Interview de Mme Martine Clément, vice-présidente du CNPF et présidente de la Fédération des industries mécaniques, dans "La Tribune Desfossés" du 22 avril 1993, sur son élection à la présidence de la FIM, et sur les propositions du CNPF auprès du gouvernement en faveur des entreprises.

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Média : La Tribune Desfossés

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Élue présidente de la Fédération des industries mécaniques, Martine Clément devient aussi vice-présidente du CNPF. – Martine Clément attend du gouvernement "des mesures concrètes pour permettre aux entreprises de respirer"

Grande première dans l'industrie française. La FIM (Fédération des industries mécaniques) vient en effet d'élire à sa tête une femme Martine Clément, présidente de la Société de galvanoplastie industrielle. Succédant à Alain Banzet décédé au début du mois, elle devient aussi à quarante-neuf ans vice-présidente du CNPF.

Déjà fortement impliquée dans les instances dirigeantes de la FIM et du CNPF – elle s'occupe notamment des problèmes d'environnement –, Martine Clément accède à la présidence d'une fédération qui pèse 315 milliards de francs et emploie 520 000 personnes.

Dynamique et volontaire, elle se retrouve en première ligne pour défendre auprès du gouvernement les PME-PMI, principales victimes de la crise. Une crise dont elle connaît d’autant mieux les effets dévastateurs qu'elle est à la tête d'un petit groupe pesant 150 millions de francs et spécialisé dans le traitement de surface à façon, tributaire donc des marchés de l'aéronautique, de l'automobile, du BTP… aujourd'hui en récession.

La Tribune : Quelle va être votre action à la tête de la Fédération de la mécanique ?

Martine Clément : Les événements se sont précipités de façon malheureuse, avec le décès de mon prédécesseur Alain Banzet. La transition aurait dû se faire en douceur d'ici au mois de septembre. Je ne pense donc pas définir immédiatement un projet à long terme ; je dois d'abord prendre la mesure des problèmes, mieux connaître les hommes et les secteurs, avant de déterminer vers le mois de septembre les grandes lignes de mon action. Mais il y a le feu dans l'industrie et notamment dans la mécanique, et certaines mesures doivent être prises de toute urgence.

La Tribune : Qu'attendez-vous du gouvernement ?

Martine Clément : Nous attendons qu'il prenne des mesures plus concrètes pour permettre aux entreprises de respirer. Il s'agit donc avant tout de soulager leur trésorerie : l'abaissement des taux d'intérêt constitue un élément de cette politique, la suppression du décalage d'un mois de la TVA également. Et le gouvernement doit aussi saisir cette opportunité pour relancer la réduction des délais de paiement et montrer lui-même l'exemple en réglant ses fournisseurs à quarante-cinq jours. Le gouvernement doit aussi comprendre que, malgré la crise, les entreprises doivent poursuivre leurs efforts de recherche-développement et continuer d'investir dans l'appareil productif, sous peine de perdre à terme leur compétitivité.

Il doit donc revenir sur les mesures concernant l'impôt-recherche, prévues dans le dernier budget, et réformer le "carry back" fiscal* en le ramenant sur deux ans (et non cinq) : ce qui permettrait aux entreprises de le transformer en créance et de se refinancer auprès du système bancaire. Enfin, le droit social doit être assoupli (exonération des charges, adaptation des horaires de travail en cours d'année) pour permettre aux sociétés de saisir toute opportunité de renforcer leur charge de travail. Car les chefs d'entreprise n'ont pas d'état d'âme mais des carnets de commandes à remplir.

La Tribune : Appréciez-vous la mise en place d'un ministère chargé plus spécifiquement des PME-PMI ?

Martine Clément : Nous souhaitons d'abord connaître quel sera le champ d'action d'Alain Madelin et dans quelles mesures les entreprises de la mécanique seront concernées par son action. De toute façon, nous conservons des contacts permanents avec les cabinets ministériels pour faire connaître nos besoins et nous ferons les démarches nécessaires pour expliquer notre position au moment opportun.

*Carry back fiscal : Dispositif qui permet à une entreprise d'être remboursée des impôts payés si elle a été en perte durant cinq années consécutives. La FIM réclame la réduction du délai à deux ans, ce qui permettrait alors aux entreprises de transformer cette dette de l'État en créance et de la renégocier auprès des banques.