Interviews de M. Bernard Tapie, député Radical, dans "Les Échos" du 9 novembre 1994, "Libération" du 24 et à TF1 le 30, sur les affaires le concernant et l'opposant au Crédit Lyonnais.

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Média : Les Echos - Libération - TF1

Texte intégral

Les Échos : 9 novembre 1994

Les Échos : Pourquoi assignez-vous maintenant le Crédit Lyonnais en tant que « gestionnaire de fait » devant le tribunal de commerce de Paris ?

Bernard Tapie : Si le tribunal de grande instance de Paris rend, le 23 novembre prochain, un jugement qui me soit défavorable dans l'affaire qui oppose BTF à la SDBO, c'est-à-dire s'il déclare le protocole d'accord de mars 1994 caduc, c'est alors le mémorandum signé le 10 décembre 1992 qui doit s'appliquer. Celui-ci décrivait les conditions de transformation des activités industrielles en sociétés d'investissements dans le cadre de mon accession à un poste ministériel.

Les sociétés Bernard Tapie Finance, Groupe Bernard Tapie et Financière Immobilière Bernard Tapie, ont appliqué à la lettre les instructions du mémorandum. En revanche, le Crédit Lyonnais, du fait de l'arrivée de Jean Peyrelevade, n'a pas appliqué les siennes. Or ce mémorandum fixait les conditions de la gestion de fait pour le Crédit Lyonnais.

Les Échos : Quelle est, selon vous, la valorisation des actifs que vous pouvez mettre en regard de la dette de votre groupe envers la SDBO, filiale du Crédit Lyonnais ?

Bernard Tapie : Puisque le Crédit Lyonnais veut faire les comptes, il faut les faire pour le bon mais aussi pour le moins bon. À la date du mémorandum, je devais 920 millions de francs consolidés qui s'élèvent aujourd'hui à 1,2 milliard par le jeu des intérêts. Bernard Tapie Finance a été expertisé 850 millions de francs par la COB. Mon hôtel particulier est évalué à 220 millions de francs. Le bateau « Phocéa » est estimé à 70 millions de francs. S'y ajoutent divers actifs, notamment des immeubles pour une centaine de millions de francs. Et si on reconnaît la gestion de fait, il faut également intégrer Adidas qui vaut aujourd'hui entre 5 et 7 millions de francs. En assignant le Crédit Lyonnais en tant que gestionnaire de fait, j'attends que soit faite la démonstration que la banque me doit plus d'argent que je ne lui en dois.

En outre, je voudrais souligner qu'à cette époque je ne souhaitais pas vendre Adidas en totalité, mais simplement une partie, de l'ordre de 20 %, pour faire face à l'échéance de l'année. On savait que l'affaire était en train de se redresser après la restructuration. J'ai accepté de vendre la totalité parce que je ne pouvais faire autrement, vu mes activités politiques, et parce qu'il y avait des contreparties.

D'ailleurs, si je ne m'appelais pas Bernard Tapie, le tribunal aurait déjà assigné le Crédit Lyonnais en comblement de passif.

Les Échos : Qu'adviendrait-il, dans ce cas, de votre dette envers le fisc ?

Bernard Tapie : Le fisc a des garanties sur mes biens personnels, en particulier sur mes meubles.

Les Échos : Comment expliquez-vous que les commissaires aux comptes n'aient pas certifié les comptes de BTF ? Les sociétés industrielles sont-elles déficitaires ?

Bernard Tapie : Il était trop tard pour que les commissaires aux comptes certifient les comptes, étant donné le tapage qui était fait autour du dossier Tapie. Contrairement à ce qui se dit, les sociétés industrielles du groupe BTF ne seront pas en perte en 1994. Le résultat de La Vie Claire devrait être étale. Les sociétés Testut et Terraillon feront, quant à elles, des bénéfices en 1994.

Les Échos : La société Alain Colas Tahiti est-elle réellement en cessation de paiements ?

