Texte intégral
Grève dans les musées parisiens : circulez, il n'y a rien à voir !
La situation ne s'améliore pas dans les musées parisiens. Le Louvre et le Grand Palais sont restés fermés ce week-end, au grand dam des touristes et des visiteurs. La Place de Valois devra régler au plus vite un malaise qui s'enlise.
Depuis quelques mois, le malaise persiste et même s'amplifie dans les rangs des personnels de surveillance et d'accueil des musées de la capitale, au grand dam des visiteurs et des touristes. Déjà, au printemps, des mouvements de mécontentement s'étaient développés au Muséum national d'histoire naturelle. Mais les choses sérieuses ont éclaté en novembre au musée d'Orsay, désorganisant l'exposition « Millet-Van Gogh », et se sont étendues au Grand Palais et au Louvre qui ont fermé leurs grilles à la tristesse de ceux qui se réjouissaient de voir l'exposition « Lorenzo Lotto » ou les trésors du musée de Taipeh.
Hier, au Louvre, une assemblée générale entre la direction et l'intersyndicale n'a pas permis de trouver une issue au conflit, une nouvelle assemblée générale devant se tenir ce matin. Le Grand Palais est également resté fermé hier.
Les causes de ces mouvements de grève sont liées à l'idée que se font les gardiens des musées d'être des mal aimés de la fonction publique. Leurs revendications portent à la fois sur leur condition statuaire, leurs rémunérations, leurs conditions de travail, le manque d'effectifs et la précarité de nombreux postes de vacataires. Relevant, selon les cas, du ministère de l'Éducation nationale ou de celui de la Culture, ils reprochent à leurs autorités de tutelle de ne pas s'attacher suffisamment à leurs revendications, d'autant plus exacerbées qu'ils vivent mal la monotonie et l'inconfort de leur métier.
* D'importantes conséquences
Bien qu'elles ne touchent qu'un nombre très limité d'agents publics, ces grèves ont d'importantes conséquences. Bien entendu, elles contribuent à accroître dans l'opinion le sentiment que les services publics ne remplissent pas leur mission avec continuité et que, là comme ailleurs, on « prend en otage » les clients et usagers, ce qui augmente le souhait de voir s'instituer un service minimum. Question particulièrement ardue dans les musées, où on voit mal que l'accès à certaines oeuvres reste possible (« La Joconde » ou « Les Nymphéas ») cependant qu'il serait interdit de contempler les autres qu'on aurait revêtues d'un drap… Par ailleurs, ces actions détériorent l'image de la France à l'étranger, déjà ternie par les grèves à répétition dans les transports.
C'est assez dire que Mme Trautmann se doit de régler au plus vite ces problèmes. Mais les observateurs s'accordent dans l'ensemble pour douter de l'efficacité de la Place de Valois dans la négociation sociale. On risque donc, dans l'un des domaines majeurs du rayonnement mondial de la France – sa richesse culturelle et son patrimoine artistique –, de compromettre un peu plus sa réputation. Déjà des voix s'élèvent pour préconiser la privatisation des fonctions de surveillance et d'accueil dans les musées. Avant d'en arriver là, on doit, ici comme ailleurs, s'efforcer de ne recourir à la grève qu'au terme d'un processus approfondi de négociations.