Déclarations de M. Édouard Balladur, Premier ministre, sur la place du département de la Loire dans la politique d'aménagement du territoire, la reconversion industrielle du département et la rénovation des établissements scolaires, à Saint-Étienne le 8 décembre 1994.

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Circonstance : Déplacement de M. Balladur dans la Loire-allocution au Conseil général de la Loire, inauguration du collège de Balbigny, Saint-Etienne le 8 décembre 1994

Texte intégral

ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE AU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA LOIRE. JEUDI 8 DÉCEMBRE 1994

Monsieur le Président du Conseil Général, 
Messieurs les Parlementaires, 
Mesdames, messieurs,

Je tiens à vous remercier de l'accueil chaleureux que vous m'avez réservé cet après-midi dans le département de la Loire. Sachez que c'est avec plaisir que je viens réfléchir avec vous à l'avenir de notre pays !

1 ) Notre dessein était clair

– le redressement,

– la réforme

pour retrouver la croissance et l'emploi.

Mon objectif, que le pays aille mieux. Le moment de rendre compte approche.

2) Mais tout d'abord, la situation de la Loire.

Je vous ai entendu, Monsieur le président du Conseil général : vous avez choisi l'activité contre la passivité, la détermination et le courage contre la résignation. M. Michel THIOLIERE, maire de Saint-Étienne et les chefs d'entreprise qui m'ont fait part de leur témoignage il y a un instant, ont également tenu des propos marqués par la volonté d'agir plus que par celle de subir.

Le département de la Loire connaît une évolution divergente de celle de la région. La situation de l'emploi y est préoccupante, la reconversion des activités industrielles n'est pas achevée, le développement des infrastructures n'a pas été suffisant. C'est pourquoi la stratégie du Gouvernement en Rhône-Alpes fixe un objectif de rééquilibrage à l'Ouest de la région.

Cette orientation prend plusieurs formes

1) Il faut développer les moyens de communication.

La procédure concernant l'autoroute qui relie Genève à Bordeaux a été accélérée dans son tronçon Lyon-Balbigny. C'est ainsi qu'après des années de concertation, le fuseau des 300 mètres est enfin approuvé !

Faire face à la saturation routière de l'axe Lyon-Saint-Étienne, est urgent. Le débat sur l'intérêt économique et social d'une nouvelle autoroute a été engagé il y a quelques mois. Il vient de s'achever. Les caractéristiques de l'autoroute A 45 s'ont à présent définies. Le retard pris ces dernières années, a donc été rattrapé. La révision du schéma directeur prévue par la loi sur l'aménagement du territoire, permettra d'introduire cette autoroute dans les priorités nationales.

Je rappelle par ailleurs que la dotation exceptionnelle que j'ai accordée à la région Rhône-Alpes au terme de la négociation du troisième contrat de plan, permettra d'améliorer le contournement Nord-Ouest de Saint-Étienne, grâce à la modernisation de la route nationale 88 Lyon-Toulouse.

Enfin, l'amélioration des liaisons ferrées Lyon-Saint-Étienne et Lyon-Roanne figure dans les priorités de l'État dans la région. Les études sur ces deux opérations sont d'ores et déjà engagé.es par la SNCF. Certaines des conditions de desserte ont été améliorées dès septembre dernier.

2) Il faut aussi améliorer les conditions de vie et développer les ressources humaines.

La politique de la ville trouve un champ d'application diversifié dans le département. Roanne, la vallée du Gier et la vallée de l'Ondaine bénéficient du soutien financier de l'État pour améliorer l'environnement urbain. La ville de Saint-Étienne a, quant à elle, un important contrat de ville. Si nécessaire, ce contrat sera renforcé par les crédits du grand projet urbain de l'agglomération lyonnaise.

L'enseignement supérieur se développe dans la Loire. Une expérience d'enseignement professionnalisant est engagée. Le développement de l'École des Mines se poursuit. Dix opérations immobilières seront réalisées dans les quatre prochaines années au profit de l'université, à Roanne et à Saint-Étienne.

Je sais que le maire de Saint-Étienne réalise en urgence l'aménagement d'un bâtiment municipal pour accueillir dans des conditions acceptables les étudiants de la faculté de médecine. Pour prolonger son effort, une dotation exceptionnelle de 3 MF sera attribuée à la ville afin de compléter l'aménagement de ce bâtiment, et de prolonger l'effort municipal.

3) Mais il faut aussi soutenir les entreprises.

