Texte intégral
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,
Jospin n'a décidément pas de chance ! Le voilà confronté à un mouvement de contestation des policiers qui prend de l'ampleur et auquel se sont joint, à leur façon, même des gendarmes. Oh, le gouvernement sait se boucher les oreilles pour ne pas entendre les revendications des catégories de salariés qui dépendent de l'Etat. Malgré des manifestations répétées et des mouvements dans un grand nombre d'hôpitaux, il fait la sourde oreille face aux revendications du personnel hospitalier et les fait lanterner depuis des mois, pour éviter d'embaucher autant qu'il serait nécessaire pour compenser le passage aux 35 heures, alors que l'insuffisance des effectifs est déjà dramatique !
Mais, lorsque la catégorie de salariés qui proteste, c'est la police, cela fait désordre et cela pose des problèmes politiques au gouvernement.
La contestation policière est cristallisée sur la loi Guigou dite de "présomption d'innocence". La loi porte le nom d'un ministre du gouvernement socialiste, mais lors de son élaboration, elle a été d'autant mieux accueilli par la droite elle-même qu'elle était surtout destinée à protéger la présomption d'innocence d'une catégorie très particulière de délinquants, ceux qui se trouvent du côté des sommets politiques dirigeants et du côté du patronat.
Un certain nombre de ministres ou d'ex-ministre, de fils à papa présidentiel, de présidents de conseil régional ou de conseil général, en exercice ou à la retraite, ainsi que quelques grands patrons, enfin, tout un beau monde qui avait l'habitude de se considérer au-dessus des lois, étaient inquiétés par des juges d'instruction un peu trop zélés à leur gré. Et il est évidement dur de quitter son appartement de l'avenue Foch, dans le quartier le plus cher de Paris pour s'installer dans une cellule de la prison de Fresnes ou à la Santé... même si ce n'est pas pour longtemps et même si leurs conditions de détention ne sont guère comparables à celles des autres détenus !
Touchés par les malheurs de cette catégorie très spéciale et très minoritaire de détenus, voilà donc que le parlement a voté cette loi. Mais voilà aussi que, par ricochet, elle profite à quelques autres. Et puis, certaines des dispositions de cette loi, comme par exemple l'obligation de filmer les auditions des délinquants, fournissent du travail supplémentaire aux policiers sans leur donner des moyens supplémentaires pour le faire.
Cette loi focalise aujourd'hui tous les mécontentements, y compris contre les risques croissants du métier de policier. Métiers à risques, il l'est, comme bien d'autres, celui des convoyeurs de fonds par exemple, qui payent un lourd tribut au grand banditisme. Sans parler de bien d'autres métiers, comme le bâtiment où les accidents de travail tuent aussi fréquemment que le font les balles des voyous. Il est évidemment compréhensible que les policiers refusent de jouer leur vie pour le salaire qu'on leur donne. Comme il est tout à fait compréhensible qu'ils protestent contre le manque de moyens aussi élémentaires que des gilets pare-balles.
Oh, les policiers ne sont pas plus maltraités que bien d'autres catégories de salariés de l'Etat ! Mais ils ne sont guère mieux traités non plus. La cause en est la même que pour toutes les autres catégories : à force de donner de l'argent au patronat, l'Etat n'en a plus pour les services publics en général, pas même pour ce service public très particulier.
Le gouvernement socialiste en général et le ministre de l'Intérieur, Vaillant, en particulier n'en sont ni plus ni moins responsables que tous les gouvernements et ministres qui les ont précédés. Mais c'est sur eux que cela tombe. En outre, du côté de la police, il est sans doute plus facile de se mobiliser contre un gouvernement qui se prétend de gauche que contre un gouvernement franchement de droite. Tout cela, à quelques mois de l'élection présidentielle, n'arrange certainement pas les affaires du prétendant Jospin.
La protestation policière a amené quelques gestes symboliques du gouvernement : la promesse de procurer un gilet pare-balles à tous et quelques motos rutilantes à la police routière ! Il n'est pas étonnant que cela ne suffise pas à calmer les policiers dont certains dirigeants syndicaux commencent à réclamer la démission de Vaillant. Quant aux policiers de rang, en dehors de leur sécurité, ils revendiquent surtout des augmentations de salaire. Et le gouvernement n'est pas plus prêt à les leur donner qu'à d'autres. Alors, à défaut de lâcher de l'argent, le gouvernement n'est pas avare de discours sécuritaires.
Plus encore que les policiers, ce sont les habitants des quartiers populaires qui subissent les conséquences de la petite délinquance, du vandalisme qui s'ajoute à la dégradation des quartiers populaires, de la violence gratuite. Mais la condition nécessaire sinon suffisante pour mettre fin à cette insécurité-là, c'est de mettre fin à cette insécurité fondamentale menaçant tous les travailleurs, qui est de perdre son travail. Et pour ce qui est de la jeunesse des classes populaire, de ne pas en trouver !
Oui, le problème majeur du monde du travail et, directement ou indirectement, pour toutes les couches populaire, est le chômage. Et depuis plusieurs mois, même d'après les chiffres officiels, le chômage s'aggrave.
