Interview de M. Ernest-Antoine Seillière, président du MEDEF, dans "Sud ouest" du 11 mars 1999, sur le bilan de la mise en place sur la loi sur les 35 heures, les accords de branche dans les entreprises et la baisse des cotisations patronales sur les bas salaires.

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Média : Sud Ouest

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Ernest-Antoine Seillière est attendu à Biarritz le 11 mars, doit signer, en vertu des nouveaux statuts adoptés à Strasbourg, un contrat de progrès avec l'Union territoriale de la région de Bayonne et du Pays Basque.
A cette occasion, le président du Mouvement des Entreprises de France rappelle, dans une interview à SUD OUEST, les " trois axes du mouvement de rénovation lancés à l'automne dernier ". D'abord, " nous voulions asseoir notre légitimité sur les entrepreneurs du terrain ", autrement dit " sur les organisations territoriales et sur les fédérations ". Ainsi, depuis le 27 octobre, Ernest-Antoine Seillière s'est rendu " dans une vingtaine de villes de province " où il a " rencontré des milliers d'entrepreneurs ". Une démarche de terrain qui a pour but de " retrouver une légitimité que nous avions en partie perdue ". Quant au deuxième axe du mouvement de rénovation, il est de " retrouver une capacité de proposition " rappelle le président du MEDEF. Ce qui a d'ailleurs conduit " à une réforme interne et qui a abouti à la fin de la séparation entre le social et l'économique ". Et aujourd'hui, se réjouit-il, " le MEDEF remarche ". Troisième axe enfin : " l'installation de cette force de proposition dans une démarche non partisane ". En effet, répète Ernest-Antoine Seillière, " nous ne sommes la courroie de transmission de rien et de personne ", mais " nous sommes les représentants des entrepreneurs ". En conséquence, " nous n'avons pas à prendre parti pour ceux qui nous gouvernent ". Aujourd'hui, " la démocratie fonctionne et nous respectons les dirigeants politiques placés au pouvoir ". C'est donc " à nous de faire entendre haut et fort la voix des entrepreneurs " qui sont la " force essentielle de la société civile ". Une force essentielle que le MEDEF consulte régulièrement.
Preuve en est, explique Ernest-Antoine Seillière, " sur les 35 heures, nous avons envoyé un questionnaire à l'ensemble des organisations territoriales et aux fédérations profession-nelles ". Et si c'est en fonction des réponses apportées que le MEDEF " prendra des décisions ", en revanche une chose est sûre : " l'opinion des chefs d'entreprise reste négative " sur cette loi qu'ils considèrent " coûteuse, difficile à mettre en oeuvre et gênante pour la compétitivité de l'économie française " persiste Ernest-Antoine Seillière. En conséquence, " nous avons essayé de voir comment cette loi pouvait être appliquée de la façon la moins dommageable pour les entreprises ". Actuellement, annonce le président du MEDEF, " 40 accords de branche environ ont été conclus, couvrant la moitié des salariés français ". Et comme il le fait depuis plusieurs semaines déjà, Ernest-Antoine Seillière rappelle que c'est " la négociation sociale dans les branches " qui " donnera les indications pour la préparation de la deuxième loi ". Et il persiste et signe : " l'idée que cette seconde loi ne rende pas pleinement applicables les accords sociaux conclus est impensable pour nous ". En un mot, pour le président du MEDEF, " la démocratie sociale de la négociation doit être respectée ".A côté des accords de branche, poursuit-il, les accords signés dans les entreprises ont " donné des résultats insignifiants " en matière de créations d'emplois. En outre, " seules 2 000 entreprises sur 1,2 million ont conclu un accord à ce jour ". Quant aux accords signés par les branches, " ils n'ont encore eu aucune traduction dans les négociations d'entreprise ". C'est pourquoi Ernest-Antoine Seillière considère que " le sujet des 35 heures n'a pas encore fait irruption dans la réalité de l'entreprise ". Il y a même " une sorte de non-dit général ". Enfin, interrogé par SUD OUEST sur la baisse des cotisations patronales sur les bas salaires, le président du MEDEF fait remarquer que l'on ne parle de ce sujet " que de manière floue, confuse, contradictoire et sans aucune vraie concertation ". Et, si pour financer cette mesure, destinée à compenser l'augmentation quasi automatique du Smic résultant des 35 heures, " le gouvernement alourdit les cotisations sur le travail qualifié ou applique une nouvelle taxe sur les investissements ", alors ce serait, pour le MEDEF, un projet " inacceptable ". En effet, prévient Ernest-Antoine Seillière, " cela se traduirait par un frein aux investissements ou une tendance aux départs des sociétés travaillant avec des personnels qualifiés ".
(source http://www.medef.fr, le 14 février 2001)