Bernard Tapie : Ce que l'on dit au sujet d'ACT est hallucinant. Le « Phocéa » n'avait qu'une activité : faire de la croisière. En saisissant le bateau, on l'empêche de faire des recettes. Or il existe des dépenses liées au maintien du gage : elles s'élèvent à 1,2 million de francs, soit le paiement de l'assurance et du salaire des marins. La dette de 100 millions concernant le « Phocéa » n'est pas exigible tant que le protocole n'est pas déclaré caduc.

Les Échos : Estimez-vous possible que le dossier aboutisse à une conciliation ?

Bernard Tapie : Ce serait la meilleure solution.

Les Échos : En fait, ne cherchez-vous pas simplement à gagner du temps par rapport à l'échéance électorale qui vous tient à cœur, celle qui vous permettrait d'accéder à la mairie de Marseille ?

Bernard Tapie : Nous sommes plusieurs à vouloir être maire de Marseille. Pour l'être, il faut plaire aux électeurs. Si je ne pouvais, par extraordinaire, me présenter à cette élection, je ferais venir à Marseille le personnage qu'il faut pour gérer la ville.


Libération : 24 novembre 1994

Libération : Le tribunal a considéré « caduc » votre accord avec le Crédit Lyonnais. Ce n'est pas totalement inattendu…

Bernard Tapie : Il y a trois bonnes nouvelles et une mauvaise dans cette décision. On fait un procès pour le gagner. La mauvaise nouvelle, c'est donc que le tribunal ne me donne pas raison. Les trois bonnes, c'est dans l'ordre : qu'il ne rend rien exécutoire puisqu'il n'a pas prononcé l'exécution provisoire. La deuxième bonne nouvelle, c'est qu'il note sans contestation que les sommes dues et exigibles aujourd'hui, c'est 320 millions. Je lis tellement de c… là-dessus. Le tribunal fige donc les exigibilités aux prêts incontestables, ce qui est le cas de cette somme. Troisième bonne nouvelle, madame Cochard (la président du tribunal, ndlr) ouvre très largement la discussion sur le précédent accord, le mémorandum de 1992. Elle écrit que les éléments de cet accord « doivent maintenant être examinés ». Elle aurait pu dire qu'il n'y avait pas lieu de les examiner. Pour moi, c'est très important. Le Crédit Lyonnais demandait son annulation. Ce mémorandum était un protocole de mariage, quand l'autre est un protocole de divorce…

Libération : Il y a une autre mauvaise nouvelle, c'est la décision du Crédit Lyonnais de bloquer la trésorerie de BTF.

Bernard Tapie : Rien du tout. L'argent de BTF appartient à BTF. Le Crédit Lyonnais a reçu du tribunal la mainmise de ces sommes en s'engageant à les laisser à la disposition des entreprises. Dès lors qu'il ne remplit plus cette condition, le tribunal lui en retirera la mainmise. L'audience est fixée à lundi.

Libération : Vous avez fait un référé ?

Bernard Tapie : Évidemment. Il est totalement impossible que le Crédit Lyonnais maintienne une saisie sur des sommes qui appartiennent à BTF, car BTF ne doit pas un penny au Crédit Lyonnais. Cela montre quand même ce que dissimule monsieur Peyrelevade. Car si ce n'est pas pour mettre des entreprises en faillite, pour me mettre par terre, je ne sais pas comme ça s'appelle. J'ai empêché les miens, le personnel des boites, de se déplacer sur le boulevard des Italiens (où se trouve le siège du Lyonnais, ndlr), mais je ne vais pas les empêcher longtemps.

Libération : Vous avez fait beaucoup de reprises d'entreprises. Ne serait-il pas mieux pour celles de votre groupe de laisser prononcer leur redressement judiciaire pour faciliter leur reprise ?

Bernard Tapie : Il n'y a pas de raison puisqu'il n'y a pas de passif. Le redressement judiciaire, ça fait partie des traitements de chocs difficiles, pas agréables, mais indispensables quand il y a un passif. Mais lorsqu'il n'y a pas d'endettement ? Prenez Testut, elle n'a pas un franc de crédit fournisseur, pas un franc de crédit bancaire, excepté un demi mois d'escompte. On voudrait le faire qu'on ne pourrait pas. Une société ne dépose pas son bilan par confort…

Libération : Est-ce que vous pouvez, est-ce que vous comptez vous opposer à la vente de votre hôtel particulier ?

