Interview de M. Michel Rocard, ministre de l'agriculture, dans "Rock" d'avril 1984, sur les jeunes et la vie politique.

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Média : Actualité de Paris - FRA - Les Inrockuptibles - PARIS - Rock

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ROCK : On constate aujourd'hui, surtout de la part des jeunes, un désintérêt croissant pour les idéologies et le jeu politique traditionnel. Plus largement, il semble que se creuse un fossé entre les préoccupations quotidiennes de la jeunesse et celles du monde politique. Comment analysez-vous ces faits (notamment dans une perspective d'avenir) ?

Michel ROCARD : Votre remarque d'ensemble est exacte, et il est certain que les gens ne supportent plus ce qu'on appelle la « langue de bois », c'est-à-dire les réponses toutes faites du discours politique traditionnel. Ils ne supportent plus non plus un certain type d'habitude qui consiste à être « pour » quelque chose quand on est au pouvoir et « contre » quand on est dans l'opposition et réciproquement. Aussi bien dans le discours que dans les attitudes, cette « politique politicienne » révèle en fin de compte un mépris des gens qui n'est plus supportable, et qui n'est plus supporté. Cette désaffection est sans doute particulièrement sensible chez les jeunes, mais elle ne se limite pas à eux – tant s'en faut. C'est une réaction qui gagne toutes les couches de l'opinion publique – et elle est salutaire. C'est ce qui explique l'accueil réservé aux intentions publiques d'Yves Montand, par exemple. C'est ce qui explique aussi que certaines réactions négatives à l'égard de la politique du gouvernement ne se traduisent pas automatiquement par une adhésion aux thèses de l'opposition.

Il y a en vérité un profond désarroi des opinions publiques – et j'emploie volontairement ce pluriel car ce n'est pas un phénomène particulier à la France. C'est une des conséquences de la crise que traversent les sociétés occidentales, crise économique à coup sûr, mais aussi crise culturelle et crise des valeurs. Cette crise oblige à bien des remises en question. À gauche comme à droite. Et les gens sont de plus en plus nombreux à sentir que les dogmes et les théories d'hier ne sont d'aucun secours face aux réalités du présent et aux questions du futur.

À côté de cette incertitude, je ne crois pas pour autant que l'on puisse parler de désintérêt des jeunes pour la politique, à conditions, bien sûr, de ne pas réduire la politique à l'action des partis et des institutions. Je ne veux pas faire de démagogie : je crois que les partis sont une forme nécessaire et indispensable de l'action publique et qu'il n'y a pas de société sans institutions. Mais, pour autant, je crois qu'il important de ne pas limiter la vision politique que l'on peut avoir de la société aux partis et à l'aspect institutionnel des choses.

C'est dans ce sens que je constate au contraire, et pour ma part je m'en réjouis, un intérêt de plus en plus marqué des jeunes pour ce qui se passe dans le monde, dans la société, une information de plus en plus précise aussi. Seulement, cet engagement s'exprime à travers d'autres causes : les droits de l'homme, l'écologie, le pacifisme. Le succès d'une organisation comme « Amnesty International » en est un bon exemple.

Par rapport à ce qui se passait il y a une quinzaine d'années, cela marque sans nul doute le reflux d'un certain romantisme, une profonde méfiance à l'égard des recettes miracles, surtout si elles sont d'importation, un rejet de l'esprit de système. Cela traduit aussi certainement – et c'est bien caractéristique d'une période de crise – le fait que le respect de l'individu l'emporte sur la fascination pour l'État et les appareils. Et non seulement cela se comprend fort bien, mais c'est même plutôt sain !

Alors comment faire pour combler ce fossé entre la sensibilité des jeunes et ce qui reste, malgré tout, la logique dominante de la vie politique ? Je n'ai pas de réponse définitive, ou dont je sois certain. Je sais simplement que notre seule chance, c'est de parler de choses concrètes, réelles et d'employer le langage de la vérité et du dialogue.

