Texte intégral
Question
Le gouvernement a toujours répété que la fonction publique devait donner l'exemple sur les 35 heures. Est-ce le cas avec le projet d'accord à La Poste ?
Dominique Strauss-Kahn
La Poste est une entreprise publique et Christian Pierret et moi tenions à démontrer que la réduction du temps de travail ça marche aussi dans les entreprises publiques. Il fallait montrer qu'il était possible, dans le secteur public comme dans le secteur privé, de faire de bons accords, c'est-à-dire des accords bons pour les clients de La Poste, qui doivent bénéficier d'un service amélioré, bons pour les postiers, qui iront aux 35 heures sans diminution de salaire et enfin bons pour l'entreprise publique et le service public, qui, grâce à une meilleure organisation, se révèlent plus performants.
Les 140.000 agents d'EDF-GDF, les 300.000 postiers seront maintenant couverts par les 35 heures : nous l'avons souhaité depuis quelques mois ; nous nous en félicitons aujourd'hui.
Question
Que répondez-vous à ceux qui pensent que cet accord est une opération zéro au niveau de la création d'emplois ?
Dominique Strauss-Kahn
Je dis simplement que si 20.000 embauches sous statut, pour les deux prochaines années, soit 40 % de plus que la moyenne des quatre dernières années, 2.000 jeunes sous contrat d'apprentissage et la réduction de la précarité c'est zéro au niveau de la création d'emplois, nous avons un problème !
C'est une évolution majeure par rapport à ce qui se faisait à La Poste et par rapport à ce qui se serait fait en l'absence de RTT. Il faut apprécier un accord par rapport à ce qu'aurait été l'évolution de l'emploi en l'absence de 35 heures. Chaque entreprise en fonction de sa situation propre détermine l'impact de la RTT, la nature de ses besoins et ce qu'il est possible et nécessaire de faire en termes d'emplois.
Question
Contrairement à l'accord à EDF-GDF, autre entreprise publique, le gouvernement n'apporte aucune aide financière à La Poste. Pourquoi ?
Dominique Strauss-Kahn
Dans le secteur public, comme l'a dit Martine Aubry, la situation se présente de manière très différenciée selon les entreprises. Certaines bénéficient d'ores et déjà d'aides de l'Etat, ce qui serait le cas de La Poste, dans le cadre du contrat de plan 1998-2001, au travers notamment d'une aide spécifique au financement de ses retraites, d'autres n'en bénéficient pas, ce qui était le cas d'EDF-GDF. Le projet d'accord qui est envisagé à La Poste repose sur un équilibre économique clair : grâce au développement de l'entreprise, grâce aux efforts des salariés et grâce à l'impact des réorganisations qui permettront de mieux fonctionner, l'accord peut être autofinancé. Ni le contribuable ni le client n'auront à être sollicités. Pourquoi, là encore, faire de l'augmentation de l'aide de l'Etat une condition sine qua non d'un accord de qualité ?