Texte intégral
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Merci de votre accueil. C'est toujours pour moi une joie de me retrouver dans la chaleur si fraternelle du Nord. Merci à toi Pascal, responsable départemental de notre parti. Merci à vous mes ami-e-s, élu-e-s du Nord et particulièrement à vous Alain Bocquet et Michèle Demessine.
Merci à vous, les militantes et militants communistes du Nord, qui comptez tant pour notre Parti communiste.
Dans moins de 80 jours, ce sera le premier tour de l'élection présidentielle.
Je veux vous le dire d'emblée : je suis très inquiet de la façon dont la campagne est engagée.
A vrai dire, je suis très en colère ! Oui, très en colère !
Comme vous, j'entends les commentaires sur l'attitude des deux candidats supposés devoir s'affronter au second tour. Je les entends d'autant plus qu'il n'est question que de cela.
Et pourtant, comme vous, comme tout le monde en France, je sais qu'ils seront, qu'ils sont déjà candidats. Mais le débat ne porte aujourd'hui que sur la question de savoir à quel moment ils voudront bien le faire savoir officiellement. Est-ce d'ailleurs si intéressant ?
Personnellement, je m'en moque. Tout le monde sait qu'ils sont candidats et les Françaises et les Français on raison de ne pas s'intéresser à cet affligeant scénario politicien. Je les comprends.
On nous dit qu'ils s'engageront le plus tard possible. Tout le monde le comprend : cela veut dire que pour eux l'élection qui conditionne le plus étroitement la vie quotidienne et l'avenir de tout un peuple ne mérite qu'un débat expédié en quelques jours.
Et bien, je le dis ce soir, et après y avoir bien réfléchi : j'accuse ! Oui, j'accuse : il y a là, quelque part, comme un abus de pouvoir, un abus de position acquise, un abus de bien politique. Je n'exagère pas : on détourne outrageusement les moyens conférés aux plus hautes responsabilités du pays pour priver les Françaises et les Français du débat auquel ils ont droit. Jacques Chirac et Lionel Jospin veulent une campagne ultra courte. Et de surcroît ils s'emploient à la vider de tout contenu.
Une seule chose les obsède : le pouvoir. Le premier est prêt à tout pour demeurer à l'Elysée ; le second ne rêve que de l'en déloger. Et on dit que tout est déjà joué. On connaît le vainqueur de l'élection présidentielle : ce sera Chirac ou Jospin. Mais pour faire quoi ? Tout le monde s'en moque comme de Colin-tampon Et on s'étonne après ça que l'on annonce un record d'abstentions !
Comment pourrait-on accepter que tout un pays, tout un peuple, ne soient conviés à voter que pour trancher qui des deux va réaliser ses ambitions personnelles ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : la conquête du pouvoir que la présidence de la République permet d'exercer pendant cinq ans.
Dès lors, le premier tour de l'élection n'aurait plus aucune espèce d'importance. Hors les deux présidentiables, les autres candidates et candidats ne seraient là que pour figurer, témoigner à la rigueur et surtout, surtout, pour rabattre des voix vers l'un ou l'autre des protagonistes du second tour.
Là encore, je n'exagère pas, vous le savez bien.
Je prends un exemple : un débat devait être organisé lundi soir sur une chaîne de télévision du service public. Je connais bien ses organisateurs. Je n'ai aucune envie de les mettre personnellement en cause. Je sais à quelles contraintes ils sont soumis. Mais nous nous trouvions avec une émission à laquelle étaient invités 8 candidats à une heure très populaire - 22 h 30 ! Ni Jacques Chirac ni Lionel Jospin n'y étaient invités puisqu'ils ne sont pas candidats !
Ils devaient cependant être représentés par des proches, intervenant en duplex pour bien marquer qu'ils avaient un statut spécial, différent des autres. Comment auriez-vous voulu que j'accepte cette mise en scène destinée à accréditer l'idée de la futilité des candidatures de premier tour. Ce n'était qu'une mascarade. J'avais l'impression qu'on voulait me faire jouer dans un film dont je n'approuvais pas le scénario. J'ai refusé. Par respect pour moi ; par respect pour vous.
Vous le savez, je ne redoute pas la confrontation, mais je refuse qu'on méprise les Françaises et les Français, qui veulent que l'élection présidentielle leur soit utile.
J'ajoute, à ce propos, que la responsabilité des directions des grands médias audiovisuels et de la presse écrite - je ne parle pas, par conséquent, des journalistes de terrain, que je connais bien et qui font leur métier - est particulièrement engagée dans ce véritable détournement de la campagne et de l'élection présidentielle.
Détournement, oui, je maintiens le mot ! Je vais même plus loin : c'est d'une véritable dégénérescence du débat public qu'il s'agit.
On considère que le résultat de la présidentielle est déjà connu - c'est Chirac ou Jospin - et on en est déjà aux paris sur le futur Premier ministre. Si ça continue, on en sera demain à des élucubrations sur le nom du futur ministre des chrysanthèmes !
Mais qu'est-ce que c'est que cette campagne ?
Dans tout cela les grands absents, c'est vous ! Vos problèmes quotidiens, vos attentes, quand va-t-on se décider à en parler ? C'est de l'argent qui écrase tout, du chômage, de la précarité, de l'insécurité, du pouvoir d'achat, de la santé, de l'éducation et de la formation, des inégalités, de tout cela et de bien d'autres choses qu'il devrait être d'abord question. Mais de cela, moins ils en parlent, mieux ils se portent !
Et je ne parle pas seulement des deux probables présidentiables, qui ne sont toujours pas candidats, mais de beaucoup d'autres, déjà déclarés et parfois depuis longtemps.
