Dossier comprenant plusieurs documents de campagne de Génération écologie pour la préparation des élections européennes de 1994, mai-juin 1994.

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15 objectifs pour l'Europe

Oui à l'Europe utile – non à Tchernobyl

Génération Écologie a prouvé au Gouvernement, et dans des Conseils Régionaux, sa capacité à faire avancer les choses dans le bon sens. Elle sera au Parlement Européen une force de proposition et d'action pour réaliser quinze objectifs précis, cinq objectifs en cinq ans et dix objectifs en dix ans.

5 objectifs d'urgence des écologistes pour l'Europe en 5 ans :

1. Éviter la catastrophe nucléaire
– mettre en sécurité les sites nucléaires de l'Est, à commencer par Tchernobyl ;
– organiser la maîtrise de l'énergie ;
– préparer la relève du nucléaire par les énergies renouvelables.

2. Construire la paix
– par une diplomatie européenne reconnue ;
– par la mise en place d'une politique de sécurité et d'une force militaire commune ;
– par la fermeté contre la montée des nationalismes.

3. Mieux répartir l'emploi
– par la suppression des charges sociales patronales sur la part du salaire égal au salaire minimum, grâce à une taxe européenne sur le CO2 et à une TVA européenne ;
– par des sanctions commerciales contre les pays producteurs utilisant abusivement l'homme et la nature ;
– par une politique européenne de libération du temps.

4. Loger convenablement les Européens
– par le réaménagement des banlieues ;
– par une revalorisation de l'habitat rural et ancien et un rééquilibrage des territoires ;
– par la construction de logements des plus démunis et les sans domicile fixe, et l'aménagement immédiat de foyers d'accueil pour les SDF (Sans domicile fixe) ;
– par un soutien aux associations intervenant dans ce domaine.

5. Construire l'Europe
– par le développement de la citoyenneté européenne ;
– par l'association aux pays de l'Europe de l'Est qui ont vocation à entrer dans l'Union ;
– par le développement de services publics européens ;
– par une monnaie commune avant la monnaie unique.

10 objectifs des écologistes pour l'Europe en 10 ans :

1. De l'air pur et de l'eau propre
– en restreignant la place de l'automobile en ville ;
– en favorisant l'éclosion et le développement des techniques propres ;
– en éliminant la pollution des eaux de surface pour le droit à l'eau potable pour tous au robinet.

2. Sauver la mer et protéger le littoral
– par une réglementation européenne du mouvement des navires transportant des matières dangereuses ;
– par un plan de sauvetage de la Méditerranée et l'arrêt du bétonnage des côtes ;
– par le droit pour tous de se baigner dans une mer propre ;
– par l'engagement de chaque flottille de pêche de respecter la reproduction du poisson.

3. Sauver les paysages
– refaire de l'Europe le jardin du monde par une protection et une réhabilitation des paysages.

4. Être en bonne santé
– favoriser la prévention et l'aide à domicile ;
– réduire le stress par la meilleure qualité de vie ;
– créer une carte de crédit européenne de santé fonctionnant comme une carte bancaire et permettant de payer tous les soins.

5. Éliminer les déchets
– en limitant leur production ;
– en réduisant leurs transports ;
– en encourageant le tri et leur valorisation.

6. Réorienter les transports
– par un maintien du réseau secondaire au côté des TGV ;
– en mettant les camions sur le train ;
– par une réhabilitation de la voie d'eau ;
– par un réseau européen des voies pédestres et animalières.

7. Sauver la campagne et aménager le territoire
– par la fin de la course à l'industrialisation de l'agriculture ;
– par la reconnaissance de l'agriculture écologique ;
– par la priorité aux villes petites et moyennes pour les réseaux câblés.

8. Mieux former
– en apprenant une langue étrangère européenne à tous les enfants, dès le primaire avec un plan européen de développement de la formation professionnelle ;
– en facilitant la reconnaissance des diplômes et des universités européens ;
– en multipliant le nombre des stagiaires et des boursiers européens ;

9. Préparer l'économie du XXIème siècle
– par la création d'un label "fabriqué en Europe" pour tous les produits de l'Union ;
– par un Plan Marshall avec l'Est et la Méditerranée ;
– par le développement d'une recherche au service des citoyens ;
– par une écoute attentive des besoins humains dans le monde.

10. Unir l'Europe
– dans une fédération fondée sur le respect des diversités européennes et accompagnée par l'institution d'une vraie citoyenneté européenne ;
– en développant systématiquement les euros libertés ;
– en prévoyant des accords à la carte pour des projets qui dépassent le cadre ou les rythmes de l'Union.

Ces quinze objectifs sont réalistes et à notre portée. En 1958, le premier Spoutnik tournait autour de la terre, onze ans plus tard, l'homme marchait sur la lune. Ce que veulent les écologistes n'est pas plus difficile.

Une Europe tournée vers l'avenir et vers le monde

L'unification de l'Europe sera la démonstration que nous, Européens, avons mûri et tiré les leçons du passé. Elle sera l'annonce que nous sommes devenus plus tolérants, que nous avons une meilleure compréhension de l'autre, que nous acceptons la différence, que nous sommes capables d'intégrer d'autres coutumes, d'autres manières de penser et de faire à notre cadre socioculturel. À l'aube d'un nouveau millénaire, elle sera l'émergence d'une Europe juste, équilibrée, ouverte et solidaire, qui soit capable de veiller au maintien d'une politique sociale équitable, de donner à tous éducation et formation, insertion et travail, protection et soins.

Issue de la guerre, l'Europe est un désir de paix. Elle doit être une force par sa maturité et son savoir. Qu'ayant fait fructifier les efforts des humanistes de son histoire, de guerrière, elle est devenue humanitaire. Enfin débarrassée de ses vieux démons hégémoniques, comblée par sa propre conquête, riche de ses propres richesses, l'Europe sera écoutée et non crainte, crédible et non suspecte. Elle pourra enfin œuvrer à l'avènement d'un monde meilleur pour tous. Cette Europe vivante et généreuse, nous devons la faire neutre et nous avons l'obligation de la construire.

Une Union européenne construite sur la seule libre circulation des marchandises et de l'argent n'a ni sens ni avenir. Le monde bouge. Les défis de demain ne s'arrêtent pas aux frontières. Les États-nations ne pourront pas y répondre.

Nous voulons l'Europe pour un idéal de paix et de démocratie.

Pour cela il faut :
– une Europe fédérale, c'est une question de volonté politique !
– une Europe écologique, soucieuse de la préservation de l'être humain et de la planète, c'est une question de vie ou de mort !
– une Europe sociale, garante des valeurs de solidarité et d'entraide, d'un développement maîtrisé aux fruits équitablement partagés, c'est une question de dignité !

C'est l'Europe citoyenne !

Une Europe pour la paix

L'unification de l'Europe demande de définir une politique de sécurité et les moyens nécessaires à la défendre. Il serait utopique de nier les risques de conflits et de tentatives de règlements par la violence. La multiplicité des conflits meurtriers qui ensanglantent la Planète jusqu'à notre porte nous le rappelle tous les jours, tout comme elle démontre notre actuelle incapacité à les empêcher.

Aucune nation européenne, quels que soient ses efforts, ne peut entretenir un système de défense et d'interventions efficaces. La somme des efforts individuels ne suffit pas à constituer une force capable de représenter militairement l'Europe tant est grande la disparité des moyens. Seule une politique de défense européenne bâtie sur une armée unique, peut garantir notre sécurité et nous permettre de contrer la violence dans le monde.

Pour imposer la paix, pour empêcher la barbarie, pour faire respecter les droits de l'homme, l'Europe doit avoir une armée forte et crédible. L'Europe, unité politique et économique, forte de sa sécurité, pourra se faire entendre. Si elle en a la volonté et le courage, elle pourra établir plus de justice et d'équité sociale dans les rapports entre les nations.

Une Europe écologique

Tchernobyl et les trafics de déchets ont montré que les pollutions ignorent les frontières. Pour l'eau, l'air, les déchets, les transports et l'énergie, l'Europe doit être la garante d'une politique d'alignement vers le haut des normes environnementales. Ce que ne pourra jamais faire chaque État pris isolément. Les normes européennes sont déjà très avancées et souvent plus précises que les recommandations de l'Agenda 21, mais elles souffrent parfois d'excès, de superpositions, de mauvaises adéquations aux réalités locales. Il faut clarifier et promouvoir ces normes et faire en sorte que le contrôle de leur application ne reste pas du seul ressort des États membres. L'Agence européenne de l'Environnement doit voir le jour sans délai.

Maastricht a introduit les notions de croissance durable et de respect de l'environnement, le principe de précaution : un État ne doit pas attendre la preuve d'un danger pour agir et a étendu à l'environnement l'application du vote à la majorité qualifiée. Le cinquième programme de protection de l'environnement (1993/2000) qui veut intégrer la préoccupation de l'environnement dans chacune des politiques communes est en recul sur l'esprit de Rio. Il faut mettre en place les conditions d'instauration d'un développement durable. Il faut un véritable programme énergétique européen qui fasse le pari des énergies renouvelables et renonce au tout nucléaire en trouvant des solutions réelles au problème des déchets. Le grand programme de développement des axes de communication doit faire preuve d'audace en favorisant de réelles innovations en matière de transport, les aberrations de la PAC doivent laisser la place à une agriculture qualitative, non extensive, respectueuse des petites et moyennes exploitations. Cette politique devra remplacer celle qui, aujourd'hui, soutient un type d'exploitation rurale qui n'est adapté ni aux besoins des consommateurs, ni à ceux de la grande majorité des agriculteurs.

En matière d'environnement, l'Europe doit être un exemple pour le monde. Si son gouvernement fédéral sait mettre en place des règles efficaces de protection et de contrôle, très vite elle s'imposera au reste de la planète.

Cette exigence demande à ce que l'Union admette de prendre à sa charge une juste part des coûts de la protection du patrimoine mondial.

L'Europe sera écologique ou ne sera pas.

Une Europe solidaire

L'Europe a été le creuset d'une solidarité collective vis-à-vis de la maladie, du handicap, du grand âge, de la précarité de l'emploi et des exclusions. L'Europe doit rester porteuse de ces valeurs. Forte de son poids, elle doit tout faire pour relever les défis économiques du monde de demain et préserver une protection sociale, des normes sociales et des conditions de travail de haut niveau en son sein et en favoriser le développement en dehors de l'Union. Dans les règlements du commerce international l'Europe peut imposer le principe de contreparties sociales, écologiques, humanitaires ou démocratiques tout comme elle réclame aujourd'hui des contreparties économiques. L'Europe doit être le moteur d'une nouvelle dynamique économique et sociale à l'échelle planétaire. En son sein l'Europe doit veiller à une solidarité effective vis-à-vis des plus démunis et des régions qui auront à souffrir des mesures de convergence. Les dotations des fonds structurels et de cohésion sont insuffisantes, elles doivent être augmentées et leur utilisation doit faire l'objet d'une planification et de contrôles.

