Texte intégral
Messieurs les ministres-présidents, Madame le maire, Messieurs les ambassadeurs, Mesdames, Messieurs,
Nous nous retrouvons aujourd'hui pour célébrer le cinquantième anniversaire de la remise des documents de Francfort, qui ont été à l'origine de la reconstruction de l’Allemagne démocratique.
Chacun de nous sera sensible à tous les symboles portés par cette date et par ce lieu : Francfort, la ville de Goethe l'européen, Francfort resurgi du chaos, Francfort, place financière, désormais siège de la Banque Centrale européenne, tournée vers l’Europe du prochain millénaire, Francfort, redevenue, pour le cent cinquantième anniversaire de la révolution de 1848, un phare de la démocratie allemande.
En 1948, la remise des documents de Francfort prenait acte d’une certaine manière de la division de l'Allemagne, puisque le nouveau Bund s'ébauchait dans les seules zones contrôlées par les trois Alliés occidentaux, dont je salue ici amicalement les représentants. Aujourd'hui, les principes démocratiques et fédéraux contenus dans les documents de Francfort valent de Bonn à Berlin, de la Forêt noire à l’Oder.
En 1948, les barbelés qui coupaient l'Allemagne en deux déchiraient aussi l'Europe. Aujourd'hui, cette division a pris fin et les documents de Francfort n'y sont pas pour rien. La démocratie est partout reconnue comme le principe du gouvernement, même si aucun de nos pays n'est évidemment sans défaut et si chacun doit sans cesse chercher à se corriger et à s'améliorer. L'Etat de droit, nous le savons, est toujours perfectible.
Cette nouvelle donne européenne ne pourra être pleinement assimilée qu'avec le temps. Des fractures de cinquante ans ne se referment pas en un instant. Personne ici ne peut oublier les multiples problèmes qui se posent en Europe, dans sa partie récemment venue à la démocratie, mais aussi dans nos Etats occidentaux, ni évidemment les atteintes graves aux droits de l'homme et les menaces sur la paix qui existent aujourd'hui dans les Balkans.
Ce contexte nouveau, qui reste incertain, appelle l'Union européenne à une réflexion profonde sur son destin, et, pour aborder un autre aspect que celui qui a été excellemment traité par les orateurs précédents, c'est à ce thème que je vais consacrer l'essentiel de mon propos.
L'Europe, notre Europe, doit répondre à une double remise en cause.
Le premier défi est celui de l’indispensable définition d'une nouvelle architecture européenne.
C'est l'enjeu majeur depuis la chute du mur. La première réponse des pays d'Europe occidentale à l'effondrement du système soviétique a été d'ouvrir les organisations existantes aux Etats redevenus fibres. L'élargissement de l'OTAN a été opéré dans des conditions qui, tout le monde le reconnaît, n'ont pas permis une réflexion suffisamment approfondie sur l'organisation de la défense européenne.
Ces décisions ont souvent en effet dû être prises dans l'urgence, pour répondre aux demandes de nos partenaires, parfaitement légitimes en soi, mais pas nécessairement garantes de la cohérence à long terme. On conçoit bien que l'avenir est à la consolidation d'organisations paneuropéennes, l'OSCE, le Conseil de l'Europe, coiffant deux pôles; l'un constitué par l'Union européenne, l'autre centré sur la Russie. Cette perspective impose à notre Union européenne de mieux définir sa propre nature politique.
Pour ce qui nous concerne directement, l'Union européenne a lancé son propre élargissement qui est justifié à la fois par l'histoire, la géographie, la culture, la volonté démocratique. A lui seul, cet élargissement va provoquer pour l'Union européenne un changement d'échelle, qui va bouleverser, qu’on le veuille ou non, son organisation.
Si elle veut échapper aux dangers de confusion et de dilution, l'Union devra adapter sa méthode pour poursuivre sa construction. Car nous entrons en réalité dans une période tout à fait nouvelle.
