Déclaration de Mme Simone Veil, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, complétée de documents annexes, sur l'organisation de l'année internationale de la famille en France et la réflexion menée à cette occasion, Paris le 16 mai 1994.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Simone Veil - Ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville

Circonstance : Installation du Comité National de l'Année internationale de la famille, à Paris le 16 mai 1994

Texte intégral

Mesdames les Sénateurs,
Mesdames les Députés,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,

En vous souhaitant la bienvenue, je tiens d'abord à vous remercier de prendre part à l'installation du Comité International de la Famille.

En décrétant l'année 1994 "Année Internationale de la Famille", l'Organisation des Nations-Unies a souhaité mettre en lumière l'importance de la famille à l'orée du XXIème siècle et a invité tous les pays à faire de cette année un moment privilégié de réflexion sur l'évolution de la famille et des politiques familiales.

À cette occasion, l'Assemblée Générale des Nations-Unies a défini la famille "comme la plus petite démocratie au cœur de la Société", au sens où elle est par excellence un lieu d'amour et de responsabilité partagée où s'exercent les premières solidarités. C'est au sein de sa famille que l'enfant fait l'apprentissage de ses droits et de ses devoirs. En un mot, c'est dans ce cadre qu'il acquiert les valeurs fondamentales qui fondent notre société.

Pour toutes ces raisons, la famille est bien la cellule de base de notre société et demeure, aujourd'hui comme hier, le ciment de notre cohésion sociale et le garant de la société de demain.

Mais au cours des trente dernières années, la notion de famille a profondément évolué et le modèle familial ne correspond désormais plus à un modèle unique. La vie familiale emprunte maintenant des formes diverses quant au nombre et au rôle de ses acteurs.

Certes, on entend parler souvent d'une "crise de famille" dans nos sociétés. Je ne partage pas les inquiétudes de ceux qui pensent que la famille est gravement menacée. Nous sommes aujourd'hui bien loin du sentiment que l'on pouvait avoir à la fin des années soixante et selon lequel la famille était remise en cause.

Pour la très grande majorité des Français, la famille est vraiment le symbole du bonheur quotidien. Elle constitue la valeur refuge par excellence à un moment où la crise économique et sociale touche un grand nombre d'entre eux et ce sont aujourd'hui les solidarités créées à travers les liens familiaux qui permettent jeunes de faire face avec plus de sérénité à un avenir incertain et parfois angoissant. Dans le même temps, les anciens reçoivent de part de leurs enfants, et même souvent de leurs petits-enfants, un soutien qui n'est généralement pas financier mais affectif et parfois très concret lorsque les anciens perdent peu à peu leur autonomie.

Il est vrai que nous connaissons actuellement une diminution importante des naissances. La peur du lendemain, la difficulté de trouver un emploi stable ou un logement conduisent les couples à reporter leurs projets parentaux et, de fait, à réduire leur nombre d'enfants. Ils sont alors privés d'un grand bonheur et, par là-même, privent leurs enfants de relations irremplaçables avec des frères et sœurs. Il faut donc tout mettre en œuvre pour que les parents et futurs parents puissent réaliser leurs projets familiaux et pour que leur temps familial soit un temps de qualité. Cela ne relève pas uniquement du Gouvernement mais de la société toute entière.

Pour sa part, le Gouvernement vient de déposer au Parlement un projet de loi relatif à la famille. Ce n'est pas le lieu d'en débattre aujourd'hui. Je souhaite seulement souligner que, loin de toute position dogmatique, ce projet vise uniquement à répondre aux besoins les plus pressants des familles pour permettre à tous leurs membres d'avoir une vie plus équilibrée et à chacun de choisir son plein épanouissement entre la vie professionnelle et la vie familiale.

J'en viendrai maintenant aux objectifs que le Gouvernement s'est fixé pour le déroulement de cette année internationale de la famille et à ses modalités d'organisation.