Les sites de Saint-Étienne et de Roanne sont inscrits dans les zones de reconversion industrielle qui bénéficient de crédits européens. Presque la totalité du reste du département est concernée par les interventions communautaires réservées aux zones rurales. Plus de 450 millions de francs seront mobilisés par ces programmes européens.

Dans le domaine agricole, la loi de modernisation poursuit les trois objectifs que sont l'installation des jeunes agriculteurs, l'allègement des charges des entreprises agricoles et la solidarité entre les générations. Largement approuvée par l'Assemblée Nationale, la loi doit maintenant être examinée par le Sénat.

Il faut être en mesure de faire face à la relance de l'investissement et à la reprise des installations de jeunes agriculteurs. J'ai donc décidé de maintenir en 1995 le taux des prêts bonifiés à leur niveau de l'an passé et de fixer à 12 milliards de francs l'enveloppe des prêts bonifiés à l'investissement. C'est une hausse de 30 % par rapport à l'an dernier. Cela suppose un effort de l'État qui est sans précédent.

La nouvelle carte nationale des zones d'aménagement du territoire porte sur les territoires ruraux et sur les zones industrielles éligibles à la prime à l'aménagement du territoire. Elle prend totalement en compte les difficultés du département. Vous disposez également de fonds d'État particuliers dans les domaines de la défense et des activités minière et sidérurgique, ainsi que de l'intervention des sociétés de conversion.

Le fonds de développement des PME qui est concentré sur les bassins d'emplois de Saint-Étienne et de Roanne, sera rendu plus efficace grâce au soutien du Conseil général. Je l'en remercie.

En somme, tous les moyens d'État d'aide à la reconversion industrielle sont ici possibles.

Ces dispositions permettent de soutenir les entreprises existantes et d'en attirer de nouvelles. Une entreprise vient d'ailleurs de confirmer le développement de son implantation dans le département, en créant plus de 250 emplois. Les aides publiques accompagnent le projet pour une réalisation rapide. Je souhaite que cet exemple soit suivi. Soyez assuré que le Gouvernement y est très attentif.

Par ailleurs, le programme de redéploiement des emplois publics que j'ai engagé a conduit la Caisse Nationale d'Assurance Maladie à installer à Saint-Étienne un de ses services de pointe pour Une centaine d'emplois. Ce projet ne subira aucun retard.

Également, la gestion nationale du chèque service que le Gouvernement vient d'instaurer, se fera par l'URSSAF de Saint-Étienne. Quatre-vingts emplois seront créés.

Je rappelle aussi les commandes publiques qui sont passées notamment dans le domaine des armes à petit calibre, afin de maintenir le plan de charge des établissements de GIAT-industrie.

Enfin, n'oublions pas que Saint-Étienne a été retenu pour accueillir la coupe du monde de football en 1998. La qualité du public stéphanois qui n'a jamais fait défaut à la grande aventure de l'équipe de la ville, a contr1bué à l'évidence de ce choix. Il était légitime que le Gouvernement retienne la candidature de Saint-Étienne et fasse un effort pour elle.

Je souhaite que ce projet contribue à l'émergence d'une période nouvelle pour le département.

3) Pour conduire la France, le Gouvernement a fait preuve de constance et de volonté.

Quels sont les résultats :

– déficits publics ;

– déficits sociaux ;

– stabilité monétaire ;

– croissance ;

– emploi ;

– sécurité ;

– Europe. Bosnie, Rwanda, pacte de stabilité.

Je voudrais insister sur deux domaines : l'aménagement du territoire et les jeunes.

Ils sont significatifs de la méthode que j'entends suivre.

– L'aménagement du territoire

Dans ma déclaration de politique générale au mois d'avril 1993, j'avais indiqué qu'il fallait remettre à l'ordre du jour et rénover la politique d'aménagement du territoire.

Ouvrir un débat national en 1993 était courageux. Parler d'aménager mieux l'espace du pays alors que celui-ci traversait la crise économique la plus grave qu'il ait connue depuis la guerre, relevait du défi.

La méthode suivie a donné des résultats importants.

Le débat s'est développé en France entière. Il a rencontré un succès considérable. Des idées nouvelles sont apparues. La nécessité de coopérer s'est imposée.

La méthode du Gouvernement a également reposé sur la volonté de progresser rapidement.