Tous et toutes n'ont qu'un seul but : le pouvoir. Celui qu'ils veulent contribuer à conquérir ou à maintenir pour leur champion, à gauche ou à droite, pour qui ils rabattront des voix au second tour. Ou bien les pouvoirs pour eux-mêmes ou pour leurs amis pour qui ils négocieront - et même certains négocient déjà dans les arrières-salles de café ! - des places et des privilèges pour l'avenir.
Et bien je vous le dis : je ne mange pas, je n'ai jamais mangé, je ne mangerai jamais de ce pain-là ! Ces conceptions et ces pratiques me sont insupportables !
Je n'appartiens pas, je n'appartiendrai jamais à ce petit monde des arrivistes politiciens, pour qui les électrices et les électeurs ne sont que des masses de manuvre au service de leurs ambitions politiques.
Vous le voyez bien : ils se battent pour conquérir le pouvoir ou des parcelles de pouvoir quelquefois dérisoires. Moi, je me bats pour conquérir pour vous de nouveaux pouvoirs. C'est à cela, à cela uniquement que je veux me consacrer, et donner le meilleur de moi-même. Pendant la campagne, bien sûr, et après car cette question restera posée.
C'est dur, vous vous en doutez, une campagne électorale !
Et plus particulièrement une campagne présidentielle. Et plus encore quand on est le candidat choisi par les militantes et militants communistes pour porter leurs couleurs. Je le savais quand j'ai décidé de m'engager dans cette bataille. J'aurai pu ne pas le faire, et aujourd'hui un ou une autre camarade à ma place se battrait comme je m'efforce de le faire.
J'ai pensé que mon expérience de parlementaire, de dirigeant qui a agi avec conviction pour tourner radicalement le Parti communiste vers l'avenir, au service de notre pays et de notre peuple, pouvait être utile.
C'est pourquoi je suis candidat.
Mais ma candidature a un sens. Et j'entends bien ne pas l'en laisser détourner : je veux qu'elle soit utile aux Françaises et aux Français.
Allez ! Mettons cartes sur table. S'agit-il, le 21 avril, pour le premier tour de l'élection présidentielle, de voter pour sauver le Parti communiste, comme on l'entend dire ici ou là ? Non. Je vous le dis : non !
Il s'agit, avec le vote pour le candidat communiste, de donner force et vigueur à l'exigence de millions d'hommes et de femmes d'une autre politique à gauche, et aux propositions précises, réalistes, permettant d'engager et de réussir cette politique.
Est-ce que, en disant cela, je néglige ce qui a été fait de positif depuis 1997 ? Non. Comment le ferais-je, alors que ce bilan doit tant aux efforts des députés et des ministres communistes ! Mais précisément : des efforts il a fallu en déployer - n'est-ce pas Alain Bocquet ? n'est-ce pas Michèle Demessine ? - face aux réticences du Parti socialiste et du gouvernement ; aux reculades devant les marchés financiers. Et je suis bien obligé de constater - et vous le faites tout comme moi - que cinq ans après l'arrivée de la gauche la France reste profondément minée par les inégalités, les discriminations, les injustices.
Nous sommes bien obligés de constater que vos attentes en matière de lutte contre le chômage et la précarité ; en faveur du relèvement des salaires, des minima sociaux, des retraites ; pour une solidarité plus active avec les plus démunis sont pour beaucoup déçues.
La droite, alors, pourrait-elle ou voudrait-elle apporter les réponses que vous attendez ? Vous savez bien que non ! Son programme, c'est le baron Seillières, patron du Medef, qui le rédige. Et ce n'est pas n'importe quoi ! On ne lésine pas du côté du baron, des grands patrons, des financiers ! Le programme est simple. Privatisation des services publics. Compression des dépenses publiques utiles - pour l'école et la formation ; pour la santé.
Allongement de la période d'activité ouvrant droit à la retraite. Mise en pièces du système de solidarité fondé sur la répartition pour laisser le champ libre aux fonds de pension. Démantèlement des acquis, des droits des salariés, pour pouvoir les jeter au gré des exigences de profit financier des actionnaires.
Ce n'est pas seulement la revanche que veulent la droite et les puissances d'argent. Elles veulent aller plus loin : elles veulent vous écraser !
Elles ont un projet au long cours : celui de plier toute la société, durablement, à la loi de l'argent et aux décisions des marchés financiers.
Pourquoi se priveraient-elles, puisqu'on les écoute si complaisamment de tous côtés !
Je ne veux pas de la droite. Nous sommes des millions à ne pas en vouloir.
Mais il faut être clair : est-ce que vous me voyez souhaiter la simple continuation de ce qui se fait depuis 1997 ? Evidemment non !
J'en ai montré les limites. Elles sont pesantes pour des millions de gens. Et je suis préoccupé de voir que les thèses ultralibérales du Medef sont écoutées très attentivement par quelques-uns des plus proches amis et conseillers de Lionel Jospin. Ce n'est pas un hasard si Laurent Fabius est à Davos, au forum des milliardaires, plutôt qu'à Porto-Alegre comme mon amie Marie-George Buffet au forum social.
Laurent Fabius est du côté où il penche, et où il voudrait faire pencher la gauche.
Et Dominique Strauss-Kahn ? Voilà qu'il est devenu le principal inspirateur du projet présidentiel du Premier ministre. Et c'est quoi, ce projet ? "Modernisme", nous dit-on ? Quel culot ! Ce sont les recettes éculées de l'allègement des charges patronales, de la réduction de l'impôt sur la fortune, des privatisations, de l'introduction des fonds de pension tandis qu'en même temps, et parce qu'il y a les règles de fer du pacte de stabilité de Maastricht, il faudrait toujours contraindre la dépense publique, à vos frais bien entendu !
Et on appellerait ça la gauche !
Ce serait ça, la politique de gauche qu'on nous propose ?
Comment ne pas comprendre que les grands patrons, les grands financiers ne s'affichent pas seulement qu'avec la droite ? On dit même que certains s'interrogent sur le choix le plus judicieux pour eux à l'élection présidentielle.