Ô, même lorsqu'on nous parlait de croissance, le nombre de chômeurs n'est jamais descendu en-dessous des deux millions ! La baisse du chômage dont se vantait le gouvernement était surtout due à cette manipulation statistique qui, depuis 1995, consiste à rayer des listes de chômeurs ceux qui ont travaillé plus de 78 heures le mois précédent. On a rayé des statistiques du chômage tous les précaires, tous les intérimaires et nombre d'emplois partiels, avec des salaires qui permettent à peine de vivre. La baisse des statistiques du chômage cachait en réalité la généralisation de la précarité. Cette précarité, qui fait que plus de 4 millions de personnes dans ce pays ne sont certes plus comptés comme chômeurs, mais sur l'année, gagnent moins que le SMIC.
Qui, parmi les travailleurs, ne se souvient que, même lorsque le patronat et le gouvernement se disputaient le mérite de ce qu'ils ont appelé "la croissance économique", les grandes entreprises licenciaient quand même ? Michelin annonçait cyniquement le même jour une hausse de ses profits et des suppressions d'emplois ! Le patron de Danone osait affirmer cyniquement que c'est lorsque les affaires vont bien qu'il faut licencier pour pouvoir payer des indemnités ! Et tant pis si ses anciens salariés deviennent chômeurs !
Mais aujourd'hui, en plus, se multiplient les fermetures d'entreprises ou les plans de licenciements que l'on prétend justifier par la dégradation de la situation économique. Moulinex en est devenu le symbole, avec la fermeture de quatre usines et le licenciement de 3700 travailleurs.
Pour justifier la liquidation de Moulinex et les licenciements, on nous dit que l'entreprise n'est plus rentable. Mais, rentable, elle l'a été, pendant des dizaines d'années. Elle a produit des milliards et des milliards de profits.
Pendant que les actionnaires empochaient leur part de profit, les travailleurs de Moulinex, eux, ne s'enrichissaient pas ! Ils ont tout juste vécu en essayant de joindre les deux bouts avec des bas salaires. Mais les propriétaires de ces entreprises, mais leurs actionnaires, combien d'argent ont-ils donc encaissé ? Que sont devenus les milliards qu'ils se sont appropriés ? Dans quelles autres entreprises ont-ils été investis pour exploiter d'autres travailleurs ? Combien de propriétés ou de châteaux, combien de bijoux, de tableaux de maître, de voitures de luxe ou d'avions privés achetés avec cet argent ?
Et pendant que tous ces gens, riche de la sueur et de la peine de leurs ouvriers, ne subissent en rien les conséquences de la disparition de Moulinex et conservent leur vie luxueuse, on a mégoté même sur le dérisoire indemnité supplémentaire de 80.000 francs que voulaient les travailleurs licenciés. Il a fallu qu'ils menacent de faire sauter leur usine pour qu'ils obtiennent, non pas ce qu'ils réclamaient, mais une indemnité hiérarchisée en fonction de l'ancienneté et encore, pas tous.
Alors oui, c'est indigne, c'est révoltant et à force de continuer, ils finiront par provoquer une explosion sociale généralisée qui les obligera de prendre sur les fortunes accumulées de quoi assurer aux travailleurs leur salaire jusqu'à la retraite s'il le faut !
Comme bien d'autres salariés, les travailleurs de Moulinex ont dû se battre le dos au mur. Ils ne peuvent pas, à eux seuls, renverser le rapport de force et imposer que ce ne soit pas les travailleurs mais les actionnaires qui paient pour les aléas de leur économie. Ce qui leur arrive concerne tous les travailleurs car, aujourd'hui, déjà bien d'autres entreprises invoquent la dégradation de la situation économique pour justifier des licenciements et des fermetures d'usines ! Nous sommes tous des Moulinex en puissance. Nous sommes tous menacés par les soubresauts d'une organisation économique démente. Nous sommes tous menacés par l'avidité de ces actionnaires, de ces propriétaires d'entreprises, qui trouvent tout naturel que, lorsque leurs affaires vont moins bien, leur argent reste intouchable et que ce soit aux travailleurs de perdre leurs emplois.
Et plus le chômage s'aggrave, nous le savons bien, plus les patrons qui le provoquent s'en servent contre ceux qui conservent leur emploi, pour aggraver les conditions de travail, pour peser sur les salaires, pour dire aux travailleurs qui protestent : si vous n'êtes pas contents, il y en a d'autres qui attendent à la porte !
Moulinex est un symbole, mais pas une exception. D'Alstom à Valéo, en passant par Aventis, Alcatel ou Philips, combien de grandes entreprises licencient et ferment des usines ? Combien d'autres, moyennes et petites qui, en réduisant leurs effectifs, accroissent le contingent de chômeurs ?
On nous parle aujourd'hui de récession. Mais, quand bien même l'économie serait en récession, est-ce aux travailleurs de payer les pots cassés ? Est-ce normal, est-ce acceptable que ceux qui n'ont en rien bénéficié de l'accroissement des profits perdent leur salaire, qui est leur unique source de revenu ?