ROCK : Les hommes d'État sont « responsabilisés » de l'évolution d'un pays et plus globalement de celle du monde. Pourtant, ils sont – ou ne sont que – des acteurs parmi d'autres : il y a le poids des administrations, celui des différents agents économiques et sociaux, des médias, de l'opinion publique, celui des pesanteurs et des évolutions internes. Quel vous paraît devoir être le rôle des hommes d'État parmi ces différentes forces ? Pensez-vous que le poids du pouvoir d'État qu'ils représentent tend à croître ou à décroître pour les vingt ans à venir ?

Michel ROCARD : Les hommes politiques, c'est vrai, ne sont que des acteurs parmi d'autres de l'évolution du monde. « L'État », « le » pouvoir, ce sont des choses qu'il vaudrait la peine de mieux expliquer à tout le monde. Quel pouvoir ? Le pouvoir de faire quoi ? À la fois peu et beaucoup. Peu – et surtout à l'heure actuelle – si l'on recherche à tout rapporter à l'État. Parce que l'État est une immense machine, lourde, complexe et par conséquent fragile. Nos sociétés occidentales, elles aussi, sont lourdes, complexes et fragiles. Et de ce fait, elles ne peuvent évoluer normalement que si l'on respecte l'autonomie des cellules vivantes, actives, autonomes, responsables.

Sinon, nos sociétés seront à la merci d'une défaillance du système central et il leur arrivera le même sort qu'aux dinosaures : leur cerveau sera trop petit par rapport à l'immensité de leur corps et, incapables de s'adapter, d'évoluer, elles mourront de leur propre fait. Mais le pouvoir, cela peut aussi être beaucoup si l'on considère que l'acte de gouverner ne se limite pas à celui d'administrer, loin s'en faut.

Gouverner, ce doit être prévoir les évolutions nécessaires, amener la société à s'y préparer sur le plan technologique, économique, social, éducatif. Gouverner, ce doit être permettre aux gens de faire, de réaliser eux-mêmes, plutôt que de prétendre tout décider centralement. Gouverner, c'est pour une part essentielle expliquer, faire comprendre.

« Gouverner mieux » pour « administrer moins », cela fait des années que je le répète. C'est l'esprit d'une des réformes les plus importantes engagées depuis 1981, même si pour l'instant elle concerne sans doute davantage les élus locaux que les gens eux-mêmes : je veux parler de la décentralisation, c'est-à-dire du fait de rapprocher la prise des décisions de ceux qu'elles concernent. Ne nous faisons pas d'illusions. Il faudra des années et des années pour en ressentir et en mesurer pleinement les effets. Mais après tout, quand on nous explique l'histoire de France, on nous raconte en quelques heures les trois siècles qui ont permis de passer du féodalisme à la monarchie centralisatrice. Eh bien, la période que nous vivons, qui sera certainement – à terme – aussi importante pour l'évolution du pays, ne représente que quelques minutes à cette échelle-là.

ROCK : On a l'impression que les hommes d'État gouvernent encore selon les préceptes de Machiavel, et utilisent des armes telles que le secret. Or, l'accès de tous à une information rapide tend à priver l'homme d'État de cette arme, le contraignant à une action de plus en plus immédiate. N'est-il pas un inadapté particulièrement désarmé dans le monde actuel ?

Michel ROCARD : Êtes-vous sûr que votre référence à Machiavel soit bien appropriée ? Bien sûr, toutes les décisions ne se prennent pas sur la place publique et elles sont préparées dans la coulisse avant d'être présentées sur le devant de la scène. Mais il ne faut pas confondre cette étape de préparation avec une sorte d'utilisation du secret comme « arme » – c'est le mot que vous employez – de gouvernement.

D'abord, que voudront dire les secrets à une époque où la multiplication des satellites permet d'observer les mouvements de circulation en n'importe quel point du globe, où les moyens locaux de communication (radios locales, télévision par câble) permettent de récupérer dans chaque foyer les nouvelles internationales en même temps que les échos du quartier ?