Le 4 novembre dernier, en installant le Comité National de Pilotage de l'Année Internationale de la Famille, j'avais tenu à souligner que le Gouvernement français aurait pu se contenter de faire un bilan des politiques familiales conduites jusqu'ici dans notre pays et des réalisations dont nous pouvons nous enorgueillir en ce domaine. Bien peu de pays dans le monde peuvent en effet se prévaloir d'un tel bilan et le nôtre suffirait à attester de la constance et de l'importance des actions publiques et privées en faveur de la famille.

La voie que j'ai choisie n'est cependant pas celle-là. J'ai au contraire voulu que cette année soit, comme l'a souhaité l'Assemblée Générale des Nations-Unies, l'occasion de développer une réflexion de fond sur l'évolution de la famille en France, d'évaluer les réussites, d'analyser les insuffisances constatées et d'explorer des voies nouvelles.

Dans cet esprit, les principes qui ont commandé l'Organisation de l'Année Internationale pour la France, ont été nombre de trois :

Le premier a été de conduire ces réflexions dans la tradition française de partenariat et de concertation. Ainsi, le membres Comité national de pilotage comprend plus de soixante représentant les ministères, les organismes publics concernés par la politique familiale, les associations à vocation nationale et les représentants des collectivités territoriales.

Le second principe a été d'axer l'effort, au plan national, sur les réflexions devant aboutir, en fin d'année, à la production d'un livre blanc sur la famille et d'une contribution française à l'Année Internationale de la Famille, qui sera adressée à l'Assemblée Générale des Nations-Unies. C'est le rôle qui est dévolu au groupes de travail qui émanent du Comité de pilotage et auxquels de nombreux chercheurs compétents et reconnus ont bien voulu apporter leur concours.

Le troisième et dernier principe a été de privilégier les actions d'animation grâce à des initiatives locales et à la mobilisation des acteurs du terrain, notamment à travers les comités départementaux de pilotage qui réunissent les services publics et le monde associatif.

Il ne m'a pas semblé opportun, alors que tant de nos concitoyens connaissent des difficultés, que des crédits publics, forcément conséquents, soient consacrés au financement de manifestations festives d'ampleur nationale. Je sais cependant, – et je m'en réjouis – que localement nombre de comités départementaux, avec des partenaires publics et privés, ont organisé des manifestations et des fêtes, ou vont le faire. Cette diversité et cette multiplication des manifestations locales correspondent pleinement à l'objectif que j'avais fixé de permettre au plus grand nombre possible de familles d'être directement associées à l'Année Internationale de la Famille. Comment pourraient-elles l'être mieux que dans leur cadre de vie ?

Par-delà ces actions d'animation et de sensibilisation, j'ai souhaité que les comités départementaux de pilotage soient également directement associés aux réflexions conduites au plan national. Je sais que, localement, des innovations voient le jour en faveur des familles, que des projets sont en préparation. Cette créativité contribue pour beaucoup à dessiner les contours des besoins nouveaux qu'expriment les familles et à esquisser des solutions propres à y répondre. J'ai donc demandé aux comités départementaux de faire remonter toutes ces expériences et tous ces projets au niveau national où ils viendront nourrir de manière concrète les réflexions des groupes de travail.

Plusieurs départements ont aussi organisé des groupes réflexion, souvent proches des thèmes choisis au plan national. Je souhaite que le fruit de leurs travaux soient transmis assez tôt au coordonnateur national pour contribuer à la préparation du livre blanc.

Les structures destinées à animer l'Année Internationale de la Famille dans notre pays ont été mises progressivement en place dans cet esprit de participation et de souplesse. Je laisserai le soin de vous exposer les thèmes des groupes de travail mis en place à Monsieur Serge Tricoire, membre de l'Inspection Générale des Affaires sociales, à qui j'ai confié la tâche d'assurer la coordination de ces travaux.