Bernard Tapie : La vente de l'hôtel n'aura pas lieu. Ce n'est pas un pronostic. C'est une certitude. Ils peuvent bien gesticuler, elle n'aura pas lieu.

Libération : Avec quels moyens financiers vivez-vous aujourd'hui ?

Bernard Tapie : Je suis parlementaire, rémunéré largement par rapport au Smic. Et non pas sur des comptes en Suisse…

Libération : Sur quels comptes alors ?

Bernard Tapie : Sur le compte d'une banque française qui reçoit mes émoluments de parlementaire. Il y a beaucoup de banques françaises qui ont aujourd'hui sur le Crédit Lyonnais la même opinion que moi. Il est en train de sauter les plombs, Peyrelevade.


TF1 : mercredi 30 novembre 1994

P. Poivre d'Arvor : Pensez-vous avoir échappé définitivement à la possibilité de faillite personnelle ?

Bernard Tapie : J'ai vraiment l'impression d'être en face non pas du tribunal de commerce mais du conseil constitutionnel. Cela fait des semaines et des semaines que l'on ne parle que de cela. Ce n'est pas au tribunal de commerce aujourd'hui de se placer dans l'hypothèse où je peux éventuellement devenir un jour inéligible. C'est une des procédures qui peut y mener, mais pas plus aujourd'hui qu'hier et pas plus hier que demain. Laissons les choses faire leur œuvre. C'est compliqué cette affaire et je n'en veux pas au gens s'ils n'y comprennent rien. Il y a deux pôles qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Le premier est de l'industrie, du commerce. Cela concerne six entreprises. Aucun d'entre elles n'a été déclaré dans une situation telle que la procédure judiciaire les vise. C'est un soulagement parce qu'elles ont souffert le martyre pendant des mois et des mois à coups de pronostics tous les plus défavorables les uns que les autres. C'est la première chose et sans doute pour moi la principale. Ces entreprises n'ont rien qui les amène à être en difficulté. Ensuite, il y a des entreprises patrimoniales et là on situe le conflit, depuis des semaines, comme étant celui entre un banquier et son client. Ayez la grâce de croire que si c'était cela, les choses seraient déjà finies. Il s'agit d'un conflit entre deux associés qui depuis 12 ans sont associés dans le capital. Tout allait bien jusqu'au jour où je change de métier… Le jour où je change de métier, j'ai fait la même chose que S. Berlusconi a fait, j'ai quitté mes entreprises en laissant des gens pour les diriger avec un moratoire, un mémorandum ou un contrat. Une entreprise ne se quitte pas comme cela. Chacun, le Lyonnais et mes responsables, va établir un protocole et vivre cette séparation. La question qui est aujourd'hui posée au tribunal n'est pas combien il y a de dettes payables en combien de temps mais qui est responsable de quoi pendant cette période.

P. Poivre d'Arvor : Mais ce n'est que le 14 décembre que le collège d'experts rendra son avis, n'est-ce pas ?

Bernard Tapie : Il n'y a rien de rendu de définitif car le tribunal veut connaître qui a fait quoi et la responsabilité des différents partenaires entraînent forcément des conséquences judiciaires, financières ou plus graves. Ma philosophie est la suivante : quand j'ai choisi ce statut de SNC, à savoir que ma responsabilité porte sur mes biens, personne ne m'y a contraint. Je suis prêt à en assumer la responsabilité parce que c'est ma vision de l'entreprise. Mais à une condition, c'est qu'elle garantit la vie des entreprises et des emplois et non pas ma mise à mort et celle de mon associé si la situation se passe moins bien. On ne peut pas partager ce qui est bon – Adidas – et ne pas partager ce qui est moins bon comme Testut.

