Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur, cher Jacques Viot,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d'administration,
Mesdames et Messieurs les Présidents de Comités d'Alliances françaises à l'étranger,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Délégués généraux ou Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Vous avez décidé de tenir désormais votre colloque annuel en hiver, ce qui me permet de m'adresser à l'ensemble de votre réseau, agents du siège parisien ou Français expatriés, mais aussi administrateurs étrangers, pour la seconde fois en six mois. S'agirait-il d'une manifestation d'identitarisme, les alliances se préservant de la réunion annuelle du "réseau" ? J'y vois bien plutôt un juste retour des choses, car l'hiver au Nord, c'est l'été au Sud - ce Sud où je me rends dès ce soir, au Brésil, qui est l'une de vos terres d'élection. Et je crois pouvoir dire que nous éprouvons une commune affection pour cet hémisphère, non pas parce que nous négligeons le Nord ou l'Est (l'ampleur de votre réseau le prouve), mais bien au contraire parce que l'universel et la diversité sont pour nous les deux faces d'un même Janus.
Vous recevoir n'est pas seulement un devoir pour le ministre en charge de la Coopération internationale et de la Francophonie, c'est un honneur et un plaisir : celui tout d'abord de rencontrer des partenaires, des amis étrangers, venus ce soir de soixante-douze pays différents, et qui ont choisi de s'investir dans les conseils d'administration d'Alliances françaises ; celui aussi de saluer votre rôle, votre travail, qui ne sont pas précieux, mais irremplaçables.
Mais comment vous saluer, sans me répéter, alors que ces retrouvailles sont si proches de notre dernière rencontre ? Peut-être en rappelant le travail réalisé au cours de ces six derniers mois, sous les auspices - que je sais dynamiques - de votre nouveau Secrétaire général, Jean-Claude Jacq, avec peut-être aussi l'esquisse d'un bilan, puisque ce travail s'inscrit dans le grand mouvement impulsé à notre coopération internationale depuis déjà maintenant presque cinq ans.
Nous ne sommes pas restés inactifs en ce dernier automne de la législature : comme je l'annonçais lors de notre dernière rencontre, la nouvelle convention-cadre entre l'Alliance française de Paris et le ministère des Affaires étrangères a été signée en novembre dernier. Elle affirme un partenariat responsable, équilibré, et respectueux des règles et orientations stratégiques de chacune des deux parties.
Elle renforce les relations de confiance et de travail entre nos deux institutions, en permettant d'harmoniser mieux encore l'action de l'Alliance française de Paris avec la politique culturelle internationale de la France, dans le respect de l'identité et de l'indépendance de votre "Maison", maison à laquelle vous êtes légitimement attachés. Au reste, cette convention-cadre ne fait que formaliser les actions déjà conduites conjointement dans les domaines linguistique et culturel.
Sa signature complète celles des conventions d'orientation conclues entre les Ambassadeurs de France et les comités locaux d'Alliance. Celles-ci couvrent la coopération dans ses multiples facettes, qu'elle soit linguistique, culturelle, scientifique, ou qu'elle vise de façon plus générale à délivrer une information sur la France contemporaine. Ces conventions vont donner, j'en suis convaincu, plus de lisibilité et d'efficacité à notre action culturelle, sans compromettre pour autant l'indépendance à laquelle les comités d'Alliance sont attachés. Et je me félicite de constater que leur conclusion n'a pas entraîné les réticences que d'aucun prédisait. Mais, s'il était besoin de faire mentir les mauvais augures, la réception qui nous réunit ici ce soir, dans l'un des lieux emblématiques de la République, n'est-elle pas précisément le signe de la confiance, de l'estime et de l'amitié qui nous lient ?
Il existe donc aujourd'hui un cadre pour nos actions communes, qui enrichit le dialogue, et permet aux Alliances qui le souhaitent d'approfondir le lien entre leur action et celle de l'ambassade, qui leur apportera en retour un soutien approprié.
Un second axe de rénovation a été exploré au cours de ces six derniers mois, qui avait - vous en souvenez - largement alimenté nos réflexions du mois de juillet : une large concertation autour des orientations de refonte du réseau des établissements culturels français à l'étranger a été engagée par le ministère des Affaires étrangères, et elle a abouti à un projet de Charte qui devrait très bientôt entrer en vigueur.
