne faut pas l'oublier, il ne faut pas avoir la mémoire courte. Après, vous dire qu'on a toutes les réponses mais ce n'est pas possible puisqu'on ne sait même pas encore précisément, concrètement ce que ça voudra dire en France, un pays qui sera affecté comme ça par la transition écologique. C'est aussi, il faut le voir bien sûr, c'est un immense défi mais c'est aussi une immense opportunité.
NOE DA SILVA
Est-ce que vous n'allez pas trop vite ? C'est ce que disent les gilets jaunes en partie.
BRUNE POIRSON
Vous savez, je crois qu'il y a une certaine impatience chez les gilets jaunes et je pense qu'elle est totalement légitime. Moi, je la comprends absolument mais je crois qu'elle dépasse
NOE DA SILVA
Donc vous êtes dans l'apaisement là.
BRUNE POIRSON
Non, mais je pense qu'elle dépasse vraiment la question de la taxe carbone. Je crois que c'est une colère qui est plus générale qui est le sentiment aussi peut-être depuis tant d'années de ne pas avoir été suffisamment entendu. C'est d'avoir un peu quelque part une crainte que le niveau de vie baisse. Vous savez, nous à La République en Marche
NOE DA SILVA
C'est le mot justice qui revient beaucoup. Est-ce que vous n'avez pas l'impression au gouvernement de payer ce slogan qui a cours depuis quelques mois maintenant « Macron, Président des riches » ?
BRUNE POIRSON
Ça, c'est une illusion qui a été créée et qui a été encouragée par les partis de l'opposition, parce qu'au lieu de travailler
NOE DA SILVA
Est-ce que vous ne le payez pas maintenant ?
BRUNE POIRSON
Mais vous savez, regardons les choses très concrètement. On a supprimé par exemple la taxe d'habitation pour 80 % des Français déjà. La taxe d'habitation, c'est l'impôt le plus injuste. Vous savez, il y a des endroits dans le Vaucluse, là où j'habite dans le sud de la France, où on paye des taxes d'habitation qui sont plus élevées qu'à certains endroits en Ile-de-France. Ça, ce n'est pas normal du tout, c'est une zone rurale. Le Vaucluse, c'est le quatrième département le plus pauvre de France. Il faut supprimer cette taxe d'habitation, c'est ce qu'on a fait. On a aussi supprimé les cotisations salariales et chômage - chômage et maladie, pardon - pour les salariés. Tout ça, ce sont des mesures et on le voit quand on regarde en détail, ce sont des mesures qui permettent aux Français de regagner du pouvoir d'achat. Mais encore une fois, je crois que la question elle va au-delà du pouvoir d'achat. C'est une question Je crois que les Français, ce qu'ils veulent, c'est un c'est un travail qui paye mieux, c'est avoir un emploi aussi qui ait du sens, et tout ça on y travaille. On y travail mais on ne peut pas avoir des résultats là tout de suite d'un coup, du jour au lendemain. On y travaille
NOE DA SILVA
Vous aurez sans doute aussi des questions d'auditeurs sur France Bleu Paris, pardon Madame la Ministre. Un mot sur cette loi des mobilités qui est présentée aujourd'hui en conseil des ministres : est-ce que les péages urbains sont vraiment abandonnés ?
BRUNE POIRSON
Alors les péages urbains, ils étaient dans une loi qui datait de 2017 et qui permettait en fait aux collectivités de développer, celles qui le voulaient, de développer des péages urbains. Le problème, c'est que c'était un peu rigide comme mesure et donc initialement, ce qu'on pensait dans la loi d'orientation des mobilités, sur la mobilité du quotidien, on pensait redonner des moyens, permettre aux collectivités locales de développer ça de façon plus facile. Simplement, on a commencé à voir qu'émergeait un discours et une crainte que ça accentue les fractures entre les territoires. Et donc du coup, on a décidé pour ne pas créer de fausses polémiques et pour se concentrer vraiment sur le coeur de cette loi qui est très ambitieuse et qui est un vrai changement - pardonnez-moi de l'expression - mais un vrai changement de paradigme. C'est-à-dire qu'en France, pendant des années, des décennies, on avait des politiques publiques qui étaient centrées sur le tout-TGV. Et ce tout TGV-là, il a aussi donné le tout-voiture. Il faut changer ça.
NOE DA SILVA
Donc c'est abandonné.
BRUNE POIRSON
Il faut changer ça et donc on veut redonner des moyens aux élus, aux collectivités, aux territoires pour développer la mobilité du quotidien. C'est-à-dire par exemple des transports en commun, du covoiturage, des transports à la demande. Tout ça pour que ce soit plus facile pour les Français de se déplacer au quotidien sans polluer.
NOE DA SILVA
Le mot territoire qui va revenir, je le pense, aujourd'hui et demain dans l'actualité. Brune POIRSON, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, est votre invitée jusqu'à neuf heures moins le quart.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 novembre 2018