Texte intégral
Monsieur le professeur
Mesdames et messieurs,
C'est un plaisir, pour moi, de participer à vos travaux, dans les tous premiers jours de ce nouveau mandat ministériel, car vous représentez, grâce au club européen de la santé, un point de convergence de grandes lignes directrices d'initiatives allant – me semble-t-il – dans la bonne direction.
Le premier axe qui guide votre action cherche à définir la santé de façon globale, comme la résultante d'actions concertées associant des partenaires qui n'appartiennent pas forcément au monde de la médecine. "La santé c'est l'affaire de tous" : tel est le slogan que l'on trouve dans une vos brochures, et je ne peux que m'y associer, tant je suis persuadé que l'approche intersectorielle des problèmes de santé est une évidente nécessite.
Depuis la création en 1970 par M. Paul Ribeyre ancien ministre de la Santé, le club européen a su promouvoir, à travers de nombreux colloques, une vision moderne des actions de santé, proches de la vie quotidienne des acteurs et des populations concernées – femmes, enfants, travailleurs – recherchant résolument la participation de tous et de larges échanges de vues, autant de garanties d'une adhésion libre à cette dynamique.
Le prix "santé et entreprise" est venu concrétiser cette vision d'une prévention vécue activement, et pas seulement subie passivement
La seconde caractéristique dominante de votre club qui m'apparait exemplaire, c'est précisément d'avoir su créer une atmosphère de "club" animé et vivant, beaucoup plus mobilisateur qu'une société savante. Un club est un cercle ou l'on se réunit pour échanger librement. Votre détermination à être ouvert sur les idées – comme en témoigne la composition "œcuménique" de votre conseil d'administration – ouvert aux autres groupes professionnels, pour constituer des réseaux complémentaires, bref ouvert sur la vie, témoigne de votre engagement à l'opposé des dogmatismes. Ce côté, donc, est à préserver, car votre but, notre but, est la recherche du "bien-être" (physique, mental, et social, comme dit l'OMS), et non pas d'une vie austère dont le Dr. Knock a su se faire le chantre.
La troisième composante que je veux saluer, est votre volonté de travailler dans une dimension européenne. Présent dès la création du club en 1970, ce choix européen a été constamment confirme par l'actualité. À l'époque l'attitude était pionnière. Les débats sur l'Europe sociale qui agitent nos peuples actuellement n'avaient pas touché le grand public, ni même le monde des professionnels de la santé. Cette préfiguration de ce que souhaite mettre en œuvre, s'il est ratifié par les douze, l'article 129 du traité de Maastricht, témoigne d'une anticipation visionnaire – plus de 20 ans à l'avance – sur une des questions majeures de notre société actuelle.
Enfin votre dernière lettre de noblesse, celle qui nous rassemble aujourd'hui, est de vous rallier à la dynamique de l'organisation mondiale de la santé en devenant centre collaborateur OMS.
Vous allez consacrer une part importante de vos activités à la prévention de la violence et des accidents, thème choisi dans le monde entier pour cette journée du 7 avril qui est l'anniversaire de la création de l'organisation.
Mais votre approche est novatrice car elle car elle considère la sécurité de façon globale: Sécurité des personnes à la maison, au travail dans le quartier, dans la ville, sur les routes etc.
Vous avez eu l'intelligence de vous consacrer depuis longtemps au monde de l'entreprise et cette démarche est à poursuivre.
Mais il faudra aussi – le constat social nous y oblige – vous interroger sur les effets du chômage sur la santé. C'est un appel que je vous lance pour que les chômeurs, ce groupe social de plus en plus important dont une frange notable se trouve marginalisée – en France mais aussi dans les autres pays de l'Europe – ne restent pas à l'écart de vos activités. La perte d'emploi est souvent – en elle-même – une situation de violence pour l'individu. J'aimerais que vous utilisiez vos talents imaginatifs – création de clubs ou de réseaux – pour les mettre au service de ceux qui, en France ou en Europe, cherchent du travail, au risque de voir leur santé mentale et leur santé physique altérée, ou de sombrer dans des comportements engendrant la violence, comme l'alcoolisme, les toxicomanies ou tout simplement le désespoir.
Ce thème est le grand défi pose à nos sociétés pour les années qui viennent et nous devons tous – avec nos compétences et nos spécificités – nous y atteler.
Je regrette de ne pas pouvoir assister à vos travaux qui s'annoncent très riches mais je vous assure de mon soutien futur.
Je vous remercie.