Le progrès n'est pas l'œuvre d'un petit nombre mais le résultat d'un effort collectif permanent qui se mesure en termes de générations. Il doit être partagé. La solidarité c'est une place pour tous dans la société, c'est donner à chacun la possibilité de participer à l'œuvre collective. Ce sont là de véritables objectifs pour un "contrat social" européen dont les termes devraient être élaborés par la Parlement européen en étroite collaboration avec les partenaires sociaux et auquel tout État membre doit adhérer.

Une Europe généreuse, ouverte sur le monde

À l'Est, l'ex-Yougoslavie est à feu et à sang et les douze ont été incapables de parler d'une seule voix et, surtout, d'agir d'une façon déterminante. La déception est grande dans les pays d'Europe centrale devant les réticences de l'Europe à répondre à leur demande. Et pourtant, ces peuples partagent avec l'Europe occidentale la même histoire, la même culture. Ils ont pleinement leur place dans l'Europe de demain. Sortis d'un long cauchemar, ils n'ont pas besoin d'aumône mais d'aide et de solidarité.

Au Sud, en Afrique noire et au Maghreb, nombreux sont les pays qui ont gardé des liens avec l'Europe. La situation y est pourtant catastrophique : droits de l'Homme bafoués, l'économie ruinée, l'environnement sinistré. Il faut redéfinir les bases et les mécanismes des aides, déterminer une meilleure hiérarchisation des priorités. L'aide doit désormais répondre à une triple règle de contractualisation, de contrôle et de conditionnalité. Il faut promouvoir un véritable partenariat qui recherchera l'efficacité et le respect des particularités locales : ne plus imposer des schémas de développement économique incompatibles avec les situations sociales et culturelles de ces pays, valoriser leurs productions et ressources.

Vis-à-vis de ces pays et de tous les autres, ne tombons pas dans le piège de la peur et du protectionnisme. Ni vis-à-vis des marchandises, ni vis-à-vis des hommes. On ne peut à la fois vouloir être solidaire et se replier sur soi. L'Europe est certes déjà très souvent au premier rang des aides économiques et humanitaires. Mais l'Europe a aussi les moyens d'une politique étrangère audacieuse. Elle doit être l'instigatrice d'institutions supranationales gardiennes d'un droit d'ingérence humanitaire voire d'un droit d'ingérence démocratique et écologique et dotée d'un système de défense et d'intervention efficace que chacun de ses membres ne pourrait assumer seul. La construction de cette Europe, c'est aussi notre affaire à nous Français. Encore une fois, entre la France et la Planète il y a l'Europe.

Le pluralisme européen facilitera l'acquisition d'une formation qui d'une part apprendra à respecter le droit à la différence et d'autre part donnera à chacun la possibilité de s'insérer, selon ses aptitudes, à la vie de la collectivité. Entre la France et la Planète, il y a l'Europe ! Innovons en matière d'éducation et de formation accessibles à tout âge. Les multiples façons d'aménager le temps de travail ne doivent pas être seulement, justifiées par une réduction du coût du travail. Notre société permet de produire autant de richesses en travaillant moins. Profitons-en pour faire émerger des espaces de liberté, d'autonomie et d'épanouissement. Donnons une dimension humaniste au progrès.

Une Europe fédérale et démocratique

Une fédération permet d'unir sans détruire. Une fédération préserve la vitalité des différentes cultures, des spécificités régionales et maintient l'équilibre entre les grands et les petits pays. Seule une fédération aura la puissance qu'apportent une monnaie et une politique étrangère uniques. Seule une fédération permettra de se doter d'un Gouvernement européen assez fort pour veiller aux intérêts de tous, pour promouvoir la citoyenneté européenne, pour diffuser les idéaux de justice sociale, de développement durable, de protection de la personne, de sauvegarde du patrimoine commun : la planète.

La simple coopération entre les États-nations est source de conflits d'intérêts et d'immobilisme. L'Europe doit désormais fonctionner autrement et progresser vers un État Fédéral aux fondements inscrits dans une Constitution approuvée par les citoyens de tous les pays de l'Union et structurée autour de trois pouvoirs indépendants : le législatif, l'exécutif et le judiciaire.

Un pouvoir législatif composé de deux chambres : un parlement élu au suffrage universel : représentant les citoyens et dont le nombre d'élus par pays est proportionnel au nombre d'habitants ; un Conseil représentant les États-Membres dont le nombre d'élus est le même quelle que soit la taille du pays, un Comité des Régions veille, en étroite relation avec les chambres, au respect des spécificités et des dynamiques régionales.

Un pouvoir exécutif collégial, formé de ministres élus par les chambres et d'un Président issu du rang de ce Collège, au rôle seulement protocolaire pour éviter l'exacerbation de tensions nationalistes.

Un pouvoir judiciaire indépendant directement accessible aux citoyens.

Cette Constitution délimitera aussi clairement les compétences entre gouvernements nationaux et européen : au gouvernement fédéral la monnaie unique, la politique étrangère, la politique de défense et de sécurité. Aux gouvernements nationaux les autres domaines, dans le respect du principe de subsidiarité, et en gardant pour priorité la nécessité d'une approche harmonieuse, d'une large concertation entre États et la préservation des potentiels et des initiatives régionales.

L'Europe sera plus directement présente dans la vie quotidienne des citoyens. Elle le sera aussi par l'amélioration du mode de représentation des élus qui devront être plus proche des électeurs par le respect de l'incompatibilité des mandats parlementaires européens et nationaux, par une amélioration des procédures de décision, avec extension progressive à toutes les instances, du vote à la majorité simple et par le droit au référendum à l'initiative des gouvernements et des citoyens. Cette participation citoyenne favorisera le maintien des différences culturelles qui sont la richesse de l'Europe.

La citoyenneté par la naissance s'appuie sur la logique de la continuité. La vraie citoyenneté, celle de la participation, celle qui construit le présent et prépare l'avenir est un acte volontaire. On ne naît pas citoyen mais on le devient. Toutes les nations européennes se sont enrichies des apports de l'immigration, les Européens eux-mêmes émigrent et ont émigré. Ce constat reste vrai aujourd'hui et il serait néfaste de verrouiller les frontières. En Europe, l'immigration clandestine représente un pourcentage relativement faible qui, pour l'instant, ne peut saper l'équilibre socio-économique du continent. Il faut une politique européenne d'immigration qui passe par des actions d'aide intelligentes et généreuses aux pays qui sont les sources de l'immigration clandestine.

Une Europe de progrès, inventive et créative

Les taux de croissance économique ont régulièrement diminué depuis trois décennies en Europe occidentale et les gains de productivité ont généré des effets négatifs, particulièrement en matière d'emploi et d'exclusions. La crise économique que nous vivons n'est pas seulement conjoncturelle, elle est aussi structurelle. Les modèles économiques en vigueur ne sont plus adaptés à l'évolution du monde et appellent une mutation profonde. Les mesures classiques de relance de l'activité économique sont inefficaces et relèvent d'un productivisme ignorant des aspirations humaines et des désastres écologiques. Nous devons faire preuve d'imagination en mettant en place de véritables politiques industrielles et commerciales communes, génératrices de croissance et de richesses mais, avant tout, soucieuses du bien-être et du respect de chacun, de l'aide aux plus faibles, de la préservation des ressources naturelles et de l'instauration d'un véritable développement durable. De ce point de vue, le "livre blanc" ouvre quelques perspectives intéressantes que l'Union doit explorer.

Une Europe fédérale, première puissance économique mondiale, aura les moyens d'imposer de nouvelles réglementations de développement et d'échanges qui ne soient plus basées sur des logiques de confrontation et la capacité de faire émerger de nouvelles conceptions du travail et du temps. Innovons en matière de recherche et de développement dont les enjeux ne sont plus à l'échelle des nations mais à celle de l'Europe, voire de la Planète. Les progrès de la connaissance sont de plus en plus rapides et la science de plus en plus complexe. Parfois elle inquiète mais elle ouvre de nouvelles perspectives de prospérité et de bien-être. L'importance des efforts de recherche et de développement dépasse les possibilités des nations et se situe à l'échelle de l'Europe. Le génie combiné des peuples européens peut donner à notre vieux continent un élan et une créativité aptes à trouver les solutions aux problèmes qui se posent aujourd'hui à nos sociétés. Pour développer cette créativité, il faut organiser des structures européennes de gestion et de financement de la recherche et encourager l'innovation au niveau de l'éducation. Par sa diversité, l'Europe peut favoriser l'émergence d'une éducation pluraliste et d'une formation polyvalente. On ne peut plus apprendre un métier pour la vie. Il faut donc apprendre à s'adapter et à évoluer.

Charte européenne

L'Europe est née du souhait de nos aînés d'éviter aux générations futures de revivre les horreurs et les destructions de la seconde guerre mondiale. 50 ans ont passé, la mémoire collective semble s'effacer. La porte s'entrouvre à nouveau sur le chaos et la barbarie et l'Europe apparaît menacée. L'effondrement du totalitarisme soviétique et de la politique des Blocs laisse l'Europe orientale dans une grande instabilité politique, et l'Europe occidentale minées par le retour des sentiments nationalistes et xénophobes voire par le fascisme. Faute de repères stables, l'Union est fragilisée dans les fondements de son unité construite sur la démocratie, la liberté, la solidarité, le respect et l'épanouissement de l'être humain dans un environnement préservé.

Non, l'Europe n'est pas une construction artificielle, elle est l'aboutissement de plus de deux millénaires d'interactions et d'échanges entre les peuples qui la composent. L'Europe est riche de sa diversité culturelle, scientifique et sociale. Les mêmes valeurs fondamentales définissent les relations entre l'individu et la société. Commencée autour de structures de coopérations industrielles et commerciales, la construction de l'Europe s'est poursuivie par l'instauration du Marché Unique, signe de la volonté de poursuivre dans la voie de l'unité, puis par le traité de Maastricht entré en vigueur le 1er novembre 1993. L'Union européenne est une réalité. Maastricht a des insuffisances, il pourra être amélioré. Mais il marque une avancée par rapport à l'Acte Unique. À nous maintenant de dire l'Europe que nous voulons : une Europe forte qui parle d'une seule voix. Le drame bosniaque nous rappelle chaque jour avec horreur cette évidence mais encore la place et les droits du citoyen, la protection de l'environnement et des ressources naturelles, le développement technologique et industriel, le commerce international sont tous des défis qui dépassent les compétences et les capacités des États-nations européens. Il faut donc, dès maintenant, instaurer une union politique qui donne à l'Europe, les pouvoirs que ses nations ne sont plus capables de maîtriser individuellement. Pour cela il faut un État européen souverain : une Europe fédérale.


