Texte intégral
Europe 1
J.-P. Elkabbach
Les lycéens recommencent après-demain à protester dans les rues. Est-ce que vous leur donnez raison ?
D. Vaillant
- "Je pense qu'ils n'ont sûrement pas tout à fait tort, à partir du moment où ils manifestent."
J.-P. Elkabbach
Donc, ils ont en partie raison ?
D. Vaillant
- "Oui, et puis en même temps, je sens qu'ils sont très attachés à l’école publique, et je crois que c'est un élément important que cette génération montre cette foi dans l'école publique. Le mouvement a été suspendu provisoirement. En même temps, ils ont été écoutés ; des mesures sont envisagées : C. Allègre a dit clairement qu'il ne peut pas faire, tout, tout de suite, et tout le monde peut le comprendre, même si, quand on est jeune, on comprend moins bien ces choses. Mais le fait qu'il y ait des recrutements de contractuels - de manière urgente -, la simplification des programmes - dès la Toussaint - la déconcentration des personnels pour qu'il y ait un meilleur équilibre entre les élèves et les demandes qu'ils formulent en termes de professeurs."
J.-P. Elkabbach
Donc, les élèves ou les lycéens manifestent aujourd'hui plus contre les syndicats d'enseignants que contre Allègre.
D. Vaillant
- "Je ne sais pas, mais contre le conservatisme. Et peut-être trouvent-ils qu'il y a une inadéquation entre ce qu'on leur propose comme formation, et ce qu'ils souhaitent, c'est-à-dire du travail derrière. Et donc il faut redonner priorité à des filières d'enseignement qui débouchent sur du travail. Je crois que c'est cela que les lycéens ont en tête ; c'est l'avenir qui les intéresse."
J.-P. Elkabbach
Est-ce une priorité pour M. Allègre et pour le Gouvernement d'arrêter, d'une certaine façon et vite, le mouvement ?
D. Vaillant
- "Il est évident qu'il vaut mieux que les lycéens soient dans les lycées à faire leur travail, leurs études. Et je crois que c'est ce qu'ils souhaitent, eux aussi. Il faut donc les écouter, dialoguer, répondre, en fonction des possibilités. Je crois que c'est ce que fait C. Allègre."
J.-P. Elkabbach
Est-ce que vous demandez aux syndicats d'enseignants de ne pas trop s'en mêler ?
D. Vaillant
- "Les syndicats d'enseignants, de toutes les façons, sont bien évidemment légitimement là pour, notamment, défendre les enseignants. Et d'ailleurs, personne ne remet en cause le statut des enseignants. Il faut bien, quand même, le comprendre. On crée des postes..."
J.-P. Elkabbach
Qu'ils n'en profitent pas, qu'il n'y ait pas de jonction avec eux. C'est cela ?
D. Vaillant
- "Non, vous savez qu'il y a le problème de la déconcentration des personnels. Je crois que c'est utile, comme le dit C. Allègre, que maintenant, les mutations de personnels soient faites, là, dans le cadre des académies où ils sont."
J.-P. Elkabbach
Vous allez rejoindre le Premier ministre à Matignon. Depuis la gaffe de vendredi, vous l'avez souvent vu, et vous l'avez même reçu hier à déjeuner. Quand L. Jospin est en colère, que dit-il ?
D. Vaillant
- 'D'abord, il peut être très mécontent, et il l'était, nous l'étions tous samedi, vous l'imaginez. Mais il n'a pas fait de rodomontades ; il a dit simplement : c'est le genre de choses qu'il faut... qui n'arrive plus, tout simplement. Et donc, comme il l'a dit : il y a une insuffisance de mobilisation, une sous-estimation de la droite qui s'est payée une petite victoire parlementaire. Mais je vais vous le dire : la droite se montre, là, ringarde par rapport aux revendications de 5 millions de personnes, ce n'est pas rien. Eh bien, je pense, moi, je vous le dis : la droite perdra la bataille du Pacs à l'Assemblée nationale, comme elle l'a déjà perdue dans l'opinion."
