Interviews de M. François Fillon, porte-parole du RPR et président du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, à RTL le 11 juin 1998 et Europe 1 le 17, sur la fin du conflit des pilotes à Air France, l'abandon des conditions de ressources pour l'attribution des allocations familiales et la réforme du quotient familial, le débat sur la préférence nationale réouvert par Edouard Balladur et la rénovation de la droite.

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Média : Emission L'Invité de RTL - Europe 1 - RTL

Texte intégral

RTL - Jeudi 11 juin 1998

Q - Estimez-vous que le conflit est terminé à Air France ?

- « Tout le monde se réjouit que ce conflit soit terminé parce que la prise en otage du Mondial était insupportable, je crois, pour tous les Français. Ceci étant dit, je ne crois pas que le Gouvernement et la direction d'Air France aient vraiment gagné la partie car les concessions qu'ils ont faites aux pilotes sont plus importantes que ce que l'on dit ce matin dans les commentaires. Mais surtout, je crois que cette grève aurait pu être évitée si l'on n'avait pas stoppé le processus de privatisation en cours et si l'on n'avait pas remercié le président d'Air France qui avait assuré son redressement. »

Q - Tout de même, les pilotes ont cédé sur un point essentiel qui est le principe de la baisse de leur salaire dans les sept années à venir ?

- « Oui, ils ont accepté un gel des salaires, au lieu de la baisse qui leur était demandée ; ils ont accepté le principe de l'échange salaire-actions, mais sur une base volontaire exclusivement ; enfin, ils ont obtenu le retrait de la double grille de salaire. Mais je crois que ce qui est le plus important, c'est qu'en réalité, cette grève aurait pu être évitée : elle a coûté extrêmement cher à la compagnie, surtout en termes d'image, et elle continue de contribuer à la dégradation de la situation d'Air France, service public qui transporte des voyageurs avec un prix de billet plus élevé pour aller à Biarritz que pour aller à New York. »

Q - Mais le Gouvernement actuel a hérité d'une situation qui n'est pas nouvelle, qui date de 1971 où l'on avait, à l'époque, des gouvernements de droite qui avaient concédé aux pilotes un certain nombre d'avantages, et jamais personne n'était revenu là-dessus. Donc un peut comprendre que ça ne soit pas si simple ?

- « Si, si, depuis 1993, le redressement de la compagnie avait été engagé et M. Blanc avait obtenu des pilotes un certain nombre de concessions qu'il était sans doute en mesure de réussir parce qu'il proposait une vraie ouverture et un vrai avenir pour la compagnie nationale. Je crois que le départ de C. Blanc et les discours gouvernementaux ont fait penser aux pilotes qu'on était revenu à la situation d'autrefois, que le contribuable continuerait à payer les déséquilibres et qu'ils n'avaient pas réellement à se soucier de la performance commerciale d'Air France. »

Q - Mais sur ce point précis, le Premier ministre, L. Jospin, a envoyé, samedi dernier, un signal très ferme : il n'y aura pas d'argent donné en plus à la compagnie. Est-ce qu'il n'a pas justement montré, dans cette crise, qu'entreprise publique ne voulait pas dire forcément que l'on puisait dans la tirelire ?

- « Je crois surtout qu'on ne pourra pas rester dans cette situation de non-choix… »

Q - Mais son attitude, comment l'avez-vous… ?

- « Si l’Etat reste l'actionnaire principal, voire le seul, aujourd'hui, d'Air France, il faudra bien qu'il fasse en sorte que la compagnie puisse fonctionner. Et donc, si l'on veut réellement qu'Air France devienne une vraie entreprise de transport comme les autres, il faut qu'elle soit privatisée. Et pour ça, il faut que le Gouvernement fasse des vrais choix, ce qu'il ne semble pas en mesure de faire aujourd’hui. »

Q - Mais dans le cadre de l'entreprise publique, un accord est intervenu sans pour autant que le contribuable mette la main à la poche ?

- « On vient de perdre un milliard, l'image de l'entreprise est encore plus dégradée que par le passé et comme je le disais tout à l'heure, la notion de service public appliquée à une entreprise qui transporte les passagers en leur faisant payer plus cher le billet Paris-Biarritz que le billet Paris-New York reste une vraie question. »

Q - Du côté de la majorité actuelle, on vous rétorque : mais attendez, la privatisation partielle, l'exemple de France Télécom montre que cela peut parfaitement fonctionner ?