Le secret, c'est une forme de distance. Quand les techniques de communication abolissent les distances, elles condamnent l'usage du secret comme moyen de gouvernement. Voilà pourquoi je crois que Machiavel est mort et enterré. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que du même coup l'information, et la manière de la présenter, devient un enjeu essentiel, un enjeu de pouvoir, et que la démocratie rend nécessaire que se pouvoir, comme tout pouvoir, puisse être contrôlé, en tout cas, équilibré. La compatibilité entre les mécanismes de ce contrôle ou de cet équilibre avec les exigences impérieuses de la démocratie pluraliste est un des enjeux centraux de la survie de nos démocraties occidentales.

ROCK : Selon vous, un homme d'État doit-il être un initiateur ou plutôt un accompagnateur, un gestionnaire, voire un modérateur de l'évolution de la société ? Quels seront d'après vous le rôle, la place et le statut de l'homme politique en l'an 2000 ? Quel visage auront son discours, son image ainsi que les techniques de marketing politique actuellement utilisées ?

Michel ROCARD : J'ai déjà répondu en partie, je pense, à cette question. Je voudrais cependant ajouter ceci : un homme politique, qu'on le veuille ou non, reste toujours un représentant. Un représentant de la société dans laquelle il agit et évolue. Au fond, je crois assez à la vérité selon laquelle les peuples ont les représentants et les dirigeants qu'ils méritent et qu'ils secrètent. Sauf à admettre que souvent le système des parties politiques tel qu'il fonctionne apporte à cela une relative dégradation. Sans doute doit-on s'efforcer d'aller au-delà de cette fonction de représentation immédiate et de la simple expression des intérêts que l'on représente. C'est même cette capacité qui distingue en général l'homme d'État de l'homme politique ordinaire. Mais il est illusoire de penser que l'on puisse se situer à contre-courant ou bien cent coudées en avant de la société où l'on est et où l'on vit – au moins sur une longue période.

ROCK : Estimez-vous que les décisions et les actions d'un homme politique puissent réellement engager l'avenir au-delà d'une échéance électorale ou d'un mandat électif ? Si oui, de quel ordre ces décisions peuvent-elles être ? Quelles sont les sphères d'activité (économique, sociale, technologique, culturelle…) qui sont nécessairement impliquées ou exclues du champ de telles décisions ?

Michel ROCARD : Oui, je crois que les décisions que l'on prend engagent l'avenir à moyen et long terme, au-delà des échéances électorales à coup sûr. Je crois d'ailleurs que, plus encore, les décisions que l'on ne prend pas, ou bien pas en temps utile, conditionnent l'avenir car elles restreignent les possibilités de choix de solution. Je ne prendrai que deux exemples : quand John Kennedy a lancé les programmes de conquête de l'espace, c'était une décision qui avait des conséquences bien au-delà des quatre ans de mandat d'un Président des États-Unis et qui, même à court terme, n'avait pas d'autre conséquence que d'augmenter les impôts des contribuables américains. Mais le type de choix qu'il a fait est encore celui qui prévaut aujourd'hui, vingt-cinq ans plus tard. Inversement, le fait, dans notre pays, de ne pas avoir traité à temps le problème des restructurations industrielles, de la sidérurgie, du charbon, de la construction navale, fait qu'aujourd'hui les solutions possibles sont extrêmement limitées. Et cela rend plus difficile le règlement de ces problèmes, devenus douloureux par indécision prolongée.

ROCK : Pouvez-vous faire le bilan de celles de vos actions personnelles passées dont vous pensez qu'elles ont ainsi engagé l'avenir (que ce soit en matière sociale, économique, institutionnelle…) ? Quel jugement portez-vous, rétrospectivement, sur elles ?

Michel ROCARD : Un bilan serait à la fois fastidieux et présomptueux. Et puis, je n'en suis pas encore au stade où l'on écrit ses Mémoires, car c'est généralement cela, les Mémoires d'un homme politique : le bilan des actions dont on pense qu'elles auront marqué et engagé l'avenir.