Le Comité Nationale de l'Année Internationale de la Famille, que j'ai l'honneur d'installer aujourd'hui, est appelé à jouer un rôle essentiel. Expressément prévue par les documents élaborés par l'Organisation des Nations-Unies pour la préparation de cette grande manifestation internationale, cette structure, composée de personnalités éminentes, est chargée de superviser l'ensemble travaux menés au plan national. Il vous reviendra en particulier de faire part de vos avis sur les documents élaborés par les différents groupes de travail. À la fin de l'année, vous seront transmis pour avis les projets des textes du Livre blanc sur la famille et la contribution française qui sera transmise à l'Organisation des Nations-Unies. Il vous appartiendra d'en arrêter définitivement le contenu avant leur diffusion. Cette solennité est justifiée par le fait que ces documents constitueront la marque tangible de la participation française à l'Année internationale de la famille, en même temps que le témoignage de l'importance et de la richesse des réflexions conduites à cette occasion.

Grâce à votre aide active, l'Année Internationale de la Famille sera effectivement, je n'en doute pas, un moment privilégié pour mener une réflexion approfondie sur l'évolution, le rôle et la place des familles dans notre société et je tiens à vous en remercier.

Je souhaite que, dans la compréhension des contraintes et des aspirations de chacun, nous restions mobilisés – tout au long de cette année, mais aussi par la suite pour faire progresser, ensemble, les intérêts des familles.

L'organisation des Nations-Unies, en décrétant l'année 1994 Année Internationale de la Famille, a souhaité mettre en lumière l'importance de la Famille à l'orée du XXIe siècle. Dans tous les pays. 1994 est donc un moment privilégié de réflexion sur la famille et les politiques familiales permettant d'explorer des voies nouvelles.

La famille est en effet, comme le rappelle l'Assemblée Générale des Nations-Unies, la plus petite démocratie au sein de notre société lieu privilégié d'amour et de responsabilité partagée où l'enfant fait l'apprentissage de ses droits et ses devoirs. La famille est au centre des solidarités qui s'exercent notamment à travers les générations ou en faveur des plus faibles. Aux parents, il incombe de veiller à la sécurité et au bien-être de tous, d'assurer l'éducation de leurs enfants et de les aider à préparer leur avenir.

Malgré ses transformations, la famille demeure une certitude dans un monde où la plupart des repères sont de plus en plus difficiles à percevoir. Pour tous elle est perçue comme la valeur refuge qui protège chacun des aléas de l'existence dans une société en très rapide mutation. C'est la responsabilité de l'Etat de s'engager en faveur des familles afin qu'elles demeurent des lieux d'épanouissement et de vie. C'est un objectif prioritaire pour le Gouvernement. C'est pourquoi, il est indispensable de donner à notre politique familiale une dimension nouvelle et de la concevoir comme l'élément essentiel d'une démarche globale pour aborder avec plus d'élan et d'espoir le XXIe siècle.

Dans un monde difficile et incertain, la jeunesse attend qu'on lui redonne confiance en l'avenir.

C'est un défi pour la Nation toute entière : familles, mais aussi responsables politiques et économiques, gouvernementaux et associations, médias, que ce soit à titre personnel ou collectif, nous devons tous nous mobiliser, au cours de cette année et agir dans tous les domaines pour renforcer la famille, gage de la cohésion sociale et de l'avenir de notre pays.

Simone Veil


Sommaire 
1. Composition du Comité National pour l'Année Internationale de la Famille 
2. Groupes de travail concourant, au plan national, à l'Année internationale de la Famille 
3. Les membres du Comité de Pilotage 
4. Les correspondants départementaux 
5. Objectifs et organisation de l'Année internationale de la famille en France 
6. Schéma général d'organisation de l'Année internationale de la Famille 
7. Bulletin n° 1 de l'Année internationale de la Famille 
8. Bulletin n° 2 de l'Année internationale de la Famille 
9. Brochure officielle "Année internationale de la Famille" des Nations-Unies

Composition du Comité National pour l'Année Internationale de la Famille

Placé sous la Présidence de Madame Simone Veil, ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

