Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de me trouver parmi vous, à l'issue de votre réunion, représentants du Conseil supérieur du diabète, des associations reconnues d'utilité publique dans la lutte contre le diabète et ses complications, comme l'aide aux jeunes diabétiques, l'association française des diabétiques et la Ligue des diabétiques de France, enfin représentants de l'association de langue française pour l'étude du diabète et des maladies métaboliques.
Je voulais saisir l'occasion de cette journée nationale du diabète pour vous apporter mon soutien et vous faire part de mes projets.
Le diabète est en effet un des grands fléaux qui frappe la population française.
Cette importance se traduit par quelques chiffres : dans notre pays le nombre de diabétiques reconnus est supérieur à un million, soit environ 2 % de la population : il y a 200 000 diabétiques traités par l'insuline et 550 à 900 000 dits non insulino-dépendants.
Je n'inclue pas ici le nombre sans doute impressionnant des diabètes méconnus qui sont d'autant plus dangereux et dont le dépistage dans la population à risque est un geste prioritaire de prévention.
Le poids des complications métaboliques et dégénératives du diabète sucré s'exprime à l'échelon individuel et collectif… échelon individuel, elles pèsent lourdement sur chaque malade par leur gravité : cécité, insuffisance rénale, accidents vasculaires périphériques, cardiaques où cérébraux. À l'échelon collectif, ce poids se traduit par la place du diabète dans les soins lourds et chroniques : 6 % des lits d'hôpitaux sont occupés par des diabétiques, le plus souvent à la faveur de complications : 8 % à 10 % des cas d'hémodialyse chronique sont liés à une maladie du rein d'origine diabétique. Chaque année sont reçues 60 000 nouvelles demandes d'exonération du ticket modérateur pour diabète, selon les données de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie.
Nous savons aussi, par des prévisions nationales et européennes, que la place du diabète non insulino-dépendant sur la santé publique devrait être croissant au cours des 10 prochaines années, notamment du fait du vieillissement global de la population.
Je retiens enfin de vos synthèses et des données scientifiques de ces dernières années la démonstration de l'efficacité d'une bonne maîtrise de la glycémie sur la prévention primaire et secondaire des complications graves et tardives. Nous savons qu'une bonne autosurveillance et qu'un bon auto-contrôle glycémiques réduisent, grâce à une éducation suivie du diabétique, les nouveaux cas de cécité d'un tiers, la fréquence de l'insuffisance rénale d'un tiers et celle des amputations de membres de 50 %. C'est dire combien les pouvoirs publics français sont sensibilisés et souhaitent aider à l'application de la Déclaration de Saint-Vincent, dont vous avez rappelé l'importance et dont un des objectifs est la réduction des complications que je viens de rappeler.
Conscient de ces faits, permettez-moi de souligner l'importance que mon ministère attache aux actions de prévention primaire et secondaire des complications du diabète de l'enfant comme de l'adulte, notamment au rôle-clef de l'éducation et du suivi du diabétique, dépendant ou non de l'insuline.
Je souhaite, en particulier, souligner les actions et mesures actuelles des pouvoirs publics dans ce domaine et en proposer de nouvelles :
1. D'abord l'aide que nous apportons à la diffusion, auprès du médecin généraliste, de la brochure de la Déclaration de Saint-Vincent, lors de la prise en charge d'un nouveau malade diabétique dans le cadre des « affections de longue durée » : cet ensemble de recommandations, adapté en français grâce au Conseil supérieur du diabète, est destiné à améliorer la qualité des soins et le suivi des diabétiques à l'échelon européen.
2. Ensuite, nous comptons poursuivre et développer notre action sur le recueil des données épidémiologiques notamment sur le diabète insulino-dépendant de l'enfant. Des registres existent déjà en Aquitaine, Haute et Basse-Normandie et Lorraine. Ils seront soutenus et progressivement étendus à d'autres régions. Leur but ne sera pas seulement de recenser de nouveaux cas, ce qui est déjà précieux, mais de contrôler le suivi du diabétique, sa qualité et son incidence sur l'évolution de la maladie.
3. Au-delà de la consolidation des efforts déjà entrepris et de leur développement, je compte prendre des mesures nouvelles sur la prévention des complications du diabète, qu'il soit insulino ou non insulino-dépendant, c'est-à-dire sur l'éducation du diabétique.
J'ai demandé au groupe de travail sur le diabète qui vient d'être créé au sein du Haut Comité de la Santé Publique, dont j'assure la présidence, qu'il me fasse très vite des propositions concrètes dans ce domaine.
Je souhaite qu'en liaison étroite avec mes services soit étudiée la possibilité de multiplier les centres d'éducation pour diabétiques dont quelques-uns existent déjà dans plusieurs CHU.
Surtout, à l'image des réseaux SIDA, je souhaite que soient créés des réseaux diabète intégrant centres spécialisés de CHU, associations telles que les vôtres, diabétologues libéraux et médecins généralistes.
Je ferai en sorte que des expériences-pilote voient rapidement le jour. Cette action se fera naturellement en collaboration avec les Caisses d'Assurance Maladie et les instances locales et régionales.
Elles viendront en complément des centres de prévention de l'athérosclérose que je suis en train de créer. Elles entrent donc dans le vaste plan de lutte contre les maladies vasculaires dégénératives que j'ai entrepris.
Cet effort d'éducation et de suivi du diabétique devrait, dans quelques années, donner de bons résultats tant à l'échelon individuel – en prévenant où soulageant les complications de chaque malade –, qu'à l'échelon collectif, en santé publique.
Pour terminer, permettez-moi de vous féliciter de la convergence de vos efforts. Vous avez su vous regrouper, éviter de travailler en ordre dispersé. Votre action n'en est que plus efficace et les relations avec les pouvoirs publics s'en trouvent grandement facilités.
Je ne doute pas que dans ces conditions notre collaboration sera fructueuse.
Je vous remercie.