Aux comités d'aménagement du territoire, de Mende, de Bar-le-Duc et de Troyes, beaucoup a été fait, qui pouvait l'être sans la loi : nouveau dispositif et programme autoroutier, nouvelles lignes de train à grande vitesse, contrats de plan, contrats de ville, réforme de tout le système de l'aide aux entreprises, actions en faveur du logement, redéploiement des emplois publics, etc.

La loi d'orientation sur le développement et l'aménagement du territoire marque un pas supplémentaire.

Les trois objectifs fixés par le Gouvernement sont atteints :

1) Premier objectif formuler les nouveaux principes fondamentaux sur lesquels la politique d'aménagement du territoire s'appuiera à l'avenir.

2) Deuxième objectif : définir les orientations qui conduiront l'action du Gouvernement dans les prochaines années. Ces orientations concernent aussi bien la répartition des compétences entre les collectivités, la péréquation des ressources que la révision des principaux schémas pour les grands investissements publics.

3) Le dernier objectif est de mettre en œuvre les dispositions nouvelles. Des fonds particuliers ont été créés pour développer les voies de communication et pour faciliter la création d'entreprises. Les charges sociales et fiscales des entreprises connaissent des régimes dérogatoires en fonction des régions. Les conditions de coopération entre collectivités sont simplifiées. Ces décisions seront applicables dès 1995 si, comme je le souhaite, le projet de loi est adopté avant la fin de l'année.

La réforme de l'aménagement du territoire obtenue en vingt mois et est considérable. Elle est le résultat d'une concertation sans précédent. Elle pose de nouveaux principes, elle créée un dispositif global et progressif qui corrige les handicaps géographiques en favorisant la création d'emplois.

– Autre domaine d'application de la méthode du Gouvernement : celui de la jeunesse

Monsieur le Président du Conseil Général, j'ai été très attentif aux efforts que le département a engagé pour favoriser l'emploi des jeunes.

Je sais que la jeunesse a souffert, en 1993, dans cette région, d'un taux de chômage plus élevé qu'ailleurs. Je sais aussi que les premiers effets de notre action se font sentir. Mais on ne redonne pas confiance à la jeunesse d'un pays sans savoir précisément quelles sont ses attentes.

C'est pourquoi j'ai lancé, malgré le scepticisme de certains, une Consultation Nationale qui a remporté le succès que l'on sait. Je suis heureux que le dialogue ainsi noué ait pu déboucher sur l'annonce de mesures concrètes.

Elles visent à donner aux jeunes les moyens de jouer leur rôle de citoyens dans la vie de la nation. C'est un volet nouveau de notre action, qui s'ajoute, bien sûr, à tout ce que nous avons fait pour favoriser l'entrée des jeunes dans la vie professionnelle. C'est, sans doute, la première fois dans l'histoire républicaine qu'un Gouvernement prend, en faveur de la jeunesse, l'initiative d'une réforme aussi profonde. Car ce sont nos institutions, ce sont nos comportements qu'il faut remettre en question.

1) Les mesures décidées visent à associer davantage les jeunes à la vie de la cité.

Dans chaque commune de plus de 3 500 habitants, un conseil communal de la jeunesse sera créé. L'âge de l'éligibilité, dans les mandats de maire, de conseiller général et de conseiller régional sera ramené de 21 à 18 ans. De plus, toutes les occasions de dialogue seront favorisées dans les villes et les quartiers difficiles.

2) Pour que ces mesures donnent leur plein effet, nous avons aussi prévu d'accroître encore l'effort que le Gouvernement fournit depuis vingt mois pour rendre l'obtention d'un emploi plus aisée.

D'ici 4 ans, le nombre de jeunes faisant leur service national sous une forme civile sera porté à 45 000. Et d'ici 5 ans, 50 000 jeunes pourront bénéficier, dans ce même cadre, d'une formation supplémentaire.

Également, tout demandeur d'emploi de moins de 25 ans qui n'aura pas pu effectuer un stage au cours de sa formation, pourra demander à suivre un stage rémunéré en entreprise, dans l'année qui suit la fin de sa scolarité.

3) Nous avons également pensé à faciliter la vie quotidienne des jeunes.

Une « carte jeune » nationale sera mise en place dès janvier 1995. Elle donnera droit à des réductions substantielles de tarifs dans les transports collectifs et dans les activités des loisirs.

L'État proposera aux collectivités locales de conclure des « contrats locaux d'animation » pour faciliter l'accès des équipements sportifs et culturels. Milles emplois d'animateurs seront attribués à ce titre.