- « Oui, France Télécom est un exemple que je connais bien puisque c'est moi qui ai amorcé la privatisation partielle de France Télécom, que les socialistes, d'ailleurs, avaient combattue de toutes leurs forces et qu'ils n'ont mise en œuvre que parce qu'ils avaient besoin de l'argent de la privatisation pour boucler le budget 1997. Ceci étant, la privatisation partielle de France Télécom n'est qu'une étape dans un processus qui conduira forcément le grand opérateur de télécommunications français vers une situation de droit commun sur l'ensemble du territoire mondial… »

Q - Evolution progressive donc : pourquoi pas la même chose à Air France ?

- « Mais engageons cette évolution ! Pourquoi l'avoir retardée, pourquoi avoir changé le président, pourquoi avoir dit que le Gouvernement ne serait pas celui de la privatisation ? C'est bien ce que M. Gayssot avait dit lorsqu'il a pris ses fonctions. On vient de perdre un an, un milliard et un petit peu plus de dégradation de l'image de la compagnie. »

Q - Vous avez le sentiment que, dans cette crise, le Premier ministre et le ministre des Transports, J.-C. Gayssot, ministre communiste, ont parlé de la même façon ?

- « Je crois que le Gouvernement avait, dans cette crise, un atout fondamental qui était le soutien de l'ensemble de l'opinion publique, car personne ne pouvait souhaiter que cette grève continue. Et encore une fois, cette façon qu'ont les pilotes de prendre en otage une des plus belles manifestations que notre pays puisse organiser… »

Q - Jospin, Gayssot, même combat pour vous ?

- « Il y a des différences idéologiques profondes au sein de cette majorité qui finiront bien par éclater puisque, contrairement à l'opposition qui a l'air divisée et qui, en fait, est unie sur le fond - qui est sans doute divisée sur des questions de tactique et de forme -, la majorité gouvernementale est profondément divisée sur une question qui est celle du libéralisme et qui est celle des choix économiques. »

Q - Vous n'êtes pas envieux, tout de même, de voir comment L. Jospin s'en sort lorsqu'il a des conflits sociaux, les routiers, les chômeurs, Air France ? il s'en sort sans que l'on voie les grands défilés que l'on a vus à l'époque des gouvernements de droite.

- « Moi, j'ai déjà une assez longue expérience de la vie politique, j'ai vu tellement vite changer les situations que je suis prudent dans mes appréciations. Je me souviens de 1994 où rien ne semblait pouvoir résister à l'ascension du Premier ministre de l'époque, je me souviens… »

Q - Balladur.

- « ...des commentaires que vous faisiez à la fin de la première année du Gouvernement Rocard, c'était idyllique. Je crois qu'il faut garder raison et attendre de voir. »

Q - A propos des allocations familiales, le Gouvernement semble avoir choisi finalement l'abandon des conditions de ressources pour l'attribution des allocations familiales contre la baisse du quotient' familial. Vous êtes d'accord sur ce principe ?

- « D'abord le Gouvernement reconnaît qu'il s'est trompé. Pendant un an, on nous a expliqué avec beaucoup de véhémence à l'Assemblée nationale que cette réforme était une réforme juste et qu'elle devait être mise en œuvre. Moins d'un an après, elle semble devoir être abandonnée, ce qui prouve que le Gouvernement s'est trompé et qu'il doit renoncer devant la résistance de l'opinion. La difficulté, c'est qu'il renonce pour mettre en place une réforme qui, de mon point de vue, est encore plus négative puisqu'elle va peser sur plus de familles et elle va se solder globalement par une augmentation plus importante de la fiscalité. En réalité, le Gouvernement à travers cette mesure, est en train, contrairement à ce qu'il dit, d'augmenter la pression fiscale. »

Q - Donc vous, votre souhait, c'est table rase, on revient sur la mesure et on… ?