J.-P. Elkabbach
Vous ne croyez pas que c'est facile de dire "la droite" alors que vous n'avez pas réussi à faire voter, par vos propres troupes, un texte qui émanait d'elles-mêmes ?
D. Vaillant
- "Il faut bien reconnaître cette erreur ; je le confesse devant votre micro, de nous tous, d'une certaine manière, de cette sous-estimation. En même temps, la gauche a proposé le Pacs, c'est un engagement qu'elle avait pris ; elle l'a présenté, la droite s'y est opposée. Et moi, je voudrais que tous ceux qui attendent cette réforme sociale et cette reconnaissance ne se trompent pas d'adversaire. La droite est contre les avancées sociales, notamment celle du Pacs."
J.-P. Elkabbach
Certains réclament la démission, le remplacement, de J.-M. Ayrault ?
D. Vaillant
- "Non ! Cela, je ne l'ai pas entendu, en tout cas pas dans les rangs socialistes. Il y a une réunion du groupe socialiste ce matin ; je travaille très bien avec J.-M. Ayrault, je crois que les députés socialistes apprécient sa présence, sa capacité de rassembler le groupe socialiste. Et je suis convaincu qu'il le fera, avec, peut-être, comme moi, plus de vigilance pour l'avenir."
J.-P. Elkabbach
Tout à l'heure, vous allez vous congratuler ?
D. Vaillant
- "On n'a pas à le faire, dans la mesure où on s'est toujours bien entendu. Il y a un vrai climat de confiance et d'estime entre nous deux, depuis très très longtemps."
J.-P. Elkabbach
Le débat aura lieu début novembre ; le vote le 10. Comment allez-vous mobiliser cette fois - pour faire peur à la droite, pour montrer à la droite qu'elle se trompe - les couards, les débordés et les récalcitrants de chez vous ?
D. Vaillant
- "D'abord, je ne crois pas, qu'il y ait de récalcitrants ; vous en aurez peut-être, d'ailleurs, la démonstration..."
J.-P. Elkabbach
Les planqués !
D. Vaillant
- "Mais non ! Vous savez, il y a des contradictions dans notre système démocratique et parlementaire. Il est clair que les gens demandent leurs députés sur le terrain, et quelque part, ils leur disent : on ne vous voit pas assez souvent ; et en même temps, nous, on leur demande d'être à l'Assemblée nationale. Il y a donc une petite contradiction pour ta surmonter. Le Pacs viendra un mardi, dans l'après-midi â l'Assemblée. Et vous verrez que les députés de gauche - parce que cela ne concerne pas que les socialistes - seront très présents et que la droite perdra cette bataille, parce qu'elle est aujourd'hui assez conservatrice dans l'image qu'elle montre d'elle-même."
J.-P. Elkabbach
En quoi le Pacs numéro 2 sera-t-il un nouveau texte ?
D. Vaillant
- "Vous savez qu'il faut effectivement le réécrire pour qu'il ne tombe pas sous le coup d'une interdiction d'un an. Il y aura sans doute une réécriture, peut-être des précisions qui ne sont pas inutiles - comme quoi il y a toujours une utilité de refaire sa copie, comme on dit. Et peut-être, sur les fratries, une nouvelle disposition - c'est aujourd'hui que le groupe socialiste va le décider - une réécriture qui permette aux frères et soeurs de bénéficier d'avantages fiscaux, patrimoniaux, successoraux, sans pour cela avoir formellement contracté un Pacs, pour éviter les critiques, notamment des gens qui défendent la famille."
J.-P. Elkabbach
Et avec, de temps en temps, une évaluation ?
D. Vaillant
- "Oui, c'est une hypothèse de pouvoir évaluer effectivement, l'évolution du Pacs quand il sera décidé. Et je crois que c'est une démarche utile de contrôle pour que les lois s'appliquent bien, et de voir dans quelles conditions elles posent des problèmes pour corriger éventuellement le moment venu."