M. Claude Amis, Président de la Caisse Centrale de Mutualité Sociale Agricole

Mme Marie-Claude Beaudeau, Sénateur

Mme Mijo Beccaria, Directrice Publications Jeunes de Bayard Presse et Directeur Délégué de la Publication Enfants Magazine

M. Pierre Boisard, Président du Secours Catholique

M. Roger Burnel, Président de l'Union Nationale des Associations Familiales

M. Gérard Calot, Inspecteur Général à l'INSEE

Mme Colette Codaccioni, Député

Mae Bernadette Isaac-Sibille, Député

M. Pierre-Patrick Kaltenbach, Président des Associations Familiales Protestantes

Mme Geneviève Laroque, Présidente de l'Institut de l'Enfance et de la Famille

M. Pierre Laroque, Président de section honoraire au Conseil d'État

M. Julien Laupretre, Président du Secours Populaire

M. Michel Lunven, Ambassadeur, représentant du Ministre des Affaires étrangères

M. Serge Lebovici, Professeur émérite de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent

Mme Hélène Missoffe, Sénateur

M. Jean-Paul Probst, Président de la Caisse Nationale des Allocations. Familiales

M. Louis Roussel, Sociologue

Mme Gaye Salom, Vice-Présidente du Conseil National pour l'Intégration des Populations Immigrées

M. François de Singly, Professeur en Sociologie.

Groupes de travail concourant, au Plan national, à l'Année Internationale de la Famille

I. – Groupes de travail constitues dans le cadre du Comité national de pilotage

1. Groupe famille et intégration sociale

Président : M. Pierre Boisard, membre du Comité National de l'AIF, Président du Secours Catholique.

Rapporteurs : Mme Francine Fenet, Conseiller technique à l'UNIOPSS ; Mme le Docteur Monique Bourdais, Médecin-chef du service des actions médico-sociales scolaires, sous-direction de la santé, à la direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé (ville de Paris) ; Mme Catherine Hesse-Germain, Administrateur civil, adjoint au sous-directeur des populations immigrées, à la direction de la population et des migrations (ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville)

2. Groupe famille et solidarités

Président : M. Roger Burnel, Membre du Comité National de l'AIF, Président de l'Union Nationale des Associations Familiales :

Rapporteurs : M. Henry Nogues, maître de Conférences à l'Université de Nantes ; Melle Rault, chargée d'enseignement à l'Université de Lille ; Mme Claire Descreux, administrateur civil, chef du bureau de la famille, de l'enfance et de la jeunesse, à la direction de l'action sociale (ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville).

3. Groupe droit et famille

Président : M. Philippe Steck, Directeur à la CNAF.

Rapporteurs : Mme Nathalie Riomet, Magistrat, bureau du droit civil général, à la direction des affaires civiles et du sceau (ministère de la Justice) ; M. Claude Badrone, Administrateur civil, Chef du bureau de l'impôt sur le revenu au service de la législation fiscale (ministère du Budget) ; Mme Noëlle Mariller, Chef du bureau des droits propres au service des droits de la femme, (ministère des affaires Sociales, de la Santé et de la Ville).

II. – Groupes de travail associés au comité de pilotage

A. – Démographie et sociologie de la famille française, bilan et perspectives

Présidents : M. le Professeur Louis Roussel, Sociologue Mme Irène Thery, Chargée de recherche au CNRS.

Participent à ce groupe de travail : Yvonne Castellan, Guy Desplanques, Anne Muxel, Martine Segalen, Laurent Toulemon, Jacques Vallin, Patrick Festy, Michel Glaude, François de Singly, Claude Martin.

B. – Les politiques sociales en France, depuis trente ans, bilan et perspectives

Animé par : M. Michel Villac, Responsable du service des études et des systèmes d'information (SESI) (ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville) ; M. Pierre Strobel, Responsable du bureau de recherche de la CNAF ; M. Jacques Commaille, Directeur de recherches au CNRS.

III. – Groupes de travail des organisations non gouvernementales

Ce groupe est constitué par les organisations non gouvernementales du secteur de la famille accréditée auprès des Nations-Unies ou travaillant habituellement au plan international.