- « Nous avons toujours défendu l'idée que les allocations familiales ne devaient pas être soumises à des conditions de ressources. L'enfant n'est pas un signe extérieur de richesse. »

Q - Il y a pourtant des sondages qui semblent montrer que les Français admettent que, en fonction des conditions de ressources, on touche plus ou moins d'argent pour élever ses enfants ?

- « Mais si le Gouvernement revient sur cette mesure, c'est sans doute qu'elle n'est pas populaire. »

Q - En ce qui concerne la réforme du scrutin des élections régionales, adoptée hier en Conseil des ministres, en accord semble-t-il parfait entre le Premier ministre et le Président de la République, le RPR est d’accord ?

- « Sur les élections régionales, nous sommes totalement d’accord. »

Q - Sur les élections européennes ?

- « Sur les élections européennes, il y a un débat qui n'est pas clos au sein du RPR, je me permettrai de vous donner mon opinion personnelle, je n'ai entendu aucun argument qui me permette de comprendre pourquoi ce mode de scrutin serait meilleur que celui qui est… »

Q - Vous n'avez pas entendu le Président de la République dans sa conférence de presse !?

- « Je n'ai entendu aucun argument, nous avons… »

Q - Dans sa conférence de presse, il a dit que c'était bien...

- « Nous avons aujourd'hui un scrutin pour les régionales qui a donné les résultats que l'on sait aux dernières élections régionales et que l'on va changer. On va donc expliquer aux Français que ce scrutin est mauvais pour les régionales mais on va s'empresser de le mettre en œuvre pour les élections européennes, avec un argument qui est de rapprocher les élus des électeurs. Sachez qu'avec ce dispositif, les élus auront des circonscriptions de cinq millions d'habitants, autant dire que cette notion de rapprochement n'a aucun sens, non. La vérité, c'est que ou bien… »

Q - Dites donc, il y a vraiment de la friture sur la ligne entre l’Elysée et le RPR ! C'est ce qu'a dit le Président de la République l'autre jour, ça.

- « ...ou bien on gardait le mode de scrutin actuel, ou bien on allait vers un mode de scrutin uninominal qui aurait été une vraie révolution et qui aurait permis d'avoir, en gros, un député européen par département,
 et qui aurait été cohérent avec l'ensemble de nos institutions. Ça n'est pas le choix qui est fait et je crois qu'il n'est pas bon. »

Q - Et bien on va vous acheter un dictionnaire qui vous permettra de traduire les discours du Président de la République pour mieux les comprendre.


Europe 1 - Mercredi 17 juin 1998

Q - Ph. Séguin et E. Balladur préfèrent se taire, dommage ! F. Fillon bonjour et bienvenu. Alors le RPR adore les westerns, vous nous rejouez régulièrement Règlement de comptes à OK Corral !

- « Ecoutez, E. Balladur a émis une opinion, nous pensons que nous avons le droit au débat. Je dis très clairement que ce sera ni M. Hollande, ni le MRAP, ni même certains journaux du soir qui décideront des sujets que l'opposition a le droit de débattre. »

Q - Non, mais pour vous, est-ce qu’E. Balladur est un briseur de tabou, qu'il a été volontairement maladroit, que c'est un gaffeur ?

- « Je crois qu'il faut faire deux réflexions. D'abord, moi je voudrais dénoncer le procès en sorcellerie qu'on fait à E. Balladur : il n'a pas dit qu'il était pour la préférence nationale, mais qu'il souhaitait l'ouverture d'un débat sur ce sujet. Et deuxièmement, il n'est suspect de vouloir faire des alliances avec le Front national : il a été un des premiers, candidat aux élections régionales, à dire à l'avance qu’ils les refuseraient. Mais sur le fond… »

Q - Vous ne le soupçonnez pas de conversion éventuelle à l'extrémisme de droite, vous ne pensez pas qu'il y a de la complicité ou de la complaisance à l'égard du Front national ?