Depuis plus de dix ans, les profits des grandes entreprises n'ont cessé de croître. Ces profits élevés ont été obtenus en aggravant l'exploitation des travailleurs. Même les 35 heures, vanté par le gouvernement comme sa grande loi sociale, a surtout donné aux patrons de plus larges possibilités pour accroître la flexibilité des horaires de travail et pour renforcer l'exploitation.
Alors, il n'est pas normal, il n'est pas acceptable que ceux qui se sont enrichis du profit sué par les travailleurs puissent, eux, conserver leurs fortunes accumulées pendant que ceux qui les ont enrichis sont poussés au chômage !
On enseigne dans les écoles que nous sommes tous égaux devant la loi. Mais la loi protège la propriété des actionnaires, pas les travailleurs. Un actionnaire a le droit absolu de protéger son capital. Un travailleur, lui, n'a aucun moyen légal de protéger son emploi.
La loi est la loi, nous dira-t-on, le gouvernement ne peut que l'appliquer. Mais s'il avait voulu, le gouvernement aurait pu changer ces lois injustes. Il en aurait eu le temps depuis qu'il est en place et qu'il a la majorité à l'Assemblée. Mais il ne l'a pas fait, parce qu'il est au service des actionnaires, des propriétaires et des riches, et pas au service des travailleurs !
Eh bien, oui, ce sont les actionnaires, présents ou passés, qui doivent être rendus responsables des difficultés de leurs entreprises ! Et pas seulement sur la part du capital qu'ils y ont conservée, mais sur toute leur fortune personnelle !
Pendant que le gouvernement laisse les travailleurs sans défense face aux licenciements collectifs, il se montre généreux avec le grand patronat et plus généralement, avec les possédants. Je n'énumérerai pas tous les cadeaux fiscaux, toutes les dispenses de cotisations sociales dont bénéficient les grandes entreprises, ni les réductions d'impôt qui, comme la suppression de la tranche supérieure, ne concernent que les plus riches.
Et vous savez, ici à Marseille, combien d'entreprises profitent de l'institution des zones franches, en se contentant souvent de poser une boîte aux lettres dans la zone concernée pour bénéficier d'avantages divers.
Mais parlons donc du cadeau fait récemment par le gouvernement aux patrons des cliniques privées ! Il a suffit à ces patrons un mouvement de deux jours pour faire craquer le gouvernement qui leur a accordé 1,7 milliard de rallonge, venant s'ajouter au 1,4 milliard que l'Etat avait déjà promis. Et c'est dans la caisse de la Sécurité sociale que l'Etat prendra l'argent !
Ces patrons ont eu le culot de mettre en avant le fait que les infirmières de leurs cliniques gagnent 1500 ou 2000 Francs de moins que leurs collègues des hôpitaux publics.
Pour augmenter les infirmières et le personnel des cliniques, pourquoi ne pas prendre sur les revenus des médecins, sur les profits des actionnaires de ces cliniques, dont certaines appartiennent à des sociétés cotées en Bourse, dont une ex-filiale de Vivendi ? Ces cliniques privées ne sont pas des organismes de charité. Ce n'est pas la santé, c'est le profit qui les intéresse.
Leurs patrons se moquent de l'insuffisance des salaires de leurs infirmières comme du prix de leur première Jaguar. Ce qui les gêne, c'est qu'elles risquent de quitter le privé pour rejoindre le public. Et sans infirmières, les cliniques ne peuvent pas fonctionner et rapporter gros.
Elle est belle, leur libre entreprise, qui ne marche qu'à condition que l'Etat prenne en charge une partie des salaires, sans parler de la recherche et des investissements lourds, et que les propriétaires se contentent d'encaisser les profits!
Le gouvernement ne manifeste pas la même complaisance lorsqu'il s'agit des travailleurs ou des chômeurs. Le gouvernement mégote pour reconduire même cette malheureuse prime de Noël en accordant les 3.000 francs ou plutôt, les 500 euros que revendiquent les associations de chômeurs.
C'est la même chose lorsque les handicapés ou les retraités les plus pauvres demandent un relèvement de leur pension.
On nous répète que la Sécu a du mal à boucler ses comptes, en grande partie parce que la part patronale des cotisations se réduit sans cesse. On en prend prétexte pour rogner sur les remboursements des soins. On ferme des hôpitaux, même dans des villes aussi peuplées que Marseille et plus encore, des hôpitaux et des maternités de proximité. Pourquoi faudrait-il que l'argent public, que l'argent des travailleurs, serve à enrichir les actionnaires des cliniques privées et certains médecins spécialistes qui, après avoir été formés dans les hôpitaux publics, opèrent dans des cliniques privées ? Cet argent devrait aller aux hôpitaux publics pour augmenter leurs capacités d'accueil au lieu de les réduire, pour financer des équipements permettant la meilleure qualité de soins possible, pour embaucher du personnel en nombre suffisant et pour payer correctement les infirmières, les aides-soignantes, le personnel technique, mais aussi les internes qui sont en grève en ce moment. La santé devrait être un service public, au service de tous, et pas un moyen pour quelques-uns de s'enrichir.
