Texte intégral
Cher(e)s Camarades,
Cher(e)s Ami(e)s,
· Je retrouve ce matin avec beaucoup de plaisir le Conseil national du Parti socialiste.
· Je tiens à saluer chaleureusement François HOLLANDE, notre Premier secrétaire et chacun d'entre vous.
· Je voudrais vous faire part de mon analyse de la situation politique actuelle.
I - Nous vivons une " nouvelle donne " économique et sociale.
Un moment économique et social de transition. Nous avons recherché la confiance dans une situation de fort chômage et de dépression sociale ; avec la croissance, nous devons répondre à un optimisme et des exigences sociales sans nourrir les illusions.
Rappelons-nous quelle était la situation du pays lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, au mois de juin 1997.
·L'économie tournait au ralenti.
· La France, qui ne manque ni d'idées, ni de technologies, ni d'entrepreneurs, ne s'engageait pas dans la " nouvelle économie ".
· La société française était bloquée et en perte de confiance.
· Le gouvernement de l'époque, était, au bout de deux ans, fortement impopulaire.
Depuis, le pays s'est débloqué. Nous avons remis en mouvement l'économie et la société françaises.
· La croissance est forte.
- Nous avons passé sans encombres le " trou d'air " et la croissance 2000 promet normalement d'être un bon cru à plus de 3,5 % ;
- La France joue aujourd'hui le rôle de " locomotive " de la croissance européenne.
· L'industrie française marque des points.
- Un beau symbole : les Chantiers navals de l'Atlantique, qui avaient connu tant de difficultés mais s'étaient redressés, viennent de décrocher avec l'aide du Gouvernement la construction du plus gros paquebot du monde, le Queen Elisabeth II.
- La " nouvelle économie " décolle : Thomson Multimédia, que nos prédécesseurs voulaient vendre pour 1 F, vaut 110 milliards, même s'il faut faire la part de l'emballement spéculatif.
· Le chômage diminue.
- depuis juillet 1997, nous avons ramené le taux de chômage à son plus bas niveau depuis sept ans (10,5 %) ;
- malgré une croissance moins forte en 1999, le recul du chômage est cette année deux fois supérieur à ce qu'il était en 1998 ; depuis juin 1997, le nombre des chômeurs a reculé de plus d'un demi-million ;
- nous sommes loin du plein emploi, mais nous devons faire de nouveaux pas importants dans cette année 2000.
· La société française bouge :
- La société s'ouvre aux différences : le PACS.
- Elle fait leur place aux femmes : la parité.
- Elle s'ouvre à la modernité : technologique, économique, politique, sociétale.
Alors, c'est vrai, ce moment économique et social particulier donne vie à un moment politique particulier :
· celui où tout semble de nouveau possible, où les attentes longtemps contenues se font jour ;
· celui où les aspirations s'expriment plus facilement ;
· celui où les revendications se font plus fortes.
Il y a, en France, une " nouvelle donne ". Il faut savoir la jouer.
II - Le Gouvernement a pris la mesure de ce moment ; il a commencé à y répondre. Il continuera de le faire.
Je voudrais résumer ainsi ma position : ne gaspillons pas en quelques mois ce que nous avons mis tant de temps à obtenir. Ne faisons pas comme si nous n'avions pas obtenu quelque chose et comme s'il n'y avait rien à donner.
Nous voulons une croissance généreuse, une croissance pour tous. C'est possible, grâce à la baisse du chômage, grâce au progrès social et, enfin, grâce à la baisse des impôts.
La baisse du chômage bénéficie déjà à tous les Français.
En particulier à ceux qui en ont le plus besoin :
· les femmes, les jeunes, les chômeurs de longue durée (depuis 18 mois, le chômage de longue durée recule plus vite que la moyenne), les travailleurs précaires (depuis l'été, le chômage de précarité recule plus vite que la moyenne). Si nous sommes attentifs, cela va se poursuivre.
· Ainsi, grâce à ces créations d'emplois, le supplément de croissance a profité presque entièrement à ceux qui jusque là en étaient exclus.
Le progrès social bénéficie à tous, même si bien sûr les inégalités restent profondes.
Depuis 33 mois, le Gouvernement agit pour qu'il n'y ait pas " d'exclus de la croissance ".
· Nous déployons des ressources nouvelles.
- Nous revalorisons les minima sociaux (+6 % pour le RMI, +13 % pour l'ASS, +29 % pour l'Allocation d'Insertion, primes de 1000 à 2500 F).
- Nous avons annulé pour 470 MF de dettes fiscales au profit des chômeurs et ménages surendettés. 180.000 ménages en ont bénéficié pour un montant moyen de 1.500 à 2.300 F.
- Nous avons permis de cumuler partiellement un emploi et un revenu social durant un an (15 à 20 % des allocataires sont concernés) pour faciliter le retour au travail.