La Charte pour l'Europe

Génération écologie dit oui à l'Europe oui une Europe vivante et solidaire

L'unification de l'Europe est l'aboutissement de plus de deux millénaires d'interactions et d'échanges entre les peuples qui la composent. L'Europe est riche de sa diversité culturelle, scientifique et sociale. Les mêmes valeurs fondamentales y définissent les relations entre l'individu et la société.

Elle sera l'annonce que nous sommes devenus plus tolérants, que nous avons une meilleure compréhension de l'autre, que nous acceptons la différence, que nous sommes capables d'intégrer d'autres coutumes, d'autres manières de penser.

Commencée autour de structures de coopérations industrielles et sectorielles (charbon, acier…), la construction de l'Europe s'est poursuivie par l'instauration du Marché Unique. L'Europe constitue ainsi l'entité économique et commerciale la plus puissante du monde. C'est elle qui doit montrer l'exemple, instaurer le développement durable en indiquant que la croissance doit rester compatible avec l'environnement et correspondre à des besoins réels.

En vingt ans, grâce à l'Europe, les préoccupations d'environnement se sont imposées. Elles font partie intégrante de l'économie. De nombreuses directives en fixent aujourd'hui le cadre juridique. Mais les écologistes doivent rester en état de veille : les règles définies par le Traité de Rome, amendées par l'Acte Unique et précisées par le Traité de l'Union, doivent être correctement appliquées. L'écologie et la libre circulation doivent apprendre à y faire bon ménage.

Le renforcement de l'unité européenne passe donc par le Traité de Maastricht entré en vigueur en France le 1er novembre 1993. Ce traité a des insuffisances, il pourra être amélioré. Ce sera pour Génération Écologie le rendez-vous de 1996.

À nous maintenant de dire l'Europe que nous voulons : une Europe forte qui parte d'une seule voix.

Le drame bosniaque nous rappelle chaque jour combien nous en avons besoin. La paix, la place et les droits du citoyen, la protection de l'environnement et des ressources naturelles, le développement technologique et industriel, le commerce international sont autant de défis qui dépassent les compétences et les capacités des États-Nations européens.

Par exemple, la France seule ne peut mettre en place un plan énergétique pour l'Ukraine et faire fermer Tchernobyl. Pas plus qu'elle ne peut agir efficacement pour faire cesser le conflit en Bosnie.

Il faut instaurer une Union politique qui donne à l'Europe les pouvoirs que ses nations ne sont plus capables de maîtriser individuellement. Pour cela, il faut un État européen.

Une Europe fédérale proche des citoyens

Pour davantage d'efficacité, l'Europe doit désormais aller au-delà de la simple coopération entre États.

Aussi, l'Europe doit aller au-delà de la simple coopération et progresser vers un État fédéral dont les institutions seront inscrites dans une Constitution approuvée par les citoyens de tous les pays de l'Union et structurée autour de trois pouvoirs indépendants : le législatif, l'exécutif et le judiciaire.

Seule une fédération permet d'unir sans détruire, de préserver la vitalité des différentes cultures, les spécificités régionales et de maintenir l'équilibre entre les grands et les petits pays. Mais l'Europe ne doit pas simplement rajouter une nouvelle strate technocratique. Au contraire, elle doit permettre l'émergence du citoyen européen disposant de plus de liberté et de pouvoir pour choisir.

La Constitution fera une large place aux citoyens. Aujourd'hui, la citoyenneté européenne est fictive. Les nouvelles institutions doivent conférer une véritable citoyenneté européenne. Elles doivent faire participer le citoyen en lui donnant le pouvoir de contrôler sa destinée et celle de sa seconde patrie, l'Europe. Aujourd'hui, la seule instance élue au suffrage universel direct, le Parlement, est sans réel pouvoir. Pour rapprocher le citoyen du pouvoir et éviter l'accaparement de celui-ci par la technocratie ou des lobbies, il faut donner plus de pouvoir législatif au Parlement et instituer le droit de référendum et d'initiative populaire. Cette participation citoyenne favorisera le maintien des différences qui sont la richesse de l'Europe.

La Constitution délimitera aussi clairement les compétences entre gouvernements nationaux et européen : au gouvernement européen la monnaie unique, la politique étrangère, la politique de défense et de sécurité et les grandes directives sur l'économie, le commerce et les grands axes de transports européens. Aux gouvernements nationaux, dans le respect du principe de subsidiarité, les autres domaines afin de préserver les habitudes, les potentiels et les initiatives régionales. L'Europe ne doit pas réglementer les fromages et les confitures. Être européen ne signifie pas devoir changer la vie de tous les jours.

Une Europe de progrès social

Seule l'Europe unie, première puissance économique mondiale, aura les moyens d'imposer de nouvelles réglementations de développement et d'échanges. Les écologistes feront en sorte qu'elles ne soient plus basées sur des logiques de confrontation mais, sur la capacité de faire émerger de nouvelles conceptions' du travail et du temps et sur le respect des ressources et du droit des générations futures.

La crise économique que nous vivons n'est pas seulement conjoncturelle, elle est aussi structurelle.

Les modèles économiques en vigueur ne sont plus adaptés à l'évolution du monde. Ils appellent une mutation profonde. Les mesures classiques de relance de l'activité économique sont inefficaces et relèvent d'un productivisme ignorant nos besoins, nos aspirations et les désastres écologiques qu'ils provoquent. Les taux de croissance économique ont régulièrement diminué depuis trois décennies en Europe occidentale et les gains de productivité ont généré des effets négatifs, notamment en matière d'emploi et d'exclusion.

L'Europe championne du développement durable

Les écologistes ont fondé ce concept aujourd'hui repris par tous. Ils ont une conception du développement économique qui implique des politiques plus économiques en ressources naturelles et plus respectueuses des petites et moyennes entreprises ou des exploitations agricoles réparties sur l'ensemble du territoire. Ils proposent de moderniser la production pour économiser les produits, l'énergie et minimiser les déchets. L'environnement est dans ce sens un secteur créateur d'emploi. Ils proposent encore d'intégrer les coûts environnementaux aux politiques de développement et de taxer la pollution. Ces ressources fiscales permettraient d'alléger la taxation du travail et ainsi de créer des emplois. Les multiples façons d'aménager le temps de travail ne doivent pas être seulement justifiées par une réduction du coût du travail. Notre société permet de produire autant de richesses en travaillant moins. Profitons-en pour faire émerger des espaces de liberté, d'autonomie et d'épanouissement. Donnons une dimension humaniste au progrès.

Une Europe solidaire de tous ses citoyens

L'Europe a été le creuset d'une solidarité collective vis-à-vis de la maladie, du handicap, du grand âge, de la précarité de l'emploi et des exclusions. L'Europe doit rester porteuse de ces valeurs. Forte de son poids, elle doit tout faire pour relever les défis économiques du monde de demain et préserver une protection sociale, des normes sociales et des conditions de travail de haut niveau en son sein et en favoriser le développement en dehors de l'Union.

Construisons une Europe gardienne de nos droits.

Dans les règlements du commerce international, l'Europe peut imposer le principe de contreparties sociales, écologiques, humanitaires ou démocratiques tout comme elle réclame aujourd'hui des contreparties économiques. L'Europe doit être le moteur d'une nouvelle dynamique économique et sociale à l'échelle planétaire. En son sein, l'Europe doit veiller à une solidarité effective vis-à-vis des plus démunis et des régions qui auront à souffrir des mesures de convergence. Les dotations des fonds structurels et de cohésion sont insuffisantes, elles doivent être augmentées et leur utilisation doit faire l'objet d'une planification et de contrôles.

Le progrès n'est pas l'œuvre d'un petit nombre mais le résultat d'un effort collectif permanent qui se mesure en termes de générations. Il doit être partagé. La solidarité, c'est une place pour tous dans la société, c'est donner à chacun la possibilité de participer à l'œuvre collective. Ce sont là de véritables objectifs pour un "contrat social" européen dont les termes devraient être élaborés par le Parlement européen en étroite collaboration avec les partenaires sociaux et auquel tout État membre doit adhérer.

Une Europe inventive et créative

Les progrès de la connaissance sont de plus en plus rapides et la science de plus en plus complexe. Parfois elle inquiète mais elle ouvre de nouvelles perspectives de prospérité et de bien-être. La qualité du cadre de vie est une priorité et peut passer par des petits gestes concrets et gratuits comme la suppression de l'heure d'été perturbatrice des rythmes de vie de beaucoup de nos concitoyens.

Combinons nos talents

Le génie combiné des peuples européens peut donner à notre vieux continent un élan et une créativité aptes à trouver les solutions aux problèmes qui se posent aujourd'hui dans nos sociétés. Pour développer cette créativité, il faut organiser des structures européennes de gestion et de financement de la recherche.

Le citoyen européen et ses élus, pour choisir leur progrès, doivent pouvoir accéder à une information complète et à des données précises. Les dossiers sont de plus en plus complexes et ne doivent pas être réservés à des experts de l'administration ou des lobbies de mieux en mieux organisés.

Afin d'intégrer l'Europe au niveau de l'éducation, il faut favoriser l'apprentissage d'une deuxième langue dès la maternelle. De même, il est nécessaire que tous les enfants d'Europe apprennent l'histoire et la culture des partenaires européens, comme si c'était son histoire sa culture. Cela facilitera les échanges durant la formation scolaire et entretiendra une culture européenne plus tard nécessaire au citoyen européen. Par sa diversité l'Europe peut aider à l'émergence d'une éducation pluraliste et d'une formation polyvalente. On ne peut plus apprendre un métier pour la vie. Il faut donc apprendre à s'adapter et à évoluer.

Le pluralisme européen facilitera l'acquisition d'une formation qui d'une part apprendra à respecter le droit à la différence et d'autre part donnera à chacun la possibilité de s'insérer, selon ses aptitudes, à la vie de la collectivité. Innovons en matière d'éducation et de formation accessibles à tout âge.

Une Europe gardienne de son environnement

L'Europe a prouvé son dynamisme en matière d'environnement, continuons !

Car l'Europe, c'est le meilleur moyen que nous avons de défendre la nature et l'environnement en France et dans le monde. Depuis Tchernobyl, nous savons que la pollution n'a pas de frontières.

Pour garantir l'eau potable pour tous, l'air pur, une politique concertée des transports et de l'énergie, seul le niveau européen, au-delà des égoïsmes nationaux, peut permettre de construire une politique d'alignement vers le haut des normes environnementales. Et ces règles efficaces de protection et de contrôle, très vite, s'imposeront au reste de la Planète, car dans de nombreux domaines (air, eau, déchets…) elles sont devenues des normes de concurrence.