Et, comble du cynisme, ce même patronat qui prend la Sécurité sociale pour une vache à lait qui vient de protester, par la bouche du vice-président du MEDEF contre la mauvaise gestion de la Sécurité sociale et de proposer sa privatisation. Kessler, sous-fifre de Seillière et par ailleurs, représentant du lobby des assurances, concède volontiers à l'Etat le rôle du collecteur de l'argent par le biais d'une CSG élargie. Mais il veut que la somme collectée ne soit plus gérée par une caisse publique, mais soit livrée à la concurrence et que les assureurs privés aussi bien que des banques ou des institutions financières puissent servir d'intermédiaire entre les assurés et le système de soins.
Ce n'est pas d'hier que le privé lorgne vers la somme considérable que gère la Sécurité sociale, supérieure même au budget de l'Etat, financée par une fraction différée des salaires des travailleurs. Puiser dedans, avec l'aide des gouvernements, ne leur suffit plus, ils veulent tout. Mais comme le but des sociétés privées est de prélever leur part de profit, cela signifiera des garanties à plusieurs vitesses, des inégalités encore plus grandes dans l'accès aux soins ! S'enrichir de l'exploitation des travailleurs ne leur suffit pas, ils veulent continuer à les voler même lorsqu'ils sont malades, même lorsqu'ils sont à la retraite. Il n'est pas question d'accepter cela !
Et ce qui est vrai pour la santé, est vrai pour tous les services publics. Les secteurs susceptibles de rapporter du profit sont privatisés et obligent les usagers de payer plus cher, simplement pour enrichir des actionnaires privés. Et ce qui n'intéresse pas les groupes privés est laissé à l'abandon. La poste supprime des bureaux de proximité. La SNCF supprime des lignes dites secondaires et ferme des gares. Et dans nombre de grandes villes, comme ici à Marseille, les transports publics sont notoirement insuffisants et dans un état lamentable, sans parler du ramassage des ordures dans les quartiers populaires. La gauche réformiste abandonne même ce peu qui le différenciait de la droite dans le passé qui était la défense du service public pour être aujourd'hui l'artisan des privatisations et de la généralisation de la notion de rentabilité même dans ce qui est conservé du service public.
Eh bien, la raison d'être des services publics n'est pas de rapporter de l'argent mais de servir au mieux les besoins des usagers.
Je souhaite cependant interrompre quelques instant ce que j'ai à dire sur la situation en France pour parler de ce qui se passe en Afghanistan, parce que cela nous concerne.
Cela nous concerne déjà parce que nos propres dirigeants politiques, le président de la République de droite aussi bien que le chef du gouvernement de gauche, prétendent parler en notre nom lorsqu'ils engagent le pays dans l'aventure guerrière des grandes puissances dans ce pays.
Oh bien sûr, on pourrait en rire, de leur gesticulation guerrière et de la concurrence lamentable que se livrent au sommet Chirac et Jospin pour apparaître plus va-t-en guerre l'un que l'autre. On pourrait rire de ces militaires envoyés à grand renfort de publicité présidentielle pour faire la loi à Mazar-e-Charif et qui se morfondent en Ouzbekistan, parce que les autorités de là-bas ne les laissent pas passer en Afghanistan ; ou encore, de ce porte-avion nucléaire Charles-de-Gaulle, aussi coûteux que peu disposé jusqu'à présent à naviguer, dont Jospin-Chirac ont annoncé l'envoi contre un pays qui ne dispose pas de côte maritime. Sans parler du comique troupier des stratèges en chambre à la Madelin ou à la Bayrou et quelques autres, expliquant ce que la France aurait du faire pour être un peu plus présente dans la guerre qui se mène là-bas.
Oui, il y aurait de quoi rire des matamores de Paris, si la guerre là-bas n'était pas une vraie guerre, si les missiles et les bombes envoyées n'étaient pas de vrais missiles et de vraies bombes et si ces victimes n'étaient pas dans leur majorité des femmes, des enfants, de pauvres gens qui n'ont été pour rien ni dans le terrorisme de Ben Laden, ni dans le régime des talibans.
Les dirigeants de l'impérialisme français tiennent à participer au maintien de l'ordre impérialiste dans ce pays qui, après avoir subi les armées russes, puis la sanglante loi des chefs de guerre, puis la dictature moyenâgeuse des talibans, a subi les bombardements américains qui ont aidé 0majeure partie de l'Afghanistan.
Comme les dirigeants américains, Chirac et Jospin osent se poser, non seulement en champions de la lutte contre le terrorisme, mais encore, en amis du peuple afghan, préoccupés de son sort.
Mais de Bush à Chirac-Jospin, en passant par Blair et Schröder tous ceux qui s'agitent aujourd'hui autour de l'Afghanistan, ont tous laissé pendant des années ce malheureux pays, un des plus pauvres déjà de la planète, s'enfoncer toujours plus dans la misère, et ses habitants crever de faim ou fuir leur pays. Et quand ils s'y sont intéressés, c'était pour envoyer des bombardiers et des missiles. Une fraction des sommes colossales dépensées par les Etats-Unis pour la guerre, aurait pu sortir la population de la misère et de l'ignorance et par la même empêcher les fanatiques obscurantistes d'arriver au pouvoir.
