Texte intégral
Ernest-Antoine Seillière et le MEDEF ne resteront pas silencieux dans la période électorale. Avant les propositions, le bilan est sévère.
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) est aujourd'hui à Lille pour un des sept forums régionaux où le patronat élaborera ses propositions en vue des échéances politiques de 2002.
- Faut-il voir dans ces forums une entrée en campagne du MEDEF ?
" Entrée en campagne pourrait signifier entrée en campagne politique. Il ne s'agit pas de cela. Nous avons décidé de sortir du silence et de la pudeur d'expression traditionnels dans les périodes électorales, pour intervenir dans le débat public. Cela se fait sous forme d'une campagne "En avant l'entreprise, en avant la France" qui doit permettre aux entrepreneurs de faire connaître aux Français de façon non partisane leurs propositions sur l'ensemble des sujets de leur compétence. Nous intervenons en tant qu'organisation professionnelle avec une ligne jaune à ne pas franchir : celle qui donnerait le sentiment que nous entrons en politique. "
- Mais quel bilan faites-vous de l'action du gouvernement Jospin ?
" Dans notre domaine, premièrement le partenariat n'a pas été possible. Nous avons toujours été tenus à distance par le gouvernement qui a voulu intervenir dans la vie des entreprises, sans respecter l'autonomie des partenaires sociaux. C'est une situation à peu près unique en Europe. Deuxièmement, ces années ont été un temps d'incontestable dégradation de la compétitivité de la France, de son attractivité, et de baisse de l'intensité de la motivation entrepreneuriale. "
- Vous avez mené le combat contre les 35 heures. Avec le recul, avez-vous toujours la certitude qu'elles ont nui à la compétitivité ?
" Les 35 heures ont été présentées dans notre pays comme une sorte de victoire de la vie personnelle qui libère sur les contraintes du travail qui asservit. C'est une dévalorisation volontaire du travail dans la société. Ce thème soutenu par le slogan de Martine Aubry, "du temps pour moi, du travail pour les autres" a donné aux loisirs une valeur de solidarité et a profondément pénétré dans la sociologie française.
De notre point de vue, les 35 heures imposées par la loi sont un poison à diffusion lente qui "déforce" la capacité de notre pays dans la compétition mondiale. L'argument s'appuyant sur l'investissement étranger en France est électoral. Pour un euro d'investissement étranger en France, il y a trois euros d'investissements français à l'étranger. Ce mouvement s'accentue, démontrant qu'énormément d'entreprises ne pensent plus leur développement sur l'espace économique français. Parce que l'entreprise y est moins bien considérée qu'ailleurs ; parce qu'on y travaille légalement moins qu'ailleurs ; et enfin parce qu'on a construit un ensemble de contraintes qui donne aux entrepreneurs la certitude qu'ils ne pourront pas s'adapter à la réalité de leur marché. La loi de modernisation sociale en est le dernier exemple. "
- Les réactions de désespoir des salariés de Moulinex n'illustrent-elles pas la nécessité d'une loi de modernisation sociale ?
" Dans le cas de Moulinex, il s'agit d'une entreprise qui a connu sur une longue période des difficultés et qui a été empêchée à plusieurs reprises de se restructurer. On arrive finalement au moment où le dépôt de bilan tourne à la catastrophe sociale. Précisément, ce que nous reprochons à la loi dite de modernisation sociale, c'est qu'elle empêchera d'agir à temps. Or plus on attend et plus le péril d'une liquidation est grand. Ce n'est pas rendre service à l'emploi et aux salariés que d'adopter ces dispositions. "
- Quand reverra-ton des administrateurs du MEDEF dans les caisses de la Sécurité sociale ?
" Nous voyons que le gouvernement vient de décider de donner des milliards à l'hôpital public et à l'hospitalisation privée sans même songer à consulter les prétendus gestionnaires de l'assurance maladie. Nous nous félicitons de n'être plus de ceux-là. La démonstration vient d'être faite à deux reprises que cela ne sert strictement à rien d'en être. Nous n'y reviendrons que si on définit des règles de fonctionnement de la Sécurité sociale modifiées en profondeur. Nous ferons connaître très bientôt nos propositions dans ce domaine. "
(Source http://www.medef.fr, le 27 novembre 2001)
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) est aujourd'hui à Lille pour un des sept forums régionaux où le patronat élaborera ses propositions en vue des échéances politiques de 2002.