- « Absolument pas ! Il n'y a aucune complicité, et il n'y a aucune ambiguïté à ce sujet. Alors sur le fond, il est vrai qu'il y a une divergence entre Ph. Séguin et la position du RPR et la position qu'a prise à titre personnel E. Balladur. Nous, nous pensons que le débat sur la préférence nationale est un faux débat qui cache les vrais problèmes que rencontrent les jeunes français d'origine étrangère dans leur processus d'intégration. Des difficultés qui sont liées au chômage, des difficultés qui sont liées à l'affaiblissement de la citoyenneté, à l'affaiblissement de la notion de nationalité. Et nous pensons aussi que c'est un débat qui a déjà été tranché par les engagements internationaux de la France, par les engagements européens de la France et en particulier par le Traité de Maastricht et par le Traité d'Amsterdam. Enfin, le RPR a débattu largement de ces questions par le passé, en particulier à l'automne, et il a arrêté une position qu’E. Balladur a acceptée comme tous les militants du RPR et qui est extrêmement simple ; nous pensons que la régulation de l'immigration et la lutte implacable contre l'immigration clandestine en liaison avec nos partenaires européens sont les conditions d'une intégration réussie à laquelle nous sommes d'autant plus attachés que nous récusons fermement toute dérive communautariste. »

Q - Mais peut-être que M. Balladur n'a pas lu le projet du RPR...

- « En tout cas il a participé à son élaboration… »

Q - Les règles internationales juridiques il les connaît. Mais qu'est-ce qu'il a fait, une faute politique ? Quel reproche lui fait-on pour l'avoir d'une certaine façon désavoué et claqué comme Ph. Séguin l'a fait hier, en disant qu'il ouvrait « un faux débat débouchant sur des affrontements passionnels et stériles, pour le bénéfice des adversaires et au détriment de la cohésion sociale » ? C'est plutôt vache ça !

- « Il est clair que sur ce sujet les réactions sont plus passionnelles, - on vient de le voir pendant vingt-quatre heures -, que réalistes. Je crois qu’E. Balladur a voulu qu'un débat s'ouvre pour qu'on regarde quelle est la situation en Europe. La situation en Europe elle est simple, il n'y a pas de préférence nationale en Europe. Aucun pays européen ne pratique la préférence nationale… »

Q - Donc il n'est pas nécessaire de faire une commission, avec ou sans le Front national, il n'est pas nécessaire d'en débattre. Mais enfin ce qui frappe, c'est qu'on a l'impression que c'est une société politique ou partisane bloquée. Il y a presque la preuve que l'opposition n'a pas de programme bien a elle, mais qu'elle ne débat ni à l'Alliance, ni à Démocratie libérale, ni à l'UDF, ni au RPR, nulle part, des problèmes dont les français parlent !

- « Non, mais c'est tout le contraire, J-P. Elkabbach ! On est en train de débattre de ce sujet et je disais au début de notre émission que le droit au débat doit être affirmé. Maintenant, nous, nous pensons que le débat doit porter sur d'autres sujets. Les jeunes français d'origine étrangère qui vivent en France qui pour beaucoup appartiennent à des communautés, à des familles qui ont participé à la défense et à la construction de notre pays sont en France et ils y resteront. Et c'est bien ! La question aujourd'hui c'est de les intégrer, c'est pas de les montrer du doigt. Et le meilleur moyen de les intégrer c'est de leur offrir des emplois, c'est de promouvoir une autre notion de la citoyenneté et puis c'est de lutter contre l'immigration clandestine. C'est à dire c'est de faire tout le contraire de ce que fait le Gouvernement, qui en partageant le travail crée forcément une compétition entre les Français et ceux qui sont d'origine étrangère, et ne luttant pas contre l'immigration clandestine aggrave le problème. »

Q - Je vois bien ce que cherche à faire le porte-parole du RPR, c'est un peu logique en politique, c'est taper sur l'adversaire pour réconcilier tous ses amis qui se disputent. Mais pourquoi il y a cette cacophonie au RPR ? Qui tient le RPR ? Est-ce qu'il est tenu le RPR ?

- « Le RPR est pluriel, il est fait de personnalités fortes, son président c'est P. Séguin et son projet c'est celui que j'évoquais tout à l'heure et qui a fait l'objet de débats au sein de l'ensemble des militants du RPR et qui a été approuvé par le Conseil national et par les Assises au mois de janvier dernier. »

Q - Dans certains cas, ce n'est pas difficile d'être porte-parole, ce n'est pas un rôle d’équilibriste ?

- « Je fais ce travail pour l'ensemble des responsables du RPR. Et il n'est pas difficile de défendre des positions qui sont des positions claires. »

Q - Est-ce que ça veut dire qu’E. Balladur va recevoir un carton jaune ?