Et bien moi, de cette gauche-là, je n'en suis pas, je n'en serai pas, le Parti communiste n'en sera pas.
Qu'on ne s'imagine pas que les communistes pourraient être en campagne pour que Lionel Jospin soit élu afin de conduire une politique à la mode de Tony Blair en Angleterre. Je ne veux pas, nous ne voulons pas, contribuer au succès des thèses des privilégiés du forum des profiteurs de Davos.
Et puisque j'évoque Tony Blair : je me suis rendu à Londres, il y a quelques jours. J'y ai rencontré des cheminots anglais. Ils m'ont décrit les ravages des privatisations, de l'ultralibéralisme ; le naufrage du service public et de leurs conditions de vie et de travail.
Vous le comprenez : après cela le discours fataliste tenu par le Premier ministre, mercredi dernier, devant le Conseil économique et social n'a rien pour me rassurer.
Lionel Jospin affiche une ambition : accompagner socialement la soumission aux marchés financiers. Evidemment, dans ce cas le rôle des responsables politiques ne peut que se limiter à gérer les conséquences désastreuses de la toute puissance de ces derniers.
Cette ambition-là ne saurait être la nôtre, n'est-ce pas ?
J'affirme de toute la force de ma conviction la volonté politique de l'audace sociale. Il faut savoir dire non aux puissances d'argent, et proposer du neuf. Le temps est venu d'une autre politique à gauche.
Oui, l'audace sociale. Et d'abord l'audace de s'en prendre à la dictature de l'argent-roi sur la vie économique, sociale, culturelle.
C'est impossible, me dit-on ? J'en ai assez de ces balivernes ! Et vous aussi, je le sais !
Des sommes colossales sont aujourd'hui gâchées dans la spéculation financière, dans les opérations boursières qui n'ont d'autre finalité que de faire de l'argent, et tant pis pour vous, tant pis pour la vie des femmes et des hommes, pour l'activité des entreprises, pour l'avenir de régions entières.
Pour l'année 2000, la plus grande partie des ressources nouvelles des entreprises a été gâchée en placements sur les marchés financiers, et en versements de revenus financiers aux actionnaires et aux banques.
Je fais appel à votre expérience. Chaque mois vos salaires, vos indemnités de chômage ou vos retraites vous sont versés sur un compte bancaire ou à la poste.
C'est de milliers de milliards de francs qu'il s'agit. Et l'essentiel de ces sommes est investi, circule, se déplace, au gré des opportunités proposées par les marchés financiers. Vous le savez, au guichet de votre banque on ne vous parle que de ça. Ça fait du profit financier, mais ça ne crée pas un emploi, ni un euro de richesse nouvelle !
Si, par contre, ces sommes colossales étaient utilisées pour des prêts aux petites et moyennes entreprises afin de créer des emplois, développer des activités ; ou aux ménages pour accroître leur consommation : vous voyez bien à quel point ce pourrait être bénéfique pour vous, pour le pays.
Mais non ! C'est votre argent, et il est confisqué !
Si on ajoute les dividendes et les intérêts des placements financiers, on arrive à un total de près de 2 250 milliards de francs - je répète : 2 250 milliards de francs - qui sont complètement soustraits aux investissements productifs permettant de développer l'activité et de créer des emplois.
J'indique que c'est de beaucoup supérieur au budget de la nation. Est-ce qu'on mesure bien ce qu'on pourrait faire avec ces sommes colossales ? Les technocrates et les politiciens de droite, et certains même de gauche, n'osent pas débattre de ces questions.
Mais moi, j'y suis prêt. Un débat avec eux à la télévision, je dis : chiche !
Alors oui : audace sociale pour une autre politique à gauche, est-ce que cela ne veut pas dire d'abord, je vous le demande, rendre obligatoire l'égalité des salaires et des conditions de travail, de vie et de responsabilité entre hommes et femmes, dans les entreprises, dans la vie publique, en politique ?
Qu'on arrête de raconter des sornettes : rien, rigoureusement rien, sinon la lâcheté de certains politiques, ne s'y oppose. Tout y appelle au contraire, et d'abord la volonté des femmes et des hommes qu'il en soit ainsi, et le soutien majoritaire que reçoit leur exigence dans la société. Il faut légiférer ?
C'est difficile ? Il y a des obstacles, des oppositions ? Bien sûr. Mais en s'appuyant sur le mouvement social, sur votre volonté, on peut y parvenir. Il faut avoir le courage d'en décider et de ne pas se laisser impressionner par le petit nombre de ceux, au Medef, à droite ou ailleurs, qui s'arc-boutent sur leur vision réactionnaire de la société.
Audace sociale, encore, en matière de sécurité pour toutes et pour tous, en tous domaines.
La sécurité c'est un droit. Vous avez raison de le vouloir ; de l'exiger. Car enfin : ce sont les salariés, les familles modestes, les jeunes qui subissent le plus durement et le plus régulièrement les effets et les angoisses de l'insécurité.
Je l'ai dit et je le répète : les questions de la sécurité, dans toutes leurs dimensions, doivent devenir une priorité nationale.
Et en ce qui concerne la sécurité des biens et des personnes, cela exige une politique ambitieuse avec des moyens réels consacrés à la prévention, à l'animation sociale, au développement de services publics de proximité, au logement, ainsi qu'à l'action de la justice et de la police. Le budget pour cela doit être doublé en cinq ans, sinon c'est du baratin ! Il faut faire ce cette question une priorité nationale.
L'audace sociale, c'est aussi de répondre de façon moderne aux besoins individuels et collectifs des usagers en matière de services publics.
Je ne plaide pas pour le statu-quo, mais pour la transformation en profondeur des services publics et leur démocratisation ; pour une meilleure définition de leurs missions de tous les jours, dans la société et le monde tels qu'ils sont aujourd'hui.
