Texte intégral
Monsieur le président,
Que vous ayez choisi de refuser de me répondre et d’engager un quelconque débat avec moi ou l’un de mes représentants va bien au-delà du manquement à la plus élémentaire courtoisie. Une telle attitude est en fait révélatrice d’un sectarisme certain qui, je dois vous l’avouer, m’étonne tout de même venant de la part du responsable national d’une association qui prétend avoir pour vocation de tout faire pour attirer l’attention des pouvoirs publics et alerter l’opinion sur les ravages de cette terrible maladie qu’est le sida.
Aussi est-ce avec la plus grande surprise que j’ai découvert les termes de votre communiqué à l’AFP, dans lequel vous prétendez dénoncer, je cite, « la politique mensongère et haineuse de Jean-Marie Le Pen », « ses contre-vérités sur les modes de transmission du virus et ses délires concentrationnaires ».
La lucidité et l’honnêteté exigent que vous reconsidériez ces accusations, totalement dénuées de fondement. En aucune façon, ni à aucun moment, je n’ai eu de propos injurieux ou déplacés à l’égard des malheureux qui souffrent. Je vous mets au défi d’apporter le plus petit début de preuve à vos assertions qui révèlent un parti pris flagrant et une mauvaise foi criante. La seule chose que vous puissiez me reprocher serait d’avoir eu raison avant les autres. S’il y avait un homme politique qui eût dû être invité à vos manifestations du 2 avril, je crois que c’est bien le président du Front national. Car si les mesures que je prônais dès 1987 contre vents et marées avaient été adoptées, bien des vies auraient été épargnées. Depuis, dans chaque argumentaire, dans chaque discours, dans chaque réunion, je n’ai cessé de rappeler que c’étaient de mesures concrètes dont avait besoin notre société pour enrayer la propagation de la maladie, pas de slogans ou de formules incantatoires…
Je crois, Monsieur le président, que vous vous trouvez prisonnier de vos chimères et que vous êtes en fait aveuglé par des présupposés idéologiques. Semblable attitude est dommageable, même suicidaire, dirais-je, pour la cause que vous prétendez défendre. L’excès et la démesure en tout son nuisible.
Il serait juste que vos militants et sympathisants sachent clairement que je n’ai eu d’autres soucis, en évoquant publiquement le problème du sida, que je jeter un cri d’alarme et de tenter d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur cette pandémie. N’est-ce pas là ce que vous tentez de faire de votre côté aujourd’hui ? La souffrance et la mort ne connaissent pas de frontières et aucun homme de cœur ne saurait découvrir les douleurs de son prochain sans une émotion légitime. Voilà la vérité.
En tenant à mon endroit et à l’égard des militants du mouvement national un discours de rejet et d’exclusion, vous mettez en œuvre les principes mêmes que vous dénoncez. C’est là, affaire de conscience, et il vous appartient d’y répondre. Mais il est une affirmation péremptoire dont l’extravagance n’a d’égale que l’outrecuidance, c’est de dire : « plus dangereux que le virus, le Front national ». Les malheureux qui souffrent dans leur âme et dans leur chair de cette maladie apprécieront la pertinence de ces propos dont je vous laisse l’entière responsabilité…
À la souffrance des malheureux que vous prétendez aider, vous ajoutez le cynisme de la manipulation politico-médiatique. Aussi, ne croyant décidément pas en votre bonne foi en la matière, mais croyant en revanche que votre aveuglement vous rend coupable et complice d’un travestissement odieux de la réalité, je m’abstiendrai donc de vous adresser mes salutations.