- « Pas du tout, on est dans le débat. E. Balladur a apporté sa pierre au débat et P. Séguin a apporté la sienne. Nous pensons que ce débat, la façon dont il est abordé non seulement par E. Balladur mais par beaucoup de Français, a pour résultat de cristalliser les positions et d'encourager d'une certaine manière la progression du FN, c'est pour ça que nous voulons le prendre d'une autre manière. »

Q - Mais au sein du RPR, à l'égard de ses alliés et de ceux qui ne le seront jamais, il n'y a qu'une seule stratégie ?

- « Il n'y a qu'une seule stratégie, il n'y a qu'un seul projet mais il y a débat et il y a un débat démocratique. »

Q - Démocratie libérale proposait hier un président de l'intergroupe pour la durée d'une session de l'Assemblée. E. Balladur a des supporters, est-ce qu'il garde des chances d'être un jour président de cet intergroupe ?

- « Je crois que ce qui est sûr c'est que le RPR est majoritaire au sein du groupe de l'Alliance à l'Assemblée nationale et que le premier président de cet intergroupe devrait être choisi parmi les députés du RPR. E. Balladur est un candidat et de mon point de vue, il a toutes ses chances. »

Q - Avec tant de querelles et de blessures, le RPR, l'Alliance donnent le sentiment de ne plus avoir le temps de s'opposer et L. Jospin peut gouverner en toute tranquillité.

- « C'est bien ce que nous disons. Il faut que le RPR soit un parti d'opposition et on a reproché à P. Séguin de vouloir faire de l'opposition systématique, en réalité, dans un système démocratique et dans un système médiatique comme le nôtre, il n'y a guère qu'une opposition un peu systématique qui soit comprise. C'est ce que nous essayons de faire même si la stratégie n'a pas encore été acceptée par tout le monde. »

Q - Mais par exemple, au Conseil des ministres d'aujourd'hui, le projet de loi constitutionnel sur la parité homme-femme voulu à la fois par M. Jospin et par M. Chirac va être abordé et approuvé, est-ce que quand ça viendra à l'Assemblée, vous le voterez ?

- « Il y a des sujets qui dépassent le débat politique et sur lesquels il peut y avoir des consensus. Nous avions nous-mêmes souhaité que cette parité soit d'une manière ou d'une autre établie. Nous ne pensions pas que l'inscrire dans la Constitution était forcément la meilleure façon. Mais sur le principe de la parité, nous y sommes favorables et d'ailleurs P. Séguin s'est battu souvent contre les cadres du RPR pour qu'aux élections régionales on passe de 10 à 30 % d'élus du sexe féminin. »

Q - La réforme fiscale et le budget 1999, le PS ne demandera probablement pas d'élargir l'ISF à l'outil de travail, mais D. Strauss-Kahn disait qu'il voulait que les grosses fortunes ne puissent plus échapper à l'ISF. Est-ce que vous l'aiderez à traquer les tricheurs et les malins ?

- « Traquer les tricheurs, c'est le rôle du Gouvernement et l'ensemble du Parlement doit appuyer le Gouvernement dans ce domaine. Mais la vérité c'est que le Gouvernement n'a pas de philosophie en matière économique. Il navigue entre un libéralisme tiède, les nécessités de la croissance et puis ses alliés de gauche qui lui imposent des discours qui ne correspondent pas d'ailleurs la plupart du temps à ses actes. »

Q - Mais la droite promet-elle, si elle revient au pouvoir, de supprimer I’ISF ?

- « La droite promet en tout cas d'engager une baisse globale de la fiscalité. »

Q - M. Druon, un des premiers gaullistes vous demande de ne plus vous appeler gaullistes, le mot doit être respecté dit-il. Est-ce que de Gaulle reconnaîtrait les gaullistes aujourd’hui ?

- « J'ai beaucoup d'affection pour M. Druon mais il n'est pas plus propriétaire de cette appellation qu'un autre. Ce qui est certain, c'est que le monde a beaucoup changé depuis le départ du général de Gaulle, la construction européenne, la mondialisation nous imposent d'aborder notamment les questions économiques d'une manière différente. »