Les Alliances françaises sont au cur de ces débats, au même titre que les centres et instituts culturels, quoique selon des modalités différentes. Leur grande implication dans la vie culturelle locale, la qualité des personnalités faisant partie des comités, en font des éléments irremplaçables pour la définition et la diffusion de notre politique culturelle. Dans de très nombreux pays - en Amérique latine et en Asie, notamment -, elles sont les seuls opérateurs susceptibles de relayer sur le terrain les impulsions de nos ambassades.
En Chine, par exemple, sans compter l'Alliance déjà puissante de Hong Kong et celle de Macao, quatre Alliances existent déjà sur le continent : Pékin, Shanghai, Canton et Wuhan, qui accueillent 6 000 étudiants en 2001 (+ 50% par rapport à l'année précédente !) et refusent de nouvelles inscriptions, faute de place. Une cinquième vient d'être inaugurée dans le magnifique cadre de l'ancienne université de Nankin. Le ministère des Affaires étrangères s'efforcera d'apporter son appui à des projets d'ouverture dans d'autres villes, selon un rythme soutenu.
Ajoutons que si l'Alliance française est un concept déjà ancien dans notre histoire républicaine, pour autant, elle s'avère aussi particulièrement bien adaptée aux exigences de notre temps. L'Alliance n'a pas pour seule vocation de permettre à la culture française, francophone, de défricher de nouvelles terres, mais aussi de cultiver le vieux continent : je me souviens avoir évoqué avec vous en juillet l'exacte homologie entre votre mode d'action et la recherche indispensable du partenariat pour faire vivre en Europe la diversité culturelle et linguistique, c'est-à-dire aussi la Francophonie. Développer l'Alliance française de Bruxelles, créer un réseau d'Alliances en Allemagne ou en Europe centrale et orientale, nous y travaillons.
Il nous faut également réfléchir aux missions de nos établissements et de nos Alliances, qui ne doivent pas se limiter à l'enseignement de la langue française et à l'organisation de manifestations culturelles. Leurs champs d'action doivent être élargis. Le scientifique, le technologique, doivent être pris en compte, ainsi que le débat d'idées et le dialogue interculturel. Cet élargissement de l'action des établissements culturels et des alliances françaises ne doit pas se faire au détriment des activités qui font la renommée de nos établissements. Les cours de français restent une dimension fondamentale de leur activité, mais ils doivent s'inscrire dans une stratégie d'ensemble, celle de la coopération menée par les services culturels de l'ambassade en matière universitaire, éducative, et de français.
A ce titre, les Alliances, tout comme les autres établissements culturels, doivent continuer à développer leurs cours sur objectifs, rechercher l'excellence des prestations et la fidélisation du public, suivre une logique d'offre plutôt que de simple réponse à une demande. Je ne doute pas à cet égard que la direction de l'Ecole internationale et de la Politique pédagogique ne puisse s'appuyer sur les cours dispensés à Paris à plus de 27.000 étudiants pour en faire un "laboratoire" à même de diffuser dans le monde entier des recettes éprouvées.
Saluons donc l'action de Mme Annie Monnerie, passée avec bonheur de la Fédération internationale des professeurs de français à votre Maison parisienne, ainsi que de ses collaborateurs. Leur action innovatrice bénéficie aussi, il est vrai, de l'expérience de chacune des alliances créées dans le monde entier, car c'est cela aussi la force de l'Alliance française, celle d'être un réseau. Ce réseau a vocation à servir de référence pour l'enseignement du français, pour la recherche et l'innovation pédagogique, par le rôle pilote qu'il peut jouer dans le domaine des certifications.
L'appui du ministère des Affaires étrangères est important et vous restera acquis : en 2001, plus de 280 millions de francs ont été consacrés au réseau des alliances françaises, dont la prise en charge de la rémunération de 270 agents détachés. Un effort important est également consenti en matière de patrimoine immobilier, puisque, cette année, 21 millions de francs ont été prévus pour des opérations d'achat ou de réhabilitation d'immeubles abritant des Alliances françaises.
En 2002, cet effort global sera maintenu.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais aussi vous remercier très sincèrement pour votre engagement dans la grande réforme de la coopération française. L'été dernier a été émaillé d'une polémique sur les faiblesses prétendues de notre action culturelle internationale. Quelle n'est pas l'action humaine collective qui ne soit perfectible ? Là où il y des problèmes, des dysfonctionnements constatés, vos ministres, Hubert Védrine et moi-même, vous écoutent et donnent instruction pour que remède soit apporté. Mais je ne saurais laisser accroire que la fusion des affaires étrangères et de l'ancienne coopération se soit traduite par un affaiblissement de l'ancienne action d'influence culturelle du Quai d'Orsay au profit d'une "technocratie" dédiée au développement.