P. Poivre d'Arvor : Quand le tribunal parle de persistance de bilans totalement déséquilibrés que dites-vous ?

Bernard Tapie : Je suis le premier à reconnaître que c'est vrai. D'ailleurs cela ne s'est pas passé pendant la période où j'exerçais mes responsabilités. Je les ai quittés en 92 et si Mme Joly nous a appelé ce n'est pas pour rien. L'actualité tourne sur le secret de l'instruction et tout le monde par de cela. Quand je vois franchement depuis 4, 5 semaines, tous les jours, l'annonce de l'éventualité de mon inéligibilité. Aujourd'hui encore, pourtant votre reporter est un professionnel… Eh bien il n'a pas le droit d'aller anticiper sur une éventualité. Si demain vous apprenez que je me fais opérer de l'appendicite, n'annoncez pas qu'il y a un risque opérateur qui peut faire en sorte que je meure. Vous ne pensez qu'à cela. Il y a même une chaîne concurrente qui a déprogrammé un programme pour faire une émission spéciale, mensongère de A à Z, passée deux jours de suite pour s'assurer que tout le monde l'ait bien vue et qui n'avait pas d'autres objectifs que d'influencer. Ce qui devient grave, c'est lorsque le média tente d'influencer le cours de la justice en faisant en sorte qu'il y ait une pression qui s'exerce sur elle.

P. Poivre d'Arvor : Mais aujourd'hui vous passez à l'antenne, ce n'est pas l'avocat du Crédit Lyonnais, non ?

Bernard Tapie : Je ne me suis pas expliqué là-dessus. Pendant des jours et des jours, on a raconté 1,2 milliard, 1,3 milliard, 1,4 milliard, 1,5 milliard de dettes. Mais ce n'est pas le sujet, parce que l'on ne sait pas quelle est la part du passif qui me revient, quelle est la part de passif qui leur revient. Il faut faire les comptes… Quel est le bénéfice qu'ils vont faire sur Adidas, quel est le bénéfice que j'ai fait moi. C'est tout cela qui est à faire. Il y a 300 et quelques millions de profits qu'ils ont fait au cours des 5-6 dernières années rien qu'en intérêts. Il faut réintégrer cela. Quand vous vous séparez d'une femme que vous aimez, qu'est-ce qu'il faut faire ? Si vous êtes en séparation des biens, le problème est facile, si vous êtes en communauté, c'est très compliqué. Et là, on est en communauté. Voilà pourquoi ce n'est pas si simple que ça.

P. Poivre d'Arvor : C'est vrai que pour l'instant, les sociétés qui vous appartiennent, vivent encore. Elles seront difficiles à négocier ?

Bernard Tapie : Très difficile d'autant plus qu'on racontait qu'elles allaient être en faillite. Une société, pourquoi est-elle facile à vendre ? C'est quand elle est brillante et convoitée. Lorsqu'on annonce tous les jours, parce que, pour des raisons que j'ignore, tel actif ne vaut pas ce qu'on a dit, que le bateau est bloqué, que telle entreprise va faire faillite, ça devient très difficile à vendre, laissons les vivre. Elles sont maintenant entre les mains de responsables judiciaires qui sont tous très professionnels et qui sauront valoriser les actifs à leur vraie valeur, non pas à la casse simplement parce qu'on a envie de faire autre chose que de la banque.

P. Poivre d'Arvor : Ça veut dire qu'on ne peut pas vendre vos biens personnels pendant six mois ?

Bernard Tapie : Mais il faudrait les vendre. S'il n'y a pas assez d'actif, il faudra les vendre et je ne serai pas malheureux. Le monde des affaires est un monde où on doit revendiquer le droit de gagner, de bien vivre si on gagne. Mais j'ai tellement pris des affaires en difficulté à des gens qui vivaient toujours pareil alors que les créanciers n'étaient pas payés, je pense que si les affaires ne vont pas bien, le propriétaire doit céder ses actifs. C'est la moindre des choses, c'est une règle, mais tous les propriétaires, par un des propriétaires.

P. Poivre d'Arvor : Peut-on dire que c'est la fin de votre épopée industrielle ?

Bernard Tapie : Ça fait plus de deux ans que je n'occupe plus aucune fonction. Je le regrette un peu parce que je peux vous dire qu'elles marchaient autrement quand je m'en occupais, mais j'ai fait un choix et je ne peux pas revenir en arrière.

