Texte intégral
J.-P. Elkabbach Une entreprise privée américaine vient de produire des embryons humains par clonage. C'était prévisible, le pas est franchi. Est-ce que le ministre de l'Education nationale a un avis ?
- "Je ne suis pas un spécialiste de ces questions. Ce que je peux vous dire, par intuition, c'est qu'on ne peut pas être hostile à la recherche scientifique, au progrès. D'une certaine manière, les cellules souches qui peuvent donner naissance à des découvertes, peuvent faire progresser la science. Seulement, là encore, il faut savoir enserrer ces recherches dans des règles qui préservent la dignité humaine."
Début 2002, le Parlement français devrait se prononcer sur la loi bioéthique. Il y a trois ans de retard, parce que celle de 1994 devait être aménagée et corrigée en fonction des progrès scientifiques. Pensez-vous que cette fois, il faut aller vite et la faire ?
- "Il me semble qu'il y a deux principes à concilier : d'un côté, on doit assurer une sorte de solidarité entre les êtres humains, entre les aspects vivants qui constituent la matière-même de nos vies, et d'autre part, je le répète, un certain nombre de règles de déontologie qui évitent des débordements ou des violations de la dignité humaine."
La violence est partout, dans les écoles, les collèges, les lycées. A l'issue de ce long premier trimestre de l'année scolaire, est-ce quelle s'est réduite ?
- "Je suis toujours très prudent sur ces sujets. Je peux dire simplement que l'action que nous avons engagée depuis quelques mois, et même depuis quelques années, le dévouement infini des maîtres, des équipes, ainsi que tout une série de mesures ont porté leurs fruits. Je connaîtrai mieux les informations à la veille de Noël, mais je crois pouvoir vous dire qu'aujourd'hui, le combat pour éradiquer la violence dans de nombreux établissements a marqué de grands progrès. Naturellement, nous ne sommes pas à l'abri de tel ou tel incident qui peut se produire ici ou là. C'est une question de volonté collective. J'ai lancé une campagne sur le thème de l'école du respect, de l'école républicaine qui doit être le lieu où chacun respecte chacun..."
Vous croyez que c'est suffisant, qu'il y a des résultats quand on dit "Vive le respect, respectez-vous les uns les autres" ?
- "Non, c'est une campagne qui vient à l'appui de toute une série de mesures que nous avons prises, des mesures de fond : la création d'internats, une pédagogie de la remobilisation, tout ce que nous entreprenons pour transformer l'école, transformer nos collèges, pour redonner aux enfants la possibilité d'avancer, de progresser, contribuent à leur redonner confiance, donc à lutter contre toutes les formes d'incivilité. L'encadrement aussi : aujourd'hui, dans chaque département, il y a un proviseur de la vie scolaire, le travail en commun avec la police, la justice... Tout cela finit par porter ses fruits et je m'en réjouis. Il aurait suffi que vous soyez présent au salon de l'éducation qui s'est déroulé pendant trois jours - nous y étions avec le Premier ministre, L. Jospin..."
J'y suis allé vendredi et j'ai vu quelque chose qui m'a un peu choqué, mais je vous en parlerai après.
- "Bien. En tout cas, samedi, nous y étions avec le Premier ministre, nous avons passé deux heures avec lui. L'accueil chaleureux qu'il a reçu des élèves, des lycéens, des professeurs, des éducateurs montre à quel point, dans notre pays, on a le sentiment que l'éducation fait peau neuve, elle connaît aujourd'hui une dynamique de changement, une métamorphose, nous avançons, nous progressons. Ce qui fait plaisir, c'est de constater à travers ce salon, que toutes nos réformes - l'accent mis sur la langue française, l'introduction des langues vivantes étrangères à l'école, le développement de nouvelles technologies, les innovations pédagogiques - sont devenues réalité en mouvement."
C'est de l'autosatisfaction !
- "Non, c'est une constatation que les observateurs ont pu noter. Je ne dis pas qu'il ne reste pas encore beaucoup de travail, c'est pourquoi je pense que l'action que nous engagée doit se prolonger au cours des cinq prochaines années."
Vendredi, je vous ai vu avec N. Notat, au salon de l'éducation, alors que vous avez volontairement refusé de rencontrer E.-A. Seillière. Pourquoi ?
- "Nous avons des liens permanents avec les entreprises. Nous travaillons étroitement, la main dans la main..."
L'école et l'entreprise, cela marche mieux qu'il y a des années ?