J.-P. Elkabbach
Vous avec lu Le Figaro : C. Milon dénonce les manifestations organisées contre lui. Il y voit la baguette d'un chef d'orchestre : F. Hollande. Pourquoi traquez-vous, comme cela, Milon ?
D. Vaillant
- "Il n'est pas question de traquer C. Million. Il n'est pas surpris M. Milton, compte tenu de ce qu'il a fait, de ce qu'il a commis ? Je pense qu'il donne beaucoup de pouvoir à F. Hollande. Mais vous imaginez bien que les élus de gauche, notamment les élus socialistes de Rhône-Alpes, ne sont pas contents de voir M. Milton en alliance avec le Front national ; et qu'il est normal qu'ils s'en prennent à lui, parce que la démocratie, la transparence, vis-à-vis de l'opinion, méritent effectivement cette sanction permanente."
J.-P. Elkabbach
Il faut aller jusqu'à sa démission, si vous pouvez ? C'est cela ?
D. Vaillant
- "Si les démocrates, si les gens de gauche, effectivement, considèrent que c'est, pour la santé démocratique dans ce pays et pour l'institution régionale... Je pense que cela serait une très bonne chose que M. Millon constate qu'il ne peut, pas gouverner la région Rhône-Alpes comme il le fait avec le Front national."
J.-P. Elkabbach
Est-il vrai, comme le dit Le Parisien ce matin, que l'Elysée et Matignon sont d'accord pour que députés et sénateurs siègent en Congrès à Versailles le 18 janvier pour ratifier Amsterdam ?
D. Vaillant
- Il est clair qu'il faut ratifier très vite Amsterdam. Or il faut réviser la Constitution préalablement. Cela viendra à l'Assemblée nationale le 24-25 octobre ; le Sénat le 16 décembre. Je souhaite vivement une écriture commune, conforme entre le Sénat et l'Assemblée, qui permettrait d'aller au plus vite. Le 18 janvier est une date envisagée. C'est le Président de la République qui décidera ; si on pouvait le faire avant, cela serait encore mieux pour qu'on puisse ratifier le Traité d'Amsterdam. Vis-à-vis de nos partenaires, ce serait bien d'aller vite."
J.-P. Elkabbach
A partir d'aujourd'hui, le budget 1999 est discuté à l'Assemblée. Vous avez vu que le gouvernement du social-démocrate Schröder promet aux Allemands une réforme fiscale – 6 % de moins en quatre ans - sur l'impôt sur le revenu. Pourquoi n'imitez-vous pas le bon exemple de votre ami social-démocrate Schröder ?
D. Vaillant
- "On est au pouvoir depuis 16 mois. On transforme, on réforme après réforme. On présente un budget aujourd'hui à l'Assemblée nationale, qui a été discuté en amont, qui est un budget de gauche, de relance, de..."
J.-P. Elkabbach
De gauche, cela veut dire avec des impôts alourdis ?
D. Vaillant
- "Non, non, pas des impôts alourdis, des impôts allégés ! Et pour les entreprises à travers la baisse de la taxe professionnelle..."
J.-P. Elkabbach
Des dépenses publiques...
D. Vaillant
... et la baisse de l'impôt pour des ménages. Et donc c'est un budget qui vraiment essaie de mettre la croissance au coeur de notre problématique, parce qu'il n'y a qu'une seule priorité, priorité des priorités : c'est l'emploi. Je crois que, depuis 16 mois, nous démontrons que, progressivement nous réussissons. Je pense que nous devons continuer sur la même voie. Ce Gouvernement continuera son action - non à l'immobilisme ! - ; et aussi de le faire dans l'ordre, dans la mesure où on est engagé dans une construction européenne. Je crois que les Français font confiance à ce gouvernement, et je crois qu'ils ont raison."
J.-P. Elkabbach
Oui, oui.... L'autosatisfaction, c'est la méthode Coué...