La méthode de la construction européenne choisie jusqu'ici, ce qu'on appelle souvent la « méthode Monnet », a permis de renforcer la solidarité économique, en faisant l'hypothèse que la politique suivrait. Tout le monde doit reconnaître les résultats impressionnants qui ont pu être atteints ainsi. L'union monétaire est le couronnement de cette démarche. Elle l’est d'autant plus qu'elle atteste un engagement très fort de tous les Etats membres, en particulier de l'Allemagne. Le deutchmark a vu le jour en 1948, la même année où étaient posées les fondations constitutionnelles de l'Allemagne démocratique d'après-guerre. L'acceptation du passage à l'euro est la preuve que l'Allemagne conçoit son avenir dans une Europe toujours plus unie.
Mais l'union monétaire, si l'on y réfléchit bien, est aussi la dernière étape significative de cette démarche. Comment imaginer que les prix des biens et services s'exprimant partout dans une même monnaie, les déterminants des prix, travail et capital, ne doivent pas être rendus compatible ? L'union monétaire imposera donc, qu'on le veuille ou non, une homogénéité de plus en plus grande de nos marchés, ce qui ne se fera pas toujours facilement.
Mais, précisément, l'accumulation de toutes ces avancées sectorielles ne débouche pas par elle-même sur une dynamique politique. Si l'on veut des progrès ultérieurs, il va falloir placer le politique au cœur de la construction européenne.
Certes, on pourrait voir dans cette affirmation une sorte de paradoxe, en une période on les Etats de l'Union, sous des formes variables, connaissent ce que nous appelons la « crise du politique ». L'Europe telle qu'elle se fait, ou ne se fait pas, est d'ailleurs un des éléments de cette crise du politique. Les citoyens jugent souvent que les Etats ne sont pas assez capables de résoudre les problèmes qu'ils rencontrent. Et l'Europe reçoit également son lot de critiques.
Si l'on veut sortir de cette impasse, il faut donner davantage de sens et de contenu politique à l’Europe, montrer éventuellement qu'elle peut faire beaucoup pour nos sociétés, leur proposer une vision de l'avenir, leur apporter une dose d'espérance, cette espérance sans laquelle les peuples ne peuvent pas avancer. Ces objectifs ne sauraient être atteints si l’Europe n’est pas rendue plus sociale et plus humaine. Mais cette Europe-là ne nous sera pas donnée spontanément. Elle sera le fruit de notre volonté et de nos efforts. II faut vaincre nos réticences. Parlons franchement : il y en a en Allemagne ; il y en a en France.
Une des lacunes de la construction européenne sous sa forme actuelle peut être formulée, je crois, assez simplement : les nations, les Etats, voire leurs régions – et je sais combien les Länder allemands y sont sensibles – ont le sentiment de sacrifier des éléments de souveraineté, une partie du pouvoir législatif, au profit de ce que mon ami Jacques Delors a appelé un « objet politique non identifié ». Au lieu d'un débat légitime sur la meilleure répartition du pouvoir entre les Etats et le niveau européen, prévaut parfois l'impression d'une sorte d'évaporation du pouvoir, une perte de substance, dans la mesure où la souveraineté des États serait diminuée au profit d'une Europe virtuelle, sans souveraineté. En résulte un problème d'identification, un manque par rapport à ce qui est aujourd'hui dans tous nos peuples très important, un besoin d’appartenance.
En outre, la mise en commun de compétences entre les Quinze s’accompagne d’une certaine dépolitisation de la construction européenne. Comment nos concitoyens pourraient-ils trouver leur place dans un corps politique qui n’en est pas véritablement un, dans un processus de décision qui n’est pas un véritable débat démocratique ?
L'euro peut être un heureux contre-exemple, et c'est ce qui nous fait espérer sa pleine réussite. Les Etats ont renoncé à leur pouvoir de battre monnaie parce qu'ils ont estimé que la monnaie unique présentait des avantages supérieurs. L'union monétaire s'est accompagnée de la création d'une véritable autorité de type fédéral, la Banque centrale, dont l'existence même devrait conduire à revaloriser le Conseil dans sa fonction politique. Dans le domaine monétaire, le transfert des compétences nationales va, notamment face au dollar, permettre l'exercice collectif d'un pouvoir rendu plus réel. Ce n’est, à mon sens, pas une perte de souveraineté. C'est un gain complémentaire d’indépendance.