Les membres du comité de pilotage

Présidence du comité de pilotage, ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

Ministères :
Ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire
Ministère de la Justice 
Ministère des Affaires étrangères 
Ministère de l'Éducation nationale
Ministère de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur
Ministère des Entreprises, du Développement économique, des petites et moyennes entreprises, du Commerce et de l'Artisanat
Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle
Ministère de la Culture et de la Francophonie
Ministère du Budget
Ministère de l'Agriculture et de la Pêche
Ministère de la Fonction Publique
Ministère du Logement
Ministère de la Coopération
Ministère des DOM-TOM
Ministère de la Jeunesse et des Sports

Organismes publics :
Conseil Économique et Social
Haut Conseil de la Population et de la Famille
Comité National d'Éthique
Conseil supérieur de l'Information sexuelle, de la Régulation des Naissances et de l'Éducation familiale Institut national d'Études démographiques
Institut de l'Enfance et de la Famille
Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leur famille
Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie Commissariat général au Plan Caisse nationale des allocations familiales
Mutualité sociale agricole
    
Associations :
Fondation de France 
Centre international de l'Enfance Union internationale des organismes familiaux
Union nationale des associations familiales
Union nationale interfédérale des organismes privés sanitaires et sociaux Fédération des familles de France Fédération nationale des associations familiales rurales
Alliance nationale population et avenir 
Comité français des associations pour la défense des droits de l'enfant
Comité national des retraités et personnes âgées
Fédération protestante de France Confédération nationale des associations familiales catholiques
Comité d'action sociale israélite de Paris
Mosquée de Paris
Conseil national des associations populaires familiales syndicales Confédération syndicale des familles
Confédération syndicale du cadre de vie
ATD Quart Monde Secours catholique Secours populaire
Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs
Association française des centres de consultation conjugale
Centre de liaison des équipes de recherche 
Centre national d'information et de documentation des femmes et des familles
Enfance et famille d'adoption 
Union nationale des associations de parents d'enfants inadaptés 
Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public 
Union nationale des associations de parents d'élèves de l'enseignement public

Collectivités territoriales :
Association des présidents de conseils généraux
Association des maires de France

Objectifs et organisation de l'Année Internationale de la Famille en France

L'Assemblée Générale des Nation-Unies a proclamé 1994 "Année internationale de la famille" (AIF) et cette manifestation suscite un réel intérêt parmi les acteurs du monde de la famille.

Elle a coïncidé avec l'annonce par le Gouvernement de sa volonté de proposer au Parlement un projet de loi sur la famille.

L'Année Internationale de la Famille est proposée par l'ONU comme un cadre commun à l'ensemble des pays auxquels, en fonction de leur spécificité, il appartient d'inscrire leur action en faveur de la famille. Dans ce contexte, la France a pour sa part défini plusieurs objectifs qui lui sont propres, dont la réalisation passe toutefois par une organisation conforme aux principes arrêtés par l'Assemblée Générale des Nations-Unies.

A. – Les objectifs de l'AIF pour la France

La participation française à l'AIF se traduira :

1. Par la préparation d'un document qui sera remis à l'ONU, pour constituer la contribution française à cette grande manifestation internationale.

Ce document marquera la spécificité française en ce domaine et son élaboration sera aussi un temps fort du point de vue de la dimension internationale de cette année consacrée à la famille.

Ses objectifs seront en particulier de dresser un bilan des réalisations dont notre pays peut légitimement se prévaloir en matière de politique familiale et d'indiquer les pistes d'évolution qu'il entend suivre.

2. Par la rédaction d'un "livre blanc", à partir des réflexions de trois groupes de travail thématiques, constitués par les membres du comité national de pilotage, et appuyés par les travaux de deux autres groupes, composés de chercheurs et de praticiens reconnus notamment dans les domaines de la démographie, de la sociologie et de l'histoire du droit social.