Mais l'impérialisme n'a que faire du peuple d'Afghanistan ! Les Etats-Unis veulent seulement faire une démonstration de force. La démonstration que l'on ne touche pas à la première puissance du monde sans le payer au centuple, quitte à faire payer ceux qui n'y sont pour rien. Et quant à la puissance impérialiste de second ordre qu'est la France, en jouant le rôle de la cinquième roue du carrosse, elle veut seulement assurer une "présence française", avec l'espoir d'être associée aux marchandages diplomatiques sur l'avenir de l'Afghanistan, et avec l'espoir de retombées pour certains de ses groupes industriels.
Alors, bien sûr, il faut continuer à dénoncer cette guerre ! Oui, il faut dénoncer les proclamations bellicistes de des dirigeants politiques de l'impérialisme français ! Il faut dénoncer l'intervention militaire comme les manoeuvres diplomatiques des grandes puissances impérialistes qui n'assureront pas la paix, mais qui sèment les grains de nouvelles guerres dans la région.
Aux dernières nouvelles, des troupes terrestres seraient en train d'intervenir pour prendre Kandahar, le dernier bastion des talibans. Même lorsque cela sera fait, cela ne ramènera pas en Afghanistan ni les libertés démocratiques, ni la fin de l'oppression notamment pour les femmes, et encore moins la fin de la misère. Cela ne ramènera même pas la paix et la fin du racket de la population. Les chefs de guerre que les Américains ont appuyé sont rivaux pour le pouvoir, opposés les uns aux autres par l'ambition et que la plupart d'entre eux ne sont ni moins obscurantistes ni moins féroces que les talibans. Ils ont d'ailleurs été au pouvoir il y a une dizaine d'années et si les talibans sont parvenus à prendre leur place avec la complicité, à l'époque, des services secrets américains et pakistanais, c'est bien parce que ces chefs de guerre s'étaient mutuellement affaiblis en se combattant et s'étaient déconsidérés en laissant leurs troupes piller, violer et massacrer. Le fait qu'ils aient réussi à s'installer à Kaboul sous la protection de l'aviation américaine ne les a pas rendu meilleurs.
Bush prétendra devant son peuple qu'il a vengé les victimes du World Trade Center et qu'il a porté un coup au terrorisme. Ce qui est un double mensonge parce que les civils afghans innocents, morts sous les bombes américaines ne rachètent ni ne compensent la mort des victimes innocentes américaines du World Trade Center. L'acte barbare des terroristes islamistes a été simplement prolongé par la barbarie moderne de la principale puissance impérialiste du monde.
Et ni les bombardements sur l'Afghanistan ni le changement de régime à Kaboul ne mettront fin au terrorisme. Et pas seulement parce que, si des milliers d'Afghans sont morts, Ben Laden, lui, court encore. Mais surtout parce que le terrorisme se nourrit des agissements de l'impérialisme lui-même.
Ben Laden est un milliardaire dont la famille a été, il y a quelque vingt ans, en affaire dans le pétrole avec la famille de cet autre milliardaire qu'est le président américain Bush. Ni la situation sociale de Ben Laden, ni ses choix politiques réactionnaires n'en font un représentant des pauvres et des opprimés de la planète. Si ses actes terroristes ont cependant trouvé un écho favorable dans bien des endroits de la partie pauvre de la planète, c'est en raison de la haine que suscite la domination impérialiste.
Oui, le système impérialiste, basé sur des inégalités de classe à l'intérieur même des pays riches, signifie aussi la mise en coupe réglée de toute la planète par quelques centaines de grands trusts. Il se traduit par le maintien de centaines de millions d'êtres humains dans la misère, une misère que rien ne justifie en ce XXIe siècle, où les capacités productives de l'Humanité pourraient permettre à tout un chacun de se nourrir, de se vêtir, de se soigner, de s'éduquer, de se cultiver, c'est-à-dire tout simplement de vivre une vie digne de l'être humain.
Pour protéger la domination de leurs trusts sur le monde, les puissances impérialistes soutiennent des régimes oppressifs, soutiennent des dictatures infâmes, pour autant qu'elles soient favorables à leurs intérêts. Ils foulent aux pieds le droit d'une multitude de peuples² à l'existence nationale, comme ils le font dans le cas du peuple palestinien, livré à l'oppression d'un Etat d'Israël supérieurement armé. Tout cela a toujours suscité des réactions et des résistances.
Les grandes puissances ont beau avoir mené des actions terroristes à grande échelle depuis un demi-siècle, comme les bombes atomiques sur un Japon déjà vaincu, comme pendant la guerre du Vietnam, pays sur lequel les Etats-Unis avaient déversé en quelques années plus de bombes qu'il n'en avait été utilisé pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Elles ont beau avoir fait un million de victimes en Irak, par les bombardements aussi bien que par le blocus économique, sans même avoir chassé Saddam Hussein. Eh bien, toutes ces guerres, tous ces massacres n'ont pas empêché des soulèvements, des révoltes, des guerres de libération nationale de se succéder depuis un demi-siècle.
On n'arrête pas un tel fleuve avec les mains, ni même avec des missiles ou des bombardiers B52.