Ce qui manque dans beaucoup d’autres domaines d'intervention européenne, c'est précisément une identification claire de la contrepartie des transferts ou des partages de souveraineté. Les sujets majeurs, ceux pour lesquels existent de véritables intérêts européens communs, demeurent de la compétence principale des Etats, tandis que les instances européennes interviennent souvent dans le détail, voire clans l'infime détail, de domaines qui devraient être laissés à la décision des Etats, voire des régions. Le marché unique, ce doit être, évidemment, le statut de la société européenne, l'harmonisation fiscale, mais pas l'accumulation de textes technocratiques sur la forme des lames de tondeuses à gazon ou la définition de la composition du chocolat…
L'approche de la construction européenne doit donc être réformée. Plus encore dans le contexte de la mondialisation, nos pays ont des intérêts fondamentaux communs. C'est la protection et la promotion de ces intérêts communs qui doivent constituer le cœur du projet européen.
Voilà pourquoi il faut orienter la construction européenne vers des tâches politiques, au premier chef l'incarnation d'une souveraineté européenne envers l'extérieur. Le paradoxe de la situation actuelle, vous le connaissez bien : nos partenaires dans le monde considèrent de plus en plus l'Europe comme un tout, tandis que les Européens eux-mêmes ne l'appréhendent de l'intérieur, que comme une sorte de constellation sans identité suffisante.
Quels sont nos intérêts communs ? La défense, dès lors que nous admettons comme évident désormais que nous n'utiliserons plus nos armes les uns contre les autres, mais que nous pouvons et devons les mettre ensemble au service d'objectifs communs ; la politique étrangère, puisque nous ne sommes plus étrangers les uns aux autres et pourvu que nous sachions concevoir des buts qui nous réunissent : la sécurité de nos populations, incluant la régulation de l’accès au territoire européen devenu un espace sans frontières ; la protection des droits de la personne humaine ; la garantie de la stabilité à nos marches et ailleurs ; et tant d'autres objectifs partagés. Chacun mesure, face aux événements des Balkans et du Kosovo, combien il serait essentiel que nous soyons plus avancés dans ce qui pourrait être une politique de sécurité européenne.
Un autre volet de l'action propre à l'Europe doit être d'assurer et de renforcer la cohérence de l'ensemble européen, en créant un espace économique plus homogène, en renforçant le modèle social européen, en instituant des mécanismes de solidarité entre les pays membres par des transferts, en préservant l’apport des politiques structurelles, en contribuant à valoriser notre potentiel commun, à commencer par notre environnement, mais aussi nos atouts intellectuels et notre créativité, par le soutien à la formation et à la recherche. Tout cela au service de l'emploi. En ces matières, nous avons fait des choses, mais trop peu encore.
C'est ainsi que pourra être donnée une réponse satisfaisante à la question que posent nos concitoyens : « A quoi donc sert l’Europe ? ». C'est ainsi que pourra être mieux obtenue l'adhésion des populations, fondée sur une meilleure compréhension de la communauté de destin, de la solidarité d'intérêts, de l'utilité de l'œuvre commune, dont les premiers jalons ont été posés en 1948.
Une seconde condition pour que les promesses d'il y a cinquante ans puissent être honorées est que cette Europe soit incarnée par des institutions efficaces, dotées de règles d'organisation et de fonctionnement claires, et permettant le contrôle démocratique.
La question de la réforme des institutions est posée, dit-on, du fait de l’élargissement. Non. Cette question est posée dès maintenant, puisque, même à Quinze, l'Europe n’est pas dotées d'une efficacité suffisante.
Pour bâtir l'Europe politique, nous devrons prendre pour base l'Europe dans sa réalité la plus profonde. Nous sommes des peuples européens. Nos Etats sont le produit d’une longue histoire. Aucune de nos nations ne veut renoncer à son identité et la richesse de l'Europe est dans sa diversité et la conjugaison de ses différences, sur la base de valeurs communes.
Donc, la question n’est pas celle d'un Etat nation européen. Je ne pense pas non plus que la spécificité de la construction européenne appelle, du moins à échéance rapprochée, la création d'un Etat fédéral doté de tous les attributs de l'Etat, même si, je le précise, notre démarche est appelée à prendre une orientation plus politique et à revêtir certaines formes fédérales dans certains domaines.
