Interview de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, dans "Les Dernières Nouvelles d'Alsace" du 17 octobre 1998, sur les grandes lignes du projet de loi sur le sport notamment le soutien au bénévolat pour les clubs sportifs, sur la reconduite en 1999 d'initiatives sportives nées à l'occasion de la Coupe du monde, sur l'enseignement sportif et sur le budget du ministère.

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Média : Les Dernières Nouvelles d'Alsace

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Q – Le bénévolat est en crise. La prochaine loi sur le sport apportera-t-elle des remèdes à cette espèce en voie de disparition dont le sport a cruellement besoin aujourd'hui ?

– Il y a deux démarches qui vont se compléter. Dans la loi d'orientation sur le sport, nous allons contribuer à renforcer tout ce qui concerne le rôle de l'association sportive. De la vie du petit club au fonctionnement démocratique des fédérations, nous voulons trouver des solutions pour qu'il y ait une redistribution et une mutualisation de l'argent qui arrive dans le sport. Car trop souvent des bénévoles me disent « mon club est ponctionné et je n'ai pas les moyens de fonctionner », et c'est anormal.

Et puis, dans le cadre des assises de la vie associative, qui vont se tenir en février à l'initiative du Premier ministre, nous présenterons cinq ou six mesures concernant spécifiquement les bénévoles : il s'agira de dispositions concrètes facilitant la disponibilité, l'indemnisation et la reconnaissance des bénévoles. Elles préciseront aussi leur responsabilité.

Q – Attendez-vous beaucoup de cette étape ?

– Oh oui… Quand des gens des fédérations me disent qu'après la Coupe du monde, des milliers et des milliers de gens se sont adressés à des clubs et qu'on est obligé de leur expliquer qu'on n'a pas l'encadrement nécessaire pour les accueillir, on s'aperçoit qu'intervenir pour le bénévolat est effectivement une des clés pour développer le sport en France.

Q – Vous venez de lancer l'opération 1-2-3. Quel objectif concret lui donnez-vous ?

– Lorsque nous avons mis en place toute une série d'initiatives autour de la Coupe du monde avec les élus et les associations, il s'est passé quelque chose d'assez formidable. Des jeunes ont fait des tournois inter-quartiers ou inter-communes, d'autres ont édité des livres : bref toute une série de projets ont éclos. Le soir du 12 juillet, la France avait gagné, on a fait la fête et je me suis dit : est-ce qu'on abandonne tout ce qu'on a fait autour de ce Mondial ? J'en ai parlé autour de moi et on s'est dit : « on repart ».

On a fait appel à de multiples projets, que ce soit de la musique ou du sport, et tout cela convergera vers une grande fête du sport et de la jeunesse en septembre 1999. Ce ne sera pas aussi prestigieux que la Coupe du monde bien sûr, mais il s'agit avant tout d'entretenir la dynamique née de cet événement extraordinaire. Et c'est déjà beaucoup…

Q – Nous sommes en pleine ébullition lycéenne qui révèle beaucoup de frustrations. Comment souhaitez-vous développer le sport à l'école ?

– L'éducation physique et sportive dans les lycées dépend des programmes de l'Éducation nationale. Mais avec les ministres concernés, nous essayons de regrouper nos efforts pour proposer à l'enfant toute une série d'activités sportives et culturelles, et ce dès le primaire par des contrats éducatifs locaux que nous voulons élargir aux collèges. Pour les lycées, la solution consiste, je crois, à donner plus de moyens aux associations sportives scolaires.

Q – L'idée d'après-midi complets consacrés au sport, où en est-elle ?

– L'idée de M. Allègre, c'était de favoriser les sports collectifs dans le cadre de la scolarité. Nous y travaillons mais nous n'avons pas de projet finalisé pour le moment.

Q – Vous allez prochainement défendre votre budget devant le Parlement. Le sport français a-t-il aujourd'hui les moyens de son ambition ?

– Mon budget est celui des sports mais aussi celui de la jeunesse… Il a été reconnu comme prioritaire par le gouvernement et il a bénéficié d'une augmentation de 3,4 % par rapport à l'an dernier. Cette augmentation, je ne l'ai pas répartie de façon linéaire. J'ai préféré faire un énorme effort de formation.

Nous avons signé des conventions concernant plus de 16 000 emplois jeunes dans le mouvement sportif et les mouvements d'éducation populaire. Maintenant, il faut aider les associations à qualifier ces jeunes. Et on insistera sur la formation des bénévoles.

Alors, je suis, dans l'ensemble, contente de mon budget. Mais on n'a jamais assez de moyens pour répondre aux multiples besoins d'équipement des communes et pour financer l'encadrement nécessaire à un développement de la pratique du sport.