Texte intégral
Je vous souhaite la bienvenue à cette 12ème Conférence ministérielle consacrée à TV5. A titre personnel, permettez-moi de vous dire l'importance que revêt cette rencontre. C'est, en effet, la première fois, depuis ma prise de fonction, que je préside les travaux d'une institution francophone. Et je veux donc saisir cette occasion pour vous dire, à quelques semaines du Sommet d'Hanoï, la place éminente qu'occupe à mes yeux et à ceux du gouvernement français la Francophonie dans le cadre de notre politique étrangère.
Cette conférence ministérielle de TV5 est la douzième ; elle constitue donc un exercice classique qui n'en est pas moins important et ce à plusieurs titres.
Tout d'abord, dans la perspective du Sommet de Hanoï, notre réunion est l'occasion de réfléchir au développement d'un des outils les plus concrets et les plus performants de la francophonie multilatérale, instrument dont le caractère opérationnel est évident.
C'est bien sûr le cas en Asie où depuis sa montée sur Asiasat 2, TV5 est le premier programme francophone accessible sur ce continent. Il ne faut d'ailleurs pas relâcher notre effort et de ce point de vue, je crois indispensable de poursuivre notre soutien financier au "décrochage asiatique" . Nous y reviendrons pendant nos travaux.
En dehors de l'Asie, TV5 étend partout son réseau de diffusion Nous avons en particulier, à l'ordre du jour de nos travaux, un point capital : les Etats-Unis, où TV5 est encore très peu présente. La solution est proche. Après des années de discussions sur les choix stratégiques concernant le vecteur approprié de diffusion de notre chaîne, et de nombreuses hésitations sur le coût budgétaire de ce projet américain, la solution est trouvée et sur le point d'être mise en oeuvre à partir du satellite Echostar. Pour sa part, la France est prête à assumer sa part financière du fardeau ; il s'agit même de la seule mesure nouvelle que nous ayons dégagée dans le secteur audiovisuel. C'est dire l'importance que nous y attachons. C'est dire aussi que nous ne pouvons qu'être particulièrement sensibles à la répartition des responsabilités sur ce dossier. J'attends de ce point de vue avec le plus grand intérêt les propositions conjointes qui ont été demandées aux deux TV5 lors de la précédente rencontre des hauts fonctionnaires responsables de TV5, il y a six mois.
Cette opération (TV5 América) est risquée. Elle requiert pour arriver à l'équilibre de trouver rapidement au moins 70 000 abonnés. Seule une mobilisation de tous les partenaires de TV5 (à commencer par tous les réseaux diplomatiques et culturels) en direction des francophiles et francophones peut permettre d'assurer son succès. Il nous faut absolument réussir cette mobilisation commune.
Une deuxième zone présente une importance toute particulière, notamment au plan politique, le Moyen-Orient. La présence francophone y était assurée par un outil spécifiquement français, CFI, et de façon assez marginale par TV5 depuis le satellite Eutelsat. A la suite d'un incident, la diffusion de CFI a été interrompue sur le satellite Arabsat, qui est le "Hot Bird " arabe.
Il nous a donc semblé opportun de proposer aussitôt une substitution par un autre programme français ou francophone et la solution TV5 est apparue, je dirais, naturellement. Contrairement à la plupart des dossiers d'extension, aux Etats-Unis ou ailleurs, celui-ci s'est traité dans l'urgence, pour ne pas dire dans la précipitation, parce qu'il nous fallait absolument conserver, pour une chaîne émettant en français sur Arabsat, ce canal satellite utile et très convoité.
Les travaux du Conseil d'administration d'Arabsat se tiennent actuellement aux Emirats, à Dubaï. Ils devraient conduire à une décision de principe, favorable ou défavorable. Naturellement, dans la première hypothèse, des consultations approfondies au niveau des TV5 et des hauts fonctionnaires interviendraient le plus vite possible afin de préciser les modalités de la confection du programme diffusé et de la collaboration avec Arabsat.
Hors Moyen-Orient, je ne m'étendrai pas sur les autres zones géographiques de diffusion de TV5, non qu'elles soient négligeables, mais parce qu'elles ne présentent pas le même caractère d'urgence et de nouveauté. Nous aurons du reste l'occasion d'y revenir dans le détail tout au long de nos débats.
