Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre délégué à la santé, sur la qualité des eaux de baignade, Paris le 13 avril 1994.

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Circonstance : Conférence de presse sur les eaux de baignade

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,

Au fil des années, la présentation de la qualité des eaux de baignades françaises est devenue un rendez-vous traditionnel. Nous allons donc aujourd'hui, Michel Barnier, et moi-même vous commenter le bilan de la saison 1993.

Pour cette année, plusieurs évolutions son notables.

Tout d'abord, ainsi que nous nous y étions engagés le 1er juin 1993 lors de la précédente conférence de presse, nous nous réunissons plus tôt cette année, près de deux mois avant le début de la saison estivale.

Cela permettra une meilleure information de nos concitoyens pour le choix de leurs lieux de vacances.

Je souhaite insister, tout d'abord, sur le fait que les informations présentées décrivent la situation de 1993 et que des actions sont actuellement menées, afin de corriger, d'ici le mois de juin, quelques situations particulières qui peuvent être améliorées.

Par ailleurs, le suivi des eaux de mer et en eau douce étant identique, j'ai souhaité que l'ensemble des résultats soit présenté simultanément dans les mêmes documents.

Enfin, vous trouverez une modification de présentation des documents : le code des couleurs qui permettra ainsi de mieux repérer la qualité des eaux.

En regardant la carte ou en feuilletant le rapport vous constaterez aisément qu'il existe une large majorité de points de couleur verte ou bleue (c'est-à-dire de bonne ou de moyenne qualité), et que seules persistent quelques zones jaunes ou rouges, surtout en eaux douces ou dans le Nord-Ouest du littoral.

Je souhaiterais, maintenant vous exposer les principaux chiffres caractérisant la saison balnéaire 1993 après vous avoir auparavant rappelé leur signification.

La France comme tous les partenaires européens, organise un contrôle sanitaire des zones de baignade.

Mais, nous avons souhaité pour notre part, aller au-delà du minimum imposé par les textes communautaires : ce sont tous les lieux habituellement fréquentés, même de façon peu importante, qui sont ainsi suivis.

Ce contrôle est effectué pendant la saison balnéaire par les directions départementales des Affaires Sanitaires et Sociales.

Elles déterminent, sur chaque zone de baignade, plusieurs points de prélèvement, inspectent régulièrement la plage et prélèvent des échantillons d'eau dont l'analyse est confiée à des laboratoires spécialisés, agréés par les pouvoirs publics.

La fréquence de prélèvement est d'environ une fois tous les 15 jours.

Les résultats des analyses, commentés par la DDASS, sont transmis au maire de la commune concernée, qui en fait un affichage public.

Si les résultats dépassent les normes fixées, il est procédé à une enquête et en fonction de la situation, des mesures sont prises pouvant aller jusqu'à l'interdiction momentanée ou permanente de baignade.

En fin de saison, l'étude statistique des résultats d'analyse permet de porter un jugement global sur la qualité de l'eau.

Les paramètres pris en compte dans ce bilan sont principalement les germes bactériens, qui témoignent de la contamination des eaux de baignade par des rejets d'eaux usées urbaines.

Je tiens à souligner que la France adopté des normes particulièrement strictes en matière de qualité des eaux de baignades.

Alors que la réglementation européenne n'en impose que 2, nous disposons de 4 catégories :
- la catégorie A pour les eaux de bonne qualité ;
- la catégorie B pour les eaux de qualité moyenne ;
- la catégorie C pour les eaux pouvant être momentanément polluées ;
- et enfin, la catégorie D pour les eaux de mauvaise qualité.

Sur ces bases, la situation relevée en 1993 peut être résumée en quelques chiffres :
- au total, plus de 3 500 points ont été surveillés (1856 en eau de mer et 1660 en eau douce) ;
- plus de 3 100 prélèvements ont été réalisés.

Comme vous le voyez, il s'agit d'un programme de contrôle de grande ampleur.

Quelles leçons en retirer ?

En mer, 90 % des plages sont conformes aux normes Européennes, et en eaux douce 85,5 %.

En 1993, ont été classées en catégorie D, c'est-à-dire la plus mauvaise, 53 plages en eaux douces et 2 plages seulement en eaux de mer !!!

C'est dire à quel point la France a progressé en ce domaine !

Par rapport à 1992, la situation est à peu près partout en nette amélioration.

Dans les années 1970, moins de 50 % des plages étaient aux normes ; aujourd'hui c'est plus de 90 % !

Depuis cette époque, un chemin important a donc été parcouru, mais ainsi que vous l'indiquera Michel Barnier, nos efforts doivent se poursuivre pour continuer à offrir aux estivants des plages irréprochables.

Ils se poursuivent : j'en prend ici l'engagement devant vous.

L'an dernier, le contrôle des eaux a été mené avec une rigueur exemplaire par mes services.

Mais cette vigilance n'est rien si elle n'est pas suivie d'un effort important d'information.

Information locale tout d'abord

Ce devoir revient en premier lieu au maire, comme je le disais précédemment qui doit en assurer l'affichage.

J'ai décidé, par ailleurs, que cette année notre conférence de presse, devait être l'occasion, pour les directions départementales des Affaires Sanitaires et Sociales d'organiser des manifestations de sensibilisation auprès de la population.

Je leur ai donné des instructions en ce sens.

Information nationale ensuite

Et à ce titre, des modifications ont été apportées au support minitel permettant l'accès aux résultats. Désormais, le code d'accès est 36.15 INFOPLAGE : chacun peut donc avoir accès à toutes les informations.

Vous y trouverez toutes les données des saisons précédentes et, à partir de fin juin 1994, les résultats, "en temps réel", des analyses effectuées pendant l'été.

Sur ce serveur figureront également des indications sur l'état de l'assainissement de différentes plages, comme va vous l'indiquer Michel Barnier avec qui je partage le souci constant de la transparence de l'information.

C'est je crois, une condition d'efficacité pour les décideurs, un élément de responsabilisation pour tous nos concitoyens !

Le suivi de la qualité des eaux de baignade constitue un objectif important de santé publique.

Nous accordons une attention toute particulière à la rigueur et au sérieux de ces contrôles, car c'est à ce prix que nous pouvons offrir la sécurité sanitaire aux usagers des plages françaises.