Interviews de M. Philippe Douste-Blazy, président du groupe parlementaire UDF - L'Alliance à l'Assemblée nationale, dans "Le Monde" et à France Inter le 8 septembre 1998, dans"La Montagne" le 9 et dans "Nice-Matin" le 17, sur la recomposition de l'UDF, ses projets politiques, ses rapports avec le Front national et Démocratie libérale et sur le projet de budget 1999.

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Intervenant(s) : 

Média : Emission la politique de la France dans le monde - France Inter - La Montagne - Le Monde - Le Var Nice matin - Nice matin

Texte intégral

Le Monde : 8 septembre 1998

Le Monde
« Les centristes forment-ils un mouvement charnière, aujourd’hui à droite, mais qui pourrait être tenté par la gauche si Lionel Jospin menait une politique acceptable ?

P. Douste-Blazy
– Absolument pas ! Être centriste, c’est réunir le centre et le centre droit de la vie politique française, que François Bayrou va tenter – et je suis sûr qu’il y arrivera – de redresser. Être centriste, aujourd’hui, pour moi, c’est l’absence de compromis, avec les extrêmes comme sur les valeurs européennes.
Nous sommes les héritiers des pères fondateurs de l’Europe, cette famille que vous qualifiez de centriste et que je qualifie aussi de démocrate-chrétienne. Si nous n’avions pas défendu et imposé l’Europe, personne n’y aurait cru. Nous l’avons défendue et imposée aux rieurs, aux pourfendeurs, aux moqueurs d’hier.
Cette famille doit, aujourd’hui, montrer l’importance de l’Europe politique. Quand j’ai voté "oui" au traité de Maastricht, en 1992, j’ai voté pour une Europe qui sera un jour à vocation fédérale. La responsabilité de notre famille politique, aujourd’hui, c’est de définir la souveraineté politique de l’Europe. Pour cela, nous appelons à écrire, démocratiquement, une Constitution de l’Europe, qui définisse ce qui revient à la fédération, ce qui revient aux États, ce qui revient aux régions. Il y a des choses qui doivent rester au niveau de l’État…

Le Monde
Par exemple ?

P. Douste-Blazy
– L’identité culturelle d’un pays, l’assurance-maladie, la protection sociale. À l’inverse, est-il normal qu’à une heure et demie de Paris en avion il y ait un homme, Slobodan Milosevic, qui continue le pire des crimes, c’est-à-dire la purification ethnique ? Il a commencé en Bosnie, il y a trois ans ; il continue, aujourd’hui, au Kosovo. Trois cent cinquante mille femmes et enfants sont réfugiés et attendent la rigueur de l’hiver dans les Balkans. Est-ce qu’il faut attendre la décision militaire de M. Clinton pour faire quelque chose ? Est-ce que l’Union européenne va rester longtemps (…) sans politique de sécurité commune et sans politique de défense ?

Le Monde
Le chemin pour parvenir à l’Europe politique, est-ce l’Europe des nations ou bien le transfert de la souveraineté à une autorité européenne ?

P. Douste-Blazy
– C’est la seule question. Si l’on veut une Europe des nations, c’est qu’on se trompe d’époque et de combat. Nous avons besoin de la nation, Mais nous avons aussi besoin, sur certains sujets – la défense, la diplomatie, la formation, la technologie, la recherche – d’une Europe politique. Nous avons besoin de transférer certaines souverainetés à la fédération européenne.
Nous ne voulons pas élargir l’Union européenne à un seul autre pays tant qu’il n’y aura pas une réforme profonde des institutions. Et nous demanderons qu’il y ait un texte préalable, additif, additionnel au traité d’Amsterdam, un pour le voter.

Le Monde
Allez-vous faire une liste commune, pour les élections européennes de juin 1999, avec le RPR, qui était majoritairement hostile, avec Philippe Séguin et Charles Pasqua, au traité de Maastricht ?

P. Douste-Blazy
– Nous sommes tout à fait d’accord pour faire la liste la plus large possible, mais il faudra qu’on nous écoute, parce que nous avons eu raison les premiers, depuis les années 50, sur l’Europe ; parce qu’on nous a emboîté le pas ensuite ; et parce que l’Europe politique, aujourd’hui, doit suivre l’Europe économique.