D. Vaillant
- "Non, non pas du tout !"
J.-P. Elkabbach
Depuis peu se multiplient les couacs et les cafouillages. Vous ne pouvez pas le nier. On dirait qu'un certain doute s'installe chez vous, et que quelque chose ne tourne plus rond ?
D. Vaillant
- "Je ne le crois pas ; le doute ne s'installe pas. Il faut éviter un certain nombre de dysfonctionnements tel que celui qu'on a constaté la semaine dernière. Mais globalement, la majorité - notamment les socialistes -, adhère à la méthode de gouvernement de L. Jospin, et au fait que nous respectons nos engagements. Les Français le sentent bien. Regardez les élections partielles de dimanche ! J'espère qu'on va battre M. Le Chevallier à Toulon dans la cantonale. Mais les résultats sont, une fois de plus, des résultats encourageants pour le travail de la majorité qui doit continuer, avec le Gouvernement, à transformer ce pays."
RMC
P. Lapousterle
L'arrestation surprise du général Pinochet à Londres : est-ce que c'est justice, ou bien est-ce une entorse au droit international ?
J.-P. Elkabbach
- "Je ne sais pas si c'est une entorse au droit international, mais je peux vous dire que le militant que j'étais, à l'époque, quand Pinochet a fait son coup d'état au Chili contre S. Allende, je m'en souviens bien. Donc, je pense qu'il y a, de toute façon, un élément de justice, ne serait-ce que psychologique pour ce vieil homme, qui est rattrapé par son passé. Quand on se livre à des violences, à des coups d'état militaires tels que lui l'a fait, on est rattrapé, à un moment ou à un autre, donc c'est quelque part une justice, en tout cas une justice morale. Quant à la suite, je ne suis pas un spécialiste du droit international pour savoir si M. Pinochet pourra être jugé en Espagne, comme la justice espagnole le souhaite."
P. Lapousterle
Mais aujourd'hui, c'est la satisfaction qui l'emporte chez vous ?
J.-P. Elkabbach
- "Moralement, oui. J'entendais la fille de S. Allende, ce matin, j'imagine... Elle pense à la fois à son père, à ce peuple chilien, qui a tellement souffert du pouvoir de Pinochet, ce dictateur."
P. Lapousterle
En France, cantonale partielle à Toulon : le candidat de gauche a battu M. Le Chevallier, qui est le maire de la ville. Merci la droite ?
J.-P. Elkabbach
- "Non, pas merci la droite ! Je ne crois pas qu'elle ait été beaucoup plus claire qu'elle ne l'est en général..."
P. Lapousterle
Si ! Le candidat a dit : votez républicain !
J.-P. Elkabbach
-"Oui, le candidat..."
P. Lapousterle
Le candidat, celui de la droite !
J.-P. Elkabbach
- "Mais j'entends encore les ténors de la droite qui passent leurs week-ends à débattre entre eux, soi-disant pour trouver des solutions d'alternance politique. Je tri crois pas qu'ils se soient beaucoup engagés pour faire battre M. Le Chevallier à Toulon. Il n'empêche que le message est clair : la gauche s'est mobilisée, elle a gagné, elle a battu le candidat de l'extrême droite ; et les électeurs de la droite républicaine - comme quoi l'électorat est plus raisonnable, est plus rationnel - ont fait le geste qu'il fallait en faisant que ce soit M. Clément qui soit élu. J'insiste aussi sur le fait qu'il y a eu d'autres élections partielles ce week-end, qu'elles sont toutes favorables à la gauche, à la gauche plurielle, puisqu'il y a l'élection d'un communiste à Thonon-les-Bains, d'un divers gauche, mais bien identifié à gauche, dans la Somme, canton de Nesle... Bref, cela démontre que dans l'opinion, partielle après partielle, dimanche après dimanche, la majorité..."
P. Lapousterle
Cela dépend des dimanches ! Il y a eu Dunkerque, l'autre jour !
