Interview de Mme Anne-Marie Couderc, secrétaire d'État chargé de l'emploi, dans Le Parisien le 2 juin 1995, sur la création et le rôle du secrétariat d'État à l'emploi et la mise en place des comités départementaux pour l'emploi.

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Média : Le Parisien

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Le chômage baisse encore

"Priorité à la dimension humaine"

Le Parisien :  La mise en place d'un secrétariat d'État à l'emploi directement rattaché au Premier ministre est une nouveauté. Comment voyez-vous le rôle que vous allez jouer au sein du gouvernement ?

Anne-Marie Couderc : La création par le Premier ministre de ce secrétariat d'État traduit sa volonté de faire de l'emploi une priorité absolue, conformément aux orientations exprimées par le président de la République. L'emploi, rappelons-le, est l'affaire de tous et au premier chef celui de chacun des ministères. Mon rôle consiste alors à coordonner et animer toutes les actions prises par les différents ministres en faveur de ce secteur.

Il est aussi d'être à l'écoute des initiatives multiples qui émanent du terrain pour les promouvoir ou les faire prendre en compte. Dans ce sens, il a été demandé aux préfets de désigner un commissaire départemental pour l'emploi et de réactiver les comités départementaux. L'état des lieux qu'ils vont dresser sera examiné par le comité interministériel qui se réunit pour la première fois aujourd'hui. Le secrétariat d'État doit également contribuer au changement des méthodes de raisonnement pour inverser l'ordre des priorités en matière d'action gouvernementale : il faut placer la dimension humaine liée à l'emploi avant toute considération d'ordre financier ou économique.

Le Parisien :  À cette nouvelle organisation doivent correspondre des objectifs ambitieux. Quels seront pour vous les premiers vrais signes d'une réussite ?

Anne-Marie Couderc : Avant de parler de réussite, des changements doivent s'opérer dans les mentalités à quelque niveau de responsabilité que ce soit, dans les secteurs publics et privés.

Il existe aujourd'hui dans notre société une prise de conscience de caractère insupportable du nombre de chômeurs qui ne participent plus à la vie active de notre économie. Il faut aller maintenant au-delà, et que chacun reconnaisse que les modes de raisonnement et de fonctionnement traditionnels doivent être mis en cause.

Le Parisien :  Le chômage baisse depuis plusieurs mois mais lentement. Quelle pourrait être selon vous l'action symbolique qui permettrait d'accélérer cette diminution ?

Anne-Marie Couderc : Les Français n'attendent pas des symboles mais des résultats pratiques permettant d'améliorer leur situation personnelle et d'aborder le XXIe siècle plus sereinement. Toute augmentation du nombre des emplois et toute baisse significative du chômage seront pour moi le signe que les choix et la politique mises en œuvre par le Premier ministre ont été les bons.

Propos recueillis par Laurence de Charette