Le Monde
François Fillon et Éric Raoult proposent que M. Séguin conduise cette liste…

P. Douste-Blazy
– Attendez donc avant de parler des personnes ! Que le RPR présente le président du RPR, c’est normal. Mais si le RPR ne veut pas définir une souveraineté politique de l’Europe, alors il y aura un problème. M. Séguin avait dit non à Maastricht. Maintenant, il est pour le traité d’Amsterdam. Donc ça évolue…

Le Monde
En 1992, deux grandes formations appelaient à voter "oui" au traité de Maastricht, le PS et l’UDF. Leur choix européen commun pourrait-il les amener, un jour, à gouverner ensemble ?

P. Douste-Blazy
– Pour faire l’Europe, aujourd’hui, il faut bien sûr avoir des convictions européennes, mais il faut aussi jouer le jeu national de l’Europe. Quand je lis le projet de budget pour 1999 de M. Jospin, j’en conclus que nous sommes les mauvais élèves de l’Europe (…). Ce gouvernement socialo-communiste ne joue pas le jeu de l’Europe. Il est pour, peut-être, quand c’est M. Moscovici qui parle, mais il ne le fait pas, en pratique, puisque l’on voit que les déficits vont augmenter. Sur 55 milliards de francs de recettes nouvelles, on met 35 milliards de francs dans les dépenses publiques, pendant que tous les autres pays diminuent leurs déficits !
J’ai été très déçu par le discours du Premier ministre à La Rochelle le 30 août. Premièrement, aucune réforme. Fiscalité : rien. Assurance-maladie : rien. Hôpitaux : rien. Retraites : rien. Deuxièmement, M. Jospin est repris par les démons socialistes classiques, c’est-à-dire l’augmentation des dépenses publiques. Je sais que cela "passe" bien parce qu’on connaît la version une de M. Jospin : l’habileté. Mais la version deux de M. Jospin, c’est l’autosatisfaction.
On se retrouve exactement dans la même situation qu’en 1989, où la croissance était là après le gouvernement de Jacques Chirac. M. Rocard était très populaire dans les sondages. Il avait beaucoup dépensé la première année. Et puis, retournement de conjoncture. Qu’est-ce qu’on a fait ? On n’a pas voulu couper les dépenses publiques et l’on a augmenté les déficits. M. Jospin ne coupera pas les dépenses publiques, vous le verrez. C’est pourquoi je dis que, la classe socialiste, ce n’est pas la bonne classe européenne. »

 

France inter : Mardi 8 septembre 1998

S. Paoli
La question Blanc n’est toujours pas réglée ?

P. Douste-Blazy
– « Nous avons fait, à l’UDF, le choix de la clarté, nous avons dit qu’il n’y aurait ni connivence, ni alliance, ni compromis avec le Front national. Maintenant que nous l’avons fait, j’ai envie de vous dire : faisons le choix, nous, du projet de société que nous voulons ; parlons aux Français de l’Europe ; disons-leur comment nous allons les aider à accéder à la propriété de leur appartement, disons comment on va s’occuper de la sécurité de leurs enfants ; comment leur mérite, leur travail va être récompensé. C’est cela qu’il faut que nous faisions maintenant. Nous avons été sur la défensive trop longtemps. L’opposition doit passer à l’offensive maintenant. »

S. Paoli
On comprend bien que vous ayez envie d’avoir un projet. C’est vrai que l’Europe, c’est un beau projet. Quand même, il ne faut pas donner l’impression, non plus, que vous souhaitez botter en touche. Ce n’est pas réglé, cette affaire-là. On s’apprête à désigner bientôt le président de l’UDF à l’Assemblée. Comment allez-vous résoudre la question Madelin ?

P. Douste-Blazy
– « De manière très simple. Nous avons fait le choix de la clarté, nous demandons aux autres de le faire. Nous avons dit à nos amis de Démocratie libérale qu’il ne fallait pas confondre libéralisme et liberté de connivence ou de compromis. Ceci étant dit, maintenant que c’est fait, et en particulier J. Blanc ne siégera ni à l’Alliance, ni à l’intergroupe parlementaire… »

S. Paoli
Mais vous avez quand même enregistré le fait qu’il est rentré au sein de Démocratie libérale.

P. Douste-Blazy
– « Posez la question à Démocratie libérale, si vous le voulez. Moi je suis secrétaire général de Force démocrate... »

