Déclaration de M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la nécessité du renforcement de la présence des entreprises françaises au Japon et sur les grandes ligne du plan "PME-Japon", Toulouse le 23 octobre 1997.

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Circonstance : Séminaire "Japon" et lancement du plan "PME-Japon" à Toulouse le 23 octobre 1997

Texte intégral

M. l'Ambassadeur,
M. le Préfet,
M. le Directeur Général,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi d'abord de commencer par féliciter les organisateurs de ce séminaire, la chambre régionale et bien entendu le JETRO. Cette réunion est, par elle-même, un excellent exemple de la coopération engagée avec nos partenaires japonais.
C'est pour cela que je suis venu à Toulouse aujourd'hui : pour profiter de ce rassemblement de compétences et d'expériences franco-japonaises, pour présenter, bien sûr, le plan d'actions "PME Japon", et pour écouter les suggestions et les propositions que vous pourriez nous faire pour renforcer la présence au Japon de nos entreprises et en particulier de nos PME.
Permettez moi d'abord quelques mots sur les raisons pour lesquelles je considère que cette opération est importante.
Notre commerce extérieur se porte bien. Pour les sept premiers mois de 1997, notre excédent commercial s'élève à 102 milliards de francs, soit nettement plus que sur l'ensemble de l'année 1996 (89 milliards). C'est un excédent qui est largement structurel, et qui contribue fortement à la croissance et à l'emploi. Les estimations faites montrent que l'effet de notre commerce extérieur sur l'emploi a permis une création nette d'environ 100 à 200 000 emplois en 1996, et vraisemblablement un montant équivalent depuis le début de 1997.
Pour autant nous devons, en permanence, continuer à accompagner l'effort d'adaptation de nos entreprises et du dispositif d'appui des pouvoirs publics. Les points sur lesquels nous devons concentrer notre action sont bien connus : présence insuffisante sur les marchés émergents, notamment en Asie ; effort accru à faire en direction des PME ; meilleure utilisation des technologies de l'information dans notre action internationale.
Le Japon est un bon exemple. L'économie japonaise est entrée dans une phase de mutations importantes. Le gouvernement a engagé des efforts de déréglementation qui sont appelés à se poursuivre. Dans le même temps, nos échanges avec ce pays ont sensiblement évolué. Notre déficit commercial bilatéral s'est réduit et notre taux de couverture s'est redressé.
Ces évolutions se profilaient il y a 5 ans quand Dominique Strauss-Kahn a lancé la campagne " le Japon c'est possible ". Elles se confirment aujourd'hui, il faut en tirer les conséquences et continuer à faire évoluer les priorités de notre dispositif d'appui pour tenir compte des changements en cours au Japon.
Clairement, c'est sur les PME que nous devons aujourd'hui faire porter l'effort.
L'importance croissante des PME dans les échanges est un phénomène général. C'est pour cela qu'il faut en faire aujourd'hui une priorité, et non pas parce que nos PME seraient moins performantes que celles de nos voisins, ce qui reste à démontrer et qui ne me semble pas exact. Puisque les petites et les moyennes entreprises sont appelées à jouer un rôle plus important dans les échanges, nous devons adapter nos raisonnements en conséquence.
Au Japon, les PME ne sont pas absentes, loin de là : en 94, la part de nos exportations vers le Japon réalisée par les PME était supérieure à celle qui a été enregistrée dans le cas des États-Unis ou de l'Espagne. Le marché japonais est pour nous, aujourd'hui, pour une grande part, un marché de biens de consommations et de produits des industries agro-alimentaires, bien plus qu'un marché de grands contrats. Il faut poursuivre dans cette direction et s'apprêter à tirer profit des efforts de déréglementation entrepris, dont le gouvernement japonais nous dit aujourd'hui qu'ils seront poursuivis, et que nous nous efforçons de suivre attentivement avec le soutien de la Commission Européenne.
Enfin, j'ai rappelé il y a un instant l'importance que nous devons accorder aux marchés d'Asie dans leur ensemble si nous voulons rattraper le retard enregistré dans cette zone. Je reviens d'Asie du Sud-Est, où j'ai passé près de 10 jours. Je reste confiant dans le potentiel de développement de cette région, en dépit des soubresauts monétaires qu'elle traverse.
Face à des stratégies d'approche qui deviennent de plus en plus souvent des stratégies régionales, le renforcement de nos échanges avec le Japon doit être l'un de nos objectifs. Le Japon peut désormais être une bonne plate-forme pour permettre à nos PME de se développer dans le reste de la région, parce qu'une référence japonaise c'est, bien souvent, une référence pour l'ensemble de la zone, pour les produits de biens de consommation comme pour les entreprises sous-traitante, par exemple dans le secteur automobile.
Concrètement, que faut-il faire ?