Et aussi pour l'élargissement de leurs missions : au respect de l'environnement ; à l'accès aux moyens de communication et aux technologies les plus modernes.
L'audace sociale, c'est aussi une véritable politique pour la jeunesse. Je le dis, je l'affirme : ce serait un drame si la France avait peur de sa jeunesse !
Il faut prévenir, et réprimer quand c'est nécessaire les délits. Mais il faut respecter notre jeunesse, et ce n'est pas le cas quand des millions de jeunes font leur entrée - ou plutôt ratent leur entrée - dans la vie adulte par la porte étroite de la précarité, des petits boulots, du mépris des formations acquises, de l'accès interdit aux loisirs et à la culture !
La jeunesse a droit à des lois qui garantissent son autonomie. La jeunesse, qui est la société de demain, a droit à des lois bannissant toutes les discriminations, toutes les inégalités, toutes les injustices !
L'audace sociale c'est aussi, inséparablement, l'exigence de vrais salaires pour les salariés pour vivre dignement. Toutes et tous y ont droit. Pour encourager leur créativité. Toutes et tous ont beaucoup à apporter. C'est cela qui serait efficace pour eux, pour toutes les entreprises, pour la société.
Oui, je persiste et je signe : c'est cela qu'il faut pour tous les salariés, et toutes celles et tous ceux qui vivent de leur travail, dans la diversité de leurs situations, de leurs compétences, de leurs activités !
L'audace c'est aussi de penser et de construire un autre monde. Je suis indigné des ronds de jambes que l'on fait devant ce lamentable va-t-en guerre de George Bush ; des précautions diplomatiques que l'on prend face à l'agressivité de l'actuel responsable de la politique israélienne qui ne rêve que de torpiller les espoirs de paix au Proche-Orient, partagés par tant d'Israéliens et de Palestiniens.
Je suis indigné par la politique de soumission aux marchés financiers, qui enfonce l'Europe dans la médiocrité, alors qu'elle pourrait jouer un grand rôle, pour un monde de solidarité, de dialogue et de paix. On ne me fera jamais admettre que l'Europe puisse être symbolisée par le monde effrayant de tracasseries policières et de misère de Sangatte. C'est insupportable.
L'Europe, la France devraient être au premier rang pour empêcher le monde de céder au délire d'un président américain de plus en plus irresponsable. L'Europe, la France, en s'affranchissant de la tutelle des marchés financiers, du pacte de stabilité de Maastricht, des normes ultralibérales, devraient être aux avant-postes pour construire dans le monde moderne une vraie vie, un vrai avenir pour des citoyennes et des citoyens du monde motivés et responsables. Et quel autre avenir qui vaille la peine d'être vécu pourrions-nous offrir à la jeunesse ?
Candidat communiste, et fier de l'être, c'est cette audace que je veux porter : audace sociale ; audace économique ; audace citoyenne. Audace pour construire un autre monde. C'est cela pour moi, une autre politique à gauche ; la seule politique à gauche qui vaille.
C'est parce que je suis communiste ; c'est parce que je suis votre candidat que j'en suis porteur. Elle n'est pas seulement faite de protestation, mais de construction avec vous, pour vous. Et c'est cela que nous pouvons exprimer ensemble, le 21 avril prochain.
Alors là, oui, le premier tour voudra dire quelque chose, au-delà du bal dérisoire des ambitions personnelles.
Vous le voyez, ils cherchent à vous tromper ceux qui vous disent que le seul enjeu, ce serait Chirac ou Jospin. Non, l'enjeu c'est vous, parce que la France c'est vous !
De tout mon cur - vous l'avez senti - de toute ma force de conviction - et je voudrais la faire partager le plus largement possible - j'ai exposé devant vous les lignes de force de mes propositions. Nous pouvons y réfléchir, et en discuter ensemble.
Dans une Adresse aux Françaises et aux Français, distribuée dans tout le pays à partir de ce week-end je dis ceci, permettez-moi de me citer :
"Il y a des problèmes. Ils sont graves. Il faut leur trouver des solutions. Vous devez pouvoir vraiment dire, dans le débat et par votre vote, ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas. Vous devez pouvoir décider souverainement de votre avenir."
Si le vote communiste pèse suffisamment lourd le 21 avril - c'est-à-dire, j'y insiste, au premier tour, qui est capital pour la suite - alors vous pourrez faire entendre votre voix, vos attentes, vos exigences.
Quant à moi, je vais mettre le meilleur de moi-même dans ce combat. Je suis disponible et déterminé. Et je le sens, vous l'êtes aussi !
Eh bien menons ensemble ce combat !
N'en doutez pas, cher-e-s ami-e-s et camarades : de la force, de la capacité de conviction, nous en avons, plus que quiconque ! C'est notre richesse, et personne ne peut nous l'enlever. Et quels que soient leurs votes des millions de femmes et d'hommes de gauche, particulièrement dans cette riche terre du Nord, savent bien, au fond d'eux-mêmes, qu'il faut davantage de communisme dans la gauche : pour les défendre et pour faire progresser leurs droits, leurs intérêts. Pour faire progresser concrètement une autre politique à gauche.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades : l'action militante, le contact et le dialogue ont de l'avenir. La vie politique n'est pas un petit concours de pronostics, et ne se réduit pas aux "bons mots" et aux fausses polémiques.
Ensemble, nous sommes capables de faire du neuf, de l'inédit. Et tant pis pour ceux que ça dérange !
Nous sommes capables, ensemble, de mener une campagne tambour battant, et tant pis alors pour ceux qui seront les "tambours battus" !
J'y suis prêt ; j'ai commencé et je ne vais pas lâcher, nous n'allons pas lâcher !
La France, c'est nous !
La France, c'est vous !
Ensemble nous allons le faire savoir.
Il faudra bien l'entendre.