Et, il faut rappeler le rôle de notre propre impérialisme, l'impérialisme français, pas moins abjecte que les Etats-Unis, mais disposant seulement de moins de moyens.
Le procès du général Aussares commencé aujourd'hui, tortionnaire pendant la guerre d'Algérie et fière de l'avoir été, rappelle toutes les infamies commises là-bas pour empêcher le peuple algérien d'accéder à ce droit élémentaire qu'est son émancipation nationale. Et le général n'est pas poursuivi pour avoir torturé et assassiné mais pour l'avoir publiquement reconnu, contrairement à ses semblables, les Bigeards et autres Massu. Mais il faut rappeler que ces généraux tortionnaires ont agi sous les ordres du gouvernement, notamment le gouvernement socialiste de Guy Mollet, dont un des principaux ministres, un des plus impliqués aussi, était alors François Mitterrand. Il y a de quoi être dégoûté des agissements des crapules en uniforme, mais ceux qui leur ont donné les ordres ne sont pas moins criminels, même et surtout s'ils osent en plus se présenter en hommes de gauche et en amis des peuples!
Alors, bien sûr, lorsque les haines, les frustrations, les réactions contre l'oppression sont canalisées par des forces réactionnaires et obscurantistes, elles n'apportent aucune alternative à la société, et c'est dramatique. Mais, là encore, la responsabilité majeure en appartient à l'impérialisme. Car l'intégrisme islamiste a été à ses origines encouragé, financé, aidé, de bien des manières, par les puissances impérialistes et leurs services secrets pour contrebalancer le mouvement ouvrier, voire pour contrer des formes de nationalisme qui les gênaient, notamment dans les pays arabes.
Même lorsqu'ils sont en conflit, l'impérialisme et l'intégrisme s'appuient finalement mutuellement. Alors, la seule alternative pour l'Humanité, c'est la renaissance du mouvement ouvrier. L'alternative, c'est que la classe ouvrière retrouve ses traditions d'organisation et ses perspectives de transformation sociale radicale.
Voilà pourquoi je continue à me revendiquer du communisme et à considérer qu'il représente l'avenir de la société !
Qu'est-ce donc cette organisation économique où la simple survie quotidienne est un problème sur une grande partie de la planète, voire même dans les quartiers pauvres des riches métropoles ?
Qu'est-ce que cette économie où les conditions d'existence et la vie même de milliards d'êtres humains dépendent des sautes d'humeur de quelques milliers d'actionnaires et de leurs spéculations boursières ?
Qu'est-ce que c'est que cette organisation économique et sociale qui pousse en permanence des centaines de milliers d'hommes et de femmes sur le chemin de l'exil pour fuir l'oppression ou simplement la misère ? Des centaines de milliers d'êtres humains, contraints de courir le risque d'embarcations de fortune, des trafiquants d'hommes, pour essayer d'atteindre des pays où ils espèrent une vie à peu près humaine. Une vie que, bien souvent, ils ne trouvent pas parce que les grandes puissances impérialistes, responsables de cette misère et des ces oppressions, s'entourent de barbelés matériels ou juridiques. Combien de travailleurs immigrés sont-ils livrés ici, en France, à l'avidité de patrons, marchands d'esclaves, ou marchands de sommeil ? Tous ces margoulins profitent de la situation illégale de ceux que le gouvernement refuse de régulariser et maintient donc dans la situation de sans-papiers.
Eh bien, je tiens à marquer ici ma solidarité avec les sans-papiers, les demandeurs d'asile et leurs revendications.
Et je suis, bien sûr, pour le droit à la libre circulation de tous les réfugiés, de tous les exilés et pour leur droit de choisir le pays où ils voudraient reconstruire une existence. C'est une simple question d'humanité.
Mais ne s'agit pas seulement de reconnaître les droits humains de ceux qui sont contraints d'émigrer. Il s'agit de mettre fin aux causes des émigrations forcées. Et le seul moyen, c'est de mettre fin à un système économique et social qui les provoque. L'avenir, c'est d'arracher le pouvoir économique et social à ces quelques centaines de groupes financiers et industriels qui dominent la planète et dont les intérêts s'opposent à ce que chaque être humain puisse avoir le droit à une existence digne de ce nom. Prolétaires de tout pays et de toutes origines, c'est ensemble que nous y arriverons !
Camarades et amis,
L'actualité politique tourne de plus en plus autour des élections présidentielles et législatives à venir. Les deux candidats qui se feront face au deuxième tour de l'élection présidentielle, Chirac et Jospin, ne sont pas officiellement en campagne. Mais leurs partis respectifs le sont déjà pour eux.
Les différents partis de la droite parlementaire ont tous, en fait, Chirac pour candidat car la victoire de Chirac à la présidentielle favoriserait, aux législatives la droite face à la gauche Mais les différents partis de droite sont en concurrence les uns avec les autres pour les places de députés. Chacun cherche donc à se mettre dans la meilleure position possible pour les législatives et surtout pour les marchandages qui les précèdent. D'où la multiplicité des candidatures au premier tour de l'élection présidentielle.