S. Paoli
Et porte-parole de l’Alliance.

P. Douste-Blazy
– « Je ne suis pas porte-parole de l’Alliance, mais peu importe. Ce qui est important, aujourd’hui, pour nous, me semble-t-il, c’est d’être très clair, comme le RPR d’ailleurs l’a été. Maintenant que nous l’avons été, mettez-vous à la place des électeurs qui nous ont quittés parfois pour aller au Front national, et qui nous entendent tous les jours, dire uniquement : à bas le Front national. C’est bien. La digue morale, nous l’avons érigée. Mais les incantations et l’anathème ne peuvent pas suffire pour un homme politique pour, justement, montrer aux gens le projet de société qu’il veut. C’est la raison pour laquelle il faut arrêter de nous positionner toujours par rapport à ce que nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas le Front national, nous ne sommes pas le Parti socialiste. Nous allons discuter dans quelques heures du budget, de la loi de Finances de 1999, croyez-moi, il y a beaucoup de choses à dire sur les erreurs économiques de M. Strauss-Kahn et de M. Jospin, avec une relance de la demande qui est basée sur la dépense publique et pas sur la diminution de la fiscalité, sur une non-diminution des déficits publics. Et nous avons beaucoup de choses à dire : l’absence de diminution des charges sociales pour les bas salaires ; l’absence de réforme de fond de L. Jospin, en particulier sur les retraites. »

S. Paoli
Tout le monde le souhaite, le débat républicain. Il est nécessaire à la politique, donc vive le débat républicain ! Mais ce n’est pas une vue de l’esprit, ce qu’il y a dans Libération de ce matin. R. Dutreil, qui est député de Démocratie libérale, pose des questions à lui-même et à toute la droite en lui disant : qu’est-ce qu’on fait ? ; qu’est-ce qu’on fait avec le Front national ? ; qu’est-ce qu’on fait avec nous-mêmes ? Et cela, vous n’y répondez pas.

P. Douste-Blazy
– « Je réponds qu’il faut faire, plus que jamais, le choix de la clarté. J’ai fait partie de ceux qui, depuis toujours, ont combattu l’extrémisme. En particulier, lorsqu’il touchait à l’essentiel, comme la liberté de penser ou la liberté d’expression dans les bibliothèques municipales. Mais maintenant que nous avons été clairs, il faut dire à ceux qui ne le sont pas que toute ambiguïté serait non seulement malsaine, dangereuse et mortelle. »

S. Paoli
Dire un jour à Madelin : on continue sans toi ?

P. Douste-Blazy
– « Mais de toute façon, A. Madelin doit, avec son parti, évidemment, avoir une clarification sur ce problème. Mais maintenant que nous, à l’UDF, nous l’avons faite – je le répète – il serait important, maintenant que nous l’avons dénoncé, j’ai envie de dire que la digue morale ne suffit pas. Passons aux idées et en particulier pour 1999, à la chance historique que nous avons de montrer quelle société nous voulons, c’est-à-dire une société européenne. »

S. Paoli
L’Europe, c’est peut-être un moyen, justement, pour l’Alliance de se retrouver autour d’un projet, de se reconstruire ?

P. Douste-Blazy
– « Il y a deux lignes de partage qui émergent aujourd’hui dans la vie politique française. La ligne de partage, qui est une fracture, qui est : doit-on dialoguer ou non avec l’extrême droite ? Et la deuxième, qui touche la droite comme la gauche, qui est la question européenne. 1999 sera l’année de l’Europe politique. Nous sommes les héritiers, nous, à Force démocrate, à l’UDF, des pères fondateurs du rêve européen. Et nous avons un constat à faire aujourd’hui, c’est que la zone de l’euro est la seule zone de stabilité monétaire aujourd’hui avec les États-Unis, et encore. Et on s’aperçoit que la crise russe, la crise asiatique n’arrivent pas à toucher l’euro, parce que c’est devenu une zone de dissuasion monétaire, parce que l’Europe existe. Et en même temps, c’est une zone d’échanges quasi indépendante du reste du monde. Maintenant que l’Europe économique est faite, faisons l’Europe politique. »

S. Paoli
C’est un beau projet, mais la difficulté, c’est que tout le monde est européen aujourd’hui. Jospin est aussi européen que vous ! D’ailleurs, on finit par se demander s’il n’est pas en train de gouverner au centre !