Les jeunes de 18 à 20 ans qui n'exercent pas d'activité professionnelle pourront être directement affiliés à l'assurance maladie. De plus, les jeunes pourront se faire soigner gratuitement dans des établissements de santé qui seront créés à leur intention.

Toutes ces mesuras seront mises en œuvre dans les plus brefs délais. Dans un an ou dix-huit mois, le Comité d'organisation de la Consultation Nationale et le Parlement pourront juger de leurs effets. C'est bien le signe que ce ne sont pas de vaines paroles. Ce sont des engagements. Comme tous ceux que j'ai pris, ils seront tenus.

4) La réforme de la société et la méthode pluriannuelle :

– loi quinquennale ;
– concertation.

Le Gouvernement doit gouverner jusqu'au bout.

De nombreux sujets sont à traiter :

– Europe ;

– Jeunesse ;

– Politique et argent ;

– Redressement économique ;

– Chômage ;

– Sécurité Sociale ;

– Ni socialisme, ni ultralibéralisme.

5) Le rassemblement de tous les Français, c'est ce qu'exprime ma méthode de la Réforme.

Cependant, il y a des difficultés.

1) les affaires : premier gouvernement à avoir laissé fonctionner la justice. Mais il faut résoudre le problème de la corruption.

Hommage aux élus locaux.

2) Difficultés de la période électorale.

Mon souhait initial : attendre jusqu'à l'automne.

Actuellement période de trouble et division.

– Ma recommandation :

– continuer à gouverner, c'est ce qu'attendent les Français. Déclaration de candidature ? cf. 1988.

– remédier au désordre et reconstituer une union sincère et loyale. Candidat commun afin d'affronter le candidat socialiste ;

– le problème de la prochaine élection présidentielle est le choix entre la poursuite du socialisme ou la poursuite du redressement de la France et de la réforme.

Il est temps que tout le monde s'en rende compte.

Conclusion :

Un dessein clair, de la constance et de la volonté, la consultation de tous puis la décision, le rassemblement. Voilà ce qui inspire notre action.

Un objectif : ne pas subir.

Il n'y a aucune fatalité. Nous l'avons démontré. Nous devons continuer de le démontrer pour la République et pour la France.


ALLOCUTION PRONONCÉE PAR LE PREMIER MINISTRE À L'OCCASION DE L'INAUGURATION DES NOUVEAUX LOCAUX DU COLLÈGE DE BALBIGNY. Le 8 décembre 1994

Monsieur le Président du Conseil Général,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Principal,
Mesdames, Messieurs,

Le nombre des élèves du collège de Balbigny a augmenté de presque 40 % en trois ans. Vous l'avez rappelé, Monsieur le Maire : 360 jeunes gens et jeunes filles bénéficient aujourd'hui de la formation qui est dispensée dans cet établissement. Ces nouveaux locaux, que des entreprises de la Loire ont réalisés avec diligence et dans un souci de modération financière, offrent aux élèves des conditions d'accueil, de sécurité et de travail qui me paraissent prometteuses.

Le Conseil Général de la Loire a permis d'achever, avec succès, cette opération qui s'inscrit dans le programme de réhabilitation et de reconstruction des collèges actuellement en cours de réalisation.

L'ancien « CES Pailleron » n'est plus. Je m'en réjouis. Le nouveau collège de Balbigny résulte des choix positifs que M. Lucien NEUWIRTH puis M. Pascal CLEMENT ont su faire au moment opportun. L'édification de ce nouveau collège est leur œuvre. Je tiens à leur rendre hommage, au nom du Gouvernement. M. CLEMENT mène, à la tête du Conseil Général, une action décisive en faveur de l'éducation : l'inauguration d'aujourd'hui en est un signe visible.

Trop d'établissements ne sont pas encore rénovés. Des accidents malheureux se sont produits récemment. Il faut prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter qu'ils ne se répètent. Je sais les difficultés financières de certains établissements. Je comprends la peine et, parfois, le mécontentement des principaux de collège et des proviseurs de lycée, dont la tâche est devenue, au fil des années, plus lourde et plus complexe.

Les problèmes de sécurité retiennent tout particulièrement l'attention du Gouvernement. L'existence et le travail de la Commission Schléret en témoignent.