Mais Madelin et Bayrou ont aussi des ambitions personnelles qui vont au-delà des législatives. Leur regard est en réalité fixé sur la ligne bleue de l'élection présidentielle de 2007. A cette date, Chirac, élu ou pas en 2002, ne sera plus dans la course. Un créneau sera alors ouvert : celui du représentant de la droite au deuxième tour. Pour se distinguer l'un de l'autre, Bayrou s'essaie, sur certaines questions, à la critique du gouvernement sur sa gauche - ce qui n'est pas trop difficile. Quant à Madelin, il n'a pas à forcer sa nature pour faire la cour à la droite conservatrice, en embauchant Charles Millon parmi ses soutiens. Pour l'instant, dans la compétition entre les seconds couteaux de la droite pour la succession de Chirac, le match est nul, dans tous les sens du terme.
Alors, le choc des ambitions de ces gens-là ne concerne en rien les travailleurs car, sur le plan social, ils sont, tous sans exception, ouvertement dans le camp de la bourgeoisie.
A côté de ces gens de droite rigoureusement interchangeables, il y a toujours le démagogue d'extrême droite. Il incarne toujours la même politique xénophobe, réactionnaire et violemment hostile à la classe ouvrière. Sa montée dans les sondages se nourrit de l'incapacité des autres à résoudre le problème du chômage et de toutes les conséquences qui en découlent, directement ou indirectement, comme l'insécurité dans les quartiers populaires. Et plus la droite et la gauche font de la surenchère sur les thèmes sécuritaires, plus Le Pen en profite !
A gauche, il y aura Jospin. Il dirige le gouvernement depuis bientôt cinq ans. Les travailleurs ont pu vérifier ce que vaut sa politique : sur le plan social, elle est fondamentalement semblable à celle de son prédécesseur de droite, Juppé, aussi hostile aux intérêts des classes populaires, aussi obséquieuse devant le patronat.
Si la cohabitation a marché pendant presque cinq ans, c'est bien que Chirac et Jospin avaient la même politique.
A l'approche des élections, Jospin essaie de redorer son blason auprès de sa base électorale réformiste en reprenant à son compte quelques phrases creuses sur la "mondialisation et ses dangers". Il pousse même l'audace jusqu'à permettre aux députés socialistes de voter un amendement acceptant la taxe Tobin... mais applicable seulement si les autres gouvernements européens en font autant. La taxe Tobin, même appliquée, ne ferait certes pas trembler de peur un seul spéculateur. Alors, j'ignore si le vote de cette taxe, assortie de non application, vaudra à Jospin un peu plus de crédit auprès de quelques naïfs, mais cela ne fera pas oublier aux travailleurs que, pour ce qui est de la menace fondamentale qu'est la perte de leurs emplois, de leurs salaires, le gouvernement les laisse sans défense face au patronat.
Mais les actionnaires, les propriétaires, petits et grands, les classes dites moyennes ont beau être favorisés par ce gouvernement, ils continuent quand même à voter pour la droite car ils préfèrent encore les représentants ouverts de leurs intérêts à leurs représentants honteux. Jospin se trouve dans la situation paradoxale où plus il fait la cour à ceux qui constituent la base électorale de la droite, plus Chirac prend le pas sur lui dans les sondages.
A gauche encore, il y a évidemment le Parti communiste français. Son candidat, Robert Hue, vient de déclarer qu'il sera dans cette élection présidentielle "le candidat anti-MEDEF". Mais en dehors de la campagne électorale ? Que valent les formules du candidat du Parti Communiste si ses ministres continuent à cautionner un gouvernement qui applique une politique favorable aux intérêts du grand patronat ?
Le récent congrès du Parti communiste s'est voulu celui du changement. Mais si changements il y a eu à la direction, il y en a pas eu dans l'orientation politique. Que la direction du PCF se donne pour secrétaire nationale du parti, en la personne de Marie-George Buffet, une ministre de Jospin qui, comme telle, est tenue à la solidarité gouvernementale est tout un symbole. Mais ce n'est pas ce symbole-là qui peut satisfaire ceux des militants qui en ont assez de cautionner la politique anti-ouvrière du gouvernement socialiste !
A gauche encore, si l'on ose dire, il y a les Verts. Ils viennent de vivre une crise d'identité à travers le choix de leur candidat. En fait, ils sont surtout partagés par leur absence de programme politique. Car être écologiste n'est pas un programme politique. Oh, il y en a, parmi eux, qui souhaiteraient des réformes sociales, qui défendent les mal logés, s'opposent aux quartiers insalubres et veulent bien régulariser les sans-papiers. Ils sont, à tout prendre, les plus proches de ce qu'on peut appeler "la gauche" !
Mais ils sont engagés dans l'écologie qui est une impasse du point de vue des revendications sociales.
Et, il y a les autres, ceux qui n'ont pas d'objectif social, les écologistes purs, partisans du roller et du vélo, des usines polluantes à l'écart des villes et de l'agriculture biologique ou du roquefort. De bien bonnes choses, sans doute ! Toutes choses en tout cas auxquelles aspire une petite bourgeoisie ayant les moyens de vivre et voulant vivre selon ses moyens. La classe ouvrière, ce n'est vraiment pas la préoccupation du parti des Verts, si tant est qu'ils ne croient pas que les chaînes des usines d'automobiles ne sont peuplées que de robots luisant de propreté, dans une ambiance musicale !