P. Poivre d'Arvor : Vous vous présenterez à Marseille ?

Bernard Tapie : Oui, j'ai très envie parce que je crois vraiment avoir bien compris cette ville, ses souffrances et je pense connaître un peu les solutions pour qu'elle change de la situation dans laquelle elle est.

P. Poivre d'Arvor : Sauf si à l'échéance du 30 mai…

Bernard Tapie : Oui, si je meurs tout à l'heure d'une crise cardiaque. Tout est toujours possible.

P. Poivre d'Arvor : La présidentielle, on s'intéresse beaucoup à vous parce que 12,5 % de voix, ça pèse ?

Bernard Tapie : L'un est d'ailleurs un peu la conséquence de l'autre. On s'intéresse beaucoup à moi aussi à cause de ça.

P. Poivre d'Arvor : Les juges ont-ils pu être influencés de quelque manière que ce soit ?

Bernard Tapie : Non, je pense que les magistrats sont tenus par des règles qui sont quand même très fixes. Leur marge de manœuvre n'est pas grande surtout en France qui est un pays tellement basé sur des lois, même si elles sont très anciennes, elles sont très complètes.

P. Poivre d'Arvor : Le gouvernement ne peut pas être tenté de vous donner un coup de pouce ?

Bernard Tapie : Il ne m'a donné un coup de pouce puisque le parquet demandait ma mort. Je veux dire que dans les magistrats, les seuls sur lesquels éventuellement – et encore c'est de moins en moins vrai parce qu'ils sont très indépendants – mais s'ils avaient pu intervenir, ce serait sur le parquet et ce dernier avait fait des réquisitions plus lourdes, plus graves que celles prononcées. Les magistrats qui ont décidé l'on fait sans aucune forme de pression.

P. Poivre d'Arvor : F. d'Aubert s'est déclaré très choqué du jugement du tribunal du Commerce.

Bernard Tapie : Ça veut dire une chose, que d'Aubert fait partie de ces gens qui demandent l'indépendance de la justice quand elle tend la justice comme il a envie qu'elle la rende. C'est la bonne démonstration. Quant aux petits commerçants, aux petits artisans, l'épreuve que je viens de vivre, je ne veux pas la laisser sans utiliser cette expérience pour la mettre au profit de ceux qui souffrent et qui n'ont pas la possibilité de venir être invités par vous.

P. Poivre d'Arvor : Les candidats à la présidentielle se présentent les uns après les autres, alors… B. Tapie ?

Bernard Tapie : Je vous l'ai dit, je ne suis pas candidat pour gagner. Donc, je ne peux être que candidat pour influencer éventuellement la manière dont la France sera dirigée au profit des idées qu'on défend et au profit de ceux qui ont voté pour nous, ils sont nombreux. Mais dès lors que je ne suis pas candidat pour la gagne, ça veut dire qu'il faut que j'attende qui est candidat pour la gagne. Et pour l'instant, pour la gagne vraiment, il n'y en a que deux potentiels, mais qui ne sont pas avérés, c'est J. Delors et Balladur. Le jour où ils seront candidats, on écoutera ce qu'ils vont dire. Probablement, qu'il y aura des contacts qui s'établiront naturellement entre J. Delors et mon parti et c'est là qu'on saura s'il y a possibilité d'alliance, d'assistance ; si c'est bien que j'aille au premier tour ou au deuxième.

P. Poivre d'Arvor : Et à première vue, vous avez plutôt envie d'aider, d'assister ?

Bernard Tapie : J'ai plutôt envie de ne pas y aller, mais le parti a, c'est bien légitime, très envie que j'y aille pour confirmer le succès aux Européennes. Quant à ceux que je croise et qui ont voté pour moi, eux en ont très envie. Pour une raison simple, c'est qu'ils ne sont pas convaincus que J. Delors soit le candidat qui fera en sorte que les gens qui votent pour moi soient très différemment traités que si c'est E. Balladur.