J.-P. Elkabbach
- "Il y a eu Dunkerque, qui a été, à mon avis, une erreur, je le dis très franchement. Mais, qui n'en commet pas ? Une erreur de disparité de candidatures, qui n'ont pas permis, au second tour, le rassemblement d'une majorité. Mais, ce n'était pas non plus - reconnaissez-le - un recul de la gauche. On sent bien que la gauche a gardé la confiance de la majorité de notre peuple, C'est ce qui fait que nous avons la légitimité pour gouverner, et je crois que cela durera."
P. Lapousterle
Pour en revenir au Front national - c'est la troisième défaite du Front national dans des élections partielles dans le Var - est-ce que vous pensez qu'il y a un début de reflux du Front national ?
J.-P. Elkabbach
- "Je l'espère vivement. Je pense que les gens se rendent compte, aussi, de la gestion, qui n'est pas bonne à Toulon : manque de transparence, inéquité, les problèmes ne se sont pas arrangés, l'insécurité n'est pas mieux traitée avec ce maire-là. Ce qui veut bien dire une chose : c'est que les gens se réfèrent aussi à la politique nationale, au combat des valeurs - les valeurs de la République. Et je pense que, peut-être - mais cela mérite un long combat, patient, contre les thèses de l'extrême droite et du Front national -, cela veut dire qu'ii ne faut pas fléchir et traiter les problèmes des gens. Et je crois que le Gouvernement y contribue, même si c'est difficile. Je pense notamment au terrain de la vie dans les quartiers, à l'insécurité, aux incivilités. Et vous savez que le Gouvernement est déterminé à se battre pour que la tranquillité des gens soit retrouvée..."
P. Lapousterle
On l'a compris, ça : l'ordre !
J.-P. Elkabbach
- "Oui, le mouvement..."
P. Lapousterle
Dans l'ordre !
J.-P. Elkabbach
- " et l'ordre, effectivement. La gauche, c'est effectivement l'ordre des valeurs de la République. C'est le pacte républicain, que défend L. Jospin et ses ministres."
P. Lapousterle
Le mouvement lycéen : votre collègue, M. Allègre, avait triomphé à la rentrée - Je ne sais pas si vous vous en souvenez - il avait dit : une rentrée zéro faute. Quel réveil ! Pour une rentrée à zéro faute, un mois après, 500 000 personnes dans les rues, c'est beaucoup !
J.-P. Elkabbach
- "La faute à qui ? Bien. La faute, sans doute, au fait qu'il y a une inadaptation - c'est ce que C. Allègre dit - du système, notamment visant à affecter les professeurs là où on en a besoin, c'est-à-dire devant des élèves. Et donc, vous savez que depuis qu'il est arrivé, C. Allègre se bat pour un certain nombre de réformes, qui fassent que les moyens de l'Education nationale - et ils sont nombreux : je vous rappelle, quand même, que le budget de l'Education nationale, qui était de 198 milliards en 1998, est aujourd'hui à 349 milliards, il est redevenu une priorité..."
P. Lapousterle
C'est pour cela qu'ou ne comprend pas qu'il y ait encore des problèmes !
J.-P. Elkabbach
- "Vous savez très bien que ce n'est pas le fait d'affecter des milliards, encore faut-il qu'il y ait des professeurs, des professeurs formés. Vous savez qu'il y a des filières pour lesquelles on a de la peine à trouver des professeurs l Je crois savoir que c'est le cas, par exemple, en espagnol, ou en activités musicales. Donc, c'est un travail de longue haleine. Les moyens financiers existent, mais il faut, d'une part, qu'il y ait une adaptation du système de formation des professeurs en fonction des besoins et des filières, et de l'avenir professionnel des jeunes, et que, par ailleurs, il y ait une administration qui soit plus en état d'affecter les professeurs là où ils doivent être. C'est ce à quoi s'attache C. Allègre, avec, notamment, la déconcentration pour éviter des espèces de frontières imperméables, qui font qu'il y a trop de professeurs à certains endroits, parce qu'ils manquent d'élèves, mais qu'on ne peut pas les affecter là où on a besoin de professeurs parce qu'il y a des élèves."