En revanche, je, crois indispensable de reconfigurer fondamentalement le triangle Conseil/Parlement/Commission. Il faudra dans les domaines faisant l'objet de délégations de souveraineté des Etats au niveau européen, un véritable exécutif, qui soit démocratiquement investi et politiquement responsable. Nous devrons également favoriser une incarnation de la souveraineté populaire, dans un Parlement qui soit bien élu, qui légifère, qui décide d'un budget et qui contrôle l’action publique. En ce qui concerne l'Assemblée nationale, c'est ce que de nombreux députés français diront, sans doute, lorsqu'il s'agira prochainement de ratifier le traité d’Amsterdam.
La relance politique de l'Europe suppose une participation active de tous les Etats qui forment l'Union mais particulièrement de l'Allemagne et de la France, et un accord étroit entre nos deux pays sur son contenu et ses modalités. Disant cela, je tiens à préciser que cet accord ne diminue en rien nos liens avec les autres Etats membres, notamment le Royaume-Uni. Il ne contredit pas davantage l’amitié profonde qui nous lie de longue date avec les États-Unis, dont le concours nous a été si essentiel dans l'histoire et nous reste si précieux.
C'est à la lumière de cet impératif que je voudrais en venir pour finir à la place de l'Allemagne et de la relation franco-allemande dans ce processus. Je ne manierai pas la longue de bois. Nos deux pays peuvent paraître à certains signes moins attachés que par le passé à l'Europe, qui présenterait désormais moins d'intérêt pour eux. La Communauté a été un instrument de reconstruction et de modernisation de la France et de réinsertion de l'Allemagne, au bénéfice de l’une et de l'autre, et de toute l'Europe, mais ces résultats sont atteints. Les équilibres de la construction européenne en ses débuts – qui étaient largement des équilibres franco-allemands –, entre l'agriculture et l'industrie, entre. L’économie et la politique, sont aujourd'hui acquis. Par conséquent les termes du contrat ne sont plus exactement les mêmes.
Dans cette vision qui est parfois développée ou implicite, chacun de nos deux pays serait entraîné à chercher une voie plus spécifique. L'Allemagne, qui a retrouvé unité et souveraineté pleine, serait davantage centrée sur elle-même. La construction européenne deviendrait pour elle plus problématique dans la mesure où l'équilibre même de la construction fédérale allemande fait ['objet de certaines interrogations. Installée au cœur d'une Europe désormais ouverte, l'Allemagne serait portée à mener une politique dictée avant tout par ses intérêts propres, souvent conçue à l’échelle mondiale plus que par référence au cadre européen.
Au sein de l'Union, l'Allemagne, toujours dans cette vision, aurait tendance à penser qu’elle donne plus qu'elle ne reçoit. Ainsi, conjoncture électorale mise à part, la demande de réduction de la contribution budgétaire allemande peut paraître surprenante. Prend-elle en compte le fait que les entreprises allemandes tirent très largement profit du marché unique et que, selon certains calculs, la moitié des bénéfices économiques du futur élargissement à l’est, qui sera financé par les Quinze, devrait revenir à l’Allemagne ?
Quant à la France, certains nous reprochent d'avoir du mal à contribuer au progrès d'une Europe dont les orientations ne correspondraient pas toujours à ce que nous souhaiterions, sous l'effet de l’accroissement du nombre de ses membres, des modifications de ses équilibres internes.
Dans ce contexte, l’Europe serait vouée à retrouver de vieux réflexes, qui ne sont pas toujours les meilleurs, à revenir aux politique traditionnelles d’équilibre des puissances en son sein, ce qui ne favoriserait évidemment pas le progrès vers son unité. Corrélativement, la relation franco-allemande serait, elle aussi, affaiblie. Le dialogue franco-allemand n’aurait plus autant de substance. Je dois dire que depuis quelques années, malgré les efforts de nos gouvernements, les exemples d’incompréhension, voire d’une certaine insuffisance de la concertation, ont été relativement nombreux, et la France en a sa part.