Le plan PME-Japon prévoit 20 mesures, je ne reviens pas en détail sur chacune d'entre elles. Permettez-moi seulement quelques commentaires.
Tout d'abord nous avons essayé de réaliser un plan qui aborde les principaux problèmes que rencontrent les PME : l'information, la promotion de nos exportations et de nos implantations, les problèmes - souvent déterminants - de formation et de recrutement.
Parmi les différentes actions prévues pour la promotion de l'offre française, j'attire en particulier votre attention sur l'exposition qui est prévue à Tokyo en Juin prochain. J'ai décidé de retenir le Japon parmi les quatre destinations privilégiées par le CFME. C'est un choix qui reflète la priorité que nous avons décidé de marquer en direction des pays d'Asie. Deux autres des expositions se dérouleront d'ailleurs aussi dans cette zone, aux Philippines et en Indonésie. Ces trois opérations forment un ensemble cohérent pour aider à l'approche des marchés sur l'ensemble de la région. Dans le cas du Japon, le choix du thème (l'aménagement de la maison) correspond aussi bien à des secteurs sur lesquels nos PME sont performantes et peuvent se développer.
En second lieu, j'ai eu, au cours des dernières semaines, des contacts avec des PME françaises qui travaillent au Japon, notamment lors de ma visite à Tokyo fin septembre. Dans tous les cas, je suis frappé de l'optimisme de mes interlocuteurs qui, tous, me disent qu'avec le bon mode d'emploi, une PME peut réaliser de bonnes affaires sur ce marché. Les 20 exemples de réussites de PME françaises réunis dans la brochure réalisée par les Conseillers du Commerce Extérieur et le poste d'expansion à Tokyo ont une vertu pédagogique évidente. Il faut, je crois, poursuivre dans ce sens et développer les échanges d'expériences entre entreprises, et bien entendu entre les entreprises et l'Administration. J'ai déjà eu l'occasion de le dire, je sais qu'il est absurde de prétendre dicter une marche à suivre depuis un bureau parisien, qu'il s'agisse de conseiller les entreprises pour leurs opérations ou de définir les modalités d'intervention des pouvoirs publics.
Le troisième point sur lequel je veux insister, c'est la méthode qui est derrière l'élaboration de ce plan.
Tout d'abord, je dois le redire ici, Monsieur le Directeur Général du Jetro, ce plan n'aurait pas vu le jour sans la contribution de nos amis japonais qui ont consacré beaucoup d'énergie, de savoir-faire et de moyens à cette opération. Cette coopération est un atout important pour nos entreprises, je souhaite qu'elle se poursuive durablement.
En second lieu, j'ai parlé des efforts accomplis par les conseillers du commerce extérieur et les entreprises qui connaissent déjà le Japon pour partager leur expérience, et c'est à l'évidence un aspect essentiel de ce plan. Encore une fois, notre premier partenaire, pour conseiller les entreprises, ce sont les entreprises elles-mêmes. L'exemple est à suivre.
Enfin, ce plan a un mérite essentiel, qui est d'avoir conduit l'ensemble des acteurs institutionnels, les chambres de commerce, les conseillers du commerce extérieurs que j'ai déjà cité, le réseau de la DREE à l'étranger et dans les régions, les conseils régionaux. Ces actions ont été préparées avec pragmatisme, en utilisant au mieux les compétences de chacun.
Un mot, pour conclure, sur les suites à réserver à ce travail.
Les annonces sont une chose, mais l'important c'est ce qui va suivre. Tous les acteurs compétents ont su travailler ensemble sur un projet pragmatique et concret. Il ne faut pas s'arrêter là. Ce plan de travail doit être évolutif, adaptable en fonction des besoins et du terrain. D'ores et déjà, je vois trois sujets sur lesquels nous serons appelés à compléter les efforts engagés.
Le premier, c'est l'utilisation des technologies de l'information. Une amorce dans ce sens est contenue dans le plan, c'est, peut-être symboliquement, la première action de la liste, elle concerne le fonctionnement des outils Internet dont nous disposons. C'est une bonne chose, mais ce n'est à l'évidence pas suffisant. Nous ne sommes naturellement plus au stade où nous pouvons nous contenter de symboles ou de mesures d'affichage. Il faut aller plus loin, avec l'ensemble des partenaires concernés, pour disposer, sous une forme Internet ou intranet, d'un véritable outil d'information.
Le second, ce sont les investissements et les implantations. Il est de plus en plus clair qu'il s'agit là de l'un de nos handicaps les plus pénalisants. Il faudra probablement accentuer encore nos efforts dans ce sens.
Enfin j'ai noté que les régions avaient été un peu associées à la réflexion. Mais je suis certain qu'elles peuvent l'être plus. Même si toutes les régions n'ont pas nécessairement les mêmes priorités géographiques, je veillerai à ce qu'elles soient associées le plus étroitement possible chaque fois qu'elles le souhaiteront, aux actions que nous menons, en direction du Japon, et bien sûr de manière plus générale.
Je vous remercie.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 20 août 2002)