Mesdames et Messieurs, TV5 est une belle réussite. Toutefois, ce constat ne doit pas nous empêcher de travailler à son perfectionnement au moins dans quatre domaines.
Le premier peut paraître superficiel. Il ne l'est pourtant pas. Il s'agit de l'habillage d'ensemble et de la charte graphique de la chaîne. Celle-ci a besoin d'être rénovée de façon à donner aux téléspectateurs une image de TV5 plus vivante, rajeunie, et de gommer son aspect parfois trop institutionnel.
Je sais que les équipes de TV5 y réfléchissent et qu'un appel d'offres doit être lancé prochainement.
Le second problème, récurrent malheureusement, est le nombre insuffisant de programmes forts, de programmes de stocks (fictions, films, documentaires de qualité) sur TV5. Je crois qu'il s'agit là d'une responsabilité commune. Il nous faut, dans chacun des Etats partenaires, adosser le plus possible les TV5 aux chaînes publiques nationales dont elles sont le prolongement naturel et logique. J'appelle donc ces dernières à s'investir pleinement dans TV5, qui concourt à leur rayonnement, qui entre dans le noyau dur de leur mission de service public et qui, en définitive, ne saurait se développer durablement sans elles.
Troisième élément de faiblesse : l'information L'information sur TV5 relève, en effet, pour l'essentiel de la reprise des journaux télévisés nationaux, à l'exception des journaux ou flashes conçus spécifiquement par TV5, qui sont d'ailleurs de qualité. Il nous faut absolument mettre à l'antenne de la chaîne des journaux adaptés à l'actualité internationale et dont la tonalité ne soit pas principalement locale. Du côté français, France Télévision réfléchit activement à la mise ne place d'une version internationale de son journal télévisé. Je souhaite très vivement que ce projet aille à son terme et suggère également que les partenaires non français de TV5 réfléchissent parallèlement à l'adaptation de leurs propres journaux d'information.
Enfin, je crois qu'il faut ouvrir l'antenne de TV5 à la publicité. Il ne s'agit pas, bien sûr, de transformer la chaîne en chaîne commerciale. Ce n'est pas sa vocation. Cela étant, la publicité est aussi le vecteur de l'image des pays partenaires, elle peut, en la maîtrisant, contribuer à animer et à moderniser l'antenne de TV5, sans négliger les recettes qu'elle peut apporter à la chaîne, recettes particulièrement utiles dans le contexte budgétaire actuel.
Enfin, je voudrais saisir l'occasion qui m'est donnée pour rassurer ceux de nos partenaires qui suivent avec l'intérêt les nombreuses - peut-être trop nombreuses - réflexions engagées en France sur l'avenir de notre dispositif audiovisuel extérieur. Je souhaite réaffirmer avec force le rôle central que joue et que continuera à jouer TV5 au sein de ce dispositif. C'est d'ailleurs au président de TV5 Europe que le nouveau gouvernement français a demandé une analyse des différentes options en matière de télévision internationale et des propositions sur les moyens d'affirmer le rôle de TV5. C'est dire combien l'avenir de TV5 est, du côté français, assuré et confirmé.
Mesdames et Messieurs,
Je ne doute pas que les travaux particulièrement riches qui nous attendent aujourd'hui ne soient l'occasion de débattre, en toute franchise parce qu'en toute amitié, des options stratégiques de TV5 et confortent plus que jamais son rôle de télévision francophone mondiale.
Je voudrais insister c'est un fait remarquable cette année sur la participation des présidents des directeurs des chaînes publiques partenaires de TV5. Pour nous, c'est important, j'aurai l'occasion d'y revenir.
Au cours de cette Conférence, nous avons abordé un certain nombre de questions. C'est un constat de bonne santé de TV5 que nous pouvons dresser au terme de cette journée. Son audience s'accroît. La présence internationale de la chaîne s'affirme. La couverture géographique se développe. Nous sommes aussi conscients que ces progrès exigent une mobilisation accrue des partenaires de la chaîne francophone, et en particulier des chaînes publiques qui l'alimentent. Il faut, dans la concurrence, améliorer sa grille comme la qualité de son information. Mais il faut le faire, et beaucoup y ont insisté dans le respect de l'expression de chacun car c'est aussi ce que les partenaires et les publics de TV5 attendent : la voix plurielle d'une Francophonie de niveau international.