- Nous avons créé des commissions d'action sociale d'urgence (CASU) dotées d'un milliard.
- L'allocation Spéciale d'Attente permet à 23.000 bénéficiaires de minima sociaux ayant 40 années de cotisation vieillesse de recevoir 21.000 F supplémentaires par an.
· Nous avons ouvert des droits nouveaux pour tous.
- La loi contre les exclusions permet de faciliter l'accès aux droits fondamentaux : emploi, logement, santé, éducation, culture.
- La couverture maladie universelle permet déjà à 3.000.000 de personnes d'accéder gratuitement aux soins.
· Nous renforçons les grands services publics qui intéressent tout le monde :
- l'Hôpital : 10 milliards sur trois ans ;
- L'Ecole : 1 milliard en urgence, plus un plan pluriannuel ;
- Les prisons : 1 milliard pour accélérer l'effort de réhabilitation.
De même, la baisse des impôts bénéficiera à tous.
· A tous les Français :
- Au pouvoir d'achat des consommateurs comme aux entreprises ;
- Aux classes populaires comme aux classes moyennes ;
- Aux locataires comme aux propriétaires.
· Cette baisse sera au service :
- de la justice sociale (TVA, TH, IR), en donnant du pouvoir d'achat à ceux qui en ont le plus besoin ;
- de la croissance (TH, IR, TVA), en lui donnant de l'air ;
- de l'efficacité économique (TP), en encourageant le retour à l'emploi.
C'est une première étape.
· Le mouvement de baisse des prélèvements que j'indique pour cette année - les 40M2F du budget 2000, les 40 M2F supplémentaires du collectif de printemps - se poursuivra jusqu'en 2002.
· Je souhaite que les impôts reviennent en 2002 au niveau atteint en 1995 avant les hausses du plan Juppé.
En effet, je ne fais pas de la baisse de l'impôt l'alpha et l'oméga de la pensée socialiste. Mais je ne vois pas non plus en quoi des prélèvements élevés seraient la mesure de l'action. Les nôtres sont trop élevés, baissons-les.
Cher(e)s Camarades,
· On le voit : le Gouvernement et la majorité plurielle travaillent pour tous les Français.
· Nous le faisons en portant les valeurs de la gauche : la justice sociale, l'égalité, le progrès, la maîtrise collective de notre destinée.
· Nous mettons ces valeurs au service d'une nouvelle alliance. Exclus, classes populaires, classes moyennes : leurs intérêts peuvent et doivent progresser ensemble.
· Notre objectif est aussi celui de l'intérêt général et de l'intérêt du pays.
III - Le Gouvernement entend continuer de transformer la société par la réforme.
Le mouvement de réforme continue.
Le Gouvernement est dans l'action.
· Il consolide l'économie.
· Il combat le chômage : croissance, RTT, emplois-jeunes, TRACE. C'est sa priorité absolue depuis le début et cela le restera.
· Il combat l'injustice sociale : loi contre les exclusions, CMU, relèvement des minima.
· Il engage une démarche politique en Corse, en étant conscient des contraintes politiques et constitutionnelles qui sont les nôtres.
Le Gouvernement a des projets importants devant lui.
· Pour la sécurité : la police de proximité qu'il faut finir de mettre en place.
· Pour l'efficacité économique : projet de loi sur les nouvelles régulations économiques, projet ultérieur sur l'épargne salariale.
· Pour la justice sociale : projet de loi sur la solidarité et le renouvellement urbain.
· Pour continuer à faire évoluer l'Education : mise en uvre progressive et concertée des réformes, maintien de celles qui sont déjà passées dans les faits.
· Pour la modernisation de la vie politique : la mise en uvre de la parité.
· Pour la préparation de la présidence française de l'Union européenne au second semestre 2000.
Tous ces projets concourent à nos priorités.
· La marche vers le plein emploi. Gardons la combinaison de :
- la croissance (augmenter le pouvoir d'achat en ramenant la pression fiscale à son niveau de 1995) ;
- la réduction du temps de travail ;
- une aide ciblée sur les publics qui en ont le plus besoin (jeunes, chômeurs de longue durée).
- Le pari sur les nouveaux secteurs et les technologies porteurs de valeur ajoutée et de création d'emplois.
· La justice sociale et la réduction des inégalités :
- Lutter contre la précarité et l'exclusion ;
- Assurer l'égalité des chances pour l'Ecole et la formation professionnelle ;
- Lutter contre les inégalités entre les territoires, entre les Français : c'est le sens des contrats de plan.
· La modernisation de la société française.
- Poursuivre la modernisation de nos institutions.
- Réformer le droit de la famille.
- Ouvrir de nouveaux droits aux Français : droits du malade.
L'ambition réformatrice de notre gouvernement se juge aux résultats obtenus et aux actes posés, non à notre soumission aux injonctions d'une opposition de droite sans projet. Faute de courir elle-même, elle voudrait nous voir trébucher.
