Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs
C'est la fête du football africain qui m'a conduit à Bamako. J'ai assisté à ce magnifique match entre le Cameroun et le Sénégal. Ce match est venu couronner en beauté le pari du Mali et de son président d'organiser la CAN 2002. Pari réussi.
Beaucoup, il y a trois ans, doutaient, il faut bien le dire, de la possibilité pour le Mali, dépourvu d'infrastructures, d'organiser un tel événement dans un délai aussi court. Leurs pronostics ont été déjoués. Que ce soit sur le plan de l'organisation ou sur celui du sport, le Mali a su relever le défi.
La France est fière d'avoir contribué à cet événement. Elle s'y était engagée dès qu'avait été connue la décision de la CAF d'attribuer au Mali l'organisation de la CAN 2002. Cet engagement avait été confirmé au plus haut niveau de l'Etat lors de la visite officielle du président Konaré en France en septembre 2000. Les moyens mobilisés, dans ce cadre, au titre de la coopération franco-malienne ont représenté au total près de 3 milliards de FCFA. Je les rappelle :
- un projet de 800 millions de FCFA du Fonds de Solidarité Prioritaire a permis de renforcer les capacités des services publics maliens mis à contribution dans le cadre de la CAN : sécurité publique, protection civile, services d'urgence des hôpitaux et télévision nationale en ont été les principaux bénéficiaires ;
- l'équipe nationale, quant à elle, a bénéficié de stages de préparation en France et de matériels ; même si la valeur et l'engagement personnel et collectif de vos joueurs (dont beaucoup évoluent dans nos clubs) ont été déterminants, je me plais à croire que ces stages ont modestement contribué au magnifique résultat de votre équipe ;
- les images des compétitions, enfin, ont été sur toutes les télévisions africaines. La retransmission, confiée - après mise en concurrence - à la société espagnole Médiapro, a été refinancée par la France à hauteur de 1,9 milliard de FCFA J'ai eu ce matin le plaisir de signer la convention relative à la deuxième tranche de 900 millions de FCFA de ce financement.
Mais, hélas, il n'y a pas que le sport et le foot La fête se termine. Les réalités du pays sont là. Notre coopération est là pour accompagner le Mali dans la durée dans son effort pour le développement. Les deux autres conventions de financement que nous avons signées ce matin s'inscrivent dans ce cadre. Je veux souligner tout particulièrement leur caractère exemplaire.
La première concerne la santé. Un système de soins, quelle qu'en soit la qualité, n'a évidemment de sens que si les populations y ont accès. Cela suppose bien entendu un nombre suffisant de centres de santé et une répartition géographique satisfaisante de ces centres. Cela implique également que les malades aient les moyens financiers nécessaires.
Le financement par les bénéficiaires d'une part significative du coût des soins ne doit pas conduire à restreindre l'accès aux centres de santé. C'est pourquoi il est essentiel d'élaborer des mécanismes de financement du système de santé reposant sur la solidarité entre les individus. Le Mali a reconnu cet objectif comme prioritaire puisqu'il constitue l'un des cinq volets de son programme de développement sanitaire et social.
La coopération française a, pour sa part, accompagné le gouvernement du Mali dans ce secteur depuis 1996.
Cet effort commun a abouti à la structuration du système mutualiste, grâce aux efforts de l'Union technique de la mutualité, à la création de nombreuses mutuelles de santé par la population et à la couverture d'un nombre croissant de personnes, même s'il est encore insuffisant, face aux risques de maladie.
Il faut aller plus loin et c'est ce que nous nous proposons aujourd'hui de faire ensemble : accroître le nombre de personnes couvertes, mais aussi s'assurer que les milieux les moins favorisés aient accès aux mutuelles de santé. Ce nouvel effort favorisera l'émergence de mutuelles de terrain, en particulier dans le monde rural.
Le soutien que la coopération française apport au Mali se situe cette fois dans le cadre d'un programme régional d'un montant global de 4 millions d'euros. Il est en effet important de faire bénéficier les autres pays de la sous-région des succès enregistrés au Mali, laboratoire d'idées dans les domaines sanitaires et sociaux. Le montant du volet malien de ce projet régional s'élève à 560 millions de FCFA.
La seconde convention de financement du FSP concerne le codéveloppement. Nous venons de signer une convention de 1,7 milliards de FCFA pour la mise en uvre du codéveloppement au Mali. C'est, pour nous, l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis la signature à Paris le 21 décembre 2000 d'une convention de codéveloppement entre nos deux pays.
En effet, les politiques de coopération ne peuvent plus s'abstraire de la nécessité de prendre en compte la migration des hommes comme un élément clef du développement ou du mal développement des pays du Sud. Cela concerne au premier plan la relation franco-malienne, puisque les transferts d'argent issus de la diaspora malienne installée en France sont sensiblement équivalents à l'aide publique française au Mali. D'un autre côté, la France attire de nombreux Maliens formés, dont les compétences feront cruellement défaut pour le développement économique et social du Mali.