Je vais maintenant, si vous le voulez bien, faire un bref relevé des points qui ont marqué nos conclusions. Bien entendu, mes voisins de tribune sont à votre disposition pour répondre aux questions que vous souhaiteriez leur poser.
La nouvelle qui a dominée cette Conférence, c'est le lancement de TV5 aux Etats-Unis qui doit intervenir en décembre prochain. Cette chaîne sera accessible en réception directe par satellite et sur câble. L'objectif de 1998 est d'atteindre 70 000 abonnés et 225 000 en l'an 2000. C'est dire l'enjeu qui mobilisera nos pouvoirs publics et nos réseaux francophones. Nous avons décidé la création d'une société de droits américains, TV5-USA, qui gérera la diffusion du programme. Après l'Europe en 1984, le Canada et le Québec en 1988, l'Afrique et l'Amérique latine en 1992, l'Asie en 1996, TV5 est en mesure maintenant de viser une couverture mondiale, puisque les Etats-Unis en étaient le dernier grand élément.
Deuxième point qui mérite d'être souligné : l'appui réaffirmé à la diffusion de TV5 au bouquet numérique afin de conforter sa présence ; les pouvoirs publics y sont évidemment attentifs.
Troisièmement, la qualité de l'antenne a beaucoup mobilisé, les débats notamment cet après-midi. Nous nous rendons compte que les progrès doivent être inlassables pour satisfaire des publics de plus en plus exigeants, au fur et à mesure qu'augmente l'offre dans le monde et nous savons l'explosion de cette offre compte tenu des progrès techniques acquis ou attendus. L'habillage de la chaîne, sa grille, la qualité de l'information sont nos enjeux communs. Et il nous est paru essentiel, cette année d'associer à nos débats précisément les présidents-directeurs des chaînes publiques partenaires, de sorte qu'ils soient partie prenante de cette constante amélioration de TV5 et de ce point de vue, leur engagement a été marqué.
Quatrièmement, la Conférence a noté avec satisfaction que TV5-Afrique s'appuierait maintenant sur une implication politique et financière accrue des pays partenaires. La création d'un deuxième décrochage Afrique a été envisagée. Il reste encore à en préciser les données financières, en particulier les participations des uns et des autres. Ceci devrait être fait dans les mois qui viennent. C'est après, seulement, que la décision concernant ce deuxième décrochage pourrait être prise. En tout cas, c'est lors de la prochaine Conférence que la direction de TV5-Afrique pourra nous présenter une étude comprenant l'exposé des partenariats dont disposerait justement l'Afrique en cas de second décrochage.
Cinquièmement, la vocation de TV5, qui a fait rayonner la culture française dans le monde, a bien évidemment été rappelé à la veille du Sommet de Hanoï. La Francophonie s'est engagée au côté de TV5 sur un programme d'animation pédagogique jugé indispensable au moment où, partout, on se remobilise sur l'éducation et la formation des jeunes.
Enfin, forte d'un réseau satellitaire et de contrats de reprises lui permettant sur réseau câblé les systèmes micro-ondes, les bouquets en réception directe d'atteindre 76 millions de foyers, TV5 est maintenant la première des télévisions du service public à couverture mondiale. Ceci méritait d'être rappelé avec quelque solennité.
Je conclus, au moins provisoirement, puisque nous allons engager le dialogue, en disant notre volonté de continuer les efforts entrepris aujourd'hui avec évidemment des budgets toujours surveillés. Nous y sommes tous très attentifs. Nous avons, je crois, oeuvré dans la bonne direction et je voudrais en remercier tous les participants, ceux que j'ai cités et ceux que j'aurais oubliés.
Q - L'affaire Total a-t-elle des implications sur TV5-USA . Avez-vous ressenti quelque chose qui puisse freiner ? Ou les domaines sont-ils totalement différents ?
R - Je n'ai pas eu le sentiment que cette affaire avait télescopé nos discussions, ni les négociations qui ont pu intervenir précédemment.