Compétition pour un meilleur environnement oui, mais avec des régies de solidarité.

L'Europe doit admettre de prendre à sa charge une juste part des coûts de la protection du patrimoine mondial et d'aider les pays en développement dans leurs efforts d'adoption des technologies propres. Elle doit respecter ses engagements pris au Sommet de Rio en Juin 1992.

D'importants débats sont en cours pour définir de nouveaux modèles de production. La présence d'écologistes réalistes et responsables est primordiale dans la bataille. D'une part, peur apporter de nouvelles propositions ; d'autre part, pour que les directives soient correctement appliquées dans les États membres. Elles souffrent parfois d'excès, de superpositions, de mauvaises adéquations aux réalités locales. Le principe de subsidiarité qui consiste à traiter au plan local tout ce qui peut l'être, permettra de pailler cet inconvénient.

Intégrer l'environnement dans toutes les politiques.

La notion de croissance durable, de respect de l'environnement, du principe de précaution (un État ne doit pas attendre la preuve d'un danger peur agir) sont inscrits dans le traité de Maastricht. Ces principes doivent devenir réalité et les écologistes auront à rétablir des équilibres, car le 5e programme (1993/2000) est parfois en recul aux regards des engagements de Rio. Cet effort passe par l'instauration d'un véritable programme énergétique européen qui fasse le parie des énergies renouvelables et engage des programmes ambitieux d'économies d'énergie. L'environnement doit être intégré dans toutes les politiques. Ainsi le programme de développement des axes de communication doit savoir concilier Grande Vitesse et maintien du réseau secondaire, mettre les camions sur le train et réhabiliter les voies d'eau… Une réflexion sur la "jachère de la mer" associant l'ensemble des pêcheurs est urgente, pollutions et surexploitation touchent toutes les mers d'Europe. La réorientation de la PAC doit aider à retrouver la dimension patrimoniale du métier d'agriculteur, à la fois gestionnaire de la terre et producteur de qualité.

Une Europe ouverte sur le monde

Ouvert à nos plus proches voisins de l'Est et de la Méditerranée.

Les peuples les pays d'Europe centrale partagent avec l'Europe Occidentale la même histoire, la même culture. Ils ont pleinement leur place dans l'Europe de demain. Leur déception est grande devant les réticences de l'Europe à répondre à leur demande. Sortis d'un long cauchemar, ils n'ont pas besoin d'aumône mais d'aide et de solidarité. Nous devons mettre en place un nouveau plan Marshall.

Au Sud, nous sommes concernés par l'espace euro-méditerranéen où se conjuguent à la fois la perspective d'un marché de 550 millions d'habitants en 2015 et l'idée de briser les menaces des intégrismes par des échanges solidaires entre les rives Nord et Sud. Tout une spécificité environnementale existe aussi : milieux fragiles, inondations, risques sismiques, pollutions des eaux et de la mer, déprise agricole et érosion… Problèmes dont l'Europe doit se saisir pour rééquilibrer le Sud et le Nord et sauver la Méditerranée.

Solidaires de l'Afrique

En Afrique la situation est catastrophique : droits de l'homme bafoués, économie ruinée, environnement sinistré. Le Sommet de Rio a fait la preuve que la protection de l'environnement ne pouvait se penser sans intégrer la lutte pour le développement. La pauvreté est le pire ennemi de l'homme et de l'environnement.

Il convient de redéfinir les bases et les mécanismes des aides, de déterminer une meilleure hiérarchisation des priorités et surtout de respecter les engagements pris au cours de nombreuses réunions internationales : accords de Lomé, interdiction d'exporter des déchets dangereux pour les pays industrialisés, lutte contre un commerce abusif des bois tropicaux, exploitation intensive des ressources marines…

L'Europe s'est engagée à Rio sur la réduction de la dette et l'augmentation de ses aides. Il est temps de mettre en œuvre ces promesses selon les règles d'un véritable partenariat. Il s'arrimera à des devoirs : des aides répondant à des règles de contractualisation, et de contrôle. Il reposera sur des droits : droit à l'efficacité, droit à la valorisation des productions des particularités locales. Trop de schémas de développement économique ont été imposés, incompatibles avec les situations sociales et culturelles locales.

L'Europe acteur du 21e siècle

Vis à vis de ces pays et de tous les autres… Ne tombons pas dans le piège de la peur et du protectionnisme. Ni vis-à-vis des marchandises, ni vis-à-vis des hommes. On ne peut à la fois vouloir être solidaire et se replier sur soi. L'Europe est certes déjà très souvent au premier rang des aides économiques et humanitaires. Mais l'Europe a aussi les moyens d'une politique étrangère audacieuse. Elle doit être l'instigatrice d'institutions supranationales gardiennes d'un droit d'ingérence humanitaire, voire d'un droit d'ingérence démocratique et, et dotée d'un système de défense et d'intervention efficace que chacun de ses membres ne pourrait assumer seul. La construction de cette Europe, c'est aussi notre affaire à nous Français. Montrons l'exemple : une fois encore, soyons des bâtisseurs pour le monde de demain.

Une Europe pour la paix

L'Europe est née du souhait de nos aînés d'éviter aux générations futures de revivre les horreurs et les destructions de la seconde guerre mondiale. 50 ans ont passé, la mémoire collective semble s'effacer. À l'Est l'ex-Yougoslavie est à feu et à sang et les douze ont été incapables de parler d'une seule voix et, surtout, d'agir d'une façon déterminante. La porte s'entrouvre à nouveau sur le chaos et la barbarie et l'Europe apparaît menacée.

Nous voulons l'Europe pour un idéal de paix et de démocratie.

Les événements de Bosnie et les multiples conflits meurtriers qui ensanglantent la Planète nous rappellent chaque jour cruellement que la force est souvent nécessaire pour imposer la paix, tout comme ils démontrent notre actuelle incapacité à les empêcher.

Aucune nation européenne, quels que soient ses efforts, ne peut entretenir un système de défense et d'interventions efficaces. La somme des efforts individuels ne suffit pas à constituer une force capable de représenter militairement l'Europe, tant est grande la disparité des moyens.

Pour se défendre, pour imposer la paix, pour empêcher la barbarie, pour faire respecter les droits de l'homme, l'Europe doit avoir une armée forte et crédible. Cette armée doit être européenne pour soutenir une politique étrangère européenne. Ainsi, l'Europe, unité politique et économique, forte de sa sécurité, pourra se faire entendre. Si elle en a la volonté et le courage, elle pourra établir plus de justice et d'équité sociale dans les rapports entre les nations.

Une Europe fédérale, c'est une question de volonté politique !
Une Europe écologique, soucieuse de la préservation de l'être humain et de la planète, c'est une question de vie ou de mort !
Une Europe sociale, garante des valeurs de solidarité et d'entraide, d'un développement maîtrisé aux fruits équitablement partagés, c'est une question de dignité !
C'est l'Europe citoyenne !

 

Mise sur orbite de génération écologie pour l'Europe, samedi 7 mai 1994

Que l'Europe devienne une grande maison commune, voilà notre ambition ! Il était donc tout naturel d'organiser le lancement de notre campagne à la Maison de l'Europe. Lieu d'échange culturel entre les pays de la communauté, le site était rêvé pour rassembler les 87 euro-enthousiastes de la liste Génération Écologie.

Le salon, ouvert sur un jardin ensoleillé, était décoré de drapeaux européens Le buffet accueille les candidats. Il est décoré de petits drapeaux des pays membres parmi lesquels on remarque ceux de nos nouveaux partenaires, la Suède, la Finlande, la Norvège et l'Autriche et celui de la Bosnie que l'on se devait d'associer.

Jean-Michel David, Marie-Noëlle Wexsteen et Géraldine Dechezelle ne sont pas avec nous, pour la bonne cause. Ils ont passé la nuit à préparer le dossier qui est remis à tous les candidats, sauf moi. Tout est près. Le souci du détail pousse Thierry Defait à goutter subrepticement le buffet. Rien ne sera négligé.

Brice Lalonde arrive. Le temps pour chacun de se retrouver et d'échanger quelques mots. Brice se glisse au pupitre recouvert d'une affiche : "L'écologie qui agit". C'est bien le sens du message Une Europe volontaire, faite d'hommes et de femmes de dossiers, de projets. Génération Écologie POUR l'Europe. La conférence de presse a lieu sur la terrasse. Le soleil est au rendez-vous, les télés et les radios aussi. Les 6 premiers, accompagnés de Geneviève Jurgensen qui clôture la liste, présentent leurs projets et l'esprit de cette liste. Puis tout le monde descend sur la pelouse pour le lancer de pigeons voyageurs vers les capitales d'Europe.

17 s'envolent, 16 vers nos partenaires de la communauté européenne et 1 pour Sarajevo (plus d'Europe pour plus de Paix !), libéré de sa cage par Brice Lalonde.

Après quelques interviews, Brice rejoint les candidats pour les photos de campagne. La passion et l'enthousiasme sont à de mise. La bousculade aussi. Un remerciement tout particulier pour nos hôtes. Enfin, tous et toutes pouvions nous tourner vers le buffet et lever un verre de champagne en attendant le 12 juin !

M. G.

18 projets, 18 régions

18 régions sont représentées au travers de leurs candidats, sur la liste Génération Écologie pour l'Europe.

Chacune d'entre elle doit être un moment de la campagne nationale.

C'est pourquoi, dans le cadre de votre campagne régionale, il est essentiel de distinguer un évènement auquel nous pourrions avec votre coopération donner une retombée nationale.

Un projet, c'est une idée et quatre ou cinq personnes prêtent à le développer Certaines régions ont déjà le leur.

Renseignez-vous auprès de vos présidents de collectif ou de vos candidats.

Alors ! À vos téléphones, les projets doivent nous revenir au plus vite (l'agenda est déjà bien rempli !).

18 projets pour 18 régions, c'est une belle campagne décentralisée…

 

Mercredi 18 mai 1994
La lettre de Génération Écologie

Europe environnement

L'environnement fait désormais partie intégrante de l'économie dans l'ensemble des secteurs industriels et agricoles. Il s'agit d'une prise de conscience d'une situation dénoncée par les citoyens et les consommateurs européens.

La communauté européenne a fait de l'environnement une priorité. Les règles définies dans le Traité de Rome, amendées par l'acte unique et précisées par le traité de l'Union forment le cadre juridique, un cadre dans lequel écologie et libre circulation doivent apprendre à faire bon ménage.

Mais, si la communauté européenne mène une politique spécifique en faveur de l'environnement, elle doit intégrer cette donnée à l'ensemble des politiques, de la politique régionale à la politique énergétique, de l'agriculture aux transports.