- "Beaucoup mieux ! J'ai d'ailleurs signé cette semaine, avec J.-L. Mélenchon, trois accords cadres avec de très grandes entreprises, dont Sodhexo. Mais M. Seillière n'est plus le président des entrepreneurs, il est devenu un chef de parti. Il utilise des accents qui ne sont pas sans rappeler celui de Comité des forges, lorsque le patronat français combattait de front la gauche. Il a choisi son camp, il l'a dit clairement, il est contre la gauche ! Je n'ai donc pas à discuter avec le chef d'un parti. Je veux bien travailler, et d'ailleurs, on travaille étroitement avec les chefs d'entreprise, avec les cadres ; j'étais moi-même l'invité du forum de L'Expansion, nous avons eu une réunion passionnante la semaine dernière ! Ce qui, par ailleurs, n'est pas acceptable avec M. Seillière, c'est qu'il ne reconnaît même pas l'effort engagé par ce Gouvernement pour l'économie française pour doper la consommation, ce qui fait que malgré les difficultés, notre économie est en avance sur celle des autres pays européens ; il ne reconnaît même pas les efforts fiscaux faits pour les entreprises - la baisse de la taxe professionnelle par D. Strauss-Kahn, la baisse de l'impôt sur les sociétés réalisée par L. Fabius. Dans la vie, qu'il s'agisse de la vie syndicale, de la vie professionnelle, de la vie politique, il faut un minimum d'honnêteté et de rigueur et chacun son métier !"
Vous qui préconisez le respect à l'école, dès que l'on sort de l'école, il y a du sectarisme ?
- "Non, le sectarisme est de l'autre côté : c'est quand un président d'entreprise transforme son organisation en organisation politique."
Vous avez, d'une certaine façon, su ramener la tranquillité dans un milieu en effervescence, beaucoup l'ont remarqué. Est-ce que le remède, c'est de rester dans son coin et de ne plus rien changer ? Je m'adresse à vous en pensant à ce que devrait faire, si c'est encore possible, D. Vaillant...
- "La question à laquelle D. Vaillant est confrontée, est une question extrêmement difficile, que d'ailleurs tous les pays rencontrent aujourd'hui. La police et la gendarmerie paient un lourd tribut et il est vrai que les policiers et gendarmes méritent une reconnaissance et un respect : ce sont des soldats de la liberté et du droit. Je souhaite que dans les prochains jours, le bon sens puisse l'emporter ..."
C'est-à-dire ? Un geste financier ? Des propos sur "les soldats de la République" ?
- "Non, pas seulement des propos. Mais évitons, chacun, les surenchères de tout genre, et je m'excuse de le dire, notamment de la droite qui souffle sur la braise et qui contribue à déstabiliser les choses. Je trouve qu'elle ne manque pas d'air sur ce sujet. Elle a été spécialement nullissime, lorsqu'elle dirigeait la justice et la police, elle nous laissé un service public de la justice dans un piteux état, aucun poste budgétaire n'avait été créé... Il serait temps, à un moment ou à un autre, d'ouvrir les dossiers noirs de l'impéritie de la droite dans la gestion de la police et de la justice..."
Vous déplacez le problème ! Que doit faire le Gouvernement face à la crise dans la police et la gendarmerie ? Faut-il sacrifier des ministres, comme cela a été pratiqué quelquefois ?
- "Nullement. Je crois qu'il faut se serrer les coudes, avancer, accomplir un travail en commun, remonter la pente. En même temps, il faut bien comprendre que, quelle que soit la valeur de la politique menée par le ministre de l'Intérieur, la question de la sécurité nous concerne tous, c'est une oeuvre collective. Chacun se renvoie la balle mais, en réalité, c'est la société que nous devons interroger. Nous-mêmes, les parents, avons notre responsabilité, les hommes politiques, ceux qui ne respectent pas les règles et donnent de mauvais exemples à la jeunesse. Les médias, qui, parfois, propagent l'idéologie du fric facile, les marchands d'illusions, les trafiquants de drogues. Bref, je souhaiterais qu'un jour, autour d'une table, que l'on puisse, les uns et les autres, conclurent une sorte de "pacte des droits et des obligations", où chacun s'engage, comme un combattant pour préserver le droit et la sécurité."
Apparemment, un député UDF ne vous a pas entendu. R. Donnedieu de Vabres vient de dire sur France 2 que D. Vaillant doit démissionner ? Est-ce la solution ?
- "Absolument pas ! D. Vaillant fait un travail difficile, courageux, nous devons l'appuyer, l'épauler. Je le répète : c'est une oeuvre collective à laquelle nous devons travailler les uns et les autres."
Le Premier ministre va-t-il intervenir ? S'exprimer ? Va-t-il faire un geste ?