- Faut-il voir dans ces forums une entrée en campagne du MEDEF ?
" Entrée en campagne pourrait signifier entrée en campagne politique. Il ne s'agit pas de cela. Nous avons décidé de sortir du silence et de la pudeur d'expression traditionnels dans les périodes électorales, pour intervenir dans le débat public. Cela se fait sous forme d'une campagne "En avant l'entreprise, en avant la France" qui doit permettre aux entrepreneurs de faire connaître aux Français de façon non partisane leurs propositions sur l'ensemble des sujets de leur compétence. Nous intervenons en tant qu'organisation professionnelle avec une ligne jaune à ne pas franchir : celle qui donnerait le sentiment que nous entrons en politique. "
- Mais quel bilan faites-vous de l'action du gouvernement Jospin ?
" Dans notre domaine, premièrement le partenariat n'a pas été possible. Nous avons toujours été tenus à distance par le gouvernement qui a voulu intervenir dans la vie des entreprises, sans respecter l'autonomie des partenaires sociaux. C'est une situation à peu près unique en Europe. Deuxièmement, ces années ont été un temps d'incontestable dégradation de la compétitivité de la France, de son attractivité, et de baisse de l'intensité de la motivation entrepreneuriale. "
- Vous avez mené le combat contre les 35 heures. Avec le recul, avez-vous toujours la certitude qu'elles ont nui à la compétitivité ?
" Les 35 heures ont été présentées dans notre pays comme une sorte de victoire de la vie personnelle qui libère sur les contraintes du travail qui asservit. C'est une dévalorisation volontaire du travail dans la société. Ce thème soutenu par le slogan de Martine Aubry, "du temps pour moi, du travail pour les autres" a donné aux loisirs une valeur de solidarité et a profondément pénétré dans la sociologie française.
De notre point de vue, les 35 heures imposées par la loi sont un poison à diffusion lente qui "déforce" la capacité de notre pays dans la compétition mondiale. L'argument s'appuyant sur l'investissement étranger en France est électoral. Pour un euro d'investissement étranger en France, il y a trois euros d'investissements français à l'étranger. Ce mouvement s'accentue, démontrant qu'énormément d'entreprises ne pensent plus leur développement sur l'espace économique français. Parce que l'entreprise y est moins bien considérée qu'ailleurs ; parce qu'on y travaille légalement moins qu'ailleurs ; et enfin parce qu'on a construit un ensemble de contraintes qui donne aux entrepreneurs la certitude qu'ils ne pourront pas s'adapter à la réalité de leur marché. La loi de modernisation sociale en est le dernier exemple. "
- Les réactions de désespoir des salariés de Moulinex n'illustrent-elles pas la nécessité d'une loi de modernisation sociale ?
" Dans le cas de Moulinex, il s'agit d'une entreprise qui a connu sur une longue période des difficultés et qui a été empêchée à plusieurs reprises de se restructurer. On arrive finalement au moment où le dépôt de bilan tourne à la catastrophe sociale. Précisément, ce que nous reprochons à la loi dite de modernisation sociale, c'est qu'elle empêchera d'agir à temps. Or plus on attend et plus le péril d'une liquidation est grand. Ce n'est pas rendre service à l'emploi et aux salariés que d'adopter ces dispositions. "
- Quand reverra-ton des administrateurs du MEDEF dans les caisses de la Sécurité sociale ?
" Nous voyons que le gouvernement vient de décider de donner des milliards à l'hôpital public et à l'hospitalisation privée sans même songer à consulter les prétendus gestionnaires de l'assurance maladie. Nous nous félicitons de n'être plus de ceux-là. La démonstration vient d'être faite à deux reprises que cela ne sert strictement à rien d'en être. Nous n'y reviendrons que si on définit des règles de fonctionnement de la Sécurité sociale modifiées en profondeur. Nous ferons connaître très bientôt nos propositions dans ce domaine. "
(Source http://www.medef.fr, le 27 novembre 2001)