Pour m'en tenir à un exemple inverse de ceux que j'ai cités précédemment, je crois que les mesures que nous avons été amenés à proposer pour limiter les excédents laitiers et, par là-même, pour sauver l'Europe agricole de l'impasse où elle se trouvait sont certainement lourdes et difficiles, mais bien moins qu'elles ne l'auraient été dans trois ou quatre ans si le courage nous avait fait défaut pour les proposer aujourd'hui. Peut-être même n'y aurait-il plus eu alors de solution possible du tout. Je ne sais pas si cet exemple sera très parlant, mais après les semaines que je viens de vivre, vous comprendrez que ce soit le premier qui me vienne à l'esprit. Il n'est pas impossible bien que cela reste à confirmer que nous ayons sauvé l'Europe cette semaine.

Un autre exemple pourrait être celui d'une idée à laquelle je tiens beaucoup et que j'ai réussi à insérer dans la machine administrative française, celle des contrats de Plan, et notamment des contrats de Plan État-région.

Après huit ou dix siècles de centralisme administratif total, toutes les habitudes des Français, de leurs entreprises, de leurs syndicats, de leurs élus locaux, sont orientées vers la demande de protections publiques et de règlements, la mendicité de subventions et l'appel à l'État ou la colère et la violence lorsque cette demande n'est pas entendue.

La décentralisation est à cet égard l'amorce d'une lente mais profonde révolution.

Non seulement, les responsables des communes, des départements, des régions décideront directement d'une partie importante des questions qui engagent l'avenir de leurs collectivités, mais en outre la procédure des contrats de Plan va les obliger à définir un nouveau mode de communication avec le pouvoir central : la planification, ce ne sera plus la quête permanente de subsides attendus de Paris, mais l'apprentissage d'une réfection collective sur l'avenir d'une région dont on maîtrise le destin.

Les contrats de Plan vont donc introduire un double changement : tout d'abord, par la prise de conscience de responsabilités nouvelles face au devenir de la collectivité ; ensuite par la prise de conscience de relations différentes avec l'État, permettant de substituer une négociation équilibrée à une application quasi militaire du commandement administratif.

ROCK : Pensez-vous qu'à l'heure actuelle soient négligés certains secteurs (technologiques ou culturels par exemple) que vous, personnellement, estimez être vitaux pour une entrée « réussie » dans le troisième millénaire ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Michel ROCARD : S'il y a un secteur que je crois non pas « négligé » mais au moins en graves difficultés et pourtant vital pour ce que vous appelez une « entrée réussie dans le troisième millénaire », c'est à coup sûr celui de l'éducation. La crise de l'école, des systèmes de formation, ce n'est pas – là encore – quelque chose de particulier en France. Mais notre pays a des raisons légitimes et anciennes d'être fier de la tradition de son école publique, et pourtant aujourd'hui, quel délabrement ! Cela fait d'ailleurs de longues années qu'il en est ainsi et ce n'est pas en quelques mois que l'on pourra le redresser. Mais c'est vital pour l'avenir. Et tout le reste m'apparaît bien secondaire à côté de cet enjeu… Risquons un pronostic provocateur : je ne veux pas exclure que la dimension européenne permette d'apporter là le choc salubre qui mette nos systèmes éducatifs en état de mieux préparer nos enfants au monde de demain. Mais ça, ce n'est pas pour tout de suite.

ROCK : quelles seront, selon vous, les grandes dominantes des rapports internationaux dans une quinzaine d'années ? Permanence de l'axe est-ouest ou consécration de l'axe nord-sud ? Pourquoi ? Nation, Europe, monde : lequel de ces trois éléments vous paraît devoir dominer notre avenir ?

Michel ROCARD : Les lignes de force du monde de demain sont déjà visibles, et elles se sont nettement déplacées depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Hier, le monde s'organisait de part et d'autre de l'Atlantique (l'Europe et la côte Est des États-Unis). Aujourd'hui, il s'articule déjà de part et d'autre du Pacifique, autour des pays d'Asie et de la Californie. D'autre part, si les rivalités est-ouest demeurent lourdes de menaces, d'autres sources de conflits entre le Nord et le Sud commencent à représenter un enjeu encore plus important : démographie, évolution des richesses – où les dérèglements de l'économie mondiale rendent les pauvres plus pauvres et les riches plus riches –, poids des armements, surgissement de nouvelles idéologies nourries de fanatisme religieux. Tout va dans ce sens.

N'écartons pas l'idée que le conflit le plus vital pour le monde demain soit aujourd'hui le conflit interne dramatique qui oppose l'Islam intégriste et fanatique à l'Islam égalitaire, généreux, tolérant et respectueux de la femme que l'on sait être davantage celui du prophète avant que ses fidèles n'aient été obligés de se militariser pour survivre.

Si nous devions rester les yeux fixés sur notre nombril, nous les Européens, nous risquerions bientôt de n'avoir plus pour notre consolation que notre passé glorieux mais un peu défraîchi. Et pourtant, ce qui est notre faiblesse est en même temps notre force – ou peut le devenir. La faiblesse de l'Europe, c'est en effet de n'avoir pas de matières premières, peu de richesses naturelles. Sauf une : la matière grise de ses peuples. Et notre force, c'est que la matière grise est la matière première de l'avenir, d'un gisement inépuisable, dont le marché et les applications sont sans limites.

Encore faut-il que nous soyons capables d'organiser ce marché-là, c'est-à-dire de donner une consistance à l'Europe, autre que celle d'un vague marché commun où les marchandises comptent plus que les hommes. C'est ça, le véritable défi de la fin du vingtième siècle, ici et pour nous. Ou plutôt pour vous, car ce sera le défi que votre génération devra relever. Ce que nous pouvons faire de mieux, aujourd'hui, c'est d'en préserver les chances et d'en préparer l'avenir.

ROCK : Les deux dernières décennies ont consacré de grands bouleversements dans le domaine des moeurs et de la culture. Que qu'en la matière on puisse attendre concrètement des vingt ans à venir ?

Michel ROCARD : Il n'y a rien de plus imprévisible que l'évolution des moeurs et des cultures. Cela a-t-il d'ailleurs un sens ? Faut-il le prévoir ? Cela répond-il à un besoin ? Je n'en suis pas sûr. Ce que je crois seulement, que l'on peut dire raisonnablement, c'est que nous allons vers des formes d'organisation sociale dans lesquelles la durée du travail va continuer à diminuer. Cela signifie davantage de temps de loisirs, de temps libre et il importe que ce soit pour les gens une occasion de mieux communiquer, de mieux profiter de l'existence non pas dans un isolement repu, mais dans un enracinement vivifiant au sein de la société des hommes. Tout simplement. Cela suppose une très grande tolérance envers toutes les formes de culture, un environnement de liberté, une capacité infinie d'accueil et d'écoute.

ROCK : Si vous deviez vous adresser brièvement à des jeunes de 15 à 30 ans sur l'avenir que vous leur voyez ou leur préparez, que diriez-vous ?

Michel ROCARD : Je leur dirai d'abord que la jeunesse est, avant tout, un état passager, transitoire et que, comme tel, il ne donne aucun droit particulier. Que bien souvent, les flatteries commerciales ou politiques sont d'autant plus appuyées que les sociétés sont peu accueillantes aux jeunes dans le domaine de la vie réelle, celle du travail, de la formation, du logement ou de la famille. Que la seule revendication que la jeunesse puisse légitimement présenter, en tant que telle, à un homme politique, c'est de lui demander de ne jamais borner son horizon aux échéances immédiates, de ne jamais sacrifier l'avenir au présent. Pour le reste, la jeunesse, mais c'est banal, est autant une affaire de volonté et de choix qu'une question d'état civil. Le point commun, entre la jeunesse de fait et la jeunesse de choix, c'est l'espérance et c'est le courage.