P. Douste-Blazy
– « Si M. Jospin est européen, il devrait faire attention à son budget et ne pas laisser filer les déficits, comme en 1989 M. Rocard l’avait fait. Le budget était basé sur une croissance de 3 %, et on vient de nous expliquer aujourd’hui que la croissance, en raison des tempêtes monétaires mondiales, ne sera plus à 3 mais à 2,5. Comme nous avons beaucoup dépensé en 1998, les emplois-jeunes, les 35 heures, l’augmentation des salaires des fonctionnaires, comment va-t-on payer aujourd’hui ? Moi, je crains qu’on fasse comme en 1989, que les socialistes fassent une deuxième erreur, et la même, en dix ans : augmenter les déficits et donc ensuite les dépenses publiques explosent. »

S. Paoli
Votre différence sur l’Europe, vous la feriez valoir comment ? Cette fédération européenne que vous réclamez ?

P. Douste-Blazy
– « Il n’y a qu’une seule question qui compte. Ou nous sommes pour l’Europe des nations, et je crois qu’on se trompe de combat et d’époque, ou alors nous sommes pour une Union européenne, qui dépasse la nation traditionnelle. Quand j’ai voté oui à Maastricht, je savais que je votais pour une Union européenne qui serait à vocation fédérale. Il faut que nous sachions ensemble définir la notion de souveraineté politique de l’Europe. Évidemment, les États doivent rester. Mais sur certains sujets, comme la recherche, la formation, l’éducation, l’armée, la défense, la politique extérieure, il faut qu’il y ait une fédération qui soit au-dessus de la nation. »

S. Paoli
Et vous dites que la tempête que nous traversons, car là, cela en est une pour de bon, c’est peut-être le meilleur allié de l’Europe aujourd’hui ?

P. Douste-Blazy
– « On ne peut jamais dire qu’une tempête est une alliée. Mais ce que je sais, c’est que d’un côté, on voit les limites d’un libéralisme purement financier, où l’homme est désincarné, comme en Russie, avec une absence d’État de droit. Et donc alternative tragique entre le libéralisme pur et le retour au communisme, c’est une leçon pour nous. Et deuxièmement, en Asie, où la crise est purement bancaire et où on voit que toutes les grandes institutions internationales des années 1950, comme le FMI, la Banque mondiale, sont dépassées et qu’il faut un conseil de sécurité économique mondial, une régulation mondiale. Le marché ne suffit pas, il faut le réguler et c’est cela la philosophie de ma famille politique : économie de marché oui, à condition que l’homme ne soit pas oublié au milieu. »

 

La Montagne : Mercredi 9 septembre 1998

LA MONTAGNE
Le contentieux créé par les présidents de région UDF soutenus par le Front national est-il désormais classé ?

PHILIPPE DOUSTE-BLAZY.
– Nous avons, à l’UDF, choisi la voie de la clarté : ni alliance ni connivence avec l’extrême-droite. Maintenant, l’opposition doit proposer un projet crédible, alternatif au socialisme. Devant un gouvernement qui n’aspire plus qu’à gérer, il faut une opposition qui aspire à gouverner. Oui, nous passons à l’offensive.
Nous devons aujourd’hui nous adresser aux Français, particulièrement à ceux qui nous ont quittés, en parlant de leurs problèmes quotidiens. Par exemple : comment leurs efforts, leur travail, leurs mérites seront ils récompensés ? Comment la sécurité de leurs enfants sera-t-elle assurée ? Comment accéderont-ils à la propriété de leur logement ? Dans quelles proportions va-t-on diminuer les charges sociales pour diminuer le coût du travail, seule solution pour relancer l’emploi ?

LA MONTAGNE
Quelle attitude aura le groupe UDF dans la discussion budgétaire ?

PHILIPPE DOUSTE-BLAZY
– Sur le plan économique, M. Jospin a fait quatre fautes. D’abord, il ne profite pas de la croissance retrouvée pour diminuer les impôts. Ensuite, il augmente les dépenses de l’État puisque, sur les 55 milliards de francs de recettes supplémentaires, 35 milliards alimentent la fonction publique. Troisième faute : il ne profite pas de cet argent nouveau pour faire les grandes réformes que le pays attend, sur la protection sociale, sur les hôpitaux, sur les retraites, sur la fiscalité. Enfin, il ne profite pas de l’euro pour harmoniser les taxes prélevées sur l’épargne, ce qui aura comme conséquence une fuite des capitaux.
Il existe aujourd’hui une crise financière mondiale qui va se répercuter sur notre pays, puisque l’on commence à parler de 0,5 % de moins de croissance. Ce gouvernement ayant déjà beaucoup dépensé, je pose une question : comment va-t-on payer ? Je crains que la réponse des socialistes soit toujours la même : augmenter les déficits, c’est-à-dire une véritable bombe à retardement pour demain.

LA MONTAGNE
Diriez-vous comme Nicolas Sarkozy : la droite est de retour ?