Le contenu de ce livre blanc sera le fruit d'une réflexion de fond ayant pour objet d'évaluer les réussites, d'analyser les insuffisances constatées et d'examiner les voies nouvelles à explorer. Son architecture, comme d'ailleurs celle de l'organisation qui a été conçue par le ministère des Affaires sociales, s'articule autour des objectifs fondamentaux qui ont été assignés à l'AIF dans notre pays : 
- présenter les orientations spécifiques de la France en matière de politique familiale ;
- approfondir les connaissances sur le rôle et l'évolution de la famille, en relation avec les politiques familiales ;
- mettre en lumière et valoriser les expériences locales intéressantes.

B. – L'organisation de l'AIF en France

Le schéma de l'organisation générale de cette manifestation figure à la fin de ce document. Le parti pris de cette organisation est double.

Opérer un certain partage des tâches.

Le niveau national est plutôt investi d'une fonction de réflexion et ses travaux nourriront au premier chef le livre blanc et la contribution française à l'ONU.

Le niveau départemental devrait à la fois enrichir les réflexions conduites au plan national (par son information sur les actions innovantes ou intéressantes menées localement) et susciter des débats, actions d'information et de communication sur le thème de la famille.

De ce fait, les acteurs locaux (les collectivités, les services publics et les organismes de protection sociale comme les associations) pourraient trouver là l'occasion de faire connaître et de valoriser leurs actions auprès du grand public.

Associer aussi largement que possible le plus grand nombre d'acteurs aux diverses manifestations qui constituent l'AIF.

Au plan départemental, une grande latitude a été laissée aux préfets pour constituer les comités départementaux de pilotage, d'assurer une représentation large et diversifiée des acteurs locaux.

Au plan national, il a toutefois été nécessaire d'être plus sélectif, pour préserver la possibilité de conduire efficacement les travaux de réflexion qui doivent aboutir à la production des documents devant consacrer l'Année Internationale.

C. – Les structures de l'AIF

1. Au plan national

La création dans chaque pays d'un Comité national, instance solennelle au niveau constituée de hautes personnalités de premier plan national, est préconisée par l'Assemblée Générale des Nations-Unies. C'est ce comité qui est officiellement installé ce 16 mai, à l'occasion de la "Journée Internationale de la Famille", célébrée pour la première fois, à la demande de l'Assemblée Générale des Nations-Unies.

Il devrait se réunir à quatre reprises au moins en mai pour installation solennelle, prochain en septembre pour connaissance des rapports des groupes de travail, en novembre suivant, pour recevoir les projets de livre blanc et de contribution à l'ONU, en janvier 1995, enfin, pour se prononcer définitivement sur ces textes.

Sa mission essentielle est en effet de recevoir et d'examiner ces projets, pour en arrêter définitivement le contenu. Cette solennité est justifiée par le fait que ces documents constitueront pour l'avenir la trace tangible de la participation française à cette grande manifestation, en même temps que le témoignage de l'importance des réflexions conduites à cette occasion.

Le Comité national de pilotage de l'AIF a été institué en octobre 1993 et s'est réuni une première fois le 4 novembre 1993. Il est conçu comme la réunion des "têtes de réseaux" actives dans le domaine de la famille. Il comprend un peu plus de soixante membres, répartis en quatre collèges représentatifs des grandes catégories d'acteurs du monde de la famille : 
- les représentants des ministères (17 départements ministériels sont représentés) ; 
- les organismes publics à caractère national, ceux chargés de la protection sociale (au nombre de 12) ;
- les associations à vocation nationale (au nombre de 31) ;
- les représentants des collectivités territoriales, à travers l'Association des Présidents de Conseils Généraux et l'Association des maires de France.

Le Comité national de pilotage de l'AIF est appelé à jouer un rôle particulier dans les réflexions devant conduire à la préparation du projet de livre blanc et de contribution française à l'ONU. C'est pourquoi ses membres ont été répartis en trois groupes de travail, correspondant à trois thèmes devant structurer leurs travaux :

1. Famille et intégration sociale, présidée par M. Pierre Boisard, Président du Secours Catholique, membre du Comité national de l'AIF.

