Interview de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, dans "L'Humanité" le 14 septembre 1998, sur l'aide de l'Etat à la presse écrite.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Fête de l'Humanité, à La Courneuve, du 11 au 13 septembre 1998

Média : L'Humanité

Texte intégral

L’Humanité : Quel regard portez-vous sur la Fête de l’Humanité ?

Catherine Trautmann : Il s’agit de la plus grande fête de France dont j’apprécie qu’elle soit à ce point ouverte aux initiatives multiples et aux échanges les plus libres. Placée sous l’égide de « L’Humanité », elle rappelle la place essentielle de l’écrit par la place qu’elle consacre au livre, qu’elle complète par son ouverture au multimédia. Une belle manière de souligner la compatibilité des différents supports.
Son ouverture permanente à tout ce qui est nouveau est frappante et donne au public la possibilité, d’une activité à l’autre, de faire le point. Lieu de rencontre de gens fort différents, fête populaire au plein sens du terme, elle a su conserver son cahier des charges : l’exigence de qualité.

L’Humanité : Régulièrement, l’actualité rappelle la fragilité de la situation de la presse écrite et singulièrement des quotidiens. Ministre de tutelle, comment appréciez-vous cette situation ?

Catherine Trautmann : Des contraintes lourdes pèsent sur la presse écrite : l’importance ces charges qui pèsent sur elle, la modicité des équipes rédactionnelles, le coût des modernisations nécessaires. La transformation de cette industrie pèse sur l’emploi, exige une mobilisation financière considérable, dans un contexte d’affaiblissement du lectorat. Par ailleurs, la multiplication de la presse spécialisée offre un choix d’information nouveau, dans une économie et une logique propres.
Cela justifie les aides à la presse. Ainsi, l’instauration d’une taxe de 1 % sur la publicité hors média a pour but de faciliter les projets de transformation de ceux qui sont au cœur de l’actualité politique, économique et sociale du pays et ambitionne d’inciter un nouveau lectorat à fréquenter les quotidiens. Ils sont en effet indispensables pour déterminer les choix et construire les analyses de chacun et sont donc un important vecteur de la citoyenneté et de la démocratie. Cette défense du pluralisme s’entend donc non seulement au sein de chaque type de support – écrit, télévision, radio –, mais aussi entre médias, en redistribuant en faveur des lecteurs, par les aides à l’abonnement, au portage, en accordant un soutien spécifique favorisant l’évolution des titres, leur transformation, de manière plus assurée que par le passé. Ce fonds de modernisation ne sera pas simplement attribué à la proportionnelle, mais favorisera ceux qui entreprennent des changements dans un esprit de conquête.