Déclaration de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur la commémoration de grandes figures de l'outre-mer, telles Delgrès et le chevalier de Saint George, la mise en application de la loi d'orientation pour l'outre-mer et du programme pour la société de l'information outre-mer, le projet de Cité des outre-mers et l'action en faveur de la continuité territoriale de la République, à Paris le 10 janvier 2002.

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Circonstance : Présentation par M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, des voeux à la presse le 10 janvier 2002

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir ici pour la nouvelle année. Le rythme 2002, entre un récent retour de St Pierre et Miquelon et un prochain départ à la Martinique, pour le centenaire de l'éruption meurtrière de la Montagne Pelée, puis au Brésil, pour cause de coopération entre ce pays et la Guyane sur l'Oyapok, puis de participation au forum de Porto Alegre, (plus Mayotte) augure un tempo plutôt vif, comme je les aime.
Les rites républicains ont de solides vertus et c'est avec grand plaisir que je vous présente, à toutes et à tous, mes vux chaleureux et amicaux. Pour vous-même, vos proches, et pour le métier que vous exercez en informant l'opinion publique.
Je vous souhaite donc, à chacune et à chacun, une année personnellement et professionnellement heureuse, riche d'événements à couvrir en conjuguant la passion de l'information et le souci des mises en perspective qui sont, je le crois, les qualités maîtresses de votre profession. Remarquez que, dans la mienne, ces dispositions ne nuisent pas non plus. Surtout si l'on éprouve quelque curiosité pour le suivi des décisions prises et si l'on entend par politique autre chose que l'art d'accommoder les restes, autre chose que la gestion le nez dans le guidon.
A l'occasion de l'année 2002, j'ai voulu que nous rappelions ce que je tiens pour un moment majeur de notre histoire commune. Un moment insuffisamment connu ailleurs qu'en Guadeloupe et notamment dans l'hexagone. Je veux parler du courageux combat de Delgrès et de ses compagnons contre le rétablissement de l'esclavage, en 1802. Plus que de mémoire, il s'agit là d'histoire à partager. Car les valeurs au nom desquelles ceux du fort de Matouba ont préféré la mort à la servitude sont les valeurs admirablement dites dans leur Proclamation de Basse Terre, qui sont toujours les nôtres. Elles n'ont rien perdu de leur universalité. Je veux que tous les Français soient fiers de les compter parmi leurs courageux ancêtres. C'est le sens de notre carte de vux 2002 et des initiatives que nous soutiendrons pour l'ensemble de l'année.
Vous savez aussi, j'imagine, que le maire de Paris s'apprête dans quelques semaines à donner le nom du chevalier de St George à la rue qui portait celui de Richepanse, exécuteur des basses uvres en Guadeloupe. Je vous annonce que, d'ici peu, la musique de notre standard téléphonique sera tirée des uvres de St George, modeste contribution du Secrétariat d'Etat à la réhabilitation de ce grand compositeur qui fut aussi une figure formidablement romanesque et le défenseur, en son temps, en métropole de la République assaillie.
Je n'ignore pas que l'année qui vient ne comptera, sur le plan ministériel, pas douze mois pleins. Autant vous le dire comme je le pense : ce ne sera pas pour moi une " année bonzaï ", une année au rabais, mais un temps de travail intense. Il reste, bien sûr, à prolonger et accompagner de près tout ce que nous avons mis en uvre et qui s'applique désormais sur le terrain. Mais il reste également à concrétiser les nouveaux chantiers sur lesquels nous avons travaillé et qui arrivent à maturité. Il reste aussi, je n'entends pas me l'interdire, à explorer de nouvelles pistes procédant de l'intérêt bien compris, fût-il à moyen terme, des différents outre-mers. Le choix fait, vous l'aurez compris, est donc d'aller de l'avant.
Quelques mots sur les chantiers que l'on poursuit, que l'on achève et qu'il faut réussir
La loi d'orientation pour l'outre-mer s'applique à plein régime, tous les textes d'application ont été pris dans les temps. Les entreprises, les jeunes, les populations socialement les plus fragiles en sont les premiers bénéficiaires. Un dynamisme économique mieux soutenu, un chômage qui continue de reculer, un dialogue statutaire engagé dans la clarté avec les différentes collectivités, une égalité sociale réalisée : dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit, nous nous y sommes tenus. J'avoue qu'à chacun de mes déplacements outre-mer, je suis heureux de rencontrer des chefs d'entreprise qui, grâce aux dispositifs de la LOOM, investissent et embauchent, des jeunes qui se lancent ou s'apprêtent à bouger pour parfaire leur formation, des compatriotes qui reprennent pied sur le marché du travail. La signature du congé-solidarité dans les 4 DOM a été la bonne nouvelle de cette fin d'année Cela permettra d'offrir dès les prochains mois 6000 emplois à des jeunes en remplacement du départ à la retraite d'autant de salariés âgés de plus de 55 ans.