(Source http://www.roberthue2002.net, le 6 février 2002)
Merci de votre accueil. C'est toujours pour moi une joie de me retrouver dans la chaleur si fraternelle du Nord. Merci à toi Pascal, responsable départemental de notre parti. Merci à vous mes ami-e-s, élu-e-s du Nord et particulièrement à vous Alain Bocquet et Michèle Demessine.
Merci à vous, les militantes et militants communistes du Nord, qui comptez tant pour notre Parti communiste.
Dans moins de 80 jours, ce sera le premier tour de l'élection présidentielle.
Je veux vous le dire d'emblée : je suis très inquiet de la façon dont la campagne est engagée.
A vrai dire, je suis très en colère ! Oui, très en colère !
Comme vous, j'entends les commentaires sur l'attitude des deux candidats supposés devoir s'affronter au second tour. Je les entends d'autant plus qu'il n'est question que de cela.
Et pourtant, comme vous, comme tout le monde en France, je sais qu'ils seront, qu'ils sont déjà candidats. Mais le débat ne porte aujourd'hui que sur la question de savoir à quel moment ils voudront bien le faire savoir officiellement. Est-ce d'ailleurs si intéressant ?
Personnellement, je m'en moque. Tout le monde sait qu'ils sont candidats et les Françaises et les Français on raison de ne pas s'intéresser à cet affligeant scénario politicien. Je les comprends.
On nous dit qu'ils s'engageront le plus tard possible. Tout le monde le comprend : cela veut dire que pour eux l'élection qui conditionne le plus étroitement la vie quotidienne et l'avenir de tout un peuple ne mérite qu'un débat expédié en quelques jours.
Et bien, je le dis ce soir, et après y avoir bien réfléchi : j'accuse ! Oui, j'accuse : il y a là, quelque part, comme un abus de pouvoir, un abus de position acquise, un abus de bien politique. Je n'exagère pas : on détourne outrageusement les moyens conférés aux plus hautes responsabilités du pays pour priver les Françaises et les Français du débat auquel ils ont droit. Jacques Chirac et Lionel Jospin veulent une campagne ultra courte. Et de surcroît ils s'emploient à la vider de tout contenu.
Une seule chose les obsède : le pouvoir. Le premier est prêt à tout pour demeurer à l'Elysée ; le second ne rêve que de l'en déloger. Et on dit que tout est déjà joué. On connaît le vainqueur de l'élection présidentielle : ce sera Chirac ou Jospin. Mais pour faire quoi ? Tout le monde s'en moque comme de Colin-tampon Et on s'étonne après ça que l'on annonce un record d'abstentions !
Comment pourrait-on accepter que tout un pays, tout un peuple, ne soient conviés à voter que pour trancher qui des deux va réaliser ses ambitions personnelles ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : la conquête du pouvoir que la présidence de la République permet d'exercer pendant cinq ans.
Dès lors, le premier tour de l'élection n'aurait plus aucune espèce d'importance. Hors les deux présidentiables, les autres candidates et candidats ne seraient là que pour figurer, témoigner à la rigueur et surtout, surtout, pour rabattre des voix vers l'un ou l'autre des protagonistes du second tour.
Là encore, je n'exagère pas, vous le savez bien.
Je prends un exemple : un débat devait être organisé lundi soir sur une chaîne de télévision du service public. Je connais bien ses organisateurs. Je n'ai aucune envie de les mettre personnellement en cause. Je sais à quelles contraintes ils sont soumis. Mais nous nous trouvions avec une émission à laquelle étaient invités 8 candidats à une heure très populaire - 22 h 30 ! Ni Jacques Chirac ni Lionel Jospin n'y étaient invités puisqu'ils ne sont pas candidats !
Ils devaient cependant être représentés par des proches, intervenant en duplex pour bien marquer qu'ils avaient un statut spécial, différent des autres. Comment auriez-vous voulu que j'accepte cette mise en scène destinée à accréditer l'idée de la futilité des candidatures de premier tour. Ce n'était qu'une mascarade. J'avais l'impression qu'on voulait me faire jouer dans un film dont je n'approuvais pas le scénario. J'ai refusé. Par respect pour moi ; par respect pour vous.
Vous le savez, je ne redoute pas la confrontation, mais je refuse qu'on méprise les Françaises et les Français, qui veulent que l'élection présidentielle leur soit utile.
J'ajoute, à ce propos, que la responsabilité des directions des grands médias audiovisuels et de la presse écrite - je ne parle pas, par conséquent, des journalistes de terrain, que je connais bien et qui font leur métier - est particulièrement engagée dans ce véritable détournement de la campagne et de l'élection présidentielle.
Détournement, oui, je maintiens le mot ! Je vais même plus loin : c'est d'une véritable dégénérescence du débat public qu'il s'agit.
On considère que le résultat de la présidentielle est déjà connu - c'est Chirac ou Jospin - et on en est déjà aux paris sur le futur Premier ministre. Si ça continue, on en sera demain à des élucubrations sur le nom du futur ministre des chrysanthèmes !
Mais qu'est-ce que c'est que cette campagne ?
Dans tout cela les grands absents, c'est vous ! Vos problèmes quotidiens, vos attentes, quand va-t-on se décider à en parler ? C'est de l'argent qui écrase tout, du chômage, de la précarité, de l'insécurité, du pouvoir d'achat, de la santé, de l'éducation et de la formation, des inégalités, de tout cela et de bien d'autres choses qu'il devrait être d'abord question. Mais de cela, moins ils en parlent, mieux ils se portent !
Et je ne parle pas seulement des deux probables présidentiables, qui ne sont toujours pas candidats, mais de beaucoup d'autres, déjà déclarés et parfois depuis longtemps.
