Déclaration de M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture de la pêche et de l'alimentation, sur l'importance de la viticulture en matière d'aménagement du territoire et en terme d'emplois, Montpellier le 21 novembre 1995.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Philippe Vasseur - ministre de l'agriculture de la pêche et de l'alimentation

Circonstance : Inauguration du 17ème salon international des techniques viticoles et arboricoles (SITEVI), Montpellier le 21 novembre 1995

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

J’ai tenu à me déplacer à Montpellier aujourd’hui car le Salon international des techniques viticoles et arboricoles m’apparaissait mériter un soutien sans réserve dont je veux vous témoigner par ma présence à l’occasion de l’inauguration de cette 17e édition.

Je sais que cette manifestation a su s’imposer année après année comme un événement incontournable. J’y vois d’abord la confirmation du rôle de tout premier plan de notre pays dans ces secteurs, tant par sa technicité que par ses performances, j’y vois également l’implication très forte des professionnels, fabricants de matériel et utilisateurs, dans l’avenir de leurs filières, j’y vois enfin le fantastique potentiel qui doit leur permettre de s’adapter à une concurrence de plus en plus vive et à des consommateurs de plus en plus exigeants.

Mais à mes yeux ce que le nombre d’exposants et de visiteurs révèle de plus important encore, c’est la confiance des professionnels dans l’avenir de leur métier et leur détermination à relever les grands défis, notamment commerciaux.

C’est parce que chacun de vous ressent la nécessité de parfaire sans cesse les matériels pour diminuer les coûts et améliorer la qualité que ce salon attire et rassemble.

Forte du savoir-faire des hommes depuis des générations, de son histoire et de ses traditions, notre agriculture ne peut pas rester à l’écart du progrès technologique. Ce salon nous apporte la preuve, s’il était besoin, que loin d’en ignorer les possibilités, l’agriculture tout autant que beaucoup d’autres secteurs de l’économie sait identifier, adapter et valoriser ce que la technologie lui offre comme perspectives et gains potentiels de compétitivité.

La valeur de cette manifestation doit être examinée, je crois, à la lueur de trois objectifs :

Premier objectif : la maîtrise, voire la diminution des coûts de production. C’est typiquement l’exemple de la machine à vendanger dont je sais les progrès qu’elle a connus depuis sa création.

Deuxième objectif : le respect de l’environnement, la maîtrise des traitements phytosanitaires, le traitement des rejets, et notamment des effluents de vinification.

Troisième objectif : la recherche d’une qualité accrue du produit. S’agissant de la viticulture, c’est par l’amélioration des techniques de production du raisin, de vinification et d’embouteillage que peut être garanti au consommateur, et avant lui au prescripteur, un produit stable et susceptible d’évoluer favorablement dans le temps.

A vous tous qui poursuivez ces objectifs à chaque stade des filières, je veux réaffirmer mon soutien et mon engagement à vos côtés.

Ce soutien, je le manifeste ici, aujourd’hui et avec vous. Mais je l’exprime aussi chaque jour en veillant à ce que votre environnement réglementaire et économique participe aussi à la valorisation de ces efforts que vous avez su accomplir.

A cet égard, mon rôle, est en effet d’offrir ce cadre stable et durable indispensable à l’amélioration de vos performances et à la croissance de vos entreprises.

Je sais le rôle économique que joue la viticulture française notamment dans nos échanges avec les pays de l’Union européenne et les pays tiers.

Je sais aussi toute l’importance de cette filière, tant en matière d’aménagement du territoire qu’en terme d’emplois.

C’est pourquoi vous devez être totalement assurés de ma détermination à préserver et à améliorer l’environnement réglementaire et commercial de la filière viticole.

Même si le contexte des deux dernières campagnes n’a pas permis de faire aboutir la réforme de l’OCM, il est impératif que l’Union européenne se dote d’une nouvelle organisation commune de marché seul moyen de renforcer la position concurrentielle des vignobles communautaires et vecteur privilégié pour permettre aux régions, qui ont su s’adapter, de conquérir de nouvelles parts de marchés.

Il faut que, premier producteur du vin au monde, premier acteur sur le marché mondial du vin, l’Union européenne se dote d’une politique structurelle lui permettant d’accompagner la nécessaire adaptation du vignoble pour satisfaire une demande en évolution rapide et de plus en plus exigeante. Beaucoup de non spécialistes ne savent pas que le renouvellement « naturel » du vignoble, au rythme d’une plante pérenne comme la vigne, ne permet pas de suivre une évolution très rapide de la consommation pour ceux qui concerne la définition et la qualité des produits.

Enfin, soyez certains de ma volonté à suivre avec rigueur les modalités d’application des accords de Marrakech. Pour un secteur comme celui de la viticulture, le volet des accords GATT concernant la protection des indications géographiques doit retenir toute notre attention de prendre toutes les formes y compris celles de relations de coopération bilatérale avec les pays les plus concernés.

Je sais que sur ce dossier communautaire nos points de vue concordent : cela est important dans la perspective des négociations à venir : nous saurons d’autant plus facilement faire prévaloir les principes fondamentaux auxquels devra répondre ce texte.

Ce salon est aussi celui de l’arboriculture et plus largement celui des productions végétales spécialisées. Une grande part des objectifs que je viens d’évoquer avec vous concernant la viticulture s’applique bien sûr aux fruits et légumes.

Je veux parler de la qualité, et en particulier de la nécessaire redéfinition d’une véritable politique de normalisation. Celle-ci doit permettre tout à la fois de garantir une qualité régulière au consommateur et de préserver les producteurs de distorsions de concurrence que l’évolution du marché qui sont inacceptables.

Je veux aussi évoquer, et tel est l’objectif central que j’assigne à la réforme de l’OCM fruits et légumes, l’indispensable renforcement de l’organisation de ces filières.

Nous démontrons quotidiennement, grâce aux efforts de chacun, que les techniques de production françaises sont compétitives.

Pour en tirer le meilleur profit, il convient aujourd’hui, d’appuyer toutes les entreprises qui assurent la mise en marché des produits et ceux, quel que soit leur statut.

Vendre des fruits et légumes, sur les grands marchés nationaux et internationaux, c’est bien entendu vendre un produit agricole mais de plus en plus, c’est aussi vendre des services : ce sont des qualités spécifiques et régulières, ce sont des délais, des conditionnements, ce sont aussi des volumes garantis : seule façon de fidéliser durablement vos partenaires commerciaux.

C’est pourquoi, de l’outil de production à l’informatique, les techniques au sens large constituent une des clefs de réussite pour nos filières tout comme pour nos entreprises, bien entendu en synergie parfaite avec les chefs d’entreprises, des hommes et des femmes formés et déterminés et compétents.

Ce salon est le symbole fort de la synergie qu’il y a entre le progrès technologique et la performance économique. Je renouvelle à l’ensemble des exposants ainsi qu’aux organisateurs mes félicitations et tous mes vœux de réussite.