Je crois, bien au contraire, que les diverses dimensions de notre coopération internationale s'entrecroisent, que les métiers se métissent, pour donner à votre travail une nouvelle impulsion, mais aussi des couleurs plus chatoyantes. Qui niera que l'intégration d'"Afrique en créations" n'ait donné à l'Association française d'action artistique un pouvoir d'entraînement supplémentaire ? Qui doutera que la dimension culturelle ne soit indispensable à un développement si ardemment espéré, mais toujours attendu, depuis la "naissance des Nations" du tournant des années cinquante ?
Il ne m'est évidemment pas indifférent que vous ayez choisi de clôturer votre colloque par une réflexion sur "culture et développement". Il n'y a pas de compartiments étanches dans la coopération internationale et j'ai entendu avec bonheur le représentant de Kaboul s'exprimer en français lors de la récente Conférence internationale des donateurs réunis à Tokyo pour la reconstruction de l'Afghanistan : utile rappel de l'action qui fut celle des lycées franco-afghans dans la formation des élites du pays et incitation à ne pas oublier le volet culturel dans nos programmes d'aide. Des programmes qui restent essentiels, car le développement, dont le financement sera à l'ordre du jour de la prochaine Conférence de Monterrey, est la condition incontournable de la réduction des inégalités dans le monde.
Croyez-moi, vous devez être fiers de votre action : elle est utile et sert la paix internationale.
Monsieur l'Ambassadeur,
Je crois qu'il n'est pas trop tard pour vous adresser tous mes vux de réussite pour cette année 2002, l'année Victor Hugo, qui sera donc aussi celle de l'influence de la pensée française dans le monde. Et puisqu'il nous était donné ce matin d'honorer une fois encore la mémoire du regretté Léopold Sedar Senghor, je souhaite que vos Alliances s'associent à la manifestation que Jack Lang et moi-même allons organiser dans nos écoles en l'honneur de cette autre grande figure. Je salue la qualité exemplaire de notre dialogue, qui manifeste un souci partagé de maintenir et surtout d'accroître le rayonnement et l'influence de la langue et de la culture française dans le monde./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2002)
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d'administration,
Mesdames et Messieurs les Présidents de Comités d'Alliances françaises à l'étranger,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Délégués généraux ou Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Vous avez décidé de tenir désormais votre colloque annuel en hiver, ce qui me permet de m'adresser à l'ensemble de votre réseau, agents du siège parisien ou Français expatriés, mais aussi administrateurs étrangers, pour la seconde fois en six mois. S'agirait-il d'une manifestation d'identitarisme, les alliances se préservant de la réunion annuelle du "réseau" ? J'y vois bien plutôt un juste retour des choses, car l'hiver au Nord, c'est l'été au Sud - ce Sud où je me rends dès ce soir, au Brésil, qui est l'une de vos terres d'élection. Et je crois pouvoir dire que nous éprouvons une commune affection pour cet hémisphère, non pas parce que nous négligeons le Nord ou l'Est (l'ampleur de votre réseau le prouve), mais bien au contraire parce que l'universel et la diversité sont pour nous les deux faces d'un même Janus.
Vous recevoir n'est pas seulement un devoir pour le ministre en charge de la Coopération internationale et de la Francophonie, c'est un honneur et un plaisir : celui tout d'abord de rencontrer des partenaires, des amis étrangers, venus ce soir de soixante-douze pays différents, et qui ont choisi de s'investir dans les conseils d'administration d'Alliances françaises ; celui aussi de saluer votre rôle, votre travail, qui ne sont pas précieux, mais irremplaçables.
Mais comment vous saluer, sans me répéter, alors que ces retrouvailles sont si proches de notre dernière rencontre ? Peut-être en rappelant le travail réalisé au cours de ces six derniers mois, sous les auspices - que je sais dynamiques - de votre nouveau Secrétaire général, Jean-Claude Jacq, avec peut-être aussi l'esquisse d'un bilan, puisque ce travail s'inscrit dans le grand mouvement impulsé à notre coopération internationale depuis déjà maintenant presque cinq ans.
Nous ne sommes pas restés inactifs en ce dernier automne de la législature : comme je l'annonçais lors de notre dernière rencontre, la nouvelle convention-cadre entre l'Alliance française de Paris et le ministère des Affaires étrangères a été signée en novembre dernier. Elle affirme un partenariat responsable, équilibré, et respectueux des règles et orientations stratégiques de chacune des deux parties.