Tous ces phénomènes correspondraient, en termes humains, à un changement de génération. Français et Allemands qui avaient subi l’horreur des affrontements fratricides – cette cérémonie en porte indirectement témoignage – et pour qui c’était une expérience existentielle, sont en train peu à peu de s’effacer du devant de la scène. Pour les générations qui leur succèdent, les relations franco-allemandes n’auraient plus le même caractère. Pas de scène de ménage, pas de divorce, mais des différences de tempéraments.
Enfin, l’Allemagne issue de la réunification diffère forcément de l’ancienne RFA composée des seuls Länder occidentaux avec lesquels mon pays a entretenu de longue date des rapports étroits, grâce à l’OFAJ, aux jumelages, aux relations économiques et commerciales, à toutes les actions menées ensemble depuis 30 ans. Les mêmes lien, qui sont nécessaires, n’existent pas encore au même degré avec les Länder de l’est.
Les ministres-présidents qui m’ont précédé à cette tribune, moi-même, nous appartenons à la génération de l’après-guerre. Mais, je le dis avec force, nos pays porteraient une très lourde responsabilité devant l’histoire s’ils oubliaient les leçons de la guerre, s’ils cédaient à cette pseudo-fatalité. En réalité, si nous nous laissions aller à cette vision pessimiste, il n‘y aurait plus de perspective pour la construction européenne, pour l’Europe que nous voulons. Les nécessaires réajustements, voire les tensions passagères ne sauraient faire oublier l’essentiel. Nous continuons de voir en notre relation bilatérale avec l’Allemagne notre plus important partenariat politique. Je crois à la permanence de l’engagement européen de nos deux pays, parce qu’il est conforme à la fois à leurs intérêts et à leurs valeurs. L’Europe peut encore nous donner beaucoup, et nous pouvons beaucoup lui apporter ensemble.
Si nous voulons donner plus d’intensité à notre relation, la première tâche qui nous incombe aujourd’hui me paraît être de mieux nous connaître et nous comprendre, d’être davantage conscients des similitudes de nos situations et de nos problèmes, qu’il s’agisse de nos structures économiques, de nos modèles sociaux, de nos modèles politiques, à l‘horizon de vingt ou trente ans à venir. Nous devons systématiser les échanges d’expériences et de réflexions, y compris sur le plan parlementaire.
Le resserrement de nos liens passe, de manière privilégiée, par la jeunesse, le savoir, la culture. Il y a par exemple un projet d’université franco-allemande : il est grand temps qu’il devienne réalité.
Construire notre avenir ensemble, c’est aussi en consolider les bases matérielles, dans les technologies, les industries du prochain siècle. Relançons concrètement ce champ essentiel.
Tous ces objectifs impliquent un dialogue politique revivifié. Le texte qui est à la base de nos relations, le traité de l’Elysée a maintenant 35 ans. Son anniversaire a suscité un intérêt poli. Le pacte franco-allemand doit être scellé à nouveau. Certains, y compris du côté allemand, ont évoqué la nécessité d'un nouveau traité. Engager un tel processus, ce sera prouver que nous voulons continuer à faire chemin ensemble. Je souhaite donc que cette idée puisse se concrétiser.
Notre avenir partagé doit s'inscrire dans un projet commun qui est le projet européen dont j’ai décrit les traits. Il n'appartient évidemment pas à nos deux pays d'en imposer leur vision à nos partenaires, car l'Europe ne peut se fonder que sur l'association de tous. Mais nous pouvons, nous devons, rendre service à tous en travaillant à la synthèse des points de vue, en faisant preuve avec tous d'imagination et d’ambition.
Mesdames, Messieurs,
En ce cinquantième anniversaire, je veux exprimer plusieurs vœux :
Que la France et l'Allemagne puissent réaliser ce travail ensemble, pour préparer le siècle qui vient.
Que la Grande-Bretagne et les autres pays de l'Union européenne fassent partie intégrante de ce cheminement commun.
Que notre relation avec les Etats-Unis d'Amérique soit faite d'amitié, de coopération quotidienne, et de respect réciproque, au service de ce qui nous rassemble, la défense de la liberté.
Que nous bâtissions ensemble, pour nos peuples et pour les autres, un monde qui respecte la personne humaine, pratique la démocratie, et préserver la paix.