Durant les cinq dernières années, la vision de l'aide française sur les questions de migration a surtout été axée sur le développement des zones d'origine (essentiellement la région de Kayes) et l'accompagnement au retour des migrants à travers l'incitation à la création d'entreprises. Les résultats de cette politique ont été relativement modestes. Le programme d'appui aux entreprises créées par les migrants a permis la création de quelques centaines de microentreprises viables, mais n'a pu réellement assurer leur développement et la transformation des plus dynamiques d'entre elles en PME susceptibles d'avoir un impact réel sur l'économie du pays. Cette situation est liée notamment à la difficulté des entrepreneurs à mobiliser des ressources financières suffisantes et au manque de qualification. L'efficacité du développement local, pourtant largement soutenu par la diaspora malienne à travers la construction d'infrastructures à caractère social ou économique, a, quant à elle, été freinée par l'absence de cadre cohérent dans lequel ce développement pouvait s'inscrire.
L'année 2000 a représenté un tournant.
En premier lieu, le dispositif d'appui au développement communal a été lancé avec la mise en place des centres de conseil communaux - entièrement soutenus, en première région (Kayes), par l'aide française - et par le début de l'élaboration des plans de développement communaux. Ceux-ci donneront un cadre cohérent aux initiatives de développement local soutenues par les migrants et accompagnées par l'aide bilatérale, les organisations non gouvernementales et les coopérations décentralisées.
Ensuite parce qu'en complément des politiques visant à l'intégration des migrants qui font le choix de rester définitivement en France et de celles portant sur la gestion conjointe des flux migratoires, la France et le Mali ont essayé de bâtir les outils d'une meilleure valorisation des capacités de la diaspora malienne à travers la mise en place d'une politique de codéveloppement qui peut se résumer ainsi : "mieux utiliser les migrants en France pour le développement de leur pays d'origine".
- Mobiliser des associations de solidarité internationales des migrants (les "OSIM") pour le développement des zones d'origine, en liaison avec les collectivités locales.
- Promouvoir de l'implication des migrants dans le développement des entreprises maliennes.
- Faciliter des échanges sociaux et culturels, dans la perspective d'une meilleure intégration, selon leur choix, en France ou au Mali, des Maliens, spécialement ceux dits de "deuxième génération", nés en France, et susceptibles de créer un pont culturel entre les deux espaces.
Avec ces trois conventions, c'est donc au total plus de 3,1 milliards de FCFA d'engagements nouveaux pour le développement du Mali que vient de prendre aujourd'hui la France./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2002)
Mesdames, Messieurs
C'est la fête du football africain qui m'a conduit à Bamako. J'ai assisté à ce magnifique match entre le Cameroun et le Sénégal. Ce match est venu couronner en beauté le pari du Mali et de son président d'organiser la CAN 2002. Pari réussi.
Beaucoup, il y a trois ans, doutaient, il faut bien le dire, de la possibilité pour le Mali, dépourvu d'infrastructures, d'organiser un tel événement dans un délai aussi court. Leurs pronostics ont été déjoués. Que ce soit sur le plan de l'organisation ou sur celui du sport, le Mali a su relever le défi.
La France est fière d'avoir contribué à cet événement. Elle s'y était engagée dès qu'avait été connue la décision de la CAF d'attribuer au Mali l'organisation de la CAN 2002. Cet engagement avait été confirmé au plus haut niveau de l'Etat lors de la visite officielle du président Konaré en France en septembre 2000. Les moyens mobilisés, dans ce cadre, au titre de la coopération franco-malienne ont représenté au total près de 3 milliards de FCFA. Je les rappelle :
- un projet de 800 millions de FCFA du Fonds de Solidarité Prioritaire a permis de renforcer les capacités des services publics maliens mis à contribution dans le cadre de la CAN : sécurité publique, protection civile, services d'urgence des hôpitaux et télévision nationale en ont été les principaux bénéficiaires ;
- l'équipe nationale, quant à elle, a bénéficié de stages de préparation en France et de matériels ; même si la valeur et l'engagement personnel et collectif de vos joueurs (dont beaucoup évoluent dans nos clubs) ont été déterminants, je me plais à croire que ces stages ont modestement contribué au magnifique résultat de votre équipe ;
- les images des compétitions, enfin, ont été sur toutes les télévisions africaines. La retransmission, confiée - après mise en concurrence - à la société espagnole Médiapro, a été refinancée par la France à hauteur de 1,9 milliard de FCFA J'ai eu ce matin le plaisir de signer la convention relative à la deuxième tranche de 900 millions de FCFA de ce financement.
Mais, hélas, il n'y a pas que le sport et le foot La fête se termine. Les réalités du pays sont là. Notre coopération est là pour accompagner le Mali dans la durée dans son effort pour le développement. Les deux autres conventions de financement que nous avons signées ce matin s'inscrivent dans ce cadre. Je veux souligner tout particulièrement leur caractère exemplaire.