De même, l'État a débloqué une aide exceptionnelle pour que les établissements du premier et du second degré répondent le plus rapidement possible aux normes de sécurité en vigueur. Les établissements du premier degré bénéficient d'aides octroyées sous la forme de subventions aux communes. D'un montant global de 2 500 MF, elles sont allouées sur une durée de cinq ans, à raison de 500 MF par an. Les aides à l'enseignement du second degré prennent la forme de bonifications d'intérêts, versés par l'État, sur un montant global de 12 milliards de francs de prêts contractés à cet effet par les départements et les régions, à raison de 4 milliards de francs en 1994 et de 8 milliards de francs en 1995.

Enfin, le Nouveau Contrat sur l'École, dont le Conseil des Ministres a été saisi hier, prend largement en compte le problème de la sécurité des établissements scolaires : un correspondant sécurité est désigné dans chacun· d'entre eux ; un projet de sécurité y est élaboré en liaison avec le Conseil d'Administration ; un observatoire national de la sécurité des bâtiments scolaires est mis en place.

L'État manifeste dans ce contrat combien il soutient les hommes et les femmes qui, chaque jour, se consacrent à la bonne marche de notre École.

Je sais les initiatives que vous prenez, Monsieur le Principal. Permettez-moi de rendre hommage au talent avec lequel les professeurs, et toutes les personnes qui vous aident à encadrer les élèves, mettent en œuvre la politique que vous avez définie sous le terme d'« A.D.O. » ! Aide, Différenciation, Ouverture … Quel beau programme ! Ce serait une devise stimulante pour tous les établissements de notre pays !

Le collège de Balbigny privilégie tout ce qui est de nature à favoriser le dialogue de l'École avec la société - avec les familles, comme avec les acteurs du monde économique – ou, enfin, avec les pays étrangers, par le biais des enseignements linguistiques.

Parmi vos réussites, je pense, en premier lieu, à la « Radio Pythagore » que vous avez créée dans l'enceinte du collège ou, encore, à votre journal, « La Voix Bleue », que vous diffusez dans la région.

Je pense aussi, dans la ligne qu'a tracée le Ministre de l'Éducation Nationale, à l'effort d'individualisation et de personnalisation pédagogiques qui est mené ici. Comme l'a dit très justement M. François BAYROU, ce « collège » ne doit pas être seulement « pour tous », il doit être aussi « pour chacun ».

Depuis cette année, les élèves de ce collège qui en ont besoin, reçoivent, dès l'entrée en sixième, une aide particulière, conformément aux dispositions prévues par le Nouveau Contrat pour l'École.

Dans les villes, comme dans les campagnes, et peut-être plus encore dans les zones rurales qu'ailleurs, l'École doit contribuer à resserrer les liens de la communauté nationale. Elle le fera, si elle sait préparer les adolescents à exercer une activité professionnelle.

Vous rappellerai-je toute l'attention que le Gouvernement porte à la jeunesse et à sa formation ? Je n'insisterai pas sur la portée symbolique que j'ai voulu donner à cette journée. J'ai situé le premier de nos entretiens dans un des six établissements de la Loire qui expérimentent les réformes actuelles de l'enseignement secondaire. C'est bien le signe de l'intérêt que je porte à la situation de nos jeunes concitoyens.

Pour la première fois, sans doute, dans l'histoire de notre pays, l'État vient, sous l'impulsion du Gouvernement, de passer un véritable contrat avec la jeunesse.

Pour la première fois aussi, on a donné directement la parole aux intéressés. Les besoins et les aspirations de la jeunesse, comme toute chose, évoluent. Ce n'est qu'en -dialoguant avec les jeunes qu'on pourra agir profondément et durablement, et sur les institutions, et sur les comportements.

Les jeunes Français ont souhaité que leurs initiatives fussent mieux reconnues. Ils veulent prendre leur destin en main. Je les comprends. Pour les aider à y parvenir et pour répondre aux demandes qu'ils· ont formulées lors de la Consultation Nationale de la Jeunesse, le Gouvernement a arrêté un premier ensemble de 29 mesures.

Toutes, bien sûr, ne sont pas nouvelles. Certaines ont déjà été présentées dans le nouveau « contrat pour l'École », ou envisagées dans le cadre de la réforme du service national. Ces mesures prennent en compte tous les aspects de la vie quotidienne, civique, professionnelle et personnelle des jeunes. Je tiens à en rappeler quelques-unes.

I. – Parlons, pour commencer, de leurs nouveaux droits civiques !

1) On pourra désormais être élu aux élections régionales, cantonales et municipales dès l'âge de 18 ans.

