Texte intégral
Remerciements au ministre d'État, ministre de la Défense que cette cérémonie se tienne dans un des hauts lieux du patrimoine de la Défense – à un moment particulièrement important pour la défense du pays, puisqu'en pleine discussion de la loi de programmation militaire – deux mois après la publication du Livre Blanc.
Je suis particulièrement heureux que la signature du protocole se déroule ici, à l'Hôtel des Invalides, qui est aussi un des fleurons de la coopération entre nos deux ministères.
Je sais que la préparation de ce nouveau protocole a fait l'objet d'une concertation approfondie et diversifiée entre nos cabinets et nos deux administrations. Des groupes de travail axés sur les principaux domaines de la coopération – patrimoine, archives, musées, musique, cinéma – ont redéfini les orientations et réfléchi aux modalités les plus à même de les concrétiser.
Permettez-moi, tout d'abord, de remercier très vivement les personnalités et les collaborateurs qui ont permis que ce protocole marque une nouvelle étape dans les excellentes relations qu'entretiennent nos deux départements ministériels, depuis longtemps déjà.
Ainsi ce texte met-il en exergue l'héritage inscrit dans vos monuments, vos musées, et dans les musiques, les archives ou les films qui expriment et illustrent l'histoire de la Défense – c'est-à-dire l'histoire de France – comme le goût et la curiosité pour l'art et la culture, pour les valeurs qui s'expriment dans ces œuvres, ces langages et ces pratiques.
I. – La grande richesse du patrimoine militaire nous a conduits à travailler ensemble à sa conservation et à sa restauration (c'était déjà le thème majeur des protocoles signés en 1983 et 1990). C'est ainsi qu'en ce qui concerne le patrimoine monumental : les travaux de restauration du Château de Vincennes, de l'Abbaye du Val de Grâce, des citadelles de Lille et de Brest, et bien sûr des Invalides, ont été remarquablement conduits.
Le nombre des commissions interministérielles qui assurent la programmation et le suivi des travaux sera accru, et leur compétence étendue à de grands ensembles tels que le patrimoine militaire lorrain ou celui du littoral méditerranéen.
Quant aux autres formes de patrimoine : nous accordons beaucoup d'importance à la conservation des objets mobiliers, des archives, des collections muséographiques, des partitions musicales ou des films.
Je tiens à saluer, à cet égard, la remarquable collaboration qui existe entre l'établissement cinématographique et photographique des armées (ECPA) et le CNC, pour la restauration d'un grand nombre de films.
II. – Mais nous entendons surtout réunir nos efforts pour favoriser l'accès du public à toutes ces richesses, et ainsi développer sa sensibilité et ses connaissances.
Je fais ici référence à la participation du ministère de la Défense, par ses monuments et ses musées, aux grandes opérations que nous conduisons : « Journées portes ouvertes dans les monuments historique » ; « Monuments en musique », « Invitation au musée », « La fureur de lire », dorénavant « Temps des livres », « La fête de la musique » … autant d'occasions de mieux faire connaître l'héritage culturel des armées.
Des expositions sont déjà réalisées conjointement entre les musées ou entre les services historiques de la Défense et les archives départementales ; elles seront plus nombreuses encore.
Des actions de diffusion musicale et cinématographique seront réalisées conjointement.
Des guides et de nombreux documents d'information ont déjà été publiés. D'autres sont en préparation : par exemple : le guide des Sources de l'Histoire, publié par la direction des Archives de France cette année, qui est consacré à l'époque de la seconde guerre mondiale.
Des actions plus spécifiquement axées sur la sensibilisation des jeunes, seront développées, par exemple : le concours « Historien de demain », dont le prochain thème sera un sujet d'histoire de la Défense.
III. – Ce protocole marque également la volonté d'œuvrer à la diffusion des arts et de la culture au sein de la Défense, au bénéfice de ses personnels, civils et militaires, et ce grâce au partenariat, qu'il nous faut développer, entre vos services et établissements, et les institutions culturelles.
Trois programmes seront plus spécialement conduits, et ce dans les domaines suivants :
1. Lecture
2. Arts de la scène
3. Cinéma
Lecture : dix sites pilotes seront équipés d'une bibliothèque suffisamment spacieuse et dotée d'un fonds conséquent et diversifié. Des animations y seront proposées, notamment sous la forme d'ateliers d'écriture conduits par des écrivains. Actions menées avec le concours des bibliothèques publiques.
Arts de la scène : le concours des institutions culturelles telles que des scènes nationales, centres dramatiques, théâtres ou centres culturels municipaux, sera recherché pour développer des actions de diffusion (ex. : lectures et « petites formes » de spectacles décentralisées dans les unités ; concerts ; expositions…) ; et des activités d'expression dans le domaine du théâtre, de la musique et de la danse.
Cinéma : des actions de sensibilisation à l'art cinématographique seront réalisées avec le concours du CNC : projection en salle, et travail en atelier dans les unités, pour développer le goût et la connaissance du cinéma.
IV. – Enfin, je voudrais insister sur les deux choses suivantes
Il convient d'inscrire l'ensemble de ce programme d'actions dans la politique d'aménagement du territoire – et je peux vous dire que les DRAC seront des interlocuteurs attentifs et actifs.
Il convient qu'un comité de suivi de ce protocole soit mis en place afin d'accompagner ce programme ambitieux, et que le ministre de la Défense et moi-même soyons régulièrement informés.
De récents sondages parmi les jeunes, réalisés en France et en Europe occidentale ont montré qu'à la question « Que défendriez-vous en cas de conflit » les réponses les plus fréquentes étaient « notre patrimoine et nos libertés ». L'héritage historique, la liberté de penser, d'écrire de créer apparaissent ainsi comme des composantes essentielles de l'esprit de défense et du moral de la Nation.
Comme vous, monsieur le ministre, je pense en effet que notre identité culturelle se fonde sur la conscience que nous avons d'un passé commun, d'un même système de références, de valeurs partagées.
Les réflexions que vous avez menées, Mesdames et Messieurs, au cours des sept derniers mois, et le protocole qui en est la traduction concrète, s'inscrivent pleinement dans cette perspective.