Texte intégral
Je voudrais saluer nos hôtes et remercier le gouvernement japonais pour la qualité de l'accueil qui nous a été réservé, et le féliciter pour le succès de cette conférence.
Je voudrais ensuite saluer le travail qui a été accompli depuis la réunion de Bruxelles par les co-présidents du comité de pilotage (steering group) et par les experts qui ont préparé cette conférence. Je m'associe pleinement aux appréciations exposées par mon collègue espagnol et M. Patten.
Je voudrais surtout me tourner vers le président Hamid Karzai, que j'ai eu l'honneur de rencontrer dès son arrivée à Kaboul et lui redire tout le respect et toute l'amitié que nous lui portons. Je réaffirme la volonté de la France, avec ses partenaires de l'Union européenne et avec tous ceux qui sont aujourd'hui réunis, d'aider le peuple afghan à tourner définitivement la page de l'obscurantisme, de la guerre et de la misère.
En quelques semaines, un long chemin a été parcouru. Il y a deux mois et demi à peine, l'offensive finale contre le régime des Taleban était engagée. Pour la coalition internationale, il s'agissait d'abattre l'organisation terroriste monstrueuse qui avait organisé les attentats du 11 septembre et qui participait à l'asservissement du peuple afghan. Dès le 20 novembre, le processus qui nous réunit aujourd'hui était lancé à Washington, puis à Bruxelles.
Les Etats, les organisations internationales, les institutions financières, les organisations non gouvernementales, se sont mobilisés pour que l'Afghanistan retrouve ce à quoi il a droit : la paix et le développement, la vie et la liberté.
Les Nations unies jouent un rôle central dans le processus politique qui a permis la mise en place d'une administration intérimaire. Je voudrais à cette occasion saluer le travail accompli par le représentant spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi, et lui redire notre plein appui dans l'accomplissement de son mandat. La phase de transition vient de commencer, elle durera près de deux années.
Mais dès à présent, le peuple afghan recouvre sa dignité, bafouée depuis trop longtemps. Il appartient à ses dirigeants de poursuivre le processus politique, de respecter les Droits de l'Homme, et, nous y insistons, ceux des femmes. Nous souhaitons que l'effort accompli par la communauté internationale accompagne pleinement la réussite du processus politique.
La disponibilité de la communauté internationale à aider l'Afghanistan, y compris en instituant une force internationale d'assistance à la sécurité, est établie. La France y contribue.
Les pays voisins de l'Afghanistan ont évidemment un rôle à jouer pour participer de leur mieux à la stabilisation de ce pays. Nous les encourageons à développer avec la nouvelle autorité intérimaire des relations de coopération et de confiance, dans le respect des droits du peuple Afghan.
Pour nous tous, rassemblés aujourd'hui, il est temps d'adopter un programme de travail, d'identifier les priorités, de fixer un calendrier, de préciser les méthodes, de répondre aux urgences, et de nous inscrire aussi dans la durée. Notre action devra veiller à répondre aux besoins les plus urgents, les plus impérieux, mais aussi à lancer les programmes qui permettront à l'Afghanistan de s'engager sur le chemin de la croissance économique et, par conséquent, du développement, parce qu'au premier chef, la reconstruction de l'Afghanistan sera le fait des Afghans. De ce point de vue, il est essentiel :
a) D'assurer la participation active des autorités afghanes à l'identification des priorités et à la mise en oeuvre des projets : nos mécanismes de coordination doivent leur donner toute leur place.
b) D'aider à la reconstitution de l'Etat, c'est à dire à construire des institutions et des administrations aussi bien au niveau central que local. La France est prête à y consacrer une partie de son aide en liaison avec le PNUD.
c) Mais il y a surtout priorité à reconstituer la ressource humaine qui sera la première richesse du nouvel Afghanistan. La France considère que l'aide à l'enseignement et à la formation est particulièrement essentielle. Elle consacrera une large partie de son aide à rouvrir écoles et lycées qui seront, j'y insiste, libres et égaux d'accès.
d) Dans l'immédiat, veillons à ne pas relâcher l'effort engagé dans le domaine humanitaire ; il reste à répondre aux besoins essentiels dans le domaine de la santé. La France, par son gouvernement, par ses ONG, est déjà largement engagée dans cette action ; elle mettra demain en oeuvre une coopération hospitalière majeure à Kaboul.
e) Il nous faudra bien sûr déminer le pays. La sécurité des populations et de tous ceux qui vont participer à la reconstruction en dépend. C'est une condition à la reprise de l'agriculture. L'armée française participe déjà à cet effort.
f) Il nous faudra impérieusement empêcher le retour de la culture du pavot et détruire la drogue là où elle est déjà produite. Il en va du maintien de la stabilité en Afghanistan et dans la région. Cela suppose une action courageuse des autorités afghanes - et je salue la décision récente interdisant la culture, le trafic et l'usage du pavot - et une aide déterminée de la communauté internationale, à laquelle la France est prête à participer.
g) Il nous faudra reconstruire les infrastructures nécessaires à la satisfaction des besoins sociaux essentiels, indispensables à un pays moderne.
h) Enfin, il n'est pas de pays sans mémoire, sans patrimoine. La France participera au recensement, à la préservation et à la reconstitution du patrimoine culturel afghan.
En réponse à ces besoins, la France est en mesure d'apporter, pour les mois immédiats, et hors action humanitaire, une contribution de 27, 5 millions d'euros. Elle s'ajoute à la part de la France dans les actions conduites par l'UE et les institutions internationales. La tâche à accomplir est vaste. Elle n'est pas exempte d'embûches et de périls. Les Afghans ont montré qu'ils étaient décidés à reprendre en main leur futur. Il appartient à la communauté internationale de les aider à parcourir ce formidable trajet de l'oppression et de la misère à la liberté et au développement. La France y prendra toute sa part.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2002)
Je voudrais ensuite saluer le travail qui a été accompli depuis la réunion de Bruxelles par les co-présidents du comité de pilotage (steering group) et par les experts qui ont préparé cette conférence. Je m'associe pleinement aux appréciations exposées par mon collègue espagnol et M. Patten.