D'importants débats sont en cours, la présence d'écologistes réalistes et responsables est primordiale dans la bataille pour des eaux plus propres, la gestion des déchets, la préservation des ressources naturelles et l'amélioration de l'environnement urbain, pour la lutte contre la pollution atmosphérique et les nuisances par le bruit… D'une part pour apporter de nouvelles propositions, d'autre part pour que les applications des directives communautaires soient correctement appliquées dans les états membres. Les choix effectués à partir de ces débats passionnés ne sont pas innocents. La communauté européenne ne doit pas perdre une partie de sa compétitivité industrielle face aux avancées de ses partenaires américains et japonais. Les relations internationales jouent un rôle déterminant dans le combat pour l'environnement comme l'ont démontré le sommet de Rio et les enjeux du GATT.

L'instauration d'un développement soutenable exige des efforts s'inscrivant dans une politique à long terme. Un tel objectif sera obtenu par un engagement politique profond et ambitieux. La communauté constitue l'entité économique et commerciale la plus puissante du monde, c'est elle qui doit montrer que la croissance doit- être compatible avec l'environnement, car c'est dans la prochaine décennie qu'il faudra résoudre la plupart des problèmes d'environnement les plus graves.

Pascal Dubois, Conseiller régional Nord/Pas-de-Calais, Président de l'Agence Régional Énergie et Déchets, Vice-Président Fédération Européenne des Agences Régionales Énergie et Environnement.

Interview express

La liste Génération Écologie pour l'Europe accueille des Écologistes qui viennent des Verts. Afin de mieux les connaître, la Lettre de Génération Écologie les a rencontrés. Dans ce numéro, nous vous proposons les interviews de Geneviève Andueza et de Franck Laval. Celle de Christian Emaille paraîtra dans la prochaine lettre

Franck Laval adhère aux Amis de la Terre en 1978 et rejoint les Verts en 1990 où il devient Trésorier des Verts à Paris. Il appartient à la tendance "Fil Vert", libertaire et centriste qui privilégie les alliances avec les autres mouvements écologistes.

Il est membre d'Associations de quartier sur Paris qui s'occupent d'urbanisme et de problèmes de logement. Après l'échec pour la constitution d'une liste unique pour les élections européennes, il décide de rejoindre la liste de Génération Écologie.

Q. : Comment expliquez-vous la crise qui a traversé les deux mouvements écologistes ces derniers mois ?

R. : À mon avis, ce n'est pas une même crise. Chez les Verts, ce sont des combats politiques. Il y a des gens de gauche qui n'ont pas coupé le cordon. Ils ne le couperont jamais parce que cela remettrait en question leur façon de voir le monde et donc les déstabiliserait psychologiquement. Ceux qui croient encore au clivage gauche-droite sont des archaïques. Ils veulent recomposer la gauche Ils ont déjà oublié les 13 ans de socialisme. Depuis un an, le PS ayant les mains libres, il a un discours beaucoup plus proche des Verts. Et puis c'est vrai que les Verts ont toujours été une force critique Pas très constructive, mais assez critique.

Et être critique face à un gouvernement de droite, c'est la position la plus confortable qui existe. Face à eux, il y a les Waëchteriens, qui sont eux vraiment indépendants de ce clivage.

Chez GE, c'est beaucoup plus relationnel… Mais il y a aussi le problème du clivage droite-gauche. Brice Lalonde, ayant quitté le gouvernement, a rejoint la ligne de l'indépendance, ce qui est sa voie initiale. Car je crois qu'il est sur la même ligne depuis 20 ans. Il a participé à un gouvernement de gauche dit "d'ouverture", même si à part lui, ce gouvernement n'avait rien d'ouvert. Et là-dessus, il a eu tout à fait raison de participer à ce gouvernement. Il s'en est d'ailleurs sorti fort honorablement…

Et puis à GE, il y a eu une OPA du Parti Socialiste énorme… J'ai discuté avec des dissidents, qui m'ont dit avoir eu des pressions énormes.

Q. : Pour quelles raisons avez-vous décidé de rejoindre la liste Génération Écologie pour l'Europe ?

R. : La raison principale, c'est qu'on a quand même failli avoir une liste unique. Je pense que le fait que Brice Lalonde acceptait une seconde place derrière une Vert, et qu'on lui a refusé, c'est du suicide. Du coup les unionistes, c'était vraiment Brice Lalonde de Génération Écologie… En ce qui concerne l'Europe, moi je suis un pro-européen, et je pense que GE est la liste européenne par excellence.

Q. : Qu'est-ce que représente l'Europe pour vous ?

R. : L'Europe, c'est mon pays… Il faut l'élargir le plus vite possible… L'Europe, c'est de Brest à l'Oural.

Q. : Dans quels domaines, l'Europe peut-elle joué un rôle important ?

R. : C'est dans le domaine environnemental, le problème des centrales nucléaires de l'Est… C'est vrai que c'est le problème numéro 1 en Europe. Le premier objectif de l'Europe doit être de reconstruire environnementalement et énergétiquement les pays de l'Est. Question de survie…

Q. : Comment allez-vous promouvoir la liste Génération Écologie pour l'Europe ?

R. : Localement, à Paris et dans mon quartier, je ferais tout ce que je peux, pour que la liste GE fasse un bon score.

Q. : Avez-vous un message à l'attention des militants de Génération Écologie ?

R. : Il faut avoir le sens de l'intérêt général. Et je crois que l'intérêt général du mouvement, c'est de soutenir et de travailler avec Brice Lalonde. Parce qu'il est le seul qui ait un discours cohérent, réaliste et optimiste.

Propos recueilli par Jean-Michel David

Geneviève Andueza, militante associative dans l'environnement et la culture, est Conseillère Régionale d'Aquitaine depuis 1992. Les problèmes liés à l'eau en Aquitaine, ainsi que le littoral constituent actuellement ses principales préoccupations.

En désaccord avec les orientations politiques de la direction des Verts, elle vient de quitter le mouvement dont elle était Secrétaire national adjointe et a rejoint la liste Génération Écologie pour l'Europe.

Q. : Comment expliquez-vous les secousses qui ont traversé ces derniers mois, tant Génération Écologie que les Verts ?

R. : Ce qui a secoué les écologistes à mon sens, c'est le vieux clivage gauche-droite que l'on croyait dépassé et qui a ressurgi ces derniers mois Je crois fermement que le message écologiste s'adresse à l'ensemble de la population et que nous faisons des propositions qui se situent en dehors de ce clivage. Ces propositions nous permettent de travailler aussi bien avec les uns qu'avec les autres tout en gardant son autonomie et sa spécificité.

La crise qu'ont traversée les deux formations aurait pu être évitée si il y avait un peu moins d'opportunisme de la part de certains, qui veulent à tout prix être élus et moins d'idéologie traditionnelle, et là je pense aux Verts.

Q. : Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre la liste Génération Écologie pour l'Europe ?

R. : Pour avoir suivi de près les négociations entre GE et les Verts pour une liste unique, je sais que Brice Lalonde voulait sincèrement cette union. Il acceptait les nombreuses conditions posées par les Verts, et d'être 2ème sur la liste. Par sectarisme, Les Verts ont claqué la porte à cette union, Brice n'en est pas responsable. De plus, l'écologie indépendante n'est plus représentée chez les Verts alors que lui défend une écologie utile et non-alignée. Enfin, j'ai rejoint la liste par conviction pro-européenne.

Q. : Votre avenir à Génération Écologie ?

R. : J'ai quitté les Verts parce que je n'étais pas d'accord avec les orientations poétiques du mouvement. J'ai franchi un pas en venant sur la liste de Génération Écologie. Je suis assez contente de la manière dont nous travaillons ensemble et j'espère que cela va s'intensifier.

Q. : Qu'est-ce que représente l'Europe pour vous ?

R. : L'Europe est une chance. C'est une chance d'harmoniser les politiques nationales sur les points les plus satisfaisants tant par rapport à l'homme qu'à la nature. L'Europe peut être le lieu et l'instance où écologie et économie deviennent compatibles, où être humain et nature peuvent aussi arriver à un équilibre et à une harmonie.

Q. : Comment allez-vous promouvoir la liste Génération Écologie pour l'Europe ?

R. : Au niveau national, je participe à la direction de la campagne. Au niveau de la région Aquitaine, j'ai d'ores et déjà contacté des personnes pour soutenir la liste. Je compte recevoir Brice Lalonde quand il viendra dans la région.

Q. : Avez-vous un message à l'attention des militants de Génération Écologie ?

R. : Je crois qu'il faut se retrousser les manches. II faut vraiment entrer dans cette campagne et faire taire les différences et les dissensions. L'important, c'est l'Europe et l'Écologie. C'est ce qui doit faire que chacun contribue à cette campagne. C'est très important qu'il y ait des écologistes sincères au Parlement européen.

Propos recueillis par Jean-Michel David

GE assignée !

Un certain nombre de "personnalité" de Génération Écologie ont saisi le Tribunal de Grande Instance de Paris en vue de faire annuler le Conseil National du 10 avril dernier.

Le but est clair et la tactique intelligente ! La plupart des membres de ce groupe sont sur des listes concurrentes… Un jugement immédiat aurait empêché d'une part, que Génération Écologie présente une liste pour l'élection au Parlement européen, et pouvait d'autre part, leur faire espérer que les suffrages des électeurs qui auraient voté pour Génération Écologie iraient à leur nouveau parti.

Le tribunal a remis son jugement au 15 juin, les privant ainsi des fruits de leurs efforts. La justice suit son cours et Génération Écologie ne fera pas de commentaires sur cette affaire avant de connaître la décision du tribunal. (R. Pictet)

Protégeons les Alpes !

Les régions alpines hébergent une population dont les conditions de vie doivent être respectées. Elles offrent aussi, pour le bénéfice de tous, une source d'eau encore non-polluée, de magnifiques paysages et des sites de loisirs privilégiés pour des millions d'entre nous. À ces divers titres, elles doivent impérativement être protégées.

Point de rencontre entre les pays européens, les Alpes sont un lieu de grands transits, obligatoirement concentrés dans les vallées, qui par leurs configurations, sont particulièrement sensibles à la pollution par les gaz d'échappement, aux bruits, aux embouteillages…

Parce que le problème est plus aigu qu'en plaine, le sort de ces points de passages obligés est devenu un enjeu dans la bataille qui oppose les tenants de la route à ceux qui estiment que le rail est le moyen de transport de l'avenir. Les populations directement concernées ont commencé à réagir. En Suisse, la population a estimé le plan de ferroutage transalpin proposé par le gouvernement insuffisant, et par une initiative populaire l'a obligé en février dernier à faire cesser immédiatement tout développement routier à travers les Alpes. Cette décision est d'autant plus intéressante que de son côté, le gouvernement autrichien s'inquiète également des conséquences du trafic routier à travers la partie alpine du pays et que ce sujet est l'objet de discussions serrées à Bruxelles.

