Communiqué des ministres des affaires étrangères de la CEE en date du 25 février 1986 sur l'Afrique australe, les Philippines, le Sri Lanka et le conflit entre l'Irak et l'Iran.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion ministérielle de coopération politique des ministres des affaires étrangères de la CEE à La Haye le 25 février 1986.

Média : Bulletin d'information du ministère des relations extérieures

Texte intégral

A) - Afrique australe : déclaration des douze
- Les ministres ont discuté des développements récents en Afrique australe. Ils ont réaffirmé leur position telle qu'elle a été exposée dans le communiqué conjoint publié avec les Pays de la Ligne de Front le 4 février 1986 à Lusaka et ont exprimé leur grave préoccupation devant la dégradation progressive de la situation et l'absence de progrès réels sur la voie de l'abolition de l'apartheid. Cette préoccupation a été portée, dans les termes les plus directs, à la connaissance du ministre des affaires étrangères de la République d'Afrique du Sud par la Présidence, au nom des Douze, le 14 février 1986 à Genève.
- Les ministres ont analysé le discours prononcé le 31 janvier 1986 par le Président Botha. Ils insistent auprès du gouvernement sud-africain pour que, comme preuve de ses bonnes intentions, il réalise le plus rapidement possible les réformes annoncées dans ce discours. Les ministres ont néanmoins conclu que les réformes envisagées, telles qu'elles sont présentées, sont en retrait par rapport aux mesures urgentes et radicales requises pour abolir au plus tôt l'apartheid : les événements récents d'Alexandra ont une fois de plus mis en évidence la gravité de la situation.
- Les ministres ont souligné à nouveau la nécessité d'un dialogue national avec les représentants véritables des Sud-Africains exclus de la structure gouvernementale en place. Ils exhortent le gouvernement Sud-Africain à prendre les dispositions requises pour promouvoir ce dialogue sans délai.
- Celles-ci comprendraient entre autres la libération inconditionnelle de Nelson Mandela et de tous les prisonniers et détenus politiques, y compris la levée de l'interdiction de l'African National Congress et d'autres partis politiques, la levée de l'état d'urgence ainsi que l'interruption du processus "d'indépendance" du Kwandbele.
- Les ministres ont constaté que les mesures convenues à Luxembourg le 10 septembre 1985 sont en cours d'exécution. Ils ont pris note du fait que des fonds ont été réservés pour des projets en faveur des victimes de l'apartheid.
- Les ministres ont réaffirmé que, en l'absence de progrès significatifs dans l'abolition de l'apartheid dans un délai raisonnable, les Douze devront réexaminer leur attitude à l'égard de l'Afrique du Sud.
- Les ministres condamnent tous les actes d'agression et de déstabilisation perpétrés par l'Afrique du Sud contre les Etats voisins dans la région . Ils exigent une fois de plus le retrait total de toutes les troupes sud-africaines d'Angola. Dans ce contexte, ils se sont également penchés sur les préoccupations formulées récemment par le Gouvernement angolais
(Suite) B) Philippines : déclaration des douze
- Les Douze ministres des affaires étrangères des Etats membres de la Communauté européenne ont discuté de l'évolution actuelle de la situation aux Philippines à laquelle ils se sont déjà référés dans leur déclaration du 14 février 1986.
- Les Douze louent l'adhésion du peuple philippin aux principes démocratiques. Elle était évidente pendant les élections et est devenue de plus en plus apparente dans les conceptions exposées par des chefs religieux, des syndicats, les milieux commerciaux et industriels et des unités des forces armées.
- Les Douze félicitent chaudement Madame Aquino de son attitude conséquente dans la défense des principes démocratiques et du rôle important qu'elle joue maintenant aux Philippines. Les Douze transmettent leurs meilleurs voeux à Madame Aquino qui, en sa qualité de Présidente des Philippines, aura la lourde responsabilité de réaliser les désirs les plus profonds du peuple philippin.
- Réaffirmant leur conviction que les processus démocratiques doivent être respectés, les Douze Etats membres de la Communauté européenne continueront de soutenir les forces de la démocratie aux Philippines.
- Ils acceuillent favorablement le fait que le Président Marcos a décidé de se retirer. Ils sont convaincus que cette action contribuera au rétablissement de la démocratie aux Philippines et à la réconciliation nationale.
- Les ambassadeurs des Douze ont été priés de porter cette déclaration à l'attention de Madame Aquino. les Etats membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et les partenaires du dialogue avec l'ASEAN en seront également informés.
(Suite) C) Sri Lanka - déclaration des Douze
- Les Douze suivent de près l'évolution de la situation au Sri Lanka et tiennent à exprimer leur regret de constater que les efforts intensifs déployés en vue d'une réconciliation n'ont malheureusement pas encore abouti.
- Ils lancent un appel à toutes les parties concernées pour qu'elles poursuivent leur dialogue, de manière à aboutir à une solution politique qui soit dans l'intérêt de la paix et de la réconciliation dans le cadre d'un Sri Lanka uni.
- Les Douze ont pris note avec satisfaction du fait que, avec l'accord des parties concernées, l'Inde soutient la recherche d'une solution politique.
- D) Conflit Iran-Irak - déclarations des douze
- Les Douze sont gravement préoccupés par la nouvelle escalade du conflit qui compromet la paix et la sécurité dans toute la région. Ils lancent un appel aux parties au conflit pour qu'elles respectent strictement la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats voisins et qu'elles s'abstiennent de toute ingérence dans la navigation commerciale de pays tiers dans les eaux internationales ou dans l'aviation civile dans la région.
- Les Douze sont particulièrement alarmés par les nouvelles violations du droit humanitaire et autres règles applicables dans les conflits armés, y compris le recours aux armes chimiques, et ils condamnent ces violations partout où elles se produisent.
- Les Douze accueillent favorablement et soutiennent pleinement le nouvel appel lancé le 14 février 1986 par le Secrétaire général des Nations unies aux gouvernements de l'Irak et de l'Iran pour qu'ils mettent fin aux hostilités, de façon à faciliter les efforts en vue d'une solution juste et pacifique du conflit. Ils insistent auprès des deux parties pour qu'elles coopèrent avec le Secrétaire général dans ses efforts. Les Douze pensent qu'une solution devrait être basée sur un examen approfondi de tous les aspects du conflit. Sur cette base, ils exhortent les deux parties à respecter les dispositions de la Résolution 582 du Conseil de Sécurité, adoptée à l'unanimité le 24 février 1986, et à coopérer avec le Conseil de Sécurité dans ses efforts visant à réaliser une paix juste et honorable entre l'Irak et l'Iran.
- Comme précédemment, les Douze sont disposés à accorder leur soutien à ces efforts et à d'autres initiatives ayant pour but de trouver au conflit une solution dans le délai le plus court possible, rétablissant ainsi la paix et la sécurité internationale dans la région.