Ces Verts-là revendiquent, par exemple, sans état d'âme, que le prix de l'essence soit augmenté de façon qu'une partie des automobilistes soient contraints d'abandonner leurs véhicules. Ceux qui seraient alors interdits de voiture et obligés de s'entasser dans des transports publics insuffisants et mal adaptés sont ceux qui ont les revenus les plus modestes, en premier lieu les travailleurs. Mais cette discrimination par l'argent ne gêne pas les Verts.
Pendant leurs quatre ans de gouvernement , les ministres verts, vert par l'étiquette et vert aussi des couleuvres avalées, ont dû bien souvent cautionner des mesures sur la chasse, le nucléaire, les tunnels qui tuent, et aujourd'hui, le troisième aéroport dans la région parisienne, qui ont dû hérisser l'électorat de la base écologiste. Cela ne fait rien. Les Verts en redemandent car ils veulent avoir des ministres, des députés, des maires. Pour cela, ils ont besoin du soutien du PS, alors ils veulent bien jouer, au premier tour, le rôle de rabatteur pour Jospin au second.
Enfin, il y a Chevènement, ancien ministre ayant battu le record des démissions. Il joue, lui aussi sa carte personnelle. Il se dit de gauche, mais il louche en même temps vers la droite. Pour essayer de plaire des deux côtés, il voltige entre la démagogie populiste et la démagogie nationaliste, entre l'invocation de la république et la fermeté sécuritaire. Ca a l'air de marcher: plusieurs députés européens amis de Pasqua ont succombé à son charme souverainiste et annoncent qu'ils voteront pour lui. Et le dernier en date à se déclarer pour Chevènement est Poujade, vous savez, celui qui avait été au milieu des années cinquante à l'origine du poujadisme, qui se voulait le représentant des boutiquiers et dont on ne peut vraiment pas dire qu'il était de gauche !
En fait, les résultats électoraux de ces gens ne concernent pas réellement les travailleurs. Ramasser au premier tour les voix que Jospin n'aurait pas obtenues pour les lui offrir au second sera leur rôle à tous dans la présidentielle.
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis
Le monde du travail subit une offensive incessante de la part du patronat, aidé en cela par le gouvernement. Mais nous avons la force d'arrêter l'offensive patronale, nous avons la force de les faire reculer.
L'ensemble des travailleurs de ce pays, quelle que soit leur branche d'activité ; qu'ils travaillent dans le privé ou dans le public, ont les mêmes intérêts fondamentaux, économiques, sociaux et politiques.
Il faut que le gouvernement en place, quelle que soit son étiquette politique, soit en permanence sous la surveillance et sous la pression des travailleurs.
La pression de la bourgeoisie est, elle, permanente. Le moindre projet du gouvernement, comme d'ailleurs des institutions étatiques, au niveau de la région, du département, de la municipalité, est passé au crible par la bourgeoisie. Elle sait se faire entendre à tous ces niveaux-là pour obtenir des subventions, des avantages, des passe-droits, pour éliminer les rares mesures projetées qui lui déplaisent, pour en imposer d'autres qui sont à son avantage.
Eh bien, les travailleurs doivent exercer une pression dans l'autre sens, non seulement par leurs armes de classe, par des grèves et par des manifestations politiques, mais aussi, directement, en vérifiant eux-mêmes les comptes des entreprises, les comptes de leurs patrons et de leurs principaux actionnaires ! Au pouvoir de l'argent, les travailleurs doivent opposer leur nombre et leur rôle irremplaçable dans la vie économique.
Ce que je souhaite, c'est que les travailleurs n'attendent rien d'autre des élections à venir que l'occasion d'affirmer qu'ils refusent la politique de la bourgeoisie, qu'elle soit présentée avec une sauce de droite ou avec une sauce de gauche. Et c'est cela que je veux leur permettre de faire avec ma candidature à l'élection présidentielle en 2002.
Les élections constituent aussi une occasion de se prononcer sur des objectifs qui pourront devenir ceux des luttes de demain.
Lors de l'élection présidentielle précédente, en 1995, nous étions les seuls à dire que, pour combattre le chômage, il faut interdire les licenciements sous peine de réquisition des entreprises qui s'en rendent coupables. Nous étions les seuls à défendre l'idée qu'il est nécessaire, indispensable, de l'intérêt des travailleurs comme de l'intérêt de toute la société, de contrôler les entreprises, de contrôler les capitaux et leur fonctionnement.
Certaines de ces idées commencent à faire leur chemin. Je suis confiante dans les capacités de la classe ouvrière. Ce sont les patrons par leur avidité et par leur cynisme ou les dirigeants politiques à leur service, qui feront la provocation de trop, celle qui fera exploser la colère du monde du travail.
Eh bien, quand cela arrivera, les idées propagées aujourd'hui deviendront une force. Et, alors, travailleuses, travailleurs, tous ensemble, nous imposerons des objectifs qui changeront le rapport des forces entre le monde du travail et le monde patronal
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 27 novembre 2001)