P. Lapousterle
Cela veut dire qu'il peut y avoir des solutions à budget constant ?
J.-P. Elkabbach
- "Bien sûr, à budget constant, il peut y avoir des solutions, même si, de temps en temps, il faut trouver telle ou telle possibilité de répondre à une attente concrète. Les lycéens doivent savoir que ce gouvernement est mobilisé - vous imaginez bien que ce n'est pas L. Jospin, Premier ministre, C. Allègre, ministre de l'Education qui vont dire le contraire ! - pour faire en sorte que les lycéens puissent étudier, travailler, se former pour préparer leur avenir..."
P. Lapousterle
Tous les ministres disent cela !
J.-P. Elkabbach
- "Oui, sauf que nous, on y met les moyens. M. Bayrou, c'était l'immobilisme. Avec C. Allègre, cela bouge. On peut toujours trouver que cela ne bouge pas assez vite..."
P. Lapousterle
Cela bouge dans les rues !
J.-P. Elkabbach
- "Mais tout le monde peut aller dans les rues ! En même temps, les lycéens se rendent compte, aussi, que leur avenir ne passe pas par des manifestations, surtout quand elles sont débordées par des casseurs."
P. Lapousterle
A propos des manifestations débordées, M. Madelin parlait, hier, de "l'angélisme de M. Jospin", parlait "des incivilités" qu'ont commises les uns et les autres. Il demandait au Gouvernement d'être plus ferme.
J.-P. Elkabbach
- "M. Madelin peut toujours donner des leçons. On l'a vu aux affaires, si je puis dire. On sait d'où il vient, on ne sait pas trop où il va..."
P. Lapousterle
C'est-à-dire, d'où il vient ?
J.-P. Elkabbach
- "Je crois savoir, quand même, que ce n'est pas quelqu'un qui vient des rangs de la gauche...
P. Lapousterle
Ca c'est clair !
J.-P. Elkabbach
-"… ni des rangs de la droite républicaine. Mais, c'est un élu de la nation, donc, je le respecte. Il essaie de se frayer un chemin dans les décombres de la droite. Mais je pense qu'il n'est pas vraiment bien placé pour donner des leçons à ce gouvernement, à L. Jospin. Vous savez, nous voulons réformer, réforme après réforme, c'est comme cela qu'on obtient le progrès : dans le domaine économique et social, et c'est vrai, par exemple, avec une politique budgétaire différente, avec la baisse de l'impôt pour, notamment les ménages, encore accrue par la décision des députés de gauche à l'Assemblée ; mais aussi en réformant la société avec des lois, qui répondent à certaines attentes. Par exemple, je ne crois pas que M. Madelin se soit beaucoup exprimé sur le Pacs, par exemple, dont, peut-être nous aurons l'occasion de dire quelques mots tout à l'heure, éventuellement. Et puis, en matière de sécurité, ce gouvernement agit. On sait que c'est difficile, il essaie de trouver les solutions. Le fait que la police et la justice travaillent ensemble, et d'autres acteurs - avec les contrats locaux de sécurité - pour s'attaquer à ce problème... Parce que l'insécurité, c'est la première des injustices !"
P. Lapousterle
C'est nouveau, chez vous, quand même !
J.-P. Elkabbach
- " Non. "
P. Lapousterle
Si ! Pas chez vous personnellement, mais dans la gauche !
J.-P. Elkabbach
- "Non, non, pas du tout !"
P. Lapousterle
C'est une conversion récente ! C'est bien !
J.-P. Elkabbach
- "La sécurité n'est pas une valeur de gauche, ce n'est pas une valeur de droite, c'est une valeur républicaine, et ce gouvernement n'est pas angélique à cet égard. Il souhaite l'application de la loi républicaine, et je pense que les Français en sont satisfaits, et L. Jospin les sécurise."