Q - Qu'en est-il des négociations avec Arabsat ?
R - J'ai, ce matin, rappelé qu'elles étaient en cours, que nous n'avions pas de réponse, ou alors elles seraient intervenues cet après-midi, ce que je ne crois pas. Ce qui m'a amené à proposer à nos partenaires de les tenir informés ultérieurement des résultats de la négociation. Si le résultat était favorable, c'est-à-dire la possibilité pour TV5 de prendre le relais de TF1, ceci engagerait nécessairement quelques dispositions financières dont nous discuterions dans les semaines qui viennent, afin de pouvoir suivre la proposition qui nous serait faite. Voilà où nous en sommes concernant cette question du Moyen-Orient, mais nous considérons que c'est une opportunité qu'il serait bien que TV5 puisse saisir.
On vient de me signaler simplement pour répondre à la question d'Arabsat que les négociations avançaient favorablement. On semble se rapprocher de l'issue heureuse que nous espérions. On n'en sait pas davantage.
Q - Parlant de TV5-Afrique, vous avez dit que la décision ou le souhait est exprimé d'une implication politique et financière plus importante des Etats africains ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
R - Je serais tenté de vous dire que concrètement, et de manière plus précise, c'est au vue du rapport, que le directeur de TV5-Afrique nous présentera, que nous pourrons répondre. Mais la question d'un second décrochage est posée depuis longtemps. On renvoie souvent au besoin d'une meilleure participation des Etats africains. Nous avons proposé, aujourd'hui, que l'on aille plus loin et que, au-delà de cette pétition de principe, nous soyons capables de bâtir un partenariat financier entre les partenaires occidentaux, pour faire simple, et les partenaires africains. Je crois qu'il y a eu, de la part des représentants des Etats africains concernés, accord sur cette démarche, ce qui nous laisse penser que l'on devrait, dans quelques mois, être capables enfin de sortir du simple principe pour décider d'un deuxième décrochage auquel je suis personnellement favorable, en mesurant bien et c'est peut-être là, mon rôle de secrétaire d'Etat à la Coopération et au Développement qui me le fait dire, que TV5-Afrique a une dimension "aide au développement" qui justifie d'autant plus qu'on en fasse davantage.
Merci aux journalistes qui sont là de nous aider à faire savoir ce qu'est et ce que fait TV5. La Francophonie vous en sera reconnaissante.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2001)
Cette conférence ministérielle de TV5 est la douzième ; elle constitue donc un exercice classique qui n'en est pas moins important et ce à plusieurs titres.
Tout d'abord, dans la perspective du Sommet de Hanoï, notre réunion est l'occasion de réfléchir au développement d'un des outils les plus concrets et les plus performants de la francophonie multilatérale, instrument dont le caractère opérationnel est évident.
C'est bien sûr le cas en Asie où depuis sa montée sur Asiasat 2, TV5 est le premier programme francophone accessible sur ce continent. Il ne faut d'ailleurs pas relâcher notre effort et de ce point de vue, je crois indispensable de poursuivre notre soutien financier au "décrochage asiatique" . Nous y reviendrons pendant nos travaux.
En dehors de l'Asie, TV5 étend partout son réseau de diffusion Nous avons en particulier, à l'ordre du jour de nos travaux, un point capital : les Etats-Unis, où TV5 est encore très peu présente. La solution est proche. Après des années de discussions sur les choix stratégiques concernant le vecteur approprié de diffusion de notre chaîne, et de nombreuses hésitations sur le coût budgétaire de ce projet américain, la solution est trouvée et sur le point d'être mise en oeuvre à partir du satellite Echostar. Pour sa part, la France est prête à assumer sa part financière du fardeau ; il s'agit même de la seule mesure nouvelle que nous ayons dégagée dans le secteur audiovisuel. C'est dire l'importance que nous y attachons. C'est dire aussi que nous ne pouvons qu'être particulièrement sensibles à la répartition des responsabilités sur ce dossier. J'attends de ce point de vue avec le plus grand intérêt les propositions conjointes qui ont été demandées aux deux TV5 lors de la précédente rencontre des hauts fonctionnaires responsables de TV5, il y a six mois.