2) Dans les communes de 3 500 habitants, un Conseil Municipal de la jeunesse sera créé, qui sera saisi des affaires de la commune intéressant les jeunes. Il établira, chaque année, un rapport d'activité qui sera débattu au Conseil Municipal.

3) Enfin, le Gouvernement prévoit une campagne pour informer les jeunes de la possibilité de s'inscrire sur les listes électorales tout au long de l'année civile.

De façon générale, j'ai voulu que le dialogue que nous avons instauré avec les jeunes fût maintenu et prolongé à tous les niveaux, dans les lieux importants de la vie quotidienne.

II. – Un citoyen accompli est aussi, vous le savez, un membre à part entière de la vie économique et sociale.

Il ne suffisait donc pas de donner aux jeunes les moyens d'exercer leurs droits et de remplir leur devoir de citoyens. Il faut qu'ils puissent avoir une activité, une profession, un métier. Le combat que le Gouvernement livre contre le chômage fait sentir ses premiers résultats positifs. Mais le nombre des jeunes qui sont à la recherche d'un emploi est encore trop élevé dans la région.

Le Gouvernement a fait de l'insertion professionnelle une mission prioritaire pour l'École. Je sais que c'en est une aussi pour le collège de Balbigny. Les élèves y sont bien informés des métiers et des possibilités d'orientation qui existent. Ils effectuent aussi, en troisième, un stage en entreprise qui leur permet de se familiariser avec le monde professionnel et de mieux choisir leur future voie.

Le Gouvernement a, d'ailleurs, fait un droit de ce type d'expérience professionnelle : toute personne de moins de 25 ans, en quête d'emploi, qui n'aurait pas pu faire de stage au cours de sa formation pourra en effectuer un, rémunéré, en entreprise, dans l'année qui suit la fin de sa scolarité.

Des « cellules de suivi », pour reprendre votre appellation, ont également été mises en place dans ce collège. Je vous félicite, M. le Principal, de ces actions. Elles vont dans le sens de ce que le Gouvernement fait, depuis vingt mois, pour la jeunesse.

C'est, en effet, en informant davantage, que nous donnerons de meilleures chances aux élèves de nos collèges, dans les zones rurales en particulier. Je suis conscient des disparités et des obstacles géographiques que connaissent certaines régions et la Loire notamment.

Ce fut, dès avril 1993, un souci véritable pour le Gouvernement que de jeter les bases d'un aménagement nouveau du territoire. La politique scolaire et universitaire que nous avons adoptée participe de ce même dessein.

Enfin, pour favoriser l'entrée dans la vie professionnelle, le Gouvernement a décidé de renforcer les dispositifs de formation du service national. D'ici cinq ans, 50 000 jeunes pourront, dans ce cadre, acquérir des qualifications supplémentaires.

De même, les étudiants boursiers devant redoubler une année d" études verront leur bourse maintenue. C'était d'abord une question de justice sociale.

III. – Enfin, et c'est, après l'affirmation de la citoyenneté et la préparation à la vie professionnelle, le troisième axe de notre action : le Gouvernement s'est attaché à rendre la vie quotidienne des jeunes plus facile.

– Une « carte jeune » nationale sera mise en place dès janvier 1995. Elle donnera droit à des réductions substantielles de tarifs dans les transports collectifs et dans le domaine des loisirs.

- L'ouverture d'équipements sportifs et culturels sera facilitée, grâce à la signature de "contrats locaux d'animation". L'État attribuera mille emplois d'animateurs à ce titre.

– Des établissements de jeunes et de la santé seront créés. Les jeunes pourront y être soignés gratuitement et recevoir tous les renseignements qu'ils souhaiteront. Ils pourront, de plus, recourir aux services d'un numéro vert national. Ce n'est pas à vous, Monsieur le Principal, qui avez instauré un programme d'« éducation à la santé », que je rappellerai les missions de l'État dans ce domaine !

Toutes ces décisions entreront dans les faits dans les plus brefs délais. Dans un an, ou dix-huit mois, le Comité d'organisation de la Consultation Nationale et le Parlement pourront en juger.

Ce ne sont pas des promesses vaines. Ce sont des engagements. Comme tous ceux que j'ai pris, ils seront tenus. Mais pour cela, j'ai besoin de votre collaboration. Il faut préparer les jeunes d'aujourd'hui à leur avenir. C'est, j'en suis convaincu, la meilleure façon de bâtir celui de la France.