La première concerne la santé. Un système de soins, quelle qu'en soit la qualité, n'a évidemment de sens que si les populations y ont accès. Cela suppose bien entendu un nombre suffisant de centres de santé et une répartition géographique satisfaisante de ces centres. Cela implique également que les malades aient les moyens financiers nécessaires.
Le financement par les bénéficiaires d'une part significative du coût des soins ne doit pas conduire à restreindre l'accès aux centres de santé. C'est pourquoi il est essentiel d'élaborer des mécanismes de financement du système de santé reposant sur la solidarité entre les individus. Le Mali a reconnu cet objectif comme prioritaire puisqu'il constitue l'un des cinq volets de son programme de développement sanitaire et social.
La coopération française a, pour sa part, accompagné le gouvernement du Mali dans ce secteur depuis 1996.
Cet effort commun a abouti à la structuration du système mutualiste, grâce aux efforts de l'Union technique de la mutualité, à la création de nombreuses mutuelles de santé par la population et à la couverture d'un nombre croissant de personnes, même s'il est encore insuffisant, face aux risques de maladie.
Il faut aller plus loin et c'est ce que nous nous proposons aujourd'hui de faire ensemble : accroître le nombre de personnes couvertes, mais aussi s'assurer que les milieux les moins favorisés aient accès aux mutuelles de santé. Ce nouvel effort favorisera l'émergence de mutuelles de terrain, en particulier dans le monde rural.
Le soutien que la coopération française apport au Mali se situe cette fois dans le cadre d'un programme régional d'un montant global de 4 millions d'euros. Il est en effet important de faire bénéficier les autres pays de la sous-région des succès enregistrés au Mali, laboratoire d'idées dans les domaines sanitaires et sociaux. Le montant du volet malien de ce projet régional s'élève à 560 millions de FCFA.
La seconde convention de financement du FSP concerne le codéveloppement. Nous venons de signer une convention de 1,7 milliards de FCFA pour la mise en uvre du codéveloppement au Mali. C'est, pour nous, l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis la signature à Paris le 21 décembre 2000 d'une convention de codéveloppement entre nos deux pays.
En effet, les politiques de coopération ne peuvent plus s'abstraire de la nécessité de prendre en compte la migration des hommes comme un élément clef du développement ou du mal développement des pays du Sud. Cela concerne au premier plan la relation franco-malienne, puisque les transferts d'argent issus de la diaspora malienne installée en France sont sensiblement équivalents à l'aide publique française au Mali. D'un autre côté, la France attire de nombreux Maliens formés, dont les compétences feront cruellement défaut pour le développement économique et social du Mali.
Durant les cinq dernières années, la vision de l'aide française sur les questions de migration a surtout été axée sur le développement des zones d'origine (essentiellement la région de Kayes) et l'accompagnement au retour des migrants à travers l'incitation à la création d'entreprises. Les résultats de cette politique ont été relativement modestes. Le programme d'appui aux entreprises créées par les migrants a permis la création de quelques centaines de microentreprises viables, mais n'a pu réellement assurer leur développement et la transformation des plus dynamiques d'entre elles en PME susceptibles d'avoir un impact réel sur l'économie du pays. Cette situation est liée notamment à la difficulté des entrepreneurs à mobiliser des ressources financières suffisantes et au manque de qualification. L'efficacité du développement local, pourtant largement soutenu par la diaspora malienne à travers la construction d'infrastructures à caractère social ou économique, a, quant à elle, été freinée par l'absence de cadre cohérent dans lequel ce développement pouvait s'inscrire.
L'année 2000 a représenté un tournant.
En premier lieu, le dispositif d'appui au développement communal a été lancé avec la mise en place des centres de conseil communaux - entièrement soutenus, en première région (Kayes), par l'aide française - et par le début de l'élaboration des plans de développement communaux. Ceux-ci donneront un cadre cohérent aux initiatives de développement local soutenues par les migrants et accompagnées par l'aide bilatérale, les organisations non gouvernementales et les coopérations décentralisées.
Ensuite parce qu'en complément des politiques visant à l'intégration des migrants qui font le choix de rester définitivement en France et de celles portant sur la gestion conjointe des flux migratoires, la France et le Mali ont essayé de bâtir les outils d'une meilleure valorisation des capacités de la diaspora malienne à travers la mise en place d'une politique de codéveloppement qui peut se résumer ainsi : "mieux utiliser les migrants en France pour le développement de leur pays d'origine".
- Mobiliser des associations de solidarité internationales des migrants (les "OSIM") pour le développement des zones d'origine, en liaison avec les collectivités locales.
- Promouvoir de l'implication des migrants dans le développement des entreprises maliennes.
- Faciliter des échanges sociaux et culturels, dans la perspective d'une meilleure intégration, selon leur choix, en France ou au Mali, des Maliens, spécialement ceux dits de "deuxième génération", nés en France, et susceptibles de créer un pont culturel entre les deux espaces.
Avec ces trois conventions, c'est donc au total plus de 3,1 milliards de FCFA d'engagements nouveaux pour le développement du Mali que vient de prendre aujourd'hui la France./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2002)