Cette opération (TV5 América) est risquée. Elle requiert pour arriver à l'équilibre de trouver rapidement au moins 70 000 abonnés. Seule une mobilisation de tous les partenaires de TV5 (à commencer par tous les réseaux diplomatiques et culturels) en direction des francophiles et francophones peut permettre d'assurer son succès. Il nous faut absolument réussir cette mobilisation commune.
Une deuxième zone présente une importance toute particulière, notamment au plan politique, le Moyen-Orient. La présence francophone y était assurée par un outil spécifiquement français, CFI, et de façon assez marginale par TV5 depuis le satellite Eutelsat. A la suite d'un incident, la diffusion de CFI a été interrompue sur le satellite Arabsat, qui est le "Hot Bird " arabe.
Il nous a donc semblé opportun de proposer aussitôt une substitution par un autre programme français ou francophone et la solution TV5 est apparue, je dirais, naturellement. Contrairement à la plupart des dossiers d'extension, aux Etats-Unis ou ailleurs, celui-ci s'est traité dans l'urgence, pour ne pas dire dans la précipitation, parce qu'il nous fallait absolument conserver, pour une chaîne émettant en français sur Arabsat, ce canal satellite utile et très convoité.
Les travaux du Conseil d'administration d'Arabsat se tiennent actuellement aux Emirats, à Dubaï. Ils devraient conduire à une décision de principe, favorable ou défavorable. Naturellement, dans la première hypothèse, des consultations approfondies au niveau des TV5 et des hauts fonctionnaires interviendraient le plus vite possible afin de préciser les modalités de la confection du programme diffusé et de la collaboration avec Arabsat.
Hors Moyen-Orient, je ne m'étendrai pas sur les autres zones géographiques de diffusion de TV5, non qu'elles soient négligeables, mais parce qu'elles ne présentent pas le même caractère d'urgence et de nouveauté. Nous aurons du reste l'occasion d'y revenir dans le détail tout au long de nos débats.
Mesdames et Messieurs, TV5 est une belle réussite. Toutefois, ce constat ne doit pas nous empêcher de travailler à son perfectionnement au moins dans quatre domaines.
Le premier peut paraître superficiel. Il ne l'est pourtant pas. Il s'agit de l'habillage d'ensemble et de la charte graphique de la chaîne. Celle-ci a besoin d'être rénovée de façon à donner aux téléspectateurs une image de TV5 plus vivante, rajeunie, et de gommer son aspect parfois trop institutionnel.
Je sais que les équipes de TV5 y réfléchissent et qu'un appel d'offres doit être lancé prochainement.
Le second problème, récurrent malheureusement, est le nombre insuffisant de programmes forts, de programmes de stocks (fictions, films, documentaires de qualité) sur TV5. Je crois qu'il s'agit là d'une responsabilité commune. Il nous faut, dans chacun des Etats partenaires, adosser le plus possible les TV5 aux chaînes publiques nationales dont elles sont le prolongement naturel et logique. J'appelle donc ces dernières à s'investir pleinement dans TV5, qui concourt à leur rayonnement, qui entre dans le noyau dur de leur mission de service public et qui, en définitive, ne saurait se développer durablement sans elles.
Troisième élément de faiblesse : l'information L'information sur TV5 relève, en effet, pour l'essentiel de la reprise des journaux télévisés nationaux, à l'exception des journaux ou flashes conçus spécifiquement par TV5, qui sont d'ailleurs de qualité. Il nous faut absolument mettre à l'antenne de la chaîne des journaux adaptés à l'actualité internationale et dont la tonalité ne soit pas principalement locale. Du côté français, France Télévision réfléchit activement à la mise ne place d'une version internationale de son journal télévisé. Je souhaite très vivement que ce projet aille à son terme et suggère également que les partenaires non français de TV5 réfléchissent parallèlement à l'adaptation de leurs propres journaux d'information.
Enfin, je crois qu'il faut ouvrir l'antenne de TV5 à la publicité. Il ne s'agit pas, bien sûr, de transformer la chaîne en chaîne commerciale. Ce n'est pas sa vocation. Cela étant, la publicité est aussi le vecteur de l'image des pays partenaires, elle peut, en la maîtrisant, contribuer à animer et à moderniser l'antenne de TV5, sans négliger les recettes qu'elle peut apporter à la chaîne, recettes particulièrement utiles dans le contexte budgétaire actuel.