Elle renforce les relations de confiance et de travail entre nos deux institutions, en permettant d'harmoniser mieux encore l'action de l'Alliance française de Paris avec la politique culturelle internationale de la France, dans le respect de l'identité et de l'indépendance de votre "Maison", maison à laquelle vous êtes légitimement attachés. Au reste, cette convention-cadre ne fait que formaliser les actions déjà conduites conjointement dans les domaines linguistique et culturel.
Sa signature complète celles des conventions d'orientation conclues entre les Ambassadeurs de France et les comités locaux d'Alliance. Celles-ci couvrent la coopération dans ses multiples facettes, qu'elle soit linguistique, culturelle, scientifique, ou qu'elle vise de façon plus générale à délivrer une information sur la France contemporaine. Ces conventions vont donner, j'en suis convaincu, plus de lisibilité et d'efficacité à notre action culturelle, sans compromettre pour autant l'indépendance à laquelle les comités d'Alliance sont attachés. Et je me félicite de constater que leur conclusion n'a pas entraîné les réticences que d'aucun prédisait. Mais, s'il était besoin de faire mentir les mauvais augures, la réception qui nous réunit ici ce soir, dans l'un des lieux emblématiques de la République, n'est-elle pas précisément le signe de la confiance, de l'estime et de l'amitié qui nous lient ?
Il existe donc aujourd'hui un cadre pour nos actions communes, qui enrichit le dialogue, et permet aux Alliances qui le souhaitent d'approfondir le lien entre leur action et celle de l'ambassade, qui leur apportera en retour un soutien approprié.
Un second axe de rénovation a été exploré au cours de ces six derniers mois, qui avait - vous en souvenez - largement alimenté nos réflexions du mois de juillet : une large concertation autour des orientations de refonte du réseau des établissements culturels français à l'étranger a été engagée par le ministère des Affaires étrangères, et elle a abouti à un projet de Charte qui devrait très bientôt entrer en vigueur.
Les Alliances françaises sont au cur de ces débats, au même titre que les centres et instituts culturels, quoique selon des modalités différentes. Leur grande implication dans la vie culturelle locale, la qualité des personnalités faisant partie des comités, en font des éléments irremplaçables pour la définition et la diffusion de notre politique culturelle. Dans de très nombreux pays - en Amérique latine et en Asie, notamment -, elles sont les seuls opérateurs susceptibles de relayer sur le terrain les impulsions de nos ambassades.
En Chine, par exemple, sans compter l'Alliance déjà puissante de Hong Kong et celle de Macao, quatre Alliances existent déjà sur le continent : Pékin, Shanghai, Canton et Wuhan, qui accueillent 6 000 étudiants en 2001 (+ 50% par rapport à l'année précédente !) et refusent de nouvelles inscriptions, faute de place. Une cinquième vient d'être inaugurée dans le magnifique cadre de l'ancienne université de Nankin. Le ministère des Affaires étrangères s'efforcera d'apporter son appui à des projets d'ouverture dans d'autres villes, selon un rythme soutenu.
Ajoutons que si l'Alliance française est un concept déjà ancien dans notre histoire républicaine, pour autant, elle s'avère aussi particulièrement bien adaptée aux exigences de notre temps. L'Alliance n'a pas pour seule vocation de permettre à la culture française, francophone, de défricher de nouvelles terres, mais aussi de cultiver le vieux continent : je me souviens avoir évoqué avec vous en juillet l'exacte homologie entre votre mode d'action et la recherche indispensable du partenariat pour faire vivre en Europe la diversité culturelle et linguistique, c'est-à-dire aussi la Francophonie. Développer l'Alliance française de Bruxelles, créer un réseau d'Alliances en Allemagne ou en Europe centrale et orientale, nous y travaillons.
Il nous faut également réfléchir aux missions de nos établissements et de nos Alliances, qui ne doivent pas se limiter à l'enseignement de la langue française et à l'organisation de manifestations culturelles. Leurs champs d'action doivent être élargis. Le scientifique, le technologique, doivent être pris en compte, ainsi que le débat d'idées et le dialogue interculturel. Cet élargissement de l'action des établissements culturels et des alliances françaises ne doit pas se faire au détriment des activités qui font la renommée de nos établissements. Les cours de français restent une dimension fondamentale de leur activité, mais ils doivent s'inscrire dans une stratégie d'ensemble, celle de la coopération menée par les services culturels de l'ambassade en matière universitaire, éducative, et de français.