- "Comme vous le savez, le Premier ministre est un homme qui est en permanence sur le pont, qui travaille, qui s'empare des dossiers, apporte des solutions concrètes. Et puisque vous parlez du Premier ministre, on évoque en ce moment les échéances à venir, je suis convaincu que l'élection présidentielle prochaine se placera sous le signe de l'éthique politique. Je travaille avec lui depuis de nombreuses années, spécialement depuis un an et demi, et je note son courage et, en particulier, son refus des simplismes et des démagogies, ce qui n'est pas le cas de tous les hommes politiques ; son respect de la parole donnée, ce qui n'est pas non plus le cas de ceux qui déchirent leur programme à peine élu ; son honnêteté, son intégrité. C'est là aussi une originalité particulière à certains hommes politiques et enfin, sa capacité à entraîner les équipes. A droite, le principal dirigeant, aujourd'hui, se retrouve un peu seul, la plupart des hommes de droite ont été carbonisés les uns après les autres. Aujourd'hui, il y a une équipe qui entoure L. Jospin, qui est décidée à aller de l'avant et qui, surtout, est décidée à élaborer un projet qui donnera un nouvel horizon à la jeunesse une âme à l'Europe, un souffle à la démocratie..."
Que c'est beau !
- "C'est beau, mais c'est important et nécessaire. Et aussi un élan à la justice sociale qui a besoin de nouvelles avancées."
Vous qui avez l'expérience du tempo en politique, est-ce que vous ne sentez pas plutôt cette sorte de lassitude à l'égard du Gouvernement et de son chef, comme une sorte de "ça suffit, au suivant", comme si les carottes étaient cuites ?
- "J'ai connu cela - et vous aussi, comme observateur - 10 ou 20 fois. Le doute qui s'instille à la faveur de je ne sais quels sondages, qui vont et qui viennent, qui vacillent. Mon sentiment est que la campagne n'est pas ouverte. L. Jospin a en lui une énergie à revendre et les équipes qui l'entourent seront prêtes le moment venu à aller de l'avant, à proposer aux Français de nombreux projets fondés sur des actes réellement engagés et je vous le dis très franchement, je crois en L. Jospin et en nos capacités de rebondissement."
Amen...
- "Merci... Nous ne sommes pas à l'église, nous sommes dans la République !"
Vous avez toujours eu la foi du croyant !
-"Eh bien, la République doit aussi avoir la foi, la foi dans les citoyens."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 2001)
- "Je ne suis pas un spécialiste de ces questions. Ce que je peux vous dire, par intuition, c'est qu'on ne peut pas être hostile à la recherche scientifique, au progrès. D'une certaine manière, les cellules souches qui peuvent donner naissance à des découvertes, peuvent faire progresser la science. Seulement, là encore, il faut savoir enserrer ces recherches dans des règles qui préservent la dignité humaine."
Début 2002, le Parlement français devrait se prononcer sur la loi bioéthique. Il y a trois ans de retard, parce que celle de 1994 devait être aménagée et corrigée en fonction des progrès scientifiques. Pensez-vous que cette fois, il faut aller vite et la faire ?
- "Il me semble qu'il y a deux principes à concilier : d'un côté, on doit assurer une sorte de solidarité entre les êtres humains, entre les aspects vivants qui constituent la matière-même de nos vies, et d'autre part, je le répète, un certain nombre de règles de déontologie qui évitent des débordements ou des violations de la dignité humaine."
La violence est partout, dans les écoles, les collèges, les lycées. A l'issue de ce long premier trimestre de l'année scolaire, est-ce quelle s'est réduite ?
- "Je suis toujours très prudent sur ces sujets. Je peux dire simplement que l'action que nous avons engagée depuis quelques mois, et même depuis quelques années, le dévouement infini des maîtres, des équipes, ainsi que tout une série de mesures ont porté leurs fruits. Je connaîtrai mieux les informations à la veille de Noël, mais je crois pouvoir vous dire qu'aujourd'hui, le combat pour éradiquer la violence dans de nombreux établissements a marqué de grands progrès. Naturellement, nous ne sommes pas à l'abri de tel ou tel incident qui peut se produire ici ou là. C'est une question de volonté collective. J'ai lancé une campagne sur le thème de l'école du respect, de l'école républicaine qui doit être le lieu où chacun respecte chacun..."
Vous croyez que c'est suffisant, qu'il y a des résultats quand on dit "Vive le respect, respectez-vous les uns les autres" ?
