Texte intégral
Q - « Quelle est votre réaction à la lecture de l'enquête menée par le mensuel Science et Avenir ?
- Cette étude est, pour moi, comme une piqûre de rappel. Et ces résultats nous imposent d'aller plus vite encore vers cette transparence que Martine Aubry et moi-même avons décidé de mettre en oeuvre. Ne cachons plus la vérité aux Français.
Un effort permanent d'information et d'explication reste nécessaire. J'ajouterai que cette étude, imparfaite, n'a été possible que parce que nous avons décidé de rendre publics, pour la première fois, les chiffres du PMSI.
D'autre part, nous devons reconnaître qu'il existe des disparités entre les structures de soins, qu'elles sont logiques et inévitables. Tous les établissements hospitaliers n'ont pas la même mission, la même taille ni les mêmes malades. Mais ces disparités sont insupportables quand rien n'est dit et fait pour améliorer la qualité des soins, ce qui n'est pas le cas.
Q - - Etes-vous personnellement favorable au principe du classement, du « hit-parade » des hôpitaux français ?
- Cette publication brise une intolérable loi du silence qui recouvre les performances, bonnes ou mauvaises et souvent excellentes, de notre système de soins. Les exemples choisis constituent des indicateurs d'alerte, mais ils ne résument pas à eux seuls l'activité d'un service ou d'un établissement. Ne jouons pas trop avec la peur des gens. Restons prudents, évitons les classements hâtifs qui peuvent conduire à des erreurs graves. Le PMSI est un instrument d'aide à la décision dans le financement des établissements. Il n'a pas été conçu pour juger de la qualité des soins. Il apprécie mal les pathologies associés, il ne recense pas les complications tardives.
La qualité des soins que sont en droit d'exiger les malades doit être mesurée dans toutes ses dimensions (complications post-opératoires, infections nosocomiales, prise en charge de la douleur…). L'analyse basée sur la notion de groupes homogènes de malades n'a pas été faite : il en résulte de grandes injustices. »
Q - - Dès lors, en pratique, que préconisez-vous ?
- Avant de publier un guide des hôpitaux il faudra donner l'occasion aux professionnels concernés de commenter les résultats de l'enquête, qui les touche souvent dans leur engagement quotidien auprès des malades. Ces publications frappent avec une violence parfois injuste ceux qui concourent quotidiennement, et avec conscience, aux soins. La démocratie sanitaire impose que la qualité des soins seule nous guide dans nos choix médicaux et financiers. C'est pourquoi nous oeuvrons à améliorer sans cesse la qualité des soins et l'information du public. Les schémas régionaux d'organisation sanitaire sont relancés. Nous travaillons dans le même temps à la maîtrise des risques - celui des infections nosocomiales notamment - dans les établissements publics ou privés.
Je crois plus que tout à l'importance de l'évaluation des pratiques de soins. Nous avons pour cela un bel instrument : l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation de santé (ANAES) pour laquelle nous mobilisons d'importants moyens. Dès septembre, 3 700 établissements seront passés au crible sur trois ans. J'ai installé cette agence avec le souci d'y faire participer des représentants d'usagers. C'est sur la base de son travail que nous pourrons juger les soins fournis et donc accréditer les établissements. Nous publierons les résultats en pleine transparence, sans improvisation, avec la méthode et la rigueur qu'impose la crédibilité. La critique est nécessaire, la réforme doit la suivre. Et la transparence s'imposer. »