2. Famille et solidarité, présidée par M. Roger Burnel, Famille et solidarités, président de l'UNAF, membre du Comité national de l'AIF.

3. Droit et famille, présidée par M. Philippe Steck, directeur à la CNAF,

Ces groupes, qui sont dotés chacun d'au moins trois rapporteurs, ont débuté leurs travaux en avril et remettront leur rapport à la fin du autour du mois d'août prochain, afin qu'un collectif des rapporteurs, coordonnateur national, prépare les projets de documents finaux à partir du mois de septembre.

Deux autres groupes, essentiellement composés de chercheurs, d'administrateurs et de praticiens, ont été constitués pour permettre de situer ces réflexions thématiques dans le contexte démographique, sociologique et historique dans lequel elles s'inscrivent. Chacun de ces groupes est doté d'une organisation spécifique mais remettra son rapport dans les mêmes délais. Ces groupes sont animés par les personnalités suivantes :

1. Le groupe "Démographie et Sociologie de la famille, bilan et perspectives" est coprésidé par M. le Professeur Louis Roussel, membre du Comité National de l'AIF, et Mme Irène Thery, Chargée des Recherches au CNRS.

2. Le groupe "Les politiques en France depuis trente ans" fonctionne autour de MM. Jacques Commaille, Directeur de Recherches au CNRS, Pierre Strobel, responsable au bureau de recherche de la CNAF, et Michel Villac, responsable du SESI au ministère des Affaires sociales.

Enfin, le désir de participer activement aux réflexions de l'AIF qui s'est manifesté de la part des organisations non gouvernementales du secteur de la famille s'est traduite par l'organisation d'un sixième groupe de travail, spécifique aux ONG accrédités auprès des Nations-Unies ou travaillant au plan international, animé par Mme Danielle Refuveille, chargée, pour le ministère des Affaires sociales, d'assurer la coordination avec les instances internationales de l'AIF. Représenté dans réflexion les trois groupes thématiques, ce groupe des ONG poursuit une réflexion propre en connexion avec les autres instances nationales de l'AIF.

Le fonctionnement de l'ensemble du dispositif est animé par le coordonnateur membre de national pour l'AIF, M. Serge Tricoire, l'inspection générale des affaires sociales, qui anime également une commission exécutive, réunissant les différentes directions du ministère la MSA et des affaires sociales, auxquelles se sont jointes la CNAF, l'UNAF. Cette commission est notamment chargée d'assurer la logistique de l'AIF et de ses structures.

2. Au plan départemental

L'animation locale de l'AIF est confiée, sous l'autorité des préfets : d'une part à un comité départemental de pilotage de l'AIF, déjà évoqué, associant aussi largement que possible les acteurs locaux du domaine de la famille ; d'autre part à un coordinateur départemental, désigné par le préfet, et chargé d'une mission générale d'animation dans le cadre du dispositif mis en place au plan national.

Animé par le coordinateur local, le Comité Départemental de Pilotage a pour rôle :

1. De repérer, d'évaluer et de mettre en valeur les initiatives locales innovantes ou intéressantes qui ont pu être mises en œuvre sur le terrain au profit de la famille, ou encore qui sont en projet ou à pour nourrir l'étude. Ces informations sont en effet indispensables concrètement la réflexion des groupes de travail qui ont été mis en place au plan national.

Cela suppose le repérage de ces actions, leur sélection, rassemblement d'informations à leur sujet et surtout l'expression d'une évaluation ou d'un avis quant à l'intérêt des résultats obtenus et à la possibilité de les diffuser plus largement.

2. D'impulser et d'organiser les actions susceptibles de mobiliser localement les acteurs (élus, professionnels, associations, etc.) et le grand public, sur le thème de la famille. Ces actions sont de nature très diverses groupes de travail et de réflexion, colloques, forums, expositions, initiatives communes prises par les acteurs locaux, actions de communication.