A ce titre, les Alliances, tout comme les autres établissements culturels, doivent continuer à développer leurs cours sur objectifs, rechercher l'excellence des prestations et la fidélisation du public, suivre une logique d'offre plutôt que de simple réponse à une demande. Je ne doute pas à cet égard que la direction de l'Ecole internationale et de la Politique pédagogique ne puisse s'appuyer sur les cours dispensés à Paris à plus de 27.000 étudiants pour en faire un "laboratoire" à même de diffuser dans le monde entier des recettes éprouvées.
Saluons donc l'action de Mme Annie Monnerie, passée avec bonheur de la Fédération internationale des professeurs de français à votre Maison parisienne, ainsi que de ses collaborateurs. Leur action innovatrice bénéficie aussi, il est vrai, de l'expérience de chacune des alliances créées dans le monde entier, car c'est cela aussi la force de l'Alliance française, celle d'être un réseau. Ce réseau a vocation à servir de référence pour l'enseignement du français, pour la recherche et l'innovation pédagogique, par le rôle pilote qu'il peut jouer dans le domaine des certifications.
L'appui du ministère des Affaires étrangères est important et vous restera acquis : en 2001, plus de 280 millions de francs ont été consacrés au réseau des alliances françaises, dont la prise en charge de la rémunération de 270 agents détachés. Un effort important est également consenti en matière de patrimoine immobilier, puisque, cette année, 21 millions de francs ont été prévus pour des opérations d'achat ou de réhabilitation d'immeubles abritant des Alliances françaises.
En 2002, cet effort global sera maintenu.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais aussi vous remercier très sincèrement pour votre engagement dans la grande réforme de la coopération française. L'été dernier a été émaillé d'une polémique sur les faiblesses prétendues de notre action culturelle internationale. Quelle n'est pas l'action humaine collective qui ne soit perfectible ? Là où il y des problèmes, des dysfonctionnements constatés, vos ministres, Hubert Védrine et moi-même, vous écoutent et donnent instruction pour que remède soit apporté. Mais je ne saurais laisser accroire que la fusion des affaires étrangères et de l'ancienne coopération se soit traduite par un affaiblissement de l'ancienne action d'influence culturelle du Quai d'Orsay au profit d'une "technocratie" dédiée au développement.
Je crois, bien au contraire, que les diverses dimensions de notre coopération internationale s'entrecroisent, que les métiers se métissent, pour donner à votre travail une nouvelle impulsion, mais aussi des couleurs plus chatoyantes. Qui niera que l'intégration d'"Afrique en créations" n'ait donné à l'Association française d'action artistique un pouvoir d'entraînement supplémentaire ? Qui doutera que la dimension culturelle ne soit indispensable à un développement si ardemment espéré, mais toujours attendu, depuis la "naissance des Nations" du tournant des années cinquante ?
Il ne m'est évidemment pas indifférent que vous ayez choisi de clôturer votre colloque par une réflexion sur "culture et développement". Il n'y a pas de compartiments étanches dans la coopération internationale et j'ai entendu avec bonheur le représentant de Kaboul s'exprimer en français lors de la récente Conférence internationale des donateurs réunis à Tokyo pour la reconstruction de l'Afghanistan : utile rappel de l'action qui fut celle des lycées franco-afghans dans la formation des élites du pays et incitation à ne pas oublier le volet culturel dans nos programmes d'aide. Des programmes qui restent essentiels, car le développement, dont le financement sera à l'ordre du jour de la prochaine Conférence de Monterrey, est la condition incontournable de la réduction des inégalités dans le monde.
Croyez-moi, vous devez être fiers de votre action : elle est utile et sert la paix internationale.
Monsieur l'Ambassadeur,
Je crois qu'il n'est pas trop tard pour vous adresser tous mes vux de réussite pour cette année 2002, l'année Victor Hugo, qui sera donc aussi celle de l'influence de la pensée française dans le monde. Et puisqu'il nous était donné ce matin d'honorer une fois encore la mémoire du regretté Léopold Sedar Senghor, je souhaite que vos Alliances s'associent à la manifestation que Jack Lang et moi-même allons organiser dans nos écoles en l'honneur de cette autre grande figure. Je salue la qualité exemplaire de notre dialogue, qui manifeste un souci partagé de maintenir et surtout d'accroître le rayonnement et l'influence de la langue et de la culture française dans le monde./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2002)