Article de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "La lettre de Jean-Marie Le Pen" le 15 mai 1989, sur les grandes lignes du programme politique et social du Front national, intitulé "Le Front national, parti éminemment populaire".

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La lettre de Jean-Marie Le Pen

Texte intégral

Si j'ai tenu, cette année, à ce que notre hommage fervent à Jeanne d'Arc, l'héroïne de la Patrie, coïncide avec la Fête du travail du 1er mai, c'est que de plus en plus notre parti apparaît aux yeux de l'opinion comme un grand mouvement à la fois national et populaire.

Alors que les syndicats, dévalués, n'alignaient ce jour-là dans Paris que de maigres cortèges désunis, les dizaines de milliers d'adhérents et de sympathisants du Front national qui se pressaient autour de moi pour fleurir la statue de Jeanne représentaient, au contraire, une masse compacte, où toutes les classes de la société se coudoyaient dans un grand élan de ferveur et de solidarité ?

Comme Jeanne d'Arc a grandi parmi les petits villageois et les petits paysans de Domrémy, accomplissant avec conscience les tâches les plus humbles, mais aussi les plus nécessaires, ceux qui s'assemblent autour de moi et me font confiance sont avant tout des travailleurs, fidèles à leur devoir et conscients de leurs droits.

Que peuvent-ils penser, ces vaillants travailleurs français, d'un régime politique qui semble ignorer chaque jour davantage ? Le chômage, qui régresse partout dans les grands pays industriels – Etats-Unis, Angleterre, Allemagne, Japon –, représente toujours 10 % de notre population active, et la misère ne cesse de s'étendre. Mes amis et moi avons cependant proposé naguère au gouvernement des mesures qui auraient pu très vite améliorer le marché de l'emploi ; revenu maternel pour les femmes préférant leur foyer au bureau ou à l'atelier ; priorité accordée à nos compatriotes pour l'embauche ; encouragement accru aux entreprises pour qu'elles investissent davantage et puisse ainsi créer des emplois nouveaux, etc.

La protection du travail est au nombre de nos objectifs essentiels, et aussi, bien entendu, la protection de l'épargne, qui est le fruit même du travail. Or l'Etat socialiste, entêté dans l'erreur de ce qu'il appelle « l'économie mixte », accapare une partie toujours plus considérable de cette épargne au point qu'il en arrive à confisquer pratiquement la moitié de nos revenus professionnels. Mais dans un Etat vraiment démocratique, il faut que le peuple – directement ou par l'intermédiaire de ses élus – consente à ces prélèvements que l'Etat présente lui imposer. Lorsque ce consentement n'existe plus parce que la boulimie du pouvoir est devenue excessive, ce peut être le début de ces graves colères populaires capables, en quelques semaines, de décamper un régime politique : il y a là un phénomène historique de grande importance auquel nos gouvernants socialistes feraient bien de réfléchir en cette année où ils célèbrent, dans une étonnante inconscience, le bicentenaire de la Révolution.