Ce cri d'alarme des populations alpines doit être entendu. La France, qui contrôle un secteur important des passages transalpins (sans oublier la traversée des Pyrénées) est directement concernée. Il est donc dans son intérêt que le développement du ferroutage soit une priorité absolue à l'intérieur de l'Union Européenne, et fasse l'objet d'accords avec les pays de l'Europe de l'Est. Il faut que cessent les transports par la route de matières non périssables, de Rome à Copenhague et de Varsovie à Lisbonne !

Les élus Génération Écologie lutteront dans ce sens.

Raymond Pictet

7 sur 7 pour GE

Le dimanche 15 mai. Brice Lalonde inaugurait une série d'émissions spéciales consacrées aux élections européennes, en compagnie de Philippe de Villiers et de Jean-Pierre Chevènement.

Dès le debut de l'émission, le contraste est saisissant. D'un côté, la tendance pro-européenne incarnée par Brice Lalonde. De l'autre, deux candidats qui ont voté Non à Maastricht. Face à l'enthousiasme, la frilosité. De toute évidence. Mrs de Villiers et Chevènement n'ont pas la même conception de l'Europe, même si, sur le fond, leurs discours sont assez proches. Alors que alors que Mr Chevènement parle de "préférence communautaire". De Villiers dénonce "l'Europe passoire du traité de Maastricht" et prône le même système de défense, celui de "l'Europe Bouclier". Si Brice Lalonde reconnait qu'il faut "un minimum de protection", il ajoute qu'il faut "aller de l'avant, ne pas avoir peur et tout fermer. Il faut changer les règles du jeu, mais ne pas retourner en arrière". Il refuse cette "Europe forteresse".

Il évoque ensuite quelques raisons d'être européen. "L'Europe est un formidable moyen d'avoir un Super-Citoyen, d'inventer des Euro-Libertés… Il faut faire gagner l'Europe autour du citoyen". Concernant Tchernobyl, "la France toute seule ne peut pas faire fermer la centrale. Il faut des épaules plus larges. C'est encore une raison de plus pour être européen. C'est une affaire d'avenir." Brice Lalonde et Philippe de Villiers ont ensuite évoqué le nom de Bernard Tapie. Brice Lalonde le compare à Nelson Mandela "qui a fait 20 ans de prison avant de faire de la politique, alors que Bernard Tapie fait peut-être le chemin inverse".

Le débat s'est conclu sur la Bosnie. Tous se sont mis d'accord pour condamner la passivité des gouvernements occidentaux Pour Philippe de Villiers, "L'Europe de Maastricht ost morte à Sarajevo". Pour Brice Lalonde, un tel drame aurait pu être évité mais "il manquait une position diplomatique commune, d'ailleurs prévue dans le traité de Maastricht…Nous manquons d'une Europe forte" a-t-il conclu.

J.-M. D

 

Mercredi 25 mai 1994
La Lettre Génération Écologie

Un vaccin contre la montée des nationalismes

L'Europe en tant que nation n'est pas seulement un idéal de progrès pour notre société, c'est aussi une question de survie pour les pays qui la composent. Hier encore, les pays européens pouvaient individuellement imposer leurs désirs à des nations souvent plus peuplées et plus riches qu'elles. À peine un demi-siècle plus tard, l'ensemble formé par ces mêmes pays européens est incapable de stopper quelques dizaines de milliers de tueurs qui massacrent à leur porte.

Ne nous leurrons pas. Cette faiblesse n'est pas garante de paix à l'intérieure de l'Union européenne. Ce demi-siècle sans guerre que nous venons de vivre n'est pas le premier de notre histoire commune. Il n'est donc pas la preuve qu'une nouvelle lutte fratricide est impossible ; il représente seulement le temps d'en oublier les souffrances. Aujourd'hui, le nationalisme renaît sous sa forme la plus sombre : la peur, de l'autre. Les manifestations de racisme, ce lit de tant de guerres, deviennent banales et quotidiennes et si la violence reste encore exceptionnelle, elle est révélatrice d'un sentiment nationaliste plus largement répandu, lui aussi basé sur le rejet et la haine.

Nous aurions tort de ne pas avoir peur. Des sources de conflits nationalistes européens existent toujours. D'une part trop de frontières politiques ne prennent pas en considération les unités religieuses, linguistiques ou historiques. D'autre part, nombreuses sont les populations divisées par une frontière : hongrois en Roumanie, en Slovénie, en Slovaquie. Allemands en Pologne… De plus, un jour, certains se rappelleront que l'Istrie a été italienne, d'autres que le Tyrol était entièrement autrichien, d'autres encore que l'Alsace…

Ces frontières figées par l'absurde et les divisions qu'elles opèrent, servent, on le sait trop bien, de prétextes aux "purifications" et lorsque l'on constate la présence du monstre, il est déjà solidement implanté. Les réveils nationalistes sont insidieux et les populations manipulées. Les slovaques se sont réveillés indépendants alors que seule une infime minorité, dirigée par quelques politiciens nationalistes, le demandait. Ce changement-là s'est fait pacifiquement ; en sera-t-il toujours ainsi ?

Le meilleur moyen de diminuer le besoin d'identité nationale des diverses populations est de leur en donner une autre, celle d'une nation qui les englobe toutes : l'Europe. Cela est possible car ce qui unit les nations européennes est plus fort et important que ce qui les divise. L'Europe peut donc devenir une nouvelle patrie pour tous les citoyens des nations qui partagent, les mêmes valeurs humanistes, les mêmes concepts, la même histoire.

Cette patrie devrait être une union de type fédéral, seul moyen de créer une véritable nation européenne capable d'arrêter le retour des nationalismes agressifs. Elle éliminera des causes de racisme et de haine. C'est le message à faire passer à ceux qui, contrairement à nous à GE, ont peur de l'Europe.

Raymond Pictet

Après les interviews de Geneviève Andueza et de Franck Laval, voici celle de Christian Emaillé

Dans le précédent numéro de Génération Écologie pour l'Europe, nous vous avions présenté les interviews de Franck Laval et Geneviève Andueza, anciens membres des Verts et présents sur la liste conduite par Brice Lalonde. Il y manquait, pour être complet, celle de Christian Emaillé. Nous vous la proposons dans ce nouveau numéro.

Q. : Pouvez-vous nous retracer votre parcours politique et associatif ?

R. : J'ai participé à des associations de défense d'environnement avant de rejoindre les Verts en 1989. Cet engagement répondait à une prise de conscience. Pour pouvoir peser sur les décisions, il faut passer par la participation politique. Candidat en 1992, j'ai été élu Conseiller Régional Midi-Pyrénées.

Q. : Pourquoi avez-vous décidé de quitter les Verts ?

R. : Je me suis mis en marge des Verts par rapport à leurs orientations. Ils ont oublié que l'écologie se situe au-delà des politiques traditionnelles. Les Verts ont mis en avant des valeurs gauchistes et l'écologie est devenue chez eux, comme dans les autres partis politiques, un simple chapitre.

Q. : Quelle est la raison de votre engagement en faveur de l'Europe ?

R. : L'Europe est une chance pour pouvoir bénéficier de règles favorables à l'environnement. Face à l'internationalisation de l'économie, c'est également le cadre idéal pour faire admettre que le progrès, ce n'est pas produire n'importe quoi et n'importe comment.

Q. : Quel est le problème qui voua tient le plus à cœur actuellement ?

R. : L'eau. La qualité de l'eau.

Q. : C'est un sujet qui touche principalement votre région Midi-Pyrénées…

R. : Oui, mais ce n'est pas seulement un phénomène régional. Les problèmes liés à l'environnement sont des problèmes internationaux comme on a pu le voir avec Tchernobyl. L'Europe, c'est le moyen idéal pour trouver des solutions à ces choses-là.

Q. : Avez-vous un message à l'attention des militants de Génération Écologie ?

R. : Pour être efficace, il faut que le mouvement écologiste soit fort. Cette force ne viendra que si nous sommes unis et solidaires. Le débat démocratique, le débat d'idées, est nécessaire au sein d'un mouvement, mais une fois que les orientations sont prises, chacun doit les soutenir, même si quelquefois, elles ne correspondent pas complètement à ce que chacun souhaite…

La planète est notre vaisseau pour notre voyage d'êtres humains et, quelque soient les capitaines, les écologistes doivent être présents pour éviter les sabotages et les tentatives de faire couler le navire. Il faut que l'on se donne les moyens d'agir et ne pas se contenter de contester des dirigeants souvent sourds et aveugles. Il faut être vigilant et agir.

Propos recueillis par Jean-Michel David

Brice Lalonde en Rhône-Alpes

La journée du 18 mai a été dense et médiatique pour Brice Lalonde. Accueilli à Grenoble par les membres Rhônalpins de la liste GE aux européennes, Brice Lalonde a rencontré les jeunes européens de l'Institut d'Études Politiques. Deux heures d'un débat riche au cours duquel développement durable, emploi, mais aussi la Bosnie furent les principaux thèmes abordés.

En route pour Lyon, une brève étape à Champier pour dialoguer avec les membres d'une association locale de défense de l'environnement, occasion de pratiquer l'Écologie de Terrain.

À Lyon enfin, Brice Lalonde recevait des mains des responsables d'une ONG européenne (Ronghead) un important rapport sur le GATT et sur les conventions de Bâle et Bamako. Devant les médias, ce fut l'occasion non seulement d'exposer les points de vue de Génération Écologie sur les relations futures de l'Union européenne avec le Sud mais aussi de réfléchir sur l'entrée prochaine de nouveaux partenaires.

Alain Moussel

EUROPA, Une capitale pour l'Europe.

Dans un document où il expose ses propositions pour l'Europe, Régis Kerboeuf, GE 34, fait une proposition originale et qui mérite réflexion : la création d'une capitale européenne de novo. A ce propos il écrit : "La Communauté européenne doit construire sa capitale, Europa-City. Cette ville sera la mémoire et le symbole du futur de l'Europe. Sa conception devra suivre les réflexions suivantes : quel cadre de vie pour le citadin de l'an 2000 ? Comment doit-être la ville de l'an 2000 ? Ce projet devrait être un projet phare dans la mesure où il engage une réflexion sur la notion même de civilisation européenne qui devra privilégier un nouveau rapport de l'homme face à son environnement et de nouvelles relations entre les hommes… Cette ville sera une ville très culturelle et témoignera de la richesse de la culture et des cultures européennes … Le statut d'Europa-city sera celui d'une entité territoriale, en l'occurrence une communauté urbaine autonome rattachée directement à la Communauté…" et il termine par cette proposition : "Europa – City devra se situer au cœur de l'Europe. Quel symbole si elle était construite en Tchéquie, pays très attaché à l'Europe et dont la conduite dans le divorce à l'amiable avec la Slovaquie, a été exemplaire."