Le programme pour la société de l'information outre-mer se met, lui aussi, en place. Les chargés de mission NTIC sont à pied d'uvre dans les préfectures et sur le terrain. J'ai chargé Dominique Wolton, directeur de recherches au CNRS familier de ces questions, d'une mission de suivi et d'évaluation du démarrage de ce programme auquel j'attache le plus grand prix car je le crois, pour tous les outre-mers où il a vocation à s'appliquer, porteur de développement, de convivialité et signe de ce " droit à l'accès " que je compte, de nos jours, au nombre des droits démocratiques à garantir.
Le Secrétariat d'Etat, pour sa part et pour l'information de tous, ouvrira très prochainement son nouveau site Internet, enrichi, revisité, restructuré et que j'ai voulu outil à la disposition de tous. Ce sera le premier site gouvernemental 100 % logiciels libres.
Conformément à ce que le Premier Ministre et le maire de Paris ont annoncé le 19 novembre dernier devant les maires d'outre-mer réunis à l'occasion du congrès de l'AMF, le projet de Cité des outre-mers s'achemine vers la création d'une association de préfiguration chargée de sa programmation opérationnelle. Le Secrétariat d'Etat a travaillé en liaison étroite avec les associations, tout particulièrement avec l'AMEDOM, la FADOM, l'Union des Guyanais et amis de la Guyane, la Maison de la Nouvelle Calédonie, le Centre Tjibaou et bien d'autres partenaires dont je ne vous infligerai pas l'énumération ici. Je tiens à les remercier tous ainsi que Daniel Maximin qui apporte à ce projet un concours précieux. Toutes ces énergies, jointes à la détermination des pouvoirs publics, à l'enthousiasme de Bertrand Delanöé et de la ville de Paris et des collectivités concernées permettent a ce beau, nécessaire et ambitieux projet de prendre la tournure concrète que, je le sais, beaucoup attendent à juste titre.
Valoriser davantage toutes les cultures de tous les outre-mers, il le faut et vous savez que ma conviction, sur ce chapître, est faite de longue date. Valoriser et soutenir la recherche menée outre-mer et sur l'outre-mer n'est pas moins nécessaire et d'ailleurs complémentaire. Je vous donne donc rendez-vous les 7 et 8 mars prochains pour les premières journées annuelles de la recherche outre-mer que j'organise avec Roger-Gérard Schwartzenberg, mon collègue Ministre de la Recherche.
Après l'égalité des droits sociaux, désormais réalisée dans les DOM ainsi qu'à St Pierre et Miquelon, le nouveau grand chantier de l'égalité républicaine est pour moi celui de la continuité territoriale de la République, sous toutes les formes où il convient de la décliner : le transport aérien, le droit à la mobilité des jeunes, l'égal accès aux nouvelles technologies.
La période étant propice aux vux, permettez-moi, à travers vous et au-delà de vous qui n'êtes pas à convaincre, de formuler un vu. J'aimerais que nos concitoyens de l'hexagone prennent eux aussi la pleine mesure de ce qui s'est accompli et s'accomplit encore outre-mer. La République, je le crois, y administre la preuve de sa capacité à dépasser les archaïsmes, les antagonismes stériles, les paternalismes déplacés. Elle témoigne, outre-mer, de sa capacité d'innovation et d'invention afin d'être mieux garante, dans le contexte d'aujourd'hui et d'un monde en évolution, de ses promesses de développement durable et de croissance partagée, d'égalité des droits et de respect des pluralités, culturelles et institutionnelles.
Peut-être ne réalise-t-on pas pleinement combien la République, outre-mer, s'est dépoussiérée pour être à la fois plus juste et plus efficace, plus proche des siens et plus ambitieuse pour tous. La France, outre-mer, réussit, j'en ai la conviction, une " révolution de velours " qui montre à quel point, loin d'être en crise, elle est capable d'assumer des mutations qui sont le signe de sa vitalité. Ni bougisme énervé, ni immobilisme défensif, cette France-là est en mesure de faire face au temps qui vient, fidèle à ses valeurs et cohérente dans ses choix d'égalité, de respect, de solidarité. Je crois que ce doit être, pour l'ensemble de nos concitoyens, une source de fierté et d'inspiration également valable pour ici.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 21 janvier 2002)