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TROIS QUESTIONS À... JACK LANG
1. Grâce à la loi de 1985, dite loi Lang, votée quand vous étiez ministre de la Culture, les musiques actuelles ont bénéficié de financements supplémentaires d'environ 1 milliard de francs recueillis par des organismes parapublics dont la gestion est contestée. Cette manne n'a-t-elle pas permis au ministère d'éviter de financer les musiques populaires ?
La loi de 1985 avait pour ambition de rémunérer les interprètes et les auteurs sur la reproduction de leurs œuvres pour copie privée ou leur diffusion à la radio et à la télévision. L'Etat se désengageant, il a eu tendance à transférer les responsabilités vers des organismes collectifs de ce type, sans d'ailleurs leur demander de comptes sur leur gestion. En 1985, la loi correspondait à un compromis laborieux entre interprètes, producteurs, syndicats, compositeurs...
2. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Il faut maintenant s'interroger sur certaines déviations et prendre en compte les nouvelles technologies. Ces sociétés, qui gèrent des intérêts collectifs, devraient prendre d'elles-mêmes l'initiative de la transparence, précisément parce que l'obscurité nourrit le soupçon. Dans l'affaire de l'Adami par exemple, le ministère de la culture s'est contenté de dormir. Pas de vague, pas de mécontentement.
3. L'Etat serait, démissionnaire en matière de musiques actuelles ?
Il faut avoir une vision claire de l'originalité de ce domaine : nous sommes à la jonction entre l'économie et la culture. On ne peut y transposer les mécanismes appliqués à l'opéra ou aux musées. En 1992, j'avais proposé de créer l'équivalent d'une délégation aux arts chorégraphiques. L'Etat doit savoir dire « je veux » et accompagner sa volonté par des crédits groupés. Il paraît que l'on s'apprête à faire une loi sur l'audiovisuel public. Qu'au moins l'on prévoie des incitations positives, sinon des obligations strictes. II faudrait un fonds d'incitation à la création d'émissions sur les musiques actuelles, comme nous l'avions fait pour, les émissions destinées à la jeunesse.