Tous et toutes n'ont qu'un seul but : le pouvoir. Celui qu'ils veulent contribuer à conquérir ou à maintenir pour leur champion, à gauche ou à droite, pour qui ils rabattront des voix au second tour. Ou bien les pouvoirs pour eux-mêmes ou pour leurs amis pour qui ils négocieront - et même certains négocient déjà dans les arrières-salles de café ! - des places et des privilèges pour l'avenir.
Et bien je vous le dis : je ne mange pas, je n'ai jamais mangé, je ne mangerai jamais de ce pain-là ! Ces conceptions et ces pratiques me sont insupportables !
Je n'appartiens pas, je n'appartiendrai jamais à ce petit monde des arrivistes politiciens, pour qui les électrices et les électeurs ne sont que des masses de manuvre au service de leurs ambitions politiques.
Vous le voyez bien : ils se battent pour conquérir le pouvoir ou des parcelles de pouvoir quelquefois dérisoires. Moi, je me bats pour conquérir pour vous de nouveaux pouvoirs. C'est à cela, à cela uniquement que je veux me consacrer, et donner le meilleur de moi-même. Pendant la campagne, bien sûr, et après car cette question restera posée.
C'est dur, vous vous en doutez, une campagne électorale !
Et plus particulièrement une campagne présidentielle. Et plus encore quand on est le candidat choisi par les militantes et militants communistes pour porter leurs couleurs. Je le savais quand j'ai décidé de m'engager dans cette bataille. J'aurai pu ne pas le faire, et aujourd'hui un ou une autre camarade à ma place se battrait comme je m'efforce de le faire.
J'ai pensé que mon expérience de parlementaire, de dirigeant qui a agi avec conviction pour tourner radicalement le Parti communiste vers l'avenir, au service de notre pays et de notre peuple, pouvait être utile.
C'est pourquoi je suis candidat.
Mais ma candidature a un sens. Et j'entends bien ne pas l'en laisser détourner : je veux qu'elle soit utile aux Françaises et aux Français.
Allez ! Mettons cartes sur table. S'agit-il, le 21 avril, pour le premier tour de l'élection présidentielle, de voter pour sauver le Parti communiste, comme on l'entend dire ici ou là ? Non. Je vous le dis : non !
Il s'agit, avec le vote pour le candidat communiste, de donner force et vigueur à l'exigence de millions d'hommes et de femmes d'une autre politique à gauche, et aux propositions précises, réalistes, permettant d'engager et de réussir cette politique.
Est-ce que, en disant cela, je néglige ce qui a été fait de positif depuis 1997 ? Non. Comment le ferais-je, alors que ce bilan doit tant aux efforts des députés et des ministres communistes ! Mais précisément : des efforts il a fallu en déployer - n'est-ce pas Alain Bocquet ? n'est-ce pas Michèle Demessine ? - face aux réticences du Parti socialiste et du gouvernement ; aux reculades devant les marchés financiers. Et je suis bien obligé de constater - et vous le faites tout comme moi - que cinq ans après l'arrivée de la gauche la France reste profondément minée par les inégalités, les discriminations, les injustices.
Nous sommes bien obligés de constater que vos attentes en matière de lutte contre le chômage et la précarité ; en faveur du relèvement des salaires, des minima sociaux, des retraites ; pour une solidarité plus active avec les plus démunis sont pour beaucoup déçues.
La droite, alors, pourrait-elle ou voudrait-elle apporter les réponses que vous attendez ? Vous savez bien que non ! Son programme, c'est le baron Seillières, patron du Medef, qui le rédige. Et ce n'est pas n'importe quoi ! On ne lésine pas du côté du baron, des grands patrons, des financiers ! Le programme est simple. Privatisation des services publics. Compression des dépenses publiques utiles - pour l'école et la formation ; pour la santé.
Allongement de la période d'activité ouvrant droit à la retraite. Mise en pièces du système de solidarité fondé sur la répartition pour laisser le champ libre aux fonds de pension. Démantèlement des acquis, des droits des salariés, pour pouvoir les jeter au gré des exigences de profit financier des actionnaires.
Ce n'est pas seulement la revanche que veulent la droite et les puissances d'argent. Elles veulent aller plus loin : elles veulent vous écraser !
Elles ont un projet au long cours : celui de plier toute la société, durablement, à la loi de l'argent et aux décisions des marchés financiers.
Pourquoi se priveraient-elles, puisqu'on les écoute si complaisamment de tous côtés !
Je ne veux pas de la droite. Nous sommes des millions à ne pas en vouloir.
Mais il faut être clair : est-ce que vous me voyez souhaiter la simple continuation de ce qui se fait depuis 1997 ? Evidemment non !
J'en ai montré les limites. Elles sont pesantes pour des millions de gens. Et je suis préoccupé de voir que les thèses ultralibérales du Medef sont écoutées très attentivement par quelques-uns des plus proches amis et conseillers de Lionel Jospin. Ce n'est pas un hasard si Laurent Fabius est à Davos, au forum des milliardaires, plutôt qu'à Porto-Alegre comme mon amie Marie-George Buffet au forum social.
Laurent Fabius est du côté où il penche, et où il voudrait faire pencher la gauche.
Et Dominique Strauss-Kahn ? Voilà qu'il est devenu le principal inspirateur du projet présidentiel du Premier ministre. Et c'est quoi, ce projet ? "Modernisme", nous dit-on ? Quel culot ! Ce sont les recettes éculées de l'allègement des charges patronales, de la réduction de l'impôt sur la fortune, des privatisations, de l'introduction des fonds de pension tandis qu'en même temps, et parce qu'il y a les règles de fer du pacte de stabilité de Maastricht, il faudrait toujours contraindre la dépense publique, à vos frais bien entendu !
Et on appellerait ça la gauche !
Ce serait ça, la politique de gauche qu'on nous propose ?
Comment ne pas comprendre que les grands patrons, les grands financiers ne s'affichent pas seulement qu'avec la droite ? On dit même que certains s'interrogent sur le choix le plus judicieux pour eux à l'élection présidentielle.