Proposition utopique. Pourquoi ? Une Europe nouvelle, mérite une vraie capitale. Premièrement, cette capitale serait en même temps la preuve et le symbole de la réalité de l'Union. Elle donnerait confiance dans l'irréversibilité des engagements et donnerait un élan formidable pour projeter l'Europe dans l'avenir et créer une véritable fédération. Deuxièmement, Le choix du lieu, à la limite traditionnelle entre l'Europe de l'Est et de l'Ouest, serait un gage donné aux pays de l'Est de la volonté d'ouvrir cette fédération à tous les pays européens qui le désirent.

Raymond Pictet

La citoyenneté européenne à Toulouse.

À Toulouse, 4ème ville de France, qui regroupe au sein de ses entreprises de haute technologie des ressortissants venus de l'Europe entière, Brice Lalonde est venu le jeudi 19 mai s'entretenir de la citoyenneté européenne : "Pour le citoyen d'Europe, il faut prendre dans chaque pays de la communauté ce qu'il y a de mieux en matière de droit de l'environnement, de liberté individuelle, d'acquis sociaux, de justice, etc. Pour preuve, lorsqu'il était ministre, Brice Lalonde a eu souvent recours à la législation européenne pour faire progresser un dossier.

Les quatre candidats de Midi-Pyrénées, Michel Grinfeder, maire-adjoint de Cahors, président de la coordination, régionale Midi-Pyrénées, Christian Emaillé (ex-Vert), Conseiller Régional du Tarn, Gilles Hourquet, président de GE 31 et Jacques Rousseau, président de GE 32, ainsi que Geneviève Andueza (ex-Verte), Conseillère Régionale d'Aquitaine, l'ont accueilli à l'aéroport. Ils l'ont accompagné en métro, suivis par la presse, jusqu'à la place du Capitole où l'attendait Philippe Dufetelle, maire-adjoint à l'environnement de Toulouse, pour une visite guidée des aménagements piétonniers. Pour les toulousains, ce fut l'occasion de rencontres chaleureuses par une journée ensoleillée et d'un dialogue en direct avec le président de Génération Écologie.

Dans le métro, une étudiante : "Nous, en ce moment, on est plutôt préoccupé par nos examens." Brice : "Moi aussi, il nous faut 5%…"

Un autre étudiant : "Comment peut-on concilier l'écologie et une économie de libre échange ?" Brice : "Des règles du marché économique acceptées par tous doivent régir les échanges entre pays, il est indispensable qu'elles intègrent des garanties en matière d'environnement. L'exigence écologique doit être intégrée aux coûts de production."

Place du Capitole, c'est une autre génération que Brice a interpellé au sujet de la Bosnie : "Au moment où nos anciens célèbrent la victoire sur le nazisme, ne laissons pas se développer en Europe un conflit avec les mêmes horreurs." Fin d'après-midi à Pibrac où lors des dernières cantonales, le candidat GE, Gérard Arnaude, a réalisé le score de 20,2 %. Elle se passe dans un pub anglais, lieu de rencontre des résidents étrangers travaillant pour Airbus. Le patron a offert la tournée de Guiness. Un sacré coup de pub pour Génération Écologie…

La campagne en Midi-Pyrénées est bien lancée !

Fabienne et Michel Grinfeder

Brice Lalonde à Marseille

À dimanche 22 mai, Brice Lalonde, accompagné par une équipe de TF1 dont le reportage a été diffusé le même jour au journal de 20 heures, a visité la fameuse décharge d'Entressen. D'une superficie de 80 hectares qui en font la décharge la plus grande d'Europe, elle accueille chaque jour 1000 tonnes d'ordures dites ménagères transportées depuis Marseille par un train de 90 wagons. Cette décharge, qui existe depuis 1912, devrait être réhabilitée dans les prochaines années. Les ordures ménagères seront alors traitées dans deux usines, encore à l'état de projet, qui seront construites à Marseille. Brice Lalonde, qui souhaite faire du traitement des déchets une priorité au Parlement européen, s'est félicité de ce projet.

Martine Lebrun.

La Convention Européenne en Camargue

Un soleil radieux, l'accueil sympathique de la "Manade Lafont", la présence de notre tête de liste et président ainsi que de nombreux candidats, une forte mobilisation locale (près de 350 participants) : tous les ingrédients étaient réunis le 23 mai dernier pour réussir, non loin d'Aigues-Mortes, en "Petite Camargue", la Convention de "Génération Écologie pour l'Europe", organisée par GE Vaucluse, avec le soutien de GE Gard.

Au cours de la matinée, un débat : "Méditerranée, Enjeux stratégiques", présenté par Robert Fidenti, animé par Maryse Lapergue et Christian Eymard, Conseillers régionaux languedociens a permis de confronter les expériences d'un jeune député algérien, membre de la ligue des Droits de l'Homme, du directeur de la réserve Naturelle de Camargue, du président de l'association des camarguais, de Bruno Walter, dynamique animateur de la campagne sur la Bosnie à Génération Écologie…Problèmes écologiques, problèmes démographiques, problèmes d'instabilité dans les Balkans, tout fut abordé, mais comme toujours d'une manière trop succincte. Nombreux ont été ceux qui ont souhaité qu'une suite soit donnée à cette initiative.

L'après-midi, Dominique Martin-Ferrari a présenté les thèmes de campagne et les supports programmatiques. Mais cette journée en Camargue a été l'occasion de joindre l'utile à l'agréable. Ferrade, course à la cocarde, repas camarguais, musique… ont donné à cette journée un caractère familial. La presse locale et FR3 interviewant Brice sur un cheval blanc n'ont-ils pas titré : "Convention Européenne des écologistes tolérants" ?

J.-P. L

Jeunes

La veille, une équipe de la Délégation aux Jeunes (DJGE) s'était réunie autour des deux jeunes candidats régionaux de la liste, Régis Kerboeuf et Silvain Pastor, rejointe notamment par François-Michel Lambert (GE 66) et Noël Ronsin (GE 78), afin de mener campagne dans les rues de Nimes, en pleine féria, et de préparer pour le lendemain le stand d'information sur ses activités européennes.

Silvain Pastor

 

1er juin 1994
La lettre de Génération Écologie

L'Europe en toute liberté

Au XVème et XVIème siècle, l'invention de l'imprimerie allait être une des forces motrices de la Renaissance. Aujourd'hui, ce n'est pas une invention de communication, mais bien une dizaine qui sont au cœur de la mutation que nous vivons ; satellites, numérisation, télécopie, micro-informatique, multimédias, CD-ROM, téléphonie cellulaire, réseaux d'ordinateurs, compression de données, chaînes de télévision mondiales…

À ces bouleversements technologiques passés et récents, l'État a généralement réagit en appuyant sur la pédale du frein, multipliant les contrôles, les monopoles et garantissant toujours son pouvoir et les intérêts de ses amis. Désormais, le rôle du politique doit être inversé. À la pédale du frein, il faut substituer l'accélérateur, à la mainmise de l'État sur les médias, il faut imposer la maîtrise de ces moyens par l'individu et la société civile.

En Russie, au moment du coup d'État, grâce au satellite, à CNN, aux réseaux informatiques, notamment Internet, les démocrates russes purent communiquer avec le monde entier.

On retrouve là la dynamique de la Renaissance : donner à chacun le pouvoir de s'exprimer, de lire et d'entendre la parole d'autrui. Et ce pouvoir est démultiplié aujourd'hui à l'échelle de la planète.

Nous devons garantir que la révolution de la communication en cours se fasse au bénéfice des citoyens, au profit de la société toute entière. Les politiques doivent s'emparer de ce dossier car nous aurons à défendre le droit d'accès pour chacun aux réseaux numériques d'information. Il nous faudra aussi assurer l'universalité et la compatibilité des systèmes de communication afin d'éviter que naissent de nouveaux monopoles.

Brice Lalonde et les écologistes ont été à l'origine des radios libres. Demain, en France et en Europe, sans aucun doute, vous retrouverez les écologistes pour défendre les réseaux libres !

Pierre Bellanger, Secrétaire général, Président de GE 59

Express interview

Yves de Kech, 51 ans, Professeur d'archéologie à La Sorbonne. Vice-Président fondateur du Pain Contre la Faim-Développement (37ème de liste)

Propos recueilli par Jean-Michel David

Après les interviews de G. Andueza, F. Laval et C. Emaille, nous vous proposons celle d'Yves de Kisch, membre de la liste Génération Écologie pour l'Europe et Correspondant Inter-Régional Centre Ile-de-France.

Il enseigne l'archéologie Gallo-romaine et l'archéologie urbaine à la Sorbonne. Auparavant, il a été 10 ans en détachement à la culture où il était inspecteur général de l'archéologie.

En dehors des quantités de dossiers qu'il a traité (POS, carrières, tracés, auto circulaire et TGV…), il a exercé, et exerce encore, des missions d'expertise sur des dossiers ponctuels et précis comme ceux de Vaison la Romaine ou sur des questions d'archéologie urbaine.

Q. : Quelles sont les raisons principales de ton engagement en faveur de l'Europe ?

R. : C'est la suite normale de l'action menée par Génération Écologie pour le traité de Maastricht. La raison est simple et peut paraître simpliste. Ce qui se prépare avec l'Europe, c'est l'avenir de nos enfants et petits-enfants.

Nous avons besoin d'une Europe forte. La France y a tout intérêt. La planète a besoin d'une Europe forte. Je suis agacé par les partisans de tout poil de "l'Autre Europe", parce que les autres Europe, personnes ne peut les définir. Il y a l'autre Europe de de Villiers, celle de Chevènement, celle du parti communiste, et celle de la moitié de la liste Baudis. Tous ces partisans d'autres Europe sont en fait des partisans d'un non à l'Europe. Ils ont enclenché la marche arrière. Moi, sauf quand c'est nécessaire pour me garer, je préfère utiliser la marche avant. Or, en ce moment, il ne faut surtout pas se garer sur le bas-côté, mais avancer.

Q. : Il y a-t-il d'autres raisons, peut-être plus personnelles, qui expliquent ta présence sur la liste ?

R. : J'ai vécu et travaillé dans plusieurs pays européens, en Angleterre, en Italie. Je parle beaucoup de leurs langues, et quand je suis chez eux, je me sens chez moi. Aujourd'hui, je vois très mal comment nous pourrions résoudre nos problèmes en nous enfermant et en nous repliant sur nous-mêmes. Je ne dis pas que l'Europe va créer demain 10 millions d'emplois, mais je suis persuadé que si on faisait marche arrière, on irait vers une dérive économique épouvantable. On a l'air d'oublier que la France est le 4ème exportateur mondial. Un pays qui fonctionne comme ça, et qui prétendrait à s'enfermer derrière ses frontières serait un pays condamné. Je ne souhaite pas qu'on en fasse l'expérience. Le drame du chômage est européen, et une partie des solutions est européenne.