Enfin, je voudrais saisir l'occasion qui m'est donnée pour rassurer ceux de nos partenaires qui suivent avec l'intérêt les nombreuses - peut-être trop nombreuses - réflexions engagées en France sur l'avenir de notre dispositif audiovisuel extérieur. Je souhaite réaffirmer avec force le rôle central que joue et que continuera à jouer TV5 au sein de ce dispositif. C'est d'ailleurs au président de TV5 Europe que le nouveau gouvernement français a demandé une analyse des différentes options en matière de télévision internationale et des propositions sur les moyens d'affirmer le rôle de TV5. C'est dire combien l'avenir de TV5 est, du côté français, assuré et confirmé.
Mesdames et Messieurs,
Je ne doute pas que les travaux particulièrement riches qui nous attendent aujourd'hui ne soient l'occasion de débattre, en toute franchise parce qu'en toute amitié, des options stratégiques de TV5 et confortent plus que jamais son rôle de télévision francophone mondiale.
Je voudrais insister c'est un fait remarquable cette année sur la participation des présidents des directeurs des chaînes publiques partenaires de TV5. Pour nous, c'est important, j'aurai l'occasion d'y revenir.
Au cours de cette Conférence, nous avons abordé un certain nombre de questions. C'est un constat de bonne santé de TV5 que nous pouvons dresser au terme de cette journée. Son audience s'accroît. La présence internationale de la chaîne s'affirme. La couverture géographique se développe. Nous sommes aussi conscients que ces progrès exigent une mobilisation accrue des partenaires de la chaîne francophone, et en particulier des chaînes publiques qui l'alimentent. Il faut, dans la concurrence, améliorer sa grille comme la qualité de son information. Mais il faut le faire, et beaucoup y ont insisté dans le respect de l'expression de chacun car c'est aussi ce que les partenaires et les publics de TV5 attendent : la voix plurielle d'une Francophonie de niveau international.
Je vais maintenant, si vous le voulez bien, faire un bref relevé des points qui ont marqué nos conclusions. Bien entendu, mes voisins de tribune sont à votre disposition pour répondre aux questions que vous souhaiteriez leur poser.
La nouvelle qui a dominée cette Conférence, c'est le lancement de TV5 aux Etats-Unis qui doit intervenir en décembre prochain. Cette chaîne sera accessible en réception directe par satellite et sur câble. L'objectif de 1998 est d'atteindre 70 000 abonnés et 225 000 en l'an 2000. C'est dire l'enjeu qui mobilisera nos pouvoirs publics et nos réseaux francophones. Nous avons décidé la création d'une société de droits américains, TV5-USA, qui gérera la diffusion du programme. Après l'Europe en 1984, le Canada et le Québec en 1988, l'Afrique et l'Amérique latine en 1992, l'Asie en 1996, TV5 est en mesure maintenant de viser une couverture mondiale, puisque les Etats-Unis en étaient le dernier grand élément.
Deuxième point qui mérite d'être souligné : l'appui réaffirmé à la diffusion de TV5 au bouquet numérique afin de conforter sa présence ; les pouvoirs publics y sont évidemment attentifs.
Troisièmement, la qualité de l'antenne a beaucoup mobilisé, les débats notamment cet après-midi. Nous nous rendons compte que les progrès doivent être inlassables pour satisfaire des publics de plus en plus exigeants, au fur et à mesure qu'augmente l'offre dans le monde et nous savons l'explosion de cette offre compte tenu des progrès techniques acquis ou attendus. L'habillage de la chaîne, sa grille, la qualité de l'information sont nos enjeux communs. Et il nous est paru essentiel, cette année d'associer à nos débats précisément les présidents-directeurs des chaînes publiques partenaires, de sorte qu'ils soient partie prenante de cette constante amélioration de TV5 et de ce point de vue, leur engagement a été marqué.