- "Non, c'est une campagne qui vient à l'appui de toute une série de mesures que nous avons prises, des mesures de fond : la création d'internats, une pédagogie de la remobilisation, tout ce que nous entreprenons pour transformer l'école, transformer nos collèges, pour redonner aux enfants la possibilité d'avancer, de progresser, contribuent à leur redonner confiance, donc à lutter contre toutes les formes d'incivilité. L'encadrement aussi : aujourd'hui, dans chaque département, il y a un proviseur de la vie scolaire, le travail en commun avec la police, la justice... Tout cela finit par porter ses fruits et je m'en réjouis. Il aurait suffi que vous soyez présent au salon de l'éducation qui s'est déroulé pendant trois jours - nous y étions avec le Premier ministre, L. Jospin..."
J'y suis allé vendredi et j'ai vu quelque chose qui m'a un peu choqué, mais je vous en parlerai après.
- "Bien. En tout cas, samedi, nous y étions avec le Premier ministre, nous avons passé deux heures avec lui. L'accueil chaleureux qu'il a reçu des élèves, des lycéens, des professeurs, des éducateurs montre à quel point, dans notre pays, on a le sentiment que l'éducation fait peau neuve, elle connaît aujourd'hui une dynamique de changement, une métamorphose, nous avançons, nous progressons. Ce qui fait plaisir, c'est de constater à travers ce salon, que toutes nos réformes - l'accent mis sur la langue française, l'introduction des langues vivantes étrangères à l'école, le développement de nouvelles technologies, les innovations pédagogiques - sont devenues réalité en mouvement."
C'est de l'autosatisfaction !
- "Non, c'est une constatation que les observateurs ont pu noter. Je ne dis pas qu'il ne reste pas encore beaucoup de travail, c'est pourquoi je pense que l'action que nous engagée doit se prolonger au cours des cinq prochaines années."
Vendredi, je vous ai vu avec N. Notat, au salon de l'éducation, alors que vous avez volontairement refusé de rencontrer E.-A. Seillière. Pourquoi ?
- "Nous avons des liens permanents avec les entreprises. Nous travaillons étroitement, la main dans la main..."
L'école et l'entreprise, cela marche mieux qu'il y a des années ?
- "Beaucoup mieux ! J'ai d'ailleurs signé cette semaine, avec J.-L. Mélenchon, trois accords cadres avec de très grandes entreprises, dont Sodhexo. Mais M. Seillière n'est plus le président des entrepreneurs, il est devenu un chef de parti. Il utilise des accents qui ne sont pas sans rappeler celui de Comité des forges, lorsque le patronat français combattait de front la gauche. Il a choisi son camp, il l'a dit clairement, il est contre la gauche ! Je n'ai donc pas à discuter avec le chef d'un parti. Je veux bien travailler, et d'ailleurs, on travaille étroitement avec les chefs d'entreprise, avec les cadres ; j'étais moi-même l'invité du forum de L'Expansion, nous avons eu une réunion passionnante la semaine dernière ! Ce qui, par ailleurs, n'est pas acceptable avec M. Seillière, c'est qu'il ne reconnaît même pas l'effort engagé par ce Gouvernement pour l'économie française pour doper la consommation, ce qui fait que malgré les difficultés, notre économie est en avance sur celle des autres pays européens ; il ne reconnaît même pas les efforts fiscaux faits pour les entreprises - la baisse de la taxe professionnelle par D. Strauss-Kahn, la baisse de l'impôt sur les sociétés réalisée par L. Fabius. Dans la vie, qu'il s'agisse de la vie syndicale, de la vie professionnelle, de la vie politique, il faut un minimum d'honnêteté et de rigueur et chacun son métier !"
Vous qui préconisez le respect à l'école, dès que l'on sort de l'école, il y a du sectarisme ?
- "Non, le sectarisme est de l'autre côté : c'est quand un président d'entreprise transforme son organisation en organisation politique."
Vous avez, d'une certaine façon, su ramener la tranquillité dans un milieu en effervescence, beaucoup l'ont remarqué. Est-ce que le remède, c'est de rester dans son coin et de ne plus rien changer ? Je m'adresse à vous en pensant à ce que devrait faire, si c'est encore possible, D. Vaillant...
- "La question à laquelle D. Vaillant est confrontée, est une question extrêmement difficile, que d'ailleurs tous les pays rencontrent aujourd'hui. La police et la gendarmerie paient un lourd tribut et il est vrai que les policiers et gendarmes méritent une reconnaissance et un respect : ce sont des soldats de la liberté et du droit. Je souhaite que dans les prochains jours, le bon sens puisse l'emporter ..."
C'est-à-dire ? Un geste financier ? Des propos sur "les soldats de la République" ?