Q. : Que peut nous apporter l'Europe dans le domaine de l'environnement ?

R. : Les problèmes d'environnement peuvent être des problèmes de proximité immédiate : la décharge à côté de chez moi par exemple. Mais il y a aussi des problèmes transfrontaliers. Contrairement ce qu'en a voulu affirmer pendant un temps, le nuage de Tchernobyl ne s'est pas arrêté en contournant aimablement les frontières françaises. Il est évident que les problèmes d'environnement se posent à l'échelle européenne et mondiale. Pour trouver des solutions, il faut aller vers plus, et mieux, d'Europe.

Q. : Et dans quel autre domaine, l'Europe te semble-t-elle nécessaire ?

R. : Dans le domaine culturel. C'est une crainte absurde que celle de voir se dissoudre l'identité française dans une identité culturelle européenne vague et floue. Au contraire. Plus l'Europe sera solide et ira de l'avant et plus les identités culturelles se renforceront. On a aussi tout à gagner dans les domaines économique, social et de l'environnement.

Q. : Enfin, aurais-tu un message pour nos militants ?

R. : Je leur dirai que nous avons une possibilité d'être présent au Parlement européen. Cela vaudra mieux pour la France et l'Europe. Alors bougeons-nous ! Le jeu en vaut la chandelle, il faut que nous apprenions à aller au bout de nos actions et de nos campagnes, en sachant bien que le travail continue après les élections.

Quoi de neuf à Tchernobyl…

Brice Lalonde visite Tchernobyl… et propose

Retour de Kiev et d'une visite à Tchernobyl où plane toujours la menace invisible de la radioactivité, ce serait un manque de courage de simplement oublier, de ne pas témoigner de l'horreur contre laquelle las ukrainiens combattent depuis maintenant huit ans.

Ils sont désespérés. Avec 8 000 % d'inflation annuelle, l'Ukraine est en pleine crise économique. Les approvisionnements en provenance de Russie sont bloqués et la situation alimentaire, dans une région autrefois riche en productions agricoles, est catastrophique.

Tchernobyl absorbé déjà 15 % du budget annuel de l'état. Or las effets secondaires à long terme de la catastrophe, cancers et autres problèmes de santé, commercent seulement à se faire sentir, il n'y a pas suffisamment d'argent pour le suivi médical des quelques 600 000 personnes qui ont nettoyé le site après l'explosion et pour les milliers d'habitants évacués de Pripriyat.

La dégradation est continuelle sur quasiment tous les fronts : ce qui reste du réacteur 4 fuit de partout. La radioactivité qui s'en échappe filtre, avec celle des déchets des quelques 800 sites où ils ont été enterrés, dans les nappes phréatiques et les rivières, contaminant l'eau qui sert à la boisson et à l'irrigation des cultures vivrières concernant près de 30 millions de personnes. Dans toute la région qui entoure Tchernobyl, la population vit dans la crainte. Tout ce qui fait partie de la vie, l'air qu'ils respirent, l'eau qu'ils boivent, les produits de la terre qu'ils consomment, le lait pour leurs enfants, tout, jusqu'à l'herbe qu'ils foulent, leur fait peur.

Sur le site même de la centrale, le moral est bas. Les pièces de rechange pour les réacteurs encore en service sont rares et parfois défectueuses et les techniciens partent en quête de meilleurs salaires et de postes plus stables ou surtout moins dangereux…

L'Europe doit connaître la situation extraordinaire dans laquelle se trouve l'Ukraine car si l'Ukraine u besoin de l'aide de l'Europe, l'Europe a besoin d'une Ukraine stable et propre. Le problème, trop grand pour être résolu par un pays européen isolé, est à l'échelle du continent. Un financement couvrant un ensemble de solutions doit être une priorité absolue pour l'Europe car il faut savoir qu'il n'existe pas d'efforts internationaux coordonnés pour fermer Tchernobyl et continuer le nettoyage du site ; rien non plus pour préparer les besoins futurs de l'Ukraine en énergie, pas même des efforts de conservation d'énergie dans un système caractérisé par son gaspillage.

Il y a encore deux réacteurs RBMK en opération à Tchernobyl. Ils sont une menace permanente pour toute l'Europe et, vu le danger qu'ils représentent, ils mettent l'Ukraine en situation de pouvoir utiliser le chantage à l'appui de toutes ses demandes (et il ne faudra pas "oublier" les autres réacteurs de même type toujours en activité dans l'ex-union soviétique et ses ex-satellites européens). Il faut savoir aussi que quatre-vingt-quinze pour cent du combustible nucléaire se trouve encore dans le sarcophage construit autour du réacteur détruit pour retenir la matière fissible. Or non seulement ce sarcophage fuit mais les atomistes ne savent pas si la réaction en chaîne n'y continue pas. Est-ce le "syndrome chinois" ? se demande un des scientifiques responsables de la centrale. Et pour répondre à ces questions essentielles, pour apprendre de cette première catastrophe et en tirer les leçons, les moyens manquent cruellement.

Il faut, pour être complet, aussi citer les dangers inattendus, conséquence de l'accident. Par exemples, récemment, grâce à une "fuite", des moutons "radioactifs" exportés au Maroc, ont été bloqués à Rabat et, après leur passage dans La région de Tchernobyl au cours de leur migration, des oies radioactives ont été retrouvée dans la vallée du Nil.


Un "grand défi" pour l'Europe

Brice Lalonde a visité cette centrale à la fin du mois d'avril et a rencontré des personnes déplacées de Pripiyat, des ministres ukrainiens, divers officiels, des médecins et des écologistes. Il en conclut que l'Union européenne devrait renommer un coordinateur qui ait la charge de l'ensemble du dossier. En effet, il ne suffit pas de décontaminer et réhabiliter le site, assurer le suivi médical des habitants et soigner les malades, réparer le sarcophage contenant les restes du réacteur n° 4, etc. Il faut aussi stopper les réacteurs dangereux. Mais pour cela il faut pouvoir fournir à l'Ukraine l'énergie qui lui est nécessaire. Ceci peut être fait en aidant, d'une part à l'achèvement des trois réacteurs déjà presque terminés qui sont d'un type plus sûr (en y introduisant toutes les technologies et normes de sécurité occidentales et en donnant un entraînement de haut niveau au personnel), et d'autre part à la remise en route des quelques 1200 petites centrales hydroélectriques fermées durant la centralisation soviétique. Finalement, il faut prioritairement investir dans un gigantesque effort d'économie d'énergie. Un travail immense, un travail pour l'Europe, un travail pour le futur de l'Europe.

Penny Allen (traduction RP)

En bref

Et en passant !

Lundi 30, un débat public réunissait à Paris, Olivier Duhamel, liste PS, Jean- François Hory, président du MRG et Dominique Martin Ferrari pour GE. Centré sur le populisme, le débat s'est institué sur l'inévitable Bernard (Tapie) entre Duhamel qui sous l'étiquette du "populiste de Marseille" en donnait un portrait peu engageant et Hory qui essayait de se persuader des qualités de son poulain.

Une "occasion" pour Dominique Martin Ferrari pour enfin parler :
– de l'archaïsme des partis politiques traditionnels face au problème de la démocratie et de citoyens instruits et capables, eux-mêmes devenus hommes (entendre aussi femmes) politiques…
– de l'Europe dont la diversité des cultures nécessite un partage du pouvoir qui dépasse le concept gauche-droite : la gestion des ressources en eau, la pollution etc. ne sont pas de gauche ou de droite.
– et de l'importance dans la société et sur la scène politique des écologistes qui ont su, il y a déjà des années, prévoir non seulement les problèmes qui nous accablent aujourd'hui mais aussi des solutions dont plus personne ne se moque. Qui, conclut-elle, aurait prédit, il y a 20 ans, que l'OCDE travaillerait un jour à introduire l'écologie dans les paramètres de l'économie ?

… Jean-Claude Hatterer nous a communiqué le compte-rendu de la visite de Brice Lalonde à Strasbourg les 23 et 29 mai. Lors de cette étape en Alsace, Brice Lalonde a rencontré le collectif GE 67. Il a pu y développer les thèmes principaux de la campagne de Génération Écologie pour une Europe vivante (fermeture de Tchernobyl, actions en faveur d'un meilleur environnement dans la communauté européenne, lutte contre les exclusions et les extrémismes…). Le dimanche 29 mai avait lieu la manifestation du 700e anniversaire de Schirrhoffen à laquelle Brice était l'invité d'honneur. En Alsace aussi, la campagne est bien lancée. JMD

… Dans le numéro de la semaine dernière, l'éditorial démontrait les risques d'éclatement qu'encourrait l'Union européenne si elle ne renforçait pas son unité, Pour en conjurer les menaces, l'article qui l'accompagnait "une capitale pour l'Europe", proposait une réalisation, symbole de son unité.

Cette semaine, l'éditorial devait exposer les raisons qu'a l'Europe de l'Ouest d'aider l'Europe de l'Est. La personne à qui cet éditorial avait été demandé ne l'a pas écrit. Cependant, l'article, sur Tchernobyl, devrait suffire à faire passer le message. Le sujet qu'il traite est un exemple frappant (et terrifiant, si l'on se rappelle qu'il y a encore 16 réacteurs du type de celui de Tchernobyl en activité à l'ouest de l'Oural) des dangers qui nous menacent si les problèmes qui accablent l'Est ne trouvent pas rapidement de solutions. C'est pourquoi, indépendamment de l'éventuelle, et souhaitable, future intégration des pays de l'Est qui le désirent à l'Union européenne, il faut lancer un véritable plan Marshall en leur faveur. C'est une proposition soutenue par Génération Écologie.

Les JD et la DJGE ont profité de ce Congrès pour finaliser leur appel à la constitution d'un groupe "Eco-démocrate" au Parlement européen, rassemblant tous ceux dont les priorités sont l'Intégration européenne, l'écologie et la démocratie. En présence de M. Berteens, tête de liste de D66 pour les européennes, l'engagement a été pris d'en promouvoir l'idée auprès des dirigeants de ce parti et de GE. Une déclaration commune a été élaborée sur la base d'un travail de la DJGE. Elle contient 20 propositions concrètes et pourrait servir de base pour le futur groupe "Eco-démocrate". Outre les JD et la DJGE, les deux organisations de jeunesse proches du Parti Libéral-Démocrate britannique, YLM et MLDYS (Ecosse), ainsi que VUJO, branche jeune de la "Volksunie" flamande, ont signé cette déclaration commune.

Sylvain Pastor, Délégué national aux jeunes