Quatrièmement, la Conférence a noté avec satisfaction que TV5-Afrique s'appuierait maintenant sur une implication politique et financière accrue des pays partenaires. La création d'un deuxième décrochage Afrique a été envisagée. Il reste encore à en préciser les données financières, en particulier les participations des uns et des autres. Ceci devrait être fait dans les mois qui viennent. C'est après, seulement, que la décision concernant ce deuxième décrochage pourrait être prise. En tout cas, c'est lors de la prochaine Conférence que la direction de TV5-Afrique pourra nous présenter une étude comprenant l'exposé des partenariats dont disposerait justement l'Afrique en cas de second décrochage.
Cinquièmement, la vocation de TV5, qui a fait rayonner la culture française dans le monde, a bien évidemment été rappelé à la veille du Sommet de Hanoï. La Francophonie s'est engagée au côté de TV5 sur un programme d'animation pédagogique jugé indispensable au moment où, partout, on se remobilise sur l'éducation et la formation des jeunes.
Enfin, forte d'un réseau satellitaire et de contrats de reprises lui permettant sur réseau câblé les systèmes micro-ondes, les bouquets en réception directe d'atteindre 76 millions de foyers, TV5 est maintenant la première des télévisions du service public à couverture mondiale. Ceci méritait d'être rappelé avec quelque solennité.
Je conclus, au moins provisoirement, puisque nous allons engager le dialogue, en disant notre volonté de continuer les efforts entrepris aujourd'hui avec évidemment des budgets toujours surveillés. Nous y sommes tous très attentifs. Nous avons, je crois, oeuvré dans la bonne direction et je voudrais en remercier tous les participants, ceux que j'ai cités et ceux que j'aurais oubliés.
Q - L'affaire Total a-t-elle des implications sur TV5-USA . Avez-vous ressenti quelque chose qui puisse freiner ? Ou les domaines sont-ils totalement différents ?
R - Je n'ai pas eu le sentiment que cette affaire avait télescopé nos discussions, ni les négociations qui ont pu intervenir précédemment.
Q - Qu'en est-il des négociations avec Arabsat ?
R - J'ai, ce matin, rappelé qu'elles étaient en cours, que nous n'avions pas de réponse, ou alors elles seraient intervenues cet après-midi, ce que je ne crois pas. Ce qui m'a amené à proposer à nos partenaires de les tenir informés ultérieurement des résultats de la négociation. Si le résultat était favorable, c'est-à-dire la possibilité pour TV5 de prendre le relais de TF1, ceci engagerait nécessairement quelques dispositions financières dont nous discuterions dans les semaines qui viennent, afin de pouvoir suivre la proposition qui nous serait faite. Voilà où nous en sommes concernant cette question du Moyen-Orient, mais nous considérons que c'est une opportunité qu'il serait bien que TV5 puisse saisir.
On vient de me signaler simplement pour répondre à la question d'Arabsat que les négociations avançaient favorablement. On semble se rapprocher de l'issue heureuse que nous espérions. On n'en sait pas davantage.
Q - Parlant de TV5-Afrique, vous avez dit que la décision ou le souhait est exprimé d'une implication politique et financière plus importante des Etats africains ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
R - Je serais tenté de vous dire que concrètement, et de manière plus précise, c'est au vue du rapport, que le directeur de TV5-Afrique nous présentera, que nous pourrons répondre. Mais la question d'un second décrochage est posée depuis longtemps. On renvoie souvent au besoin d'une meilleure participation des Etats africains. Nous avons proposé, aujourd'hui, que l'on aille plus loin et que, au-delà de cette pétition de principe, nous soyons capables de bâtir un partenariat financier entre les partenaires occidentaux, pour faire simple, et les partenaires africains. Je crois qu'il y a eu, de la part des représentants des Etats africains concernés, accord sur cette démarche, ce qui nous laisse penser que l'on devrait, dans quelques mois, être capables enfin de sortir du simple principe pour décider d'un deuxième décrochage auquel je suis personnellement favorable, en mesurant bien et c'est peut-être là, mon rôle de secrétaire d'Etat à la Coopération et au Développement qui me le fait dire, que TV5-Afrique a une dimension "aide au développement" qui justifie d'autant plus qu'on en fasse davantage.
Merci aux journalistes qui sont là de nous aider à faire savoir ce qu'est et ce que fait TV5. La Francophonie vous en sera reconnaissante.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2001)