· Nous avons obtenus des résultats.
· La volonté de réforme doit avoir un sens : pour nous, ce sens, c'est celui du progrès.
· La volonté de réforme doit suivre une méthode : pour nous, cette méthode, c'est la négociation.
· La volonté de réforme doit avoir un cadre : respecter l'Histoire, la culture politique et sociale de notre pays.
IV - C'est ce qui me conduit à dire quelques mots de nos orientations pour l'avenir des retraites.
Ne pas traiter ce dossier - même si nous devons le faire dans la progressivité et dans la concertation - serait condamner ou menacer à terme les retraites des Français et en particulier des fonctionnaires. C'est le message central qu'il faut leur faire passer.
Nous voulons préserver le pacte entre les générations.
· Préserver ce pacte, c'est d'abord préserver les droits qu'ont acquis les retraités actuels : les retraites d'aujourd'hui seront pleinement garanties.
· Préserver ce pacte, c'est aussi garantir l'avenir des futurs retraités. Une baisse des pensions futures serait une régression sociale grave, une remise en cause des acquis du système par répartition.
· Préserver ce pacte, c'est enfin et surtout écarter toute solution qui menacerait ou même déstabiliserait le système de répartition.
Le Gouvernement dit " non " à la capitalisation. Il s'inscrit donc dans la lignée historique du pacte social de 1945 et veut le renouveler par le choix d'une société solidaire.
Pour ce faire, nous suivrons cinq principes.
1. La concertation dans l'élaboration et la progressivité dans la mise en uvre des mesures.
2. Le respect de la diversité et de l'identité des régimes.
3. La recherche d'une plus grande équité et d'une solidarité plus forte entre les régimes.
4. L'introduction de plus de souplesse pour mieux respecter les choix des individus.
5. L'anticipation des évolutions démographiques afin d'équilibrer les charges entre les générations.
Pour consolider les régimes par répartition, nous avons proposé trois orientations aux partenaires sociaux.
1. Pour consolider notre système de retraites à l'horizon 2020, dégager , par la discussion, des solutions adaptées à chaque régime.
2. Dans la perspective des déséquilibres de la période 2020-2040, doter massivement le fonds de réserve pour les retraites.
3. Pour permettre une concertation permanente, instaurer un Conseil d'orientation des retraites auquel sont associés les partenaires sociaux. Nous le mettrons en place dans les semaines qui viennent.
Ces orientations sont fortes. Elles vont ouvrir la voie à la nécessaire concertation.
V - La majorité plurielle continue son évolution. La droite reste figée.
Depuis 33 mois, la majorité plurielle, tout en connaissant des débats, est restée cohérente et solidaire.
Le Gouvernement a su élaborer collectivement ses choix tout en restant soudé. Au moment où il va s'approcher de la fin de sa troisième année d'exercice - ce qui n'est plus advenu, en France, depuis près de 10 ans - j'aurai à procéder à certains ajustements pour renforcer le dispositif gouvernemental. C'est une respiration normale en Démocratie.
Le parti communiste est en train, sous nos yeux, de réussir son congrès. Autour de Robert Hue, il poursuit sa mutation que l'Histoire appelait. Je m'en réjouis. C'est un gage de diversité mais aussi de cohérence pour la gauche française.
Le parti radical de gauche fait le même exercice et son Président devrait le mener à bien.
Les Verts - malgré l'absence d'accord municipal global - et le mouvement des citoyens restent bien engagés dans notre aventure commune.
Quant à notre parti, à ses groupes parlementaires que j'ai sentis si solidaires quand est venu un moment de critiques, je sais qu'avec son Premier secrétaire François Hollande, il va préparer un congrès de débat et d'unité. Je compte sur vous pour nous aider à éclairer la nouvelle étape.
En face, la droite reste figée et divisée. Elle donne sur Paris un spectacle affligeant.
Elle ne s'intéresse qu'à elle-même, elle ne parle que de ses enjeux internes et de ses rivalités personnelles. Elle semble n'avoir rien à dire aux Français sur leurs problèmes, sur les questions qui les touchent : le logement, l'environnement, la sécurité, l'emploi, les retraites En tout cas, elle ne fait pas de propositions.
Cher(e)s Camarades,
Cher(e)s Ami(e)s,
Fidèles à notre inspiration et à notre histoire, nous voulons le progrès.
· Le progrès, c'est-à-dire le développement de l'économie, mais au service de la Justice.
· Le progrès, c'est-à-dire la libération des énergies et l'épanouissement des individus, mais au sein d'une société solidaire.
Pour nos rendez-vous avec le peuple, continuons à agir ensemble pour construire :
- une France forte économiquement, et généreuse socialement ;
- une France ayant renouvelé son modèle, pour le conforter ;
- une France fière de son histoire, mais acquise à la modernité ;
- une France ouverte sur le monde, mais assurée de son identité.