Texte intégral
Q. – La France réagit-elle à la pression intégriste ou participe-t-elle à la conspiration du silence ?
R. – La France est un État régi par des rapports démocratiques. C'est un État de droit fort. Chaque fois que d'autres pays vivent sans accorder les droits fondamentaux, en les foulant aux pieds et en humiliant, on ne peut qu'être profondément choqué et frappé par l'absurdité de tels faits. On a à faire, dans ce pays, à une vision du monde faite de superstitions qu'on aimerait ne jamais avoir vues.
Q. – Que peut-on faire pour l'Afghanistan ?
R. – Dans ce pays, aucune autorité ne s'exerce. Il fait partie de ces États qui se décomposent. Il n'y a personne avec qui l'on peut négocier. Ce pays fait l'objet d'une guerre civile sans merci entre un pouvoir central et une guérilla régionale. L'Afghanistan a toujours fait preuve d'intégrisme rigoriste. Le sort des femmes n'y a jamais été très heureux. Les gens qui s'intéressent aux affaires du monde connaissent bien la situation de l'Afghanistan.
Q - Que faire ? Au Cambodge, dans la région des Grands Lacs d'Afrique de l'Est et au Sud Soudan, il y a des situations semblables.
R - L'Afghanistan n'est pas un État sur lequel on peut faire pression. On ne peut pas geler des avoirs financiers (qu'ils n'ont pas). Le chemin est long pour ramener la paix en Afghanistan. Lorsqu'il y aura un gouvernement pacifié, on pourra travailler avec lui. Maintenant, il faut donc commencer par le commencement. Pour que la paix revienne, il faut un accord minimum avec les pays voisins – le Pakistan, l'Iran, la Russie, les républiques d'Asie centrale et la Chine – pour tenter « d'assécher » cette guerre civile et pour mettre en place un groupe de contact. Comme nous l'avons fait pour la Bosnie et comme on tente de le faire pour le Kosovo.