Et bien moi, de cette gauche-là, je n'en suis pas, je n'en serai pas, le Parti communiste n'en sera pas.
Qu'on ne s'imagine pas que les communistes pourraient être en campagne pour que Lionel Jospin soit élu afin de conduire une politique à la mode de Tony Blair en Angleterre. Je ne veux pas, nous ne voulons pas, contribuer au succès des thèses des privilégiés du forum des profiteurs de Davos.
Et puisque j'évoque Tony Blair : je me suis rendu à Londres, il y a quelques jours. J'y ai rencontré des cheminots anglais. Ils m'ont décrit les ravages des privatisations, de l'ultralibéralisme ; le naufrage du service public et de leurs conditions de vie et de travail.
Vous le comprenez : après cela le discours fataliste tenu par le Premier ministre, mercredi dernier, devant le Conseil économique et social n'a rien pour me rassurer.
Lionel Jospin affiche une ambition : accompagner socialement la soumission aux marchés financiers. Evidemment, dans ce cas le rôle des responsables politiques ne peut que se limiter à gérer les conséquences désastreuses de la toute puissance de ces derniers.
Cette ambition-là ne saurait être la nôtre, n'est-ce pas ?
J'affirme de toute la force de ma conviction la volonté politique de l'audace sociale. Il faut savoir dire non aux puissances d'argent, et proposer du neuf. Le temps est venu d'une autre politique à gauche.
Oui, l'audace sociale. Et d'abord l'audace de s'en prendre à la dictature de l'argent-roi sur la vie économique, sociale, culturelle.
C'est impossible, me dit-on ? J'en ai assez de ces balivernes ! Et vous aussi, je le sais !
Des sommes colossales sont aujourd'hui gâchées dans la spéculation financière, dans les opérations boursières qui n'ont d'autre finalité que de faire de l'argent, et tant pis pour vous, tant pis pour la vie des femmes et des hommes, pour l'activité des entreprises, pour l'avenir de régions entières.
Pour l'année 2000, la plus grande partie des ressources nouvelles des entreprises a été gâchée en placements sur les marchés financiers, et en versements de revenus financiers aux actionnaires et aux banques.
Je fais appel à votre expérience. Chaque mois vos salaires, vos indemnités de chômage ou vos retraites vous sont versés sur un compte bancaire ou à la poste.
C'est de milliers de milliards de francs qu'il s'agit. Et l'essentiel de ces sommes est investi, circule, se déplace, au gré des opportunités proposées par les marchés financiers. Vous le savez, au guichet de votre banque on ne vous parle que de ça. Ça fait du profit financier, mais ça ne crée pas un emploi, ni un euro de richesse nouvelle !
Si, par contre, ces sommes colossales étaient utilisées pour des prêts aux petites et moyennes entreprises afin de créer des emplois, développer des activités ; ou aux ménages pour accroître leur consommation : vous voyez bien à quel point ce pourrait être bénéfique pour vous, pour le pays.
Mais non ! C'est votre argent, et il est confisqué !
Si on ajoute les dividendes et les intérêts des placements financiers, on arrive à un total de près de 2 250 milliards de francs - je répète : 2 250 milliards de francs - qui sont complètement soustraits aux investissements productifs permettant de développer l'activité et de créer des emplois.
J'indique que c'est de beaucoup supérieur au budget de la nation. Est-ce qu'on mesure bien ce qu'on pourrait faire avec ces sommes colossales ? Les technocrates et les politiciens de droite, et certains même de gauche, n'osent pas débattre de ces questions.
Mais moi, j'y suis prêt. Un débat avec eux à la télévision, je dis : chiche !
Alors oui : audace sociale pour une autre politique à gauche, est-ce que cela ne veut pas dire d'abord, je vous le demande, rendre obligatoire l'égalité des salaires et des conditions de travail, de vie et de responsabilité entre hommes et femmes, dans les entreprises, dans la vie publique, en politique ?
Qu'on arrête de raconter des sornettes : rien, rigoureusement rien, sinon la lâcheté de certains politiques, ne s'y oppose. Tout y appelle au contraire, et d'abord la volonté des femmes et des hommes qu'il en soit ainsi, et le soutien majoritaire que reçoit leur exigence dans la société. Il faut légiférer ?
C'est difficile ? Il y a des obstacles, des oppositions ? Bien sûr. Mais en s'appuyant sur le mouvement social, sur votre volonté, on peut y parvenir. Il faut avoir le courage d'en décider et de ne pas se laisser impressionner par le petit nombre de ceux, au Medef, à droite ou ailleurs, qui s'arc-boutent sur leur vision réactionnaire de la société.
Audace sociale, encore, en matière de sécurité pour toutes et pour tous, en tous domaines.
La sécurité c'est un droit. Vous avez raison de le vouloir ; de l'exiger. Car enfin : ce sont les salariés, les familles modestes, les jeunes qui subissent le plus durement et le plus régulièrement les effets et les angoisses de l'insécurité.
Je l'ai dit et je le répète : les questions de la sécurité, dans toutes leurs dimensions, doivent devenir une priorité nationale.
Et en ce qui concerne la sécurité des biens et des personnes, cela exige une politique ambitieuse avec des moyens réels consacrés à la prévention, à l'animation sociale, au développement de services publics de proximité, au logement, ainsi qu'à l'action de la justice et de la police. Le budget pour cela doit être doublé en cinq ans, sinon c'est du baratin ! Il faut faire ce cette question une priorité nationale.
L'audace sociale, c'est aussi de répondre de façon moderne aux besoins individuels et collectifs des usagers en matière de services publics.
Je ne plaide pas pour le statu-quo, mais pour la transformation en profondeur des services publics et leur démocratisation ; pour une meilleure définition de leurs missions de tous les jours, dans la société et le monde tels qu'ils sont aujourd'hui.
Et aussi pour l'élargissement de leurs missions : au respect de l'environnement ; à l'accès aux moyens de communication et aux technologies les plus modernes.
L'audace sociale, c'est aussi une véritable politique pour la jeunesse. Je le dis, je l'affirme : ce serait un drame si la France avait peur de sa jeunesse !
Il faut prévenir, et réprimer quand c'est nécessaire les délits. Mais il faut respecter notre jeunesse, et ce n'est pas le cas quand des millions de jeunes font leur entrée - ou plutôt ratent leur entrée - dans la vie adulte par la porte étroite de la précarité, des petits boulots, du mépris des formations acquises, de l'accès interdit aux loisirs et à la culture !
La jeunesse a droit à des lois qui garantissent son autonomie. La jeunesse, qui est la société de demain, a droit à des lois bannissant toutes les discriminations, toutes les inégalités, toutes les injustices !
L'audace sociale c'est aussi, inséparablement, l'exigence de vrais salaires pour les salariés pour vivre dignement. Toutes et tous y ont droit. Pour encourager leur créativité. Toutes et tous ont beaucoup à apporter. C'est cela qui serait efficace pour eux, pour toutes les entreprises, pour la société.
Oui, je persiste et je signe : c'est cela qu'il faut pour tous les salariés, et toutes celles et tous ceux qui vivent de leur travail, dans la diversité de leurs situations, de leurs compétences, de leurs activités !
L'audace c'est aussi de penser et de construire un autre monde. Je suis indigné des ronds de jambes que l'on fait devant ce lamentable va-t-en guerre de George Bush ; des précautions diplomatiques que l'on prend face à l'agressivité de l'actuel responsable de la politique israélienne qui ne rêve que de torpiller les espoirs de paix au Proche-Orient, partagés par tant d'Israéliens et de Palestiniens.
Je suis indigné par la politique de soumission aux marchés financiers, qui enfonce l'Europe dans la médiocrité, alors qu'elle pourrait jouer un grand rôle, pour un monde de solidarité, de dialogue et de paix. On ne me fera jamais admettre que l'Europe puisse être symbolisée par le monde effrayant de tracasseries policières et de misère de Sangatte. C'est insupportable.
L'Europe, la France devraient être au premier rang pour empêcher le monde de céder au délire d'un président américain de plus en plus irresponsable. L'Europe, la France, en s'affranchissant de la tutelle des marchés financiers, du pacte de stabilité de Maastricht, des normes ultralibérales, devraient être aux avant-postes pour construire dans le monde moderne une vraie vie, un vrai avenir pour des citoyennes et des citoyens du monde motivés et responsables. Et quel autre avenir qui vaille la peine d'être vécu pourrions-nous offrir à la jeunesse ?
Candidat communiste, et fier de l'être, c'est cette audace que je veux porter : audace sociale ; audace économique ; audace citoyenne. Audace pour construire un autre monde. C'est cela pour moi, une autre politique à gauche ; la seule politique à gauche qui vaille.
C'est parce que je suis communiste ; c'est parce que je suis votre candidat que j'en suis porteur. Elle n'est pas seulement faite de protestation, mais de construction avec vous, pour vous. Et c'est cela que nous pouvons exprimer ensemble, le 21 avril prochain.
Alors là, oui, le premier tour voudra dire quelque chose, au-delà du bal dérisoire des ambitions personnelles.
Vous le voyez, ils cherchent à vous tromper ceux qui vous disent que le seul enjeu, ce serait Chirac ou Jospin. Non, l'enjeu c'est vous, parce que la France c'est vous !
De tout mon cur - vous l'avez senti - de toute ma force de conviction - et je voudrais la faire partager le plus largement possible - j'ai exposé devant vous les lignes de force de mes propositions. Nous pouvons y réfléchir, et en discuter ensemble.
Dans une Adresse aux Françaises et aux Français, distribuée dans tout le pays à partir de ce week-end je dis ceci, permettez-moi de me citer :
"Il y a des problèmes. Ils sont graves. Il faut leur trouver des solutions. Vous devez pouvoir vraiment dire, dans le débat et par votre vote, ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas. Vous devez pouvoir décider souverainement de votre avenir."
Si le vote communiste pèse suffisamment lourd le 21 avril - c'est-à-dire, j'y insiste, au premier tour, qui est capital pour la suite - alors vous pourrez faire entendre votre voix, vos attentes, vos exigences.
Quant à moi, je vais mettre le meilleur de moi-même dans ce combat. Je suis disponible et déterminé. Et je le sens, vous l'êtes aussi !
Eh bien menons ensemble ce combat !
N'en doutez pas, cher-e-s ami-e-s et camarades : de la force, de la capacité de conviction, nous en avons, plus que quiconque ! C'est notre richesse, et personne ne peut nous l'enlever. Et quels que soient leurs votes des millions de femmes et d'hommes de gauche, particulièrement dans cette riche terre du Nord, savent bien, au fond d'eux-mêmes, qu'il faut davantage de communisme dans la gauche : pour les défendre et pour faire progresser leurs droits, leurs intérêts. Pour faire progresser concrètement une autre politique à gauche.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades : l'action militante, le contact et le dialogue ont de l'avenir. La vie politique n'est pas un petit concours de pronostics, et ne se réduit pas aux "bons mots" et aux fausses polémiques.
Ensemble, nous sommes capables de faire du neuf, de l'inédit. Et tant pis pour ceux que ça dérange !
Nous sommes capables, ensemble, de mener une campagne tambour battant, et tant pis alors pour ceux qui seront les "tambours battus" !
J'y suis prêt ; j'ai commencé et je ne vais pas lâcher, nous n'allons pas lâcher !
La France, c'est nous !
La France, c'est vous !
Ensemble nous allons le faire savoir.
Il faudra bien l'entendre.
(Source http://www.roberthue2002.net, le 6 février 2002)