- "Non, pas seulement des propos. Mais évitons, chacun, les surenchères de tout genre, et je m'excuse de le dire, notamment de la droite qui souffle sur la braise et qui contribue à déstabiliser les choses. Je trouve qu'elle ne manque pas d'air sur ce sujet. Elle a été spécialement nullissime, lorsqu'elle dirigeait la justice et la police, elle nous laissé un service public de la justice dans un piteux état, aucun poste budgétaire n'avait été créé... Il serait temps, à un moment ou à un autre, d'ouvrir les dossiers noirs de l'impéritie de la droite dans la gestion de la police et de la justice..."
Vous déplacez le problème ! Que doit faire le Gouvernement face à la crise dans la police et la gendarmerie ? Faut-il sacrifier des ministres, comme cela a été pratiqué quelquefois ?
- "Nullement. Je crois qu'il faut se serrer les coudes, avancer, accomplir un travail en commun, remonter la pente. En même temps, il faut bien comprendre que, quelle que soit la valeur de la politique menée par le ministre de l'Intérieur, la question de la sécurité nous concerne tous, c'est une oeuvre collective. Chacun se renvoie la balle mais, en réalité, c'est la société que nous devons interroger. Nous-mêmes, les parents, avons notre responsabilité, les hommes politiques, ceux qui ne respectent pas les règles et donnent de mauvais exemples à la jeunesse. Les médias, qui, parfois, propagent l'idéologie du fric facile, les marchands d'illusions, les trafiquants de drogues. Bref, je souhaiterais qu'un jour, autour d'une table, que l'on puisse, les uns et les autres, conclurent une sorte de "pacte des droits et des obligations", où chacun s'engage, comme un combattant pour préserver le droit et la sécurité."
Apparemment, un député UDF ne vous a pas entendu. R. Donnedieu de Vabres vient de dire sur France 2 que D. Vaillant doit démissionner ? Est-ce la solution ?
- "Absolument pas ! D. Vaillant fait un travail difficile, courageux, nous devons l'appuyer, l'épauler. Je le répète : c'est une oeuvre collective à laquelle nous devons travailler les uns et les autres."
Le Premier ministre va-t-il intervenir ? S'exprimer ? Va-t-il faire un geste ?
- "Comme vous le savez, le Premier ministre est un homme qui est en permanence sur le pont, qui travaille, qui s'empare des dossiers, apporte des solutions concrètes. Et puisque vous parlez du Premier ministre, on évoque en ce moment les échéances à venir, je suis convaincu que l'élection présidentielle prochaine se placera sous le signe de l'éthique politique. Je travaille avec lui depuis de nombreuses années, spécialement depuis un an et demi, et je note son courage et, en particulier, son refus des simplismes et des démagogies, ce qui n'est pas le cas de tous les hommes politiques ; son respect de la parole donnée, ce qui n'est pas non plus le cas de ceux qui déchirent leur programme à peine élu ; son honnêteté, son intégrité. C'est là aussi une originalité particulière à certains hommes politiques et enfin, sa capacité à entraîner les équipes. A droite, le principal dirigeant, aujourd'hui, se retrouve un peu seul, la plupart des hommes de droite ont été carbonisés les uns après les autres. Aujourd'hui, il y a une équipe qui entoure L. Jospin, qui est décidée à aller de l'avant et qui, surtout, est décidée à élaborer un projet qui donnera un nouvel horizon à la jeunesse une âme à l'Europe, un souffle à la démocratie..."
Que c'est beau !
- "C'est beau, mais c'est important et nécessaire. Et aussi un élan à la justice sociale qui a besoin de nouvelles avancées."
Vous qui avez l'expérience du tempo en politique, est-ce que vous ne sentez pas plutôt cette sorte de lassitude à l'égard du Gouvernement et de son chef, comme une sorte de "ça suffit, au suivant", comme si les carottes étaient cuites ?
- "J'ai connu cela - et vous aussi, comme observateur - 10 ou 20 fois. Le doute qui s'instille à la faveur de je ne sais quels sondages, qui vont et qui viennent, qui vacillent. Mon sentiment est que la campagne n'est pas ouverte. L. Jospin a en lui une énergie à revendre et les équipes qui l'entourent seront prêtes le moment venu à aller de l'avant, à proposer aux Français de nombreux projets fondés sur des actes réellement engagés et je vous le dis très franchement, je crois en L. Jospin et en nos capacités de rebondissement."
Amen...
- "Merci... Nous ne sommes pas à l'église, nous sommes dans la République !"
Vous avez toujours eu la foi du croyant !
-"Eh bien, la République doit aussi avoir la foi, la foi dans les citoyens."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 2001)