Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur la coopération internationale en matière de lutte contre le travail forçé, le servage, la prostitution et sur la proposition de l'Organisation internationale du travail (OIT) de fixer à 18 ans l'âge de référence pour le travail, à l'Assemblée nationale le 15 juin 1999.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Notre politique en ce qui concerne le travail des enfants est d'exercer une pression à travers le plus grand nombre de pays possibles pour qu'ils ne puissent pas jouer sur plusieurs politiques en même temps, de façon convergente pour mettre fin, dans un premier temps, aux formes les plus odieuses et les moins acceptables du travail des enfants. En même temps, nous voulons le faire avec réalisme et pragmatisme, parce que nous ne voulons pas, dans certains pays dont les économies sont en développement et intermédiaire, interdire certaines formes de travail qui livreraient au contraire, ce serait l'inverse du but recherché, ces enfants au vagabondage, à la rue voire à la prostitution.
L'effort international qui est mené est de commencer, comme c'est le cas d'un texte qui devrait être adopté le 16 juin à l'Organisation internationale du travail et qui représente le plus concret des progrès que l'on puisse atteindre en ce moment-même. Ce texte représentera une véritable avancée. Il devrait fixer à 18 ans l'âge de référence, et il devrait établir une définition très large des pires formes de travail, je cite : "travail forcé, servage, prostitution, pornographie, activités illicites et surtout, travaux dangereux" et proposer dans cette convention internationale que nous aurons à décliner après, sur un plan national, à la fois des mesures incitatives et des mesures coercitives. Nous nous sommes mis d'accord sur cette progression. Je crois que c'est comme cela qu'il faut prendre le sujet et ensuite, avancer étape après étape.
D'autre part, au sein de l'OMC puisqu'il y a le travail OIT, mais il faut qu'il y ait une répercussion dans l'OMC qui est trop indifférente jusqu'ici par sa nature strictement commerciale à cette question qui mobilise également notre intention, nous avons pris l'initiative de créer un groupe des amis des normes sociales, pour que se crée une masse de pays qui n'accepteraient pas que des relations commerciales aient lieu à l'avenir en faisant l'impasse sur cette dimension.
Nous essaierons de rejoindre ces deux efforts trop séparés jusqu'ici.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juin 1999)