Je voudrais surtout me tourner vers le président Hamid Karzai, que j'ai eu l'honneur de rencontrer dès son arrivée à Kaboul et lui redire tout le respect et toute l'amitié que nous lui portons. Je réaffirme la volonté de la France, avec ses partenaires de l'Union européenne et avec tous ceux qui sont aujourd'hui réunis, d'aider le peuple afghan à tourner définitivement la page de l'obscurantisme, de la guerre et de la misère.
En quelques semaines, un long chemin a été parcouru. Il y a deux mois et demi à peine, l'offensive finale contre le régime des Taleban était engagée. Pour la coalition internationale, il s'agissait d'abattre l'organisation terroriste monstrueuse qui avait organisé les attentats du 11 septembre et qui participait à l'asservissement du peuple afghan. Dès le 20 novembre, le processus qui nous réunit aujourd'hui était lancé à Washington, puis à Bruxelles.
Les Etats, les organisations internationales, les institutions financières, les organisations non gouvernementales, se sont mobilisés pour que l'Afghanistan retrouve ce à quoi il a droit : la paix et le développement, la vie et la liberté.
Les Nations unies jouent un rôle central dans le processus politique qui a permis la mise en place d'une administration intérimaire. Je voudrais à cette occasion saluer le travail accompli par le représentant spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi, et lui redire notre plein appui dans l'accomplissement de son mandat. La phase de transition vient de commencer, elle durera près de deux années.
Mais dès à présent, le peuple afghan recouvre sa dignité, bafouée depuis trop longtemps. Il appartient à ses dirigeants de poursuivre le processus politique, de respecter les Droits de l'Homme, et, nous y insistons, ceux des femmes. Nous souhaitons que l'effort accompli par la communauté internationale accompagne pleinement la réussite du processus politique.
La disponibilité de la communauté internationale à aider l'Afghanistan, y compris en instituant une force internationale d'assistance à la sécurité, est établie. La France y contribue.
Les pays voisins de l'Afghanistan ont évidemment un rôle à jouer pour participer de leur mieux à la stabilisation de ce pays. Nous les encourageons à développer avec la nouvelle autorité intérimaire des relations de coopération et de confiance, dans le respect des droits du peuple Afghan.
Pour nous tous, rassemblés aujourd'hui, il est temps d'adopter un programme de travail, d'identifier les priorités, de fixer un calendrier, de préciser les méthodes, de répondre aux urgences, et de nous inscrire aussi dans la durée. Notre action devra veiller à répondre aux besoins les plus urgents, les plus impérieux, mais aussi à lancer les programmes qui permettront à l'Afghanistan de s'engager sur le chemin de la croissance économique et, par conséquent, du développement, parce qu'au premier chef, la reconstruction de l'Afghanistan sera le fait des Afghans. De ce point de vue, il est essentiel :
a) D'assurer la participation active des autorités afghanes à l'identification des priorités et à la mise en oeuvre des projets : nos mécanismes de coordination doivent leur donner toute leur place.
b) D'aider à la reconstitution de l'Etat, c'est à dire à construire des institutions et des administrations aussi bien au niveau central que local. La France est prête à y consacrer une partie de son aide en liaison avec le PNUD.
c) Mais il y a surtout priorité à reconstituer la ressource humaine qui sera la première richesse du nouvel Afghanistan. La France considère que l'aide à l'enseignement et à la formation est particulièrement essentielle. Elle consacrera une large partie de son aide à rouvrir écoles et lycées qui seront, j'y insiste, libres et égaux d'accès.
d) Dans l'immédiat, veillons à ne pas relâcher l'effort engagé dans le domaine humanitaire ; il reste à répondre aux besoins essentiels dans le domaine de la santé. La France, par son gouvernement, par ses ONG, est déjà largement engagée dans cette action ; elle mettra demain en oeuvre une coopération hospitalière majeure à Kaboul.
e) Il nous faudra bien sûr déminer le pays. La sécurité des populations et de tous ceux qui vont participer à la reconstruction en dépend. C'est une condition à la reprise de l'agriculture. L'armée française participe déjà à cet effort.
f) Il nous faudra impérieusement empêcher le retour de la culture du pavot et détruire la drogue là où elle est déjà produite. Il en va du maintien de la stabilité en Afghanistan et dans la région. Cela suppose une action courageuse des autorités afghanes - et je salue la décision récente interdisant la culture, le trafic et l'usage du pavot - et une aide déterminée de la communauté internationale, à laquelle la France est prête à participer.
g) Il nous faudra reconstruire les infrastructures nécessaires à la satisfaction des besoins sociaux essentiels, indispensables à un pays moderne.
h) Enfin, il n'est pas de pays sans mémoire, sans patrimoine. La France participera au recensement, à la préservation et à la reconstitution du patrimoine culturel afghan.
En réponse à ces besoins, la France est en mesure d'apporter, pour les mois immédiats, et hors action humanitaire, une contribution de 27, 5 millions d'euros. Elle s'ajoute à la part de la France dans les actions conduites par l'UE et les institutions internationales. La tâche à accomplir est vaste. Elle n'est pas exempte d'embûches et de périls. Les Afghans ont montré qu'ils étaient décidés à reprendre en main leur futur. Il appartient à la communauté internationale de les aider à parcourir ce formidable trajet de l'oppression et de la misère à la liberté et au développement. La France y prendra toute sa part.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2002)