PHILIPPE DOUSTE-BLAZY
– Oui, la droite et le centre-droit sont de retour. Nous allons inventer une nouvelle manière de nous opposer. En ne nous contentant pas de réagir, mais en anticipant.
Prochainement j’aurai l’occasion de proposer avec le groupe UDF à l’Assemblée nationale une proposition de réforme sur les retraites.
En raison de l’augmentation de l’espérance de vie et de la démographie il est nécessaire d’ajouter au système par répartition un système par capitalisation. C’est-à-dire d’instituer en France, comme cela existe dans de nombreux pays, un système qui permette à chacun d’entre nous de mettre chaque mois une somme de côté, de la placer et de la récupérer le jour de sa retraite. Ce qui offre trois avantages : assurer une retraite digne pour tous ; permettre aux Français de bénéficier des fruits de la croissance et de leur travail : éviter la vente de nos entreprises aux fonds de pensions américains.


Nice-Mati : Jeudi 17 septembre 1998

Nice-Matin : Qu’attendez-vous de ces deux journées de travail, dont une à huis clos ?

Philippe Douste-Blazy : Un style, un discours, un projet. En un mot, une autre manière de s’opposer, une autre façon de faire de la politique, une opposition moderne ne doit pas se contenter de réagir aux propositions du gouvernement, mais elle doit anticiper, proposer, participer au débat d’idées. Tirons enfin les leçons de notre échec aux législatives de 1997. Définissons un programme crédible, alternatif au socialisme.
Mon souhait, j’allais dire mon rêve, serait que nous puissions faire une proposition concrète, lisible par chacun de nos concitoyens, novatrice, chiffrée et donc réalisable après chacun de nos débats internes. Ces échanges feront l’objet d’une publication périodique et seront envoyés dans toutes les circonscriptions pour animer les échanges et faire renaître l’esprit de débat qui est au cœur de la vie démocratique. N’oublions pas que nous sommes avant tout les représentants du peuple, nous devons aller régulièrement au rendez-vous de nos électeurs pour écouter leurs critiques, retenir leurs suggestions, leur expliquer nos positions et leur faire part de nos propositions. La renaissance du lien de confiance entre les électeurs et leurs représentants doit être notre ambition.

Nice-Matin : Quelles doivent être selon vous les priorités du nouveau Président de l’UDF ?

Philippe Douste-Blazy : Créer ce grand parti, libéral, solidaire et européen dont nous avons tant besoin ! Un parti qui écoute, qui sache représenter la volonté de ses militants et de ses sympathisants, un parti qui sache créer une dynamique. Un parti capable de rassembler tous ceux qui partagent les mêmes valeurs. Un parti qui sache mettre fin aux querelles picrocholines mais qui soit respectueux de nos identités et de nos histoires respectives. Un parti qui incarne la voie qui existe et qui existera de plus en plus entre un socialisme par nature étatique qui renouvelle avec constances les erreurs d’hier et d’avant-hier – le budget 1999 en est la démonstration inquiétante – et un libéralisme purement financier qui réduit l’homme à un facteur économique.

Nice-Matin : Ne craignez- vous pas que la scission de Démocratie libérale n’affaiblisse la nouvelle UDF au sein de l’opposition ?

Philippe Douste-Blazy : Je regrette profondément tout ce qui peut donner aux Français l’image d’une opposition divisée en proie à des querelles intestines. La vie de nos partis est trop souvent incompréhensible pour nos concitoyens qui réclament la clarté de notre action politique. Si nous n’y prenons pas garde, nos électeurs n’arriveront plus à se reconnaître dans un paysage politique devenu illisible.

Nice-Matin : François Bayrou a souhaité que la nouvelle UDF soit un parti disposant de courants. Partagez-vous cette disparition programmée des composantes, souvent anciennes, de l’UDF ?

Philippe Douste-Blazy : L’UDF ne doit pas donner l’image d’une superposition de familles politiques qui disent la même chose. Si la différence ne se fait pas sur le fond, nos électeurs penseront qu’elle se fait essentiellement sur des querelles de personnes. Rien ne serait plus néfaste. Autant je suis favorable à une Alliance plurielle, autant je souhaite une UDF la plus unifiée possible. Ce sera peut-être long, mais la réussite de l’entreprise est à ce prix. Je suis persuadé que le bon alliage pour l’UDF reste la politique de la main tendue entre les libéraux et les centristes. Pour réussir la fusion de l’UDF, il faudra avant tout la préparer et la fusion devra se faire dans les conditions souhaitées par les militants.

Exergue : Pour le président du groupe UDF au Palais Bourbon, « la vie de nos partis est trop souvent incompréhensible pour nos concitoyens »