Déclaration de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur les mesures en faveur du développement des activités économiques locales des îles Loyauté, à Ouvéa le 28 novembre 2001.

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Circonstance : Déplacement de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, en Nouvelle-Calédonie du 26 au 28 novembre 2001

Texte intégral

Monsieur le Président de l'assemblée de Province,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Sénateurs responsables coutumiers et notables,
Messieurs les Conseillers provinciaux,
Messieurs les Conseillers municipaux,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très sensible, Monsieur le Maire, à l'accueil amical et chaleureux que vous me faites dans cette salle du conseil municipal et des paroles aimables que vous venez de prononcer à mon intention. Je vous remercie également pour ce présent, dont je sais la valeur symbolique, et que j'accepte avec plaisir et reconnaissance.
Il y a plus de dix ans, de tristes événements ont eu lieu dans cette île. Nous les avons tous en mémoire. Je me suis recueilli tout à l'heure devant les deux monuments aux morts qui nous rappellent les violentes dérives dans lesquelles notre démocratie s'est abîmée. Elle a oublié ses principes lorsqu'elle s'est montrée insensible aux malaises d'une population et incapable d'entendre les aspirations des kanaks à davantage de reconnaissance. Nous devons nous en souvenir parce que nous devons aujourd'hui mesurer le chemin parcouru.
Il a fallu renouer le dialogue et compter sur la responsabilité des différentes parties pour ne pas s'enfermer dans une hostilité stérile. Des deux côtés a émergé le désir d'un avenir commun, des deux côtés on a su privilégier la convergence des points de vue.
Vous avez su ici, comme dans toute la Nouvelle-Calédonie, dépasser les tensions et les clivages du passé. Vous avez su rétablir un climat plus paisible, où la confiance l'emporte sur le ressentiment, où l'envie d'aller ensemble vers un destin commun l'emporte sur les blessures anciennes. Je salue cette démarche et je rends sincèrement hommage à ces efforts nombreux pour une réconciliation durable.
Monsieur le Maire, vous avez exprimé votre souci qu'Ouvéa et par extension les Iles Loyauté ne restent pas à l'écart du processus de rééquilibrage et des grandes décisions relatives à l'avenir de la Nouvelle-Calédonie pour les prochaines années. Je tiens à vous rassurer : l'Etat comme la Nouvelle-Calédonie n'entendent pas traiter différemment la commune d'Ouvéa ni la Province des Iles Loyauté. Aucune commune de Nouvelle-Calédonie ne doit être exclue du développement économique, aucune ne doit rester à l'écart. C'est une question de solidarité, plus encore d'intérêt général : du rééquilibrage décidé lors des Accords de Nouméa dépend la pleine et entière reconnaissance de la population kanak et la participation de tous, sans exclusion aucune, au développement du pays.
Les îles Loyauté connaissent, ne le nions pas, des problèmes liés à leur isolement. Mais ils ne sont pas insurmontables, et les moyens sont là, au service d'une mise en valeur plus grande des capacités des uns et des autres, d'une amélioration des conditions de vie et du développement des activités économiques locales. Ce dernier aspect est essentiel : c'est à partir de l'exploitation des ressources propres de l'archipel que des perspectives sont crédibles. Les investissements et les soutiens de l'Etat et de la Nouvelle-Calédonie vont en ce sens. Les contrats de développement ont ainsi permis d'améliorer les infrastructures et de soutenir les activités créatrices d'emplois : la savonnerie par exemple, dont le dynamisme est prometteur, mais aussi la pêche et le tourisme.
La pêche, en effet, a connu un essor remarquable, grâce à l'extension des activités de la société NAVIMON, mais aussi grâce à une exploitation plus importante des côtes et du lagon par les petits pêcheurs.
Le tourisme est également ici en plein développement. La commune poursuit dans ce secteur un programme d'équipement et de remise au normes des structures d'hébergement.
Le développement économique durable passe par l'engagement de tous. S'il est bien conduit et maîtrisé, il ne met pas en cause le mode de vie traditionnel auquel la population kanak est à juste titre attachée. Il ne menace pas la solidarité que la tribu témoigne à l'égard de tous ses membres, ni l'hospitalité et la bienveillance qu'elle a à l'égard de ceux qui n'y appartiennent pas. Mais de nouveaux équilibres doivent être trouvés prenant en compte les contraintes de l'économie moderne. Il vous appartient de les dégager.
A nous également de veiller à l'instruction et à la formation des jeunes pour qu'ils puissent pleinement saisir les occasions qui leur sont, ici ou ailleurs, offertes. Le rééquilibrage passe par l'éducation, qui doit assurer à tous l'égalité des chances. Des initiatives ont dans ce domaine été couronnées de succès. Je pense au programme " cadres avenir ", qui poursuit le programme " 400 cadres " prévu par les accords de Matignon. Je pense aux structures qui permettent aux étudiants calédoniens d'accéder plus facilement aux formations universitaires. Je pense également à l'information diffusée dans les tribus pour inciter les jeunes à passer les concours administratifs, ceux de la police notamment.
Nous voyons aujourd'hui, en Nouvelle-Calédonie, dans toutes ses parties, les effets du dialogue renoué en 1988, poursuivi ensuite. Nous voyons aujourd'hui que les termes de l'accord de Nouméa ne sont pas de vaines paroles, qu'ils engagent des décisions prises, ensemble, dans l'intérêt de tous. A Ouvéa peut-être plus qu'ailleurs, on mesure leurs enjeux